CITATION DU JOUR

"La maladie se supporte mieux quand on est supportée"
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vendredi 4 septembre 2009

La fin des vacances… enfin

Vous me connaissez, la rectitude politique, le savoir-vivre hypocrite, les faux-semblants, y compris les perruques, c'est pas trop mon genre. Je serai donc assez directe et vous êtes prévenus. Y'é vraiment temps que les vacances s'achèvent, enfin celles de Junior. Je n'en peux-plus. Ça fait presque deux étés que je ne peux pas faire des "affaires" avec lui. L'an dernier on avait prévu une balade à cheval sur les plages d'Anguilla et des leçons de natation dans la mer des Caraïbes, cet été encore plus simple, une balade à vélo, un bowling, une partie de Wii. On lui avait aussi promis qu'on redécorerait sa chambre, le lit est arrivé depuis 3 semaines, toujours dans les cartons et obstruant les portes de son placard. Le bordel quoi. Je n'ai rien fait de tout ça, le mieux fût une séance de cinéma, avant-hier et deux descentes en luge d'été le week-end précédent. Pas fort pour 2 mois, soit environ 9 semaines, soit exactement 62 jours et 64 dodos. Je me sens coupable.

Je suis crevée, exténuée et, bon, ça y est je l'ai dit. Mon deuxième coming-out ! Je n'ose en parler à mes proches, de peur d'alourdir encore plus leur fardeau, votre fardeau. Car, n'oubliez pas que grâce à mes antennes spéciales, je vous "zespionne" et je sais que beaucoup pensent à moi et s'inquiètent, mais surtout, ne vous inquiétez pas ! Tout ce que je vis est "normal" pour la maladie et le traitement. Je vais bien. Je suis simplement fatiguée et j'ai perdu du poids. Rien de ben grave quand on pense à toutes les filles qui rêvent de perdre 4 ou 5 kilos ! J'avoue que j'ai du travail à faire là-dessus. J'aimerais bien reprendre 5kg, de muscle bien sûr et dans les fesses bien entendu puisqu'il s'agit d'un des trois atouts des "vraies" femmes (OK, OK, je l'ai pas encore digérée celle-là !). Je garderais bien les fines chevilles, les cuisses, (oui, oui, je fais maintenant du 38 !), tout en raffermissant mon dos, question d'être dans bien dans mon assiette, à pied et à cheval.

Bon, sérieusement, j'ai encore eu droit au merveilleux système de santé français (les Américains devraient s'en inspirer pour quelques mesures). Scan, Avastin, IRM et consultation, le tout en moins de deux semaines. Et avec le sourire, sauf la fois où j'ai oublié mon portefeuille et que je n'avais pas d'argent pour payer le stationnement. C'était mercredi de la semaine passée. Je me gare, me fais perfuser et reviens prendre ma voiture, qui sans être le modèle de l'année, est tout de même respectable. En revenant au stationnement, un gentil couple de têtes blanches a l'air un peu perdu devant le système de paiement à la barrière de sortie. Naturellement, aucune des personnes présentes dans les voitures qui font la queue n'est sortie pour proposer de l'aide, y'en a même un qui a klaxonné. Vous me connaissez, toujours le cœur sur la main, même après ma perfusion ! Je leur ai donc offert de les aider et je leur ai montré ce qu'il fallait faire. L'affaire fût réglée en moins de 30 secondes. Mes p'tits vieux étaient contents et moi aussi. J'avais fait une bonne action, je me sentais bien avec moi, j'étais de bonne humeur, il faisait beau, j'étais toute belle habillée en madame, sandales aux pieds et kératine jaunissante oblige, vernis rouge sang sur les 20 ongles. Cependant, détail superflu mais essentiel, j'avais laissé mon sempiternel sac à dos pour une véritable sacoche*. Sauf que … j'avais oublié de transférer le portefeuille.

Bon, OK, je n'ai pas trop l'air d'une clocharde, je suis blanche et je parle un excellent français avec un accent charmant. À priori même à St-Cloud je devrais être capable de "quêter" les 3,10 € manquant. J'avais quand même le "motton", (lire j'étais triste et désemparée). Une première dame se présente à la sortie, j'en profite pour lui demander un euro. Elle regarde dans son porte-monnaie, et j'entends à la fois le "cling-cling" et la dame qui me dit qu'elle n'a rien. Je la remercie les larmes au bord des yeux**. Je suis retournée dans mon char en braillant comme un veau, me mettre à l'abri et surtout, à l'air climatisé. Après 3 ou 4 kleenex, j'ai pris mes clés pis mon courage et je me suis approchée d'un couple de p'tits vieux , bien sur eux (la madame avait une sacoche Longchamps), qui arrivaient pour payer au guichet. Je leur explique la situation, changement de sac, pas de portefeuille, pas de carte, bref pourraient-ils m'aider ? Merci de noter encore une fois que j'étais bien habillée malgré mon foulard "chimio" sur la tête, qui était impossible à confondre avec une burqa. J'ai même pas eu le temps de finir de m'expliquer que le NON a fusé. Pas un "non" compatissant, non, un "non" : t'es qui toué ? Dérange-moué pas. Un "non" : casse-toi pauvre folle. Un "non" comme le douanier Polonais, un non "méchant", que j'ai pris comme une claque en pleine face, d'une façon un peu trop personnelle. Les sexagénaires s'étant éloignés, en passant la tête haute devant mes larmes dissimulées par le virus H1N1, je me suis empressée d'appuyer sur le bouton "aide" de la machine à payer le parking. Un monsieur avec un "accent" a pris le temps de m'écouter, de me rassurer et de me dire de prendre ma voiture et qu'il m'ouvrirait la barrière. Ouf ! On m'aime et en plus je peux sortir sans déranger Mr.X (une fille a son orgueil !). Le temps de me présenter à la barrière de sortie, une voiture passe devant moi, et qui je reconnais, les vieillards qui n'ont ignoré cinq minutes avant. Je suis derrière eux, je pleure toujours (les sphincters sont des muscles !) et je vois bien qu'ils ont un problème. Mais, na, je vais pas les aider, dois-je attendre une heure. Je peux être très, très têtue. Au bout de quelque temps, la vieille descend et vient vers ma voiture. Ma fenêtre était ouverte, elle s'approche et me dit, avec son même air dédaigneux : Ah ! C'est vous. Je ne l'ai pas laissé terminer et entre deux sanglots, je lui dit qu'ils m'avaient ignorée plus tôt et que maintenant ils n'avaient qu'à se débrouiller. Finalement, la vieille crisse est allée mettre de l'argent dans la machine et est revenue avec son ticket et ils se sont cassés. A mon tour, j'ai appuyé sur le bouton "aide", le gentil monsieur m'a tout de suite reconnue et m'a ouvert. La voiture des épais était toujours là, me bloquant sous la barrière. J'aimerais vous dire qu'une furieuse envie de klaxonner s'est emparée de moi mais non, au lieu de ça, je me suis sentie coupable de ne pas les avoir aidé. En fait, j'ai été aussi conne qu'eux. J'aurais dû leur apprendre la politesse à ces vieux cons. Bon, OK, la prochaine fois !

Hier, c'était le jour M, le jour où nous avons, Mr.X et moi, ma reine des abeilles. L'IRM a démontré une diminution de la prise de contraste, donc une augmentation du tissu cicatriciel ainsi qu'une augmentation de la calcification. Le PET quant à lui démontre toujours une fixation au niveau des vertèbres (rappelez-vous, le buffet !). Pour le reste, on va essayer d'autres antidouleurs puisque ceux que je prends sont excrétés par les reins et que c'est pas nécessairement une bonne chose avec l'Avastin. La fatigue, le "morning stiffness", l'angoisse, voire la dépression, sont les états pathologiques usuels vus chez les filles qui suivent le même traitement que moi, y'a donc pas à s'inquiéter, on est sur la bonne voie. Par ailleurs, je suis repartie pour six mois d'arrêt maladie. Il va vraiment falloir que je me trouve quelque chose à faire … Fée du logis ?

Et zou !
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*À ce sujet, lire l'excellent entrefilet d'Helen sur les sacs à mains et les sacoches.

**Rappelons ici pour le bénéfice du lecteur dilettante que l'auteure est en thérapie depuis on ne sait combien d'années, pour un problème "d'abandon" qui se traduit par une réaction surdosée par rapport à un stimulus dit "normal", en d'autres mots, il peut s'agir d'une hypersensibilité à des évènements courants. Cette hypersensibilité est souvent reliée à un état de fatigue extrême, notée surtout après des batailles administratives contre la sécu, la mutuelle, la prévoyance, la banque et l'assurance-rapatriement, (qui fort heureusement, furent toutes victorieuses). Cette fatigue peut aussi être causée par l'épuisement dû aux douleurs osseuses et articulaires, ces dernières étant les effets secondaires bien connus, et normaux, du Femara et devraient bientôt disparaître. Une autre source de fatigue peut être les crampes œsophagiennes et abdominales, empêchant souvent une nutrition normale, et/ou les crampes dorsales, probablement issues angoisses anxiogènes.

En cadeau pour ceux qui lisent jusqu'au bout : la première photo de mes cheveux ! Ils poussent et j'ai l'ai d'un poussin ...


vendredi 10 juillet 2009

Elle est pas belle la vie !

Y'a rien de mieux que les vieux dictons pour nous remettre les pieds sur terre. Ainsi, Secundum pluvia , bonus tempestas …

Finalement c'est facile le latin ; une bonne météo à la suite de la pluie ! Après la pluie, le beau temps ! Ayant utilisé un traducteur en ligne je ne suis pas certaine que la locution soit la bonne. Mais, on s'en fout, car, comme le disait Léonard de Vinci, "La science la plus utile est celle dont le fruit est le plus communicable" que j'interprèterais comme "l'important c'est que le message passe, peut importe la façon de l'enseigner".

Bon, les dernières news …

Je suis finalement sortie de lapital des cancers, le samedi matin, en pleine forme et avec ordre d'y revenir le lendemain, dimanche pour 20 h. Oui mon capitaine. J'ai passé un super week-end, tranquillos à la maison et laissez-moi vous dire que j'avais pas vraiment envie de repartir, fût-ce pour Saint-Nuage* (à lire à la fin). Mais bon, j'avais quand même un scan à faire. En arrivant à lapital, les infirmières m'attendaient l'aiguille aux mains, re-perfusions. Le lendemain j'ai appris que finalement le scan n'était que pour le mardi et que je pouvais ressortir de lapital pour y revenir le lendemain … Oui mon capitaine. Je me suis dit que j'en profiterais pour démêler les derniers soucis de la sécu que je ne prends pas la peine de vous décrire maintenant parce que cela risquerait de dégénérer.

Mardi, quand je me suis présentée pour l'examen, il y avait un écriteau sur la porte ; "Frappez et attendez qu'on vous ouvre". Je sais pas pourquoi mais ça m'a fait penser au Petit Chaperon Rouge et au "tire la chevillette, la bobinette cherra". Donc quand on m'a ouvert, j'ai dit : "Bonjour, c'est le Petit Chaperon Rouge ! Le technicien a pas eu besoin d'un scan pour faire son diagnostic !!! Le soir, j'étais au bord de l'apoplexie, angoissée comme une débile et donc très très de mauvaise humeur et "meuchante". Mr.X. devrait recevoir la médaille du meilleur mari, à vie. Naturellement, j'ai fait tout ce qu'il fallait pour être désagréable. Il dit rouge, je dis jaune, il dit yes, je dis no. C'est vraiment lui qui ramasse le plus en ce moment, sans compter ses autres soucis (son Papa, son boulot, sa piscine pis son char), pour l'instant Junior étant entre les bonnes mains des Beaux.

Après le scan, j'ai réalisé ce qui m'arrivait. Je pense que je ne voulais pas y penser mais là j'avais été confrontée à la réalité et je ne pouvais lui échapper. Ca me dérange pas que le cancer m'atteigne aux seins ou à la colonne, mais fuck, pas le cerveau ! C'est mon principal atout de séduction !!!! Mon humour quoi !

Dans l'après-midi du mercredi, Mme Biche est venue donner un coup de main pour une lessive et cela a déclenché un truc ! Je me suis transformée en fée du logis, c'est à dire que j'ai fait la vaisselle, du lavage et même mon lit. Un peu plus tard, j'ai donné un coup de main à Fabulous pour la mise en page d'un document (une version française d'un scénario pour un dessin animé). Jamais fait ça de ma vie, mais c'était vraiment cool de faire marcher mes neurones et aussi de pouvoir redonner un peu de ce que j'ai tellement reçu, d'elle et de vous tous. Des fois j'essaie d'être une meilleure personne, de me remettre en question et surtout d'être plus patiente, ces moments d'effort suprême (!!!) sont malheureusement devenus de plus en plus rares. Est-ce une autre vallée qui se pointe ou juste un p'tit trou ? J'ai donc profité de ces deux jours à fond la caisse.

Jeudi, j'ai poussé l'audace jusqu'à aller luncher avec des vieilles copines, celles qui m'ont accueillie à mon débarquement en 1997, dans ce drôle de pays où la culture est différente et où les mots ne veulent pas dire la même chose que ceux de mes 35 premières années au Québec, surtout ceux que l'on ne dit pas. On a bien rigolé en se remémorant le bon vieux temps, en célébrant le bac de la p'tite dernière et les réfections d'un gîte rural dans une ferme du 15ième siècle (je déteste les chiffres romains). C'était la première fois que j'appréciais la nourriture depuis septembre dernier je crois. J'ai vraiment pris du plaisir à déguster un filet de turbo et ses petits légumes à la crème auquel se sont ajoutées trois boules de sorbet. Le top quoi ! L'après-midi, je suis allée voir Monica, question de me préparer à l'arrivée de ma mère, avec qui j'ai parlé une heure au téléphone à mon retour en me faisant les ongles, qui, soit dit en passant, redeviennent de plus en plus normaux.

Ce fût deux journées de bonheur rare ! Deux beaux jours "normaux", avec un surplus de soleil, d'énergie, de joie de vivre et sans douleurs. Aujourd'hui j'avais prévu terminer la lessive, papoter avec Jo, une copine du village, terminer le texte avec Fabulous, et aller voir Stone avec July, une copine Québécoise. Mais, cela n'est pas arrivé. Ce matin, re-nausées, re-vomis, re-projets foutus en l'air.

Mr.X. résistant à tous mes "bruits", décidant de ne pas m'abandonner et SURTOUT, prenant tout en charge, est resté avec moi, a téléphoné à notre merveilleuse Maya, à notre médecin traitant, à Fabulous, à July, à Jo. Il s'est occupé de TOUT ! Je n'avais qu'à dormir. Mais, car il y a bien un mais, on a des bonnes nouvelles !!! Maya nous a dit que j'avais passé mes examens avec succès ! Comme l'a dit Mr.X., j'ai rien dans la tête dans le sens pas de métastase je suppose plutôt que tu n'as rien dans le ciboulot. La la la la lè reuh ! Pour ce qui est des nausées elles font parties des effets secondaires liés au Fémara et ils diminueront avec le temps. Donc, ça roule ma poule ! Je me suis recouchée à 9h00, avec des anti-crampes, des anti-vomis et des pro-dodo. Je me suis levée à 13h00, en forme. Je vais beaucoup mieux et j'ai même eu assez de forces pour aider Fabulous à la finalisation du document.

Et zou !

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*Lapital des cancers est situé à St-Cloud (en anglais "cloud" se traduit par nuage). Bon, elle est facile celle-là mais tant qu'à faire, ET je sais que vous l'attendiez tous, voici notre section "Enrichissez votre savoir de choses inutiles mais amusantes !"

Je me disais bien que St-Cloud ne devait pas dériver de "St-Nuage" donc je suis allée faire un p'tit tour sur WikipédiA (c'est une merveille ce site). Et voici, la petite histoire, qui, vous surprendra. Lisez bien jusqu'à la fin.

St-Coud n'est pas né saint, il a dû travailler fort pour ça. Il n'est même pas né Cloud, mais Clodoald en 522 (du germanique: "hlod", gloire et "ald", ancien). J'imagine que c'était un prénom à la mode dans ce temps-là. Ancienne Gloire. On dirait peut-être "has been" aujourd'hui ? Entouka, il était un des trois fils de Clodomir, roi d'Orléans et de Gondioque, reine aussi j'imagine … quoique en 500 et quelques, le féminisme n'était pas encore inventé. Ses deux frères ainés s'appelaient Thibault et Gonthaire. Accessoirement, ces trois petits frères étaient les petits-fils de Clovis 1er, considéré comme le premier roi chrétien du royaume des Francs (qui deviendra la France au 8ième siècle). Leurs oncles, les frères de son père Clodomir, étaient Childebert 1er, roi de Paris (le Bertrand Delanoé de l'époque) et Clotaire 1er, roi de Soissons (au nord de Paris, à l'est d'Amiens, là ou il y a de la casse de vase).Vous suivez toujours ? OK, on continue.

Dans ce temps-là, ils passaient leur temps à se battre (dans ce temps-là seulement ?) et les méchants Mononcles ont voulu mettre la main sur l'héritage des neveux quand leur frère Clodomir mourut. Ils ont tout bonnement décidé de les tuer. Dans ce temps-là, on niaisait pas avec le puck. En 525, Thibault et Gonthaire, âgés de dix et sept ans, furent donc assassinés, au désespoir de leur grand-mère Clotilde (la veuve de Clovis 1er) qui voyait ses enfants tuer ses petits-enfants. Et on dit qu'on vit aujourd'hui à une époque pleine de violence … Clodoald, le p'tit dernier, âgé entre de deux-trois ans, a pu échapper au massacre et est allé jouer à la cachette dans un monastère. Et c'est ici que l'histoire devient intéressante.

Clodoald (appelons-le maintenant St-Cloud), grandit et mûrit et, j'imagine, s'est dit que la politique et les guéguerres, ce n'était pas pour lui. Devenu moine et après toutes ces réflexions, St-Cloud se coupa les cheveux au cours d'une cérémonie par laquelle il déclara renoncer à la royauté, préférant sacrifier sa chevelure, symbole de la royauté franque. Il a sacrifié sa chevelure ! Comme moi ! Coincidence ? I think not !!!

Il vint finir ses jours en ermite sur une colline proche de Paris qui porte désormais son nom. Il est le patron des "Cloutiers" et il y a un dicton qui dit : à la Saint-Cloud (le 7 septembre), sème ton blé, car ce jour vaut du fumier.

Et rezou !

En passant, j'ai le poil qui repousse …malheureusement plus vite sur les jambes que sur la tête !

mercredi 10 juin 2009

C'est fini

Super bonne nouvelle ! Je suis allée voir ma reine des abeilles et accessoirement des cancers, Maya ma douce. J'avais rendez-vous hier et nous nous sommes rendus, Mr.X. à l'hôpital des cancers pour faire le point. J'ai eu mon septième cocktail (tamoxifène - avastin) mercredi de la semaine dernière et je n'ai pas vraiment mangé depuis. Par contre, j'ai éliminé, et par tous les bouts … Donc hier je m'attendais au pire, genre on continue un huitième et éventuellement un neuvième cocktail. Ben non. C'est fini ! On passe à la prochaine étape. Après les chirurgies, la radiothérapie, la chimiothérapie, on est maintenant rendu au stade hormono, ou plutôt anti-hormono thérapie. Parce que, vous vous souvenez, mon cancer est un bouffeur d'œstrogène, on va l'affamer en empêchant mes ovules de fabriquer la fameuse hormone. Je recevrai donc un nouveau médicament antinéoplasique, le Femara (létrozole) qui fait partie de la classe des inhibiteurs de l'aromatase non stéroïdiens. La bonne nouvelle c'est que le Femara est en comprimé à prendre une fois par jour… pendant 5 ans !

Je suis super fatiguée, c'est pour ça que je n'écris presque plus. Je passe mon temps entre mon lit et les toilettes, mais bientôt, tout ça sera derrière moi. Je dois continuer la chimio pendant encore quelques mois, mais cette fois-ci qu'avec l'Avastin et le Femara. On verra bien.

Entouka, aujourd'hui j'ai eu assez de force pour remplir presque tous les papiers de la sécurité sociale. Ouf ! J'ai aussi reçu le OK de l'assureur, j'ai passé le test, je suis assez malade pour recevoir les indemnités d'une assurance que je paie, mais seulement jusqu'au mois de mars … ils auraient "égaré" mon dernier courrier. Non, mais heureusement que mon imprimante fait aussi scanner et photocopieuse. Demain je m'occuperai de la perruque !

Pour finir, j'était tellement en forme aujourd'hui que j'ai même fait ma déclaration de revenus, qui croyez-le ou non, est d'une simplicité extrême comparativement aux déclarations canadienne et québécoise. La sécu devrait s'en n'inspirer !

Et zou !

vendredi 1 mai 2009

On veut votre (vos) bien(s)



Bon, ça y est, j'ai les résultats officiels, du moins ceux de Mononcle Cologue, Maya, ma reine. RÉGRESSION, yes ! Sauf que … les lésions qui restent mesurent entre 5 et 15 mm. Bon, OK, merci, mais ça veut dire quoi ?

Au bonheur des maths :

Une "jeune" femme présente 5 lésions cancéreuses, respectivement longues de 5, 7, 9, 13 et 15 mm avec une largeur moyenne de 5 mm et une épaisseur moyenne de 2 mm (on suppose ici que les tumeurs sont rectangulaires). Sachant qu'une cellule moyenne possède un diamètre de 20 µm, calculez le nombre total de cellules atteintes, en supposant bien sûr, qu'il n'existe aucun espace interstitiel. Deux points par bonne réponses et cinq points pour le développement. Pour aider les Alzheimers, le volume d'une sphère est défini par (4 x π x r3) / 3 et 1000 mm3 = 1012 µm3.

Pour aider les paresseux, j'ai 14 000 milliards de vaillantes cellules et à peine 117 millions de méchantes, soit 0,085%. Les cancéreuses n'ont aucune chance, c'est perdu d'avance pour elles, je me demande d'ailleurs ce qu'elles font là, elles ne me connaissent pas, ni moi, ni mon système immunitaire et encore moins fameux caractère.

Parlant système immunitaire, il fonctionne comme un bon p'tit moteur à globules blancs. En fait, je suis en train de me taper trois infections en même temps. Y'as-tu un trophée pour ça ? Mon usuel muguet, une infection d'une racine d'une molaire et une cystite. Elle est pas belle la vie ! Je me suis enfin décidé à aller porter mon pipi au labo vu que ça passait pas tout seul. J'aurais pas dû attendre. Parce que quand on dépose son pipi au labo cela prend quatre jours avant d'avant les résultats ; ah! Vous comprenez on est fermé le 1ier mai, vous aurez vos résultats samedi après 14 heures, c'est-à-dire quand tous les cabinets de médecins sont fermés. J'ai donc devancé le microbe et pris rendez-vous chez ma généraliste. Merci l'industrie pharmaceutique, la cystite est réglée après trois pilules (à 4€ chacune, c'est donné). Pour la molaire, mardi quand j'ai vu Maya, elle m'a demandé de prendre rendez-vous avec le dentiste des cancéreux. Yes, rendez-vous pour le lendemain. Merde, après 1h30 de transport, 15 minutes de salle d'attente et 5 minutes de consultation il me dit de profiter de mon rendez-vous (mardi prochain) chez le brochologue pour me faire panoramiquiser. Pour ce qui est du muguet, j'ai bien peur qu'il ait décidé de s'installer pour un p'tit bout de temps, après tout nous sommes le 1ier mai.

C'est plus fort que moi. Quand je "file" pas (anglicisme québécois pour feel), j'ai un caractère de chien. En fait, je ne devrais pas dire ça parce que Céleste n'a jamais été méchante avec moi, même quand je la bats avec une batte de baseball. Disons un caractère de vieille crisse genre Tati Danielle. À la différence que, quelquefois, c'est pas voulu, planifié, ça sort tout seul, et souvent mal et je ne pense pas, alors, mais pas du tout aux autres. C'est un très gros vilain défaut. Et bien sûr, ça tombe pas nécessairement, en fait c'est même très rare, sur les bonnes personnes. Comme je suis assez confinée à la maison, il n'y a que ceux qui survivent ou vivaient avec moi qui connaissent mon VRAI caractère. J'en profite ici pour remercier les Beaux qui non seulement m'ont endurée la semaine dernière mais qui m'ont aussi nourrie et lessivée, mon linge, pas moi ! Bon OK, j'ai raté Dr. House pour un concours d'orthographe d'enfants, mais c'était bien pour Junior…

Lundi j'ai eu la visite d'une vieille amie du temps de GlaxoWellcome. Victime de la crise, elle se retrouve un peu dans mon cas mais sans cancer; à la maison, sans travail et du temps. Nous avons parlé de perspectives d'emploi et, tout d'un coup, j'avais le goût de travailler, de m'impliquer dans quelque chose. Mes cellules grises se remettaient en marche ! Heureusement, parce que, avec l'aide de ma généraliste, dans tous les sens du terme, elle m'a suggéré de contacter la fédération handisport équitation. Ils pourront peut-être m'aider à trouver une bonne selle et éventuellement de donner des conseils. Et j'apprends, en regardant sur le site de la fédé d'équitation française qu'il y a une compétition la semaine prochaine, en Normandie, à 18,4 km de la maison des Beaux… Coincidence ? I think not.

Sinon, quoi d'autres ? La visite de "l'expert" des assurances. Je vous raconte pas, enfin, si. Mais juste un petit préambule. Dans notre contrat de prêt, c'est "Gras-Savoye" qui s'occupe de la paperasse au nom de la compagnie Générali, THE big boss. En janvier dernier voyant que les pépettes n'arrivaient pas, Mr.X. a téléphoné à la banque qui ne comprenait pas ce qui se passait. Après s'être informé, ils nous ont respectueusement informés que Générali avait repris les rênes en main, que le transfert des dossiers prendrait 3 mois et que pour le reste on ne pouvait rien faire sauf attendre. Bon, jusque là, y'a pas mort d'homme et on aura les pépettes un peu plus tard. Mais, c'est pas fini. La cerise sur le sundae ? J'ai reçu début avril (3 mois pile), une lettre du Dr. Machin 1 me disant de me présenter pour expertise le 22 avril (date de ma chimio) et une lettre de Generali me disant de prendre rendez-vous avec Dr. Machin 1, pour une expertise médicale. Heureusement que j'ai lu la lettre de Générali en premier ! Mr.X. était pas content. Il a donc obtenu de la banque que l'expertise se fasse chez nous. J'ai donc reçu une autre lettre de Generali, me disant de prendre rendez-vous avec Dr. Machin 2, qui naturellement ne visite que les mercredis, quand j'ai ma chimio ! OK, OK, on recule encore d'une semaine … Et hier matin, une copie d'une lettre du Dr. Machin 1, destinée à Générali, qui dit que je ne me suis pas pointée au rendez-vous. Je pense que Générali va bientôt re sous-traiter sa paperasse …

Mercredi donc, j'avais donc l'humeur de "la fille qui se tape 1h30 de char pour 5 minutes de consultation pour se faire dire d'attendre encore une semaine avec un mal de dent" et je suis rentrée à la maison vers 13h00. J'ai ramassé et rangé un peu le bureau avec Mme Biche, en stressant comme une folle sur 1) dois-je être habillée ou en pyjama ? 2) dois-je être au lit au salon ? 3) pourrais-je être sérieuse et pas trop ironique pendant la visite ? 4) dois-je en rajouter (conseil reçu d'un avocat !) ? 5) dois-je coucher ? La maison était nickel grâce à Mme Biche, aurait-il fallu que ce soit plutôt le bordel ? L'angoisse, je vous dis … Nous avions rendez-vous à 14h30. J'ai commencé à aller fumer dehors à deux heures moins quart, me gardant mon fonds de bouteille de rince-bouche pour 14h25. J'ai attendu 15h15 pour finalement aller me coucher, fatiguée. L'expert a téléphoné à 15h30 pour dire qu'il ne m'avait pas oublié et qu'il avait du retard, mais il n'a pas dit combien, après tout, qu'est-ce que j'ai à faire d'autre que d'attendre. Je me suis levée vers 16h, fumé 2 cigarettes sur le balcon et pissé 3 fois. C'est d'ailleurs lors de mon dernier passage au cabinet que, naturellement, la cloche a sonné.

J'ouvre le portail et envoie les chiens. Merde, il n'a pas eu peur. Je tends la main en attendant des excuses, même murmurées. Rien. Ton avenir est en jeu ma fille, respire par le nez. On s'installe dans la salle à manger. Il me parle de la guerre de 7 ans qui en fait était la vraie première guerre mondiale, mais sans les avions. Me faire rappeler la défaite de Montcalm n'a pas vraiment arrangé mon humeur. Bon, après une série de questions, j'ai dû me déshabiller et il a mesuré la longueur de mes cicatrices, 17 cm dans le dos, 7 cm sur le sein gauche. Finalement, à la question quand vais-je avoir des nouvelles il a répondu, avec un grand sourire, qu'il avait besoin de 15 jours pour faire son rapport et que Générali avait ensuite un mois pour réagir. Enfin, le truc positif, parce qu'il y en a toujours, c'est que c'est le premier médecin depuis mon opération du mois d'octobre qui me touche la colonne.

Et pour finir, youpi, je suis en régression, mais je dois continuer le taxotère. Moi qui croyais qu'il se finissait dans deux semaines …

Et zou !

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Rayon d'une cellule (r) = d/2 = 20 µm / 2 = 10 µm

Volume moyen d'une cellule = (4 x π x r3) / 3 = (4 x 3,1416 x 103 µm3) / 3 = 4,19 x 1033

Total vaillantes : 58 kg ≈ 58 litres soit 58 000 000 000 000 000 µm3 / 4,19 x 103 µm3 = 14 000 milliards

Lésion 1 : 5 x 5 x 2 = 50 mm3 = 50 x 109 µm3 / 4,19 x 103 µm3 = 1,19 x 107 = 11 933 174 cellules

Lésion 2 : 7 x 5 x 2 = 70 mm3 = 70 x 109 µm3 / 4,19 x 103 µm3 = 1,67 x 107 = 16 706 443 cellules

Lésion 3 : 9 x 5 x 2 = 90 mm3 = 90 x 109 µm3 / 4,19 x 103 µm3 = 2,15 x 107 = 21 479 713 cellules

Lésion 4 : 13 x 5 x 2 = 130 mm3 = 130 x 109 µm3 / 4,19 x 103 µm3 = 3,10 x 107 = 31 026 252 cellules

Lésion 5 : 15 x 5 x 2 = 150 mm3 = 130 x 109 µm3 / 4,19 x 103 µm3 = 3,58 x 107 = 35 799 522 cellules

Total méchantes : 116 945 107, soit environ 117 millions de cellules cancéreuses …

samedi 4 avril 2009

Ma santé en France

Ça y est ! Une de moins, oui peut-être devrais-je dire une de plus dans les vertèbres et le bout des doigts ! J'ai eu ma quatrième chimio cette semaine. Je suis arrivée avec deux heures de retard … j'entends Freud au loin me parler d'acte manqué ! Naturellement, en entendant l'infirmière me le dire, gentiment, je me suis mise à pleurer ! Pas parce que j'étais déprimée, pas parce que j'étais triste mais juste parce que j'étais fatiguée. En tant que Mme Déprime des fois, je peux vous dire que c'est vachement cool de pleurer de fatigue, et pourtant, il était 11h30 ! Me voyant pleurer comme une madeleine, de Proust, ou un "Coke" de Michel Tremblay, elle m'a rassurée en me disant que c'était pas grave ! Cool les infirmières françaises, surtout quand je pense à leurs conditions de travail. Ce n'est que dernièrement qu'une fédération a été créée. Je trouve que la prise en charge des patients en France est assez différente de ce qu'elle est au Québec, du moins, dans mon temps ! C'est, de mon point de vue bien sûr, encore trop l'hégémonie des médecins, mais ils commencent à travailler entres eux et de plus en plus avec les autres professions. Depuis que j'habite ici, l'organisation autour de la santé a beaucoup évolué et s'est de plus en plus organisée, inspirée par deux premiers pays, à savoir l'Australie et le Canada. Cocorico !

Bon, je reviens au cocktail (taxotère 4, avastin 3). Je suis l'infirmière en séchant mes larmes. Questions habituelles, pesée. Puis, salle d'attente. Puis Dr. Interne X qui m'appelle et qui disparaît par le temps qu'il me faut pour poser ma revue, prendre mes affaires, me lever, marcher et sortir de la salle d'attente. Ça m'énerve ! Là tu restes plantée au beau milieu du couloir … You hou ! On es-tu en train de jouer à cachette là ? Ça y est, je pense que c'est la troisième affaire que j'suis pas capable !!! A fini par sortir d'une des cabines pour m'indiquer où aller. J'étais contente parce que j'étais "prête". Je m'étais fait une liste des questions à poser, des papiers à signer, je m'étais bien organisée. YES !

Le bilan prévu commence la semaine prochaine. Je vais revoir ma reine des abeilles. J'ai hâte, parce qu'on va voir où on en est et j'ai un p'tit peu peur parce qu'on va voir où on en est. Mais quelque part, au fond de moi, je commence à voir le bout du tunnel. Donc, j'affronterai à nouveau scan et IRM et, enfoncerai un peu plus le budget de la sécu. Mes analyses sanguines sont OK, YES, ça veut dire pas de facteur de croissance des granulocytes, pas de piquouse et 535€ de plus dans les poches de la sécu. Direction chambre 6, où je me remets à pleurer en voyant les poches de soluté (!!!). De la fatigue je vous dis, de la fatigue !

C'est cool parce que je reçois maintenant l'avastin en une demi-heure, comparativement à la première et la deuxième fois, où j'avais été perfusée sur 1h½ et 1h, respectivement. Le taxotère se traîne toujours sur une heure, mais c'est parfait pour faire la sieste, ce que j'ai fait d'ailleurs. Moins cool, le réveil par l'alarme de la pompe du voisin, torse nu, la cinquante, avec "une odeur", à 1m. Retour en voiture, un peu dans la brume, mais assez OK pour aller faire une course essentielle, acheter des enveloppes because TOUTES les compagnies d'assurance de la France et TOUTES les administrations françaises me demandent de me justifier. C'est assez fatiguant, mais, c'est le prix à payer, qui, somme toute, est beaucoup moins élevé que pour beaucoup de familles américaines. Je règle l'essentiel et je garde le reste pour quand je serai moins fatiguée, et tout ça, avec juste un tout petit soupçon de culpabilisation, je m'améliore !

Ce qui est bien avec le cocktail, c'est qu'il est accompagné d'une petite cure de jouvence. La cortisone est effectivement de retour pour 2 ½ jours. Jeudi, j'étais donc assez en forme pour aller voir Dada qui m'a papouillé le crâne comme à son habitude. J'étais accompagnée de Céleste qui aura définitivement besoin de cours supplémentaires pour apprendre à ne pas courir derrière les chevaux. Un p'tit deux heures de rêve que j'ai dû récupérer le lendemain, et zou, grosse fatigue again. Pas de courriers mais des coups de fils aux cops, en regardant la télé et en me baladant sur la toile et en écrivant des courriels. Je suis multi-tasks, pas si pire pour une vieille cancéreuse de 45 ans !!!

Et zou !

dimanche 25 janvier 2009

Yes, I can

Mardi, 20 janvier 2009.

Depuis deux jours, j'arrive à manger. C'est délicieux. Je mange des légumes, des fruits, et surtout je garde tout. L'honneur est sauf. Je ne vais pas mourir, je me nourris. Bien sûr, j'ai besoin d'aide médicamenteuse pour bien protéger mon estomac. Bien sûr, je bouffe de la cortisone à la pelle. Et oui, bien sûr, je bouffe de la codéine et bien sûr, je n'ai pas chié depuis … je ne me souviens plus. Et puis, comme je l'ai déjà dit à ma mère, chier n'est pas un évènement pour moi, je ne surveille pas le fonctionnement de mes intestins. Le devrais-je à l'avenir ? Aurais-je, moi aussi, à espérer ma crotte quotidienne ?

J'ai sûrement dormi. Pas longtemps, mais assez pour me réveiller à toutes les visites et surtout pour regarder la télé à 6h30 ce matin. Ma première image, un séjour en thalassothérapie de luxe à Djerba. Parce que je le vaux bien. Allez hop, à la douche, question de ne pas être en retard pour mon PET-scan de 8 heures. J'ai même mis du rouge à lèvres. Je tiens le coup. Ai-je le choix ? On m'injecte, je pisse radioactif, on me scanne, et j'ai droit, enfin, à un petit déjeuner frugal, c'est-à-dire français, sans saucisse, ni bacon, ni crêpe, ni sirop d'érable. Je dilue même mon thé avec de l'eau froide. Si, si. Vous avez bien lu. Il est loin le temps où je déjeunais de quatre expressos bien tassés en fumant trois clopes.

J'ai tenu, tenu, tenu. Jusqu'au moment où mon transporteur préféré, RV, mon accompagnateur à tous ces tests, me dise "Lâches-pas la belle". Oh la la ! La fontaine. Vite vite dans ma chambre, dans la salle de douche. Si j'avais pu me mettre au fond du tuyau je l'aurais fait.

Et puis, l'adorable interne est venue me voir. Me dire que tout était négatif, enfin positif, du moins dans ma tête. Parce que je n'ai même pas pensé à la métastase qui s'est maintenant formée dans une autre sacrée vertèbre. Et là, la petite lumière au fond du couloir qui s'était éteinte s'est rallumée tout d'un coup. Surtout quand elle m'a dit qu'il y aurait la chimio dans l'après-midi. Et là, comme par magie, plus de maux de cou, de tête, de migraine. Rien, nada, nothing ! Votre pensée peut tout, du pire comme du meilleur.

J'ai téléphoné à tout mon répertoire. J'ai explosé mon forfait. Je suis allée me promener. J'ai mangé avec appétit le déjeuner du jour, du coleslaw, salade préférée de mon père et un filet de lieu à la Dieppoise. Je rappelle ici à mes compatriotes Québécois que Dieppe est en Normandie, que je suis mariée avec un Normand, qu'on peut faire dire aux statistiques ce que l'on veut, mais comme Grand Castor le discourait, les chiffres, quand ils parlent, il faut les écouter. Coincidence ? I think not !

J'avais beaucoup misé sur le début de la chimio. Grâce à l'intervention rapide de mon équipe de choc, Mr.X. et Ma Reine, on m'avait dit en sortant du Maréchal et en arrivant chez les cancéreux que c'était pour ce mardi. Ce mardi. Le 20. You hou ! Le 20 janvier, journée de l'investiture de BHO et, j'avais tout misé sur le cheval. Genre de conneries qui peuvent faire mal mais qu'on fait tous … si je ne vois pas d'auto rouge dans les cinq prochaines minutes, je guérirai. Mais, vu les tests qui s'éternisaient, j'avais présumé que la chimio attendrait. Maudite présumation.

Je me suis donc baladée après le lieu cherchant frénétiquement, comme un saumon quoi, une boîte de chocolat à envoyer au Maréchal et surtout, j'avais repéré un magasin de jouets vendant des pantoufles. Rien à faire. Le chocolat au lait simple n'existe plus, la marchande de pantoufles s'offre un déjeuner à rallonge. Pas moyen de dépenser un sous. Portable. Mr.X. est à l'hôpital des cancers, en visite surprise. Merde, il n'était pas à mon agenda. Et hop ! On y retourne.

J'ai vécu le reste de la journée, et je vis le reste de la nuit, dans une drôle d'ambiance. Je me suis fais une playlist sur l'ordi : Janis Joplin, Peter Gabriel, Ariane Moffatt, Alanis Morissette, Les Cowboys Fringants. Laurène Bacall est venue me mettre son aiguille, enfin pas la sienne, celle d'Huber. Et là, en écoutant la musique à donf, en regardant BHO s'investir, en me mettant du vernis à ongles anti-noirceur* en enfin en braillant comme une vache, j'ai reçu du fond de sa pochette, LE taxotère.

Je suis soulagée.

Et zou !

*En hommage à mes amis pharmaciens Québécois adeptes du beau marketing : Evonail Solution. Totum, lithium, strontium, manganèse. Solution pour régénérer les ongles altérés lors de certains traitements spécifiques. À appliquer deux fois par jour.

LE QUINZE

Vomi, vomi, vomi. Et honnêtement ce n'est pas la nourriture de Foch qui va m'aider. Moi, qui n'avait aucun goût avant d'arriver en France j'ai quand même commencé à me forger un palais, surtout avec Mr.X et son beurre de Normandie. Vu que mon problème de dos n'était plus, je n'avais plus qu'un problème de cancer et donc plus rien à faire à Foch. Branle-bas de combat, Mr.X. appelle ma reine des abeilles. Ce qui est certain c'est qu'avec cette équipe, j'ai de bien meilleures chances pour les quarts de finale. A winning team. On appelle l'ambulance. Je serai transférée à l'hôpital des cancers à 11h00, ils m'attendent pour "des examens". Et ma voisine, qui devait aussi se faire opérée à 14 heures est toujours là, quand je la quitte vers 17h…

Au même moment, à l'insu de mon plein gré mon chum pète une fuse et appelle ma mère en lui disant de prendre un billet d'avion et de ramener ses fesses. OK, OK, c'est pas tout à fait comme ça que cela c'est passé mais avouez que c'est excitant ! Mr.X. est finalement venu me rejoindre à l'hôpital des cancers avec son papa. Ça été dur, très dur. J'ai réussi à parler à ma moma. Faut dire aussi pour ceux qui ne me connaissent pas, que mon père est décédé d'un cancer de l'estomac et mon grand-père de celui de l'intestin. Dans ma famille, on vomi et on meurt.

vendredi 26 décembre 2008

La course n'a pas commencé

La semaine dernière, jeudi soir, j'étais au lit et je ne pouvais m'empêcher de penser aux cellules cancéreuses qui se baladaient dedans moi et je me suis demandé s'il n'y avait pas quelque chose à faire. Après la chimio de 2006, j'ai commencé à prendre du tamoxifène, un médicament utilisé pour empêcher la sécrétion d'œstrogène, l'hormone des filles. Ben oui, mes méchantes cellules étant hormono-dépendantes, pour les affamer et éviter qu'elles ne crûssent, il ne fallait que leur couper les vivres. Elles bouffent de l'œstrogène, on met les ovaires "On Hold" et c'est réglé. Le tamoxifène est à la ménopause ce que sont les contractions provoquées sont aux naturelles.

J'ai pris le tamoxifène pendant plus d'un an en essayant d'oublier les sueurs et les chaleurs. Se sentir moite 10 minutes après être sortie de la douche, suer à grosses gouttes en réunion, devoir me mettre en chemise en plein hiver, dans le train… Puis, j'ai oublié un RDV avec ma tendre abeille. Puis un deuxième. Le boulot me rongeait encore et je m'oubliais. Résultat des courses, j'ai arrêté le tamoxifène pendant 2 ou 3 mois, en espérant pouvoir dormir sans jeu de jambes avec les draps. Au printemps, j'ai repris contact avec l'hôpital et la réalité, et j'ai sagement avalé la pilule.

Jusqu'au 21 août dernier où l'oncologue m'a dit de l'arrêter 1) pour diminuer les risques de phlébite dans le cas d'une éventuelle chirurgie, 2) parce que si j'étais de retour avec une métastase, c'est que le tamoxifène avait pas fait la job au complet pis que mes ovaires résistaient toujours et 3) que le ratio efficacité/innocuité jouait pas pour mon équipe.

Mais tout ça, je l'avais oublié ce jeudi soir là. Et je me disais que même si le tamoxifène ne marchait pas à 100%, peut-être que ça pouvait au moins ralentir la progression des méchantes cellules, le temps que je me fasse réopérer. Je me suis endormie sur cette idée. Vendredi, avant les festivités de l'après-midi, j'ai téléphoné à mon oncologue (ligne directe, merci la France !) qui, avec toute sa patience m'a répété ces bonnes paroles. Rassurée j'ai été.

Puisque je l'avais au bout du fil, je n'ai pas pu m'empêcher de lui faire part, non pas de mon découragement (moi! Ben voyons donc !), mais de mon questionnement. J'avais l'impression, lui ai-je dit avec un trémolo dans la voix, que j'étais en train de perdre la course. Que le cancer profitait de la période postopératoire pour se taper une nouvelle vertèbre et que c'était sans limite sauf celle du nombre des dites vertèbres. Je crois qu'elle a été un peu étonnée de ma question et moi encore plus de sa réponse. Parce que pour elle, la course n'avait même pas commencé. Et vlan ! Dans les gencives !

C'était comme si, depuis le 21 août je n'avais été qu'en période d'entraînement. Comme si, tout ce que j'avais déjà enduré, tout ce que ma famille, mes amis avaient déjà enduré, ne servait qu'à nous préparer au pire. Comme les cours prénataux, que j'ai bien sûr, boycottés. L'Autruche Attitude, ça ne date pas d'hier. Bref, j'étais sur le cul. Parce que ce qui me tient un peu, en plus du corset, c'est que je me dis que le pire est derrière et que bientôt ce sera le printemps. Mais, mais, en même temps, je comprends son point de vue, rappelez-vous le cheval et la grenouille ; en tant qu'oncologue, elle, son boulot, c'est la chimio.

Et c'est vrai, la chimio n'est toujours pas commencée. La radio non plus d'ailleurs …

Et zou !

mardi 16 décembre 2008

La course se poursuit

La course à la métastase s'intensifie, comme je l'espère, dans la dernière ligne droite du prix de Diane. Ma mauvaise humeur se dissipe, voir mon patience-o-mètre tout en bas.

Pour me, a) justifier, b) déculpabiliser, c) me donner de l'espoir, j'ai fabriqué ce petit récapitulatif des derniers mois. En fait, j'ai l'impression comme la marmotte, de revivre de façon répétée les 10 premiers jours de cette "aventure" et, à chaque fois, pour une période de plus en plus longue. Connaissant ma non-patience légendaire, pas difficile de comprendre que j'ai une capacité, certes réduite (on nait Gariépy, on ne le devient pas), à ployer sous le vent, mais quand la bolle est pleine, je n'ai pas d'autre alternative que de déverser mon trop-plein. J'avoue cependant que depuis quelques jours, la bolle fuit et son niveau fléchit. Espoir, espoir !!!

19 août : Urgence Poissy, découverte d'une métastase sur la vertèbre lombaire 5 (L5), Scan n°1.

21 août : St-Cloud, Centre René Huguenin (CRH), l'hôpital des cancers, RDV avec oncologue, Maya la reine des abeilles.

22 août : Suresnes, Hôpital Foch, hôpital des opérations, RDV avec neurochirurgien, Dr. L'Amoroso. Premier avis : no chirurgie. Nanterre, cabinet du psychiatre, RDV avec Freud.

26 août : IRM n°1.

27 août : PET Scan n°1.

28 août : CRH, RDV n°2 avec Maya, tous les tests sont négatifs. On n'opère pas, radio et chimio seulement, c'est réglé !

1ier septembre : Rentrée scolaire de Junior.

5 septembre : Freud.

12 septembre : Puteaux, cabinet de la psychologue, Monica (sous-entendu Bellucci).

15 septembre, mon 11 à moi : RDV Tatoo shop N°1, mais au lieu de ça … opération : vertébrectomie ou cimentoplastie ? Plus de cheval avant un crisse de boute pis, cerise su'l sunday, l'infirmière à perruque. Je pèse 65 kg

18 septembre : Chirurgie locale pour me mettre la "chambre implantable", qui contrairement à la dernière fois, se raboute sur la jugulaire plutôt que dans la sous-clavière. Hum, jolie la cicatrice dans le cou et la canule visible sous la peau. Yeark !

19 septembre : Foch, L'Amoroso et Mamours en chef (oui, oui, je sais, je vous dois une photo !). Oui, on opère, et la vertébrectomie est finalement la seule alternative. Puteaux Monica.

25 septembre : Boulogne, le Brochologue, pour mon appareil dentaire. Puteaux Monica.

2 octobre : Téléphone du Dr. L'Amoroso, on opère le 23.

3 octobre : Déjeuner à Paris, sous la pluie. J'y crois encore à mon projet … 14h30 Monica 16h30 Freud.

10 octobre : Vernouillet, labo, prélèvement sanguin.

13 octobre : Foch. Scan n°2. RDV Dr. L'Amoroso, j'apprends que j'ai droit à une artériographie. RDV Dr. Dodo. Je pèse 69kg.

17 octobre : Ma mère arrive.

21 octobre : Entrée à Foch pour l'anniversaire de ma mère.

22 octobre : Embolisation sous artériographie, 5 heures sur le billard.

23 octobre : Vertébrectomie, la journée sur le billard, la nuit en salle de réveil, la morphine en pompe.

24 octobre : Opération OK sauf que vu que j'ai saigné 5 litres, pas eu le temps de retirer totalement la L5, reste un p'tit boute. Mais c'est pas grave, on réopère dans pas longtemps pour l'enlever. Début des vacances de la Toussaint pour Junior.

30 octobre : Corsetage, je peux enfin me lever. Scan n°3.

6 novembre : Sortie de Foch. Arrêt de travail pour un mois, puisque je me fais réopérer dans 2 semaines.

9 novembre : Rentrée scolaire Junior. Je ne l'ai vu que 3 jours ...

13 novembre : Faux mouvement, douleur, hurlement, pipi dans le lit.

20 novembre : Scan n°4. J'apprends qu'il y a quelque "chose" qui ressemble à une ligne et un trente sous sur la L4. On se consulte entre docteurs, on me rappelle dans une semaine.

26 novembre : Gastro, je veux mourir.

27 novembre : Gastro, je veux un peu moins mourir.

28 novembre : Gastro, je veux un peu plus mourir.

29 novembre : Gastro, je veux un peu moins mourir.

30 novembre : Gastro, je veux encore un peu moins mourir.

1ier décembre : Fin de gastro. Je pèse 61 kg. J'ai arrêté tous les médicaments. Oui, oui. Y'en a marre des pilules et des décoctions.

2 décembre : RDV avec Maya et toute la gang pour savoir c'est quoi la ligne et le trente sous sur la L4 et planifier la suite. Mais, personne n'est au courant de rien, aucune communication entre Foch et CRH. Je ressors avec un RDV pour un autre PET, un RDV Tatoo n°2, et 2 affiches présentant des expos d'art naïf. RDV chez le corsetier pour me faire arranger le corset devenu trop lousse.

4 décembre : L'enfer, LA journée "j'engueule et je fais chier le plus de gens possible dans un minimum de temps", LA journée JEJFCLPDGPDUMDT.

5 décembre : Ma mère s'en va. PET-scan n°2. Deuxième édition de LA journée JEJFCLPDGPDUMDT. Ai vu Maya, no more chirurgie, la ligne et le trente sous on s'en fout, on tatou le 10 décembre et on radiothérapise pendant les vacances de Noël (pauvre Junior). Ai droit, en bonus, à une prolongation de 3 mois d'arrêt-maladie et un RDV pour l'IRM n°2.

10 décembre : Deuxième faux RDV tatoo. Finalement, y'a rien sur la L4, mais la L2 s'est jointe au party. On doit réopérer. Tatouage, radiothérapie et chimio : on hold. Monica.

11 décembre : Coiffeuse. Déjeuner chez ma gourou, vu Stone.

12 décembre : Hôpital Américain à Neuilly, RDV dentiste, Dr. Caramilk. Pas invitée au déjeuner de Noël du bureau. Dame Cécile, le bras droit (celui avec le téléphone), du Dr. L'Amoroso m'appelle : RDV le 22 en fin de journée pour faire le point. Chirurgie (cimentoplastie, 3 ou 4 jours d'hospitalisation, une joke quoi !) le 14 janvier prochain. Joyeux Noël et Bonne Année !!!

mardi 9 décembre 2008

Ca va mieux !

J'ai arrêté de faire chier mon chum, maintenant je fais chier des inconnus et quelques amies sur un certain site dédié au cheval et aux potinage de filles ... J'ose à peine sortir, à toutes les fois j'engueule quelqu'un. On a eu de la neige ce matin. J'ai mis de la musique de Nowel et ça m'a mise de bonne humeur ! Je suis contente parce que j'ai enfin trouvé un site de téléchargement payant et où je peux trouver de la musique québécoise. Je me remplis les oreilles d'Arianne Moffat, Pierre Lapointe et Pascale Picard. Envoyez-moi vos coups de cœur !

On a fêté la St-Valentin hier. C'était notre première soirée, seuls, depuis le 17 octobre ! On a décidé de fêter ça. On a mangé des escargots en regardant le sexe et la ville. J'ai besoin de rose.

La fin de la semaine dernière fût riche en émotions … ma mère est partie vendredi et nous sommes, mon chum pis moué, retournés au CRH (l'hôpital des cancéreux) pour un autre examen, le PET scan (aussi appelé scintigraphie). Passe le PET, dit à la madame que je veux voir le Docteur, Docteur n'a rien à me dire, Line pète les plombs. J'me contrôle pu !

Le PET. Il faut d'abord attendre dans une salle… d'attente. Y'avais plein de vieux autour de moi, des vrais vieux, over 90. La madame (?) à côté de moi arrêtait pas de se plaindre, elle avait des nausées et m'en donnait. Mais bon Line, patience. Mr.X arrive, check si tout est correct et s'en retourne; on se revoit à 13h. Faut dire que la veille je me suis couchée vers minuit et que j'étais de retour devant la télé à 4h du mat. Ma mère est partie. Ça fait drôle ! Je suis triste, et soulagée. La visite, on est content quand elle arrive, on est content quand elle part.

Retour au CRH, au club du 5ième âge. On m'appelle, je me lève, je me recouche, on me pique. J'attends. Robocop arrive avec son armure et m'injecte le glucose radioactif. J'attends, j'ai froid. Je descends ma manche en couvrant la tubulure. Je somnole, je dors, on me réveille, j'ai fait couler la perf, ma manche est mouillée. J'ai froid. Je dois maintenant aller pisser radioactif. J'attends, j'attends, y'a qu'une toilette aménagée. Une vieille en sort. J'y entre. Ça pue. Ça sent le vieux radioactif. Bon, la vieille "lâ pas compris" qu'il fallait mettre le pipi devant, le caca derrière avec le papier. Comme la dernière fois, comme le 27 août dernier, comme voilà 15 semaines, comme voilà 3 mois et demi.

Ensuite, après 10 minutes du cercueil rond, ouvert aux bouts, c'est enfin terminé. Je vais enfin savoir à quoi correspondent la ligne et le trente sous.

Je demande à voir le médecin. On me dit d'attendre, sur ce banc, dans le corridor. J'ai quand même droit à une tasse de thé et une biscotte. Mr.X arrive. Ma mauvaise humeur arrive. Le docteur arrive pas. Une dame passe, demande des infos à une autre dame en blanc. La même, s'aperçoit de notre présence, il est 1h30, et nous dit qu'on peut maintenant partir … Je crie NON, NON, NON. Engueule la madame qui est en fait le docteur, et tente une sortie, la tête haute, appuie sur le bouton de l'ascenseur, et là ... rien ! Je reste plantée, fumante, devant des portes désespérément closes et j'attends. Ai raté ma sortie. Ai l'air d'une grosse conne. Pour me défouler, me défruster, me calmer les nerfs, je sors, sous le froid dans la pluie et j'allume une clope. Une madame arrive, me sourit et me demande une cigarette. Je l'ai à peine regardé, mais j'ai gueulé "NOOON". Heureusement que je ne suis pas croyante, la matinée m'aurait coûté cher en indulgences.

Mr.X fini par me retrouver. Si j'avais été maquillée, mon mascara aurait coulé. Nous retournons à l'intérieur et il se met en tête de parler à Maya, ma douce abeille oncologue. Nous dit de l'attendre, elle vient nous voir dans 20 minutes. Vingt minutes plus tard, elle est là, me tend la main et répond à toutes mes questions :

Opération : annulée

ligne et le trente sous sur la L4 : on sait pas. Je dois encore passer un autre exam, une autre IRM, le 22 décembre

Le RDV du 10, est-ce pour seulement rencontrer le radio-oncologue (comme la dernière fois), ou si cette fois c'est vrai et je l'aurai enfin mon tatouage : le 10, on tatoue

Durée et début de la radiothérapie : entre 2 à 3 semaines ou 5 semaines, on débute avant Noël

Et pour la suite, on verra !

Ça va vachement mieux !

Et zou !

mercredi 3 décembre 2008

Patience

"Ah que l'hiver tarde à passer"

Et puis non !

L'hiver ne tarde pas à passer, y'é pas encore arrivé.

La preuve, aujourd'hui le soleil était là-haut et nous a joyeusement accompagnés, mon chum pis moué, tout le long de notre périple A13zien ad St-Cloud. Ce devait être LA réunion. En fait c'est la deuxième parce que la première devait être à la mi-septembre. À ce propos, je vous demande de bien vouloir relire mes "Textes" des 15 et 16 septembre. Je viens de les relire et franchement je vous les recommande fortement, c'est beaucoup mieux que les derniers. Facile, ils sont inexistants, gastro oblige.

Line, ne te laisse pas envahir par le côté obscure, POSITIVE

"Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins, à bicyclette"

J'avais rendez-vous avec ma reine des abeilles, pis son boss, Dr.Renard, pis le radio-oncologue (en direct par téléphone) pour discuter des résultats des deux derniers scans pris à Foch, le Général. C'est-à-dire celui pris quelques jours après l'opération et un deuxième pris le 20 novembre.

Je rappelle à ceux du fond de la classe, ils se reconnaîtront (merci pour tout ce que tu fais pour moi UncleSam), que des taches étaient apparues sur ma L4 après l'opération, qu'il n'y avait pas de d'évolution entre les clichés. Deux semaines, laissez-y du temps…

Quand on y pense, y'a quand même des avantages à être malade. Non, mais sérieusement. Je peux être en état hypomaniaque, que je me complais à contrôler bien sûr ! Et cela me permet de dormir 2 ou 3 heures par nuit et de me faire plein de films à la télé et hier, à 1h30 du matin, donc ce matin, en fait hier puisque nous sommes déjà demain, j'ai vu "Persépolis" et j'ai été bouleversée.

Donc, aujourd'hui, j'allais enfin savoir ce que signifiait la ligne et le 30 sous sur ma vertèbre L4 (BitchBis !) puisque Mamours Junior (Dr.L'Amoroso) que j'avais vu le 20 ET qu'il m'avait dit qu'il me rappelait dans la semaine (20 + 7 = 27).

Aujourd'hui, 2 décembre, 4 jours passés le délai, on nous a expliqué que mon dossier n'avait pu être discuté, ni avec l'expert radio du Général, ni en réunion conjointe avec la gang de St-Cloud. Les Huguenots n'étant pas au courant des plans du Général puisqu'une bataille pour une autre vie était désormais en cours. Voyez comment je suis philosophe ! Faut savoir que les mains des Drs. Mamours et L'Amoroso sont très demandées !

Mais, je ne suis pas repartie les mains vides puisque la Madame des rendez-vous à gracieusement dépunaisé du mur 2 affiches et me les a offertes. La Madame des rendez-vous, est comme moi, amatrice d'art naïf. J'aime ça parce c'est plein de couleurs et ça me rend joyeuse, et, ce que j'aime le plus au monde, c'est la joie. Entendre Junior rire, j'trouve ça drôle ! Les affiches seront pour mes Mononcles: Roland, une version du canal Lachine français (nos prochaines vacances sur le canal du midi ?) et celui avec les soldats Français et l'Hermione pour Robert.

J'ai aussi eu droit à un RDV pour un autre PET-scan ce vendredi à 10h30, au moment où ma mère s'assoira sur les ailes d'Air Transat. Et finalement, en bonus, un rendez-vous avec le radio-oncologue (un nouveau !) le 10 pour établir le plan de traitement. Entouka, c'est ce que j'ai compris. Mais, la Madame des affiches me dit que c'était plutôt un RDV Tatoo. On verra bien, je n'en suis plus à un RDV près.

Relire impérativement les textes du 15 et 16, y'aura "défénitivement" comme dirait Mme Chose, contrôle à la fin de la semaine.

Bon, c'est pas grave parce qu'on s'est dit, on sera plus tôt au prochain RDV de la journée, chez le Chantal Thomas de l'orthopédie, pour un ajustement de corset. Bien oui, parce que je dois vous dire qu'entre le Menu du Général et la Gastro Médaise, j'ai perdu un petit 8 kg (YES !) mais comme j'ai dit à Mme Taptap, je ne souhaite cette "méthode" à personne, même pas à ma belle-mère. Donc il m'a remis des "velcro" (scracht en France) et j'ai repris ma colonne en main.

Et zou !

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*Enrichissons notre vocabulaire: J'ai découvert qu'il existait (sur dictionnaire.reverso.com, merde, j'ai découvert mon jeu), 11 définitions du mot "fond" et 17 pour "fonds". J'adore ma langue française du Québec et de France. En passant, j'ai lu que Gilles Vigneault avait eu 80 ans en 2008. Québec fût fondée en 1608, 400 ans en arrière, juste 5 fois l'âge de Mr. Vigneault. Hey Jude Prague Vienne !

jeudi 25 septembre 2008

La QUESTION référendaire

Votre blonde, mère, fille, sœur, filleule, nièce, belle-fille (je déteste le mot "bru" du bas latin des Balkans brutis), amie, copine, ex-blonde, collègue, maîtresse (pour Livingstone et Céleste bien sûr !) Biffez les mentions inutiles,

Vous a fait connaître sa proposition d'en arriver, avec le reste de sa Colonne Vertébrale, à une nouvelle entente fondée sur le principe de l'égalité des vertèbres,

Cette entente permettrait à votre blonde, mère, fille, sœur, filleule, nièce, belle-fille, amie, copine, ex-blonde, collègue, maîtresse (biffez les mentions inutiles), d'acquérir le pouvoir exclusif de faire ses lois*, de percevoir sa douleur et d'établir ses relations extérieures, ce qui est la souveraineté et, en même temps, de maintenir avec le reste de sa Colonne Vertébrale, une association anatomique comportant l'utilisation d'un même système physiologique ; aucun changement de statut anatomique résultant de ces négociations ne sera réalisé sans l'accord des autres vertèbres lors d'un autre référendum ;

* acquisition et utilisation d'une prothèse et d'une greffe (de banque) osseuse

En conséquence, accordez-vous à votre blonde, mère, fille, sœur, filleule, nièce, belle-fille, amie, copine, ex-blonde, collègue, maîtresse (biffez les mentions inutiles), le mandat de négocier l'entente proposée, en collaboration avec une partie du corps médical, Maya, Dr.L'Amoroso, Dr. Mamours, Dr.PasMamours (qui finalement est gentil au téléphone avec Mr.X, peut-être était-il garagiste dans une vie précédente?), Monica, Dr. Freud, le fils du frère du voisin d'en-face de mes beaux-parents, et la Colonne Vertébrale ?

Vue comme ça, la question est beaucoup plus simple ! Je vote "OUI"

C'est décidé, je me fais opérer, le 23 octobre prochain. Je respire ! C'est bon de prendre des décisions.

Bises à tous

Et zou!

lundi 15 septembre 2008

H-12

Tatouage

C'est demain que je passe au Tatoo Shop. Ça pourra pas être pire que la dernière fois. J'avais une grippe et j'arrêtais pas de tousser pis y'avait la technicienne qui me disait d'arrêter de bouger. Ben oui Madame, si je tousse comme une damnée pis que je m'arrache les poumons c'est juste parce que je veux être sûre d'avoir une surface irradiée assez grande pour pouvoir me chauffer tout l'hiver ! Épaisse !

La dernière fois que j'ai vu Maya, mon oncologue préférée, elle m'avait dit que son secrétariat s'occupait de tout. Parfait, je recevrais tout par la poste, mais en gros j'aurai droit à un rendez-vous pour le tatouage, le 15 et que la radiothérapie débutera le 23 septembre, à chaque jour, pour 3 semaines. Entre-temps, je serai convoquée pour la pose du bouchon de bouteille d'eau (bon, j'le sais que c'est pas ça, mais j'me rappelle plus du nom.) OK, c'est noté, on se revoit bientôt.

Et voilà, je n'ai rien reçu. Tant mieux, il y avait peut-être eu une erreur? Dr. Mamours et Cie s'étaient trompés. Phase de déni, classique.

Bon j'ai nié pendant quelques jours, jusqu'au moment où Mr.X en a pris pour sa pomme, la phase II commençait! Le pauvre, honnêtement, je ne sais pas ce qu'il me trouve. Heureusement que j'ai eu la chance de tomber sur un bon gars. Et le mot chance est ici utilisé dans son degré le plus premier. Je vous raconterai comment "Cupidon" nous a repéré du haut de son nuage et s'est dit qu'il nous donnerait, à l'un comme à l'autre, une autre chance. Mais, ça c'est une autre histoire !

Finalement, je me suis décidée et j'ai téléphoné jeudi dernier. Ben, wowe! C'est juste si la secrétaire m'a pas engueulé! Yes, les Parisiens sont de retours ! Elle me dit que c'est pas comme ça que cela doit se faire, que je dois passer par la prise de rendez-vous puis par la caisse et qu'ensuite seulement je peux sortir de l'hôpital. Et oui chers Québécois, en France, faut payer en premier. On est ensuite remboursé par notre "mutuelle" (assurance-maladie privée, financée par l'employeur et l'employée). On est cependant, encore très loin de l'enfer sanitaire dans lequel vous vivez. J'ai donc essayé de marchander en disant que la consultation s'étant terminées tardivement, tous les guichets (y compris celui des caisses …) étaient fermé, que Maya s'occupait de tout et surtout de pas en faire un cas (Les nerfs la bonnefemme !)

Ca y est, j'ai passé les deux premières étapes, à quand l'acceptation …

Dernier truc, faut-tu que je me m'épile le bikini ?

vendredi 29 août 2008

Bilan

J'ai pris la journée pour digérer la nouvelle !

"Votre pronostic vital n'est pas engagé" qu'elle a dit Maya (Mononc Aulogue)


YES !!!


Au menu, nous aurons donc une entrée de radiothéraphie, une chimio en plat principal et quelques semaines de repos en dessert.


C'est l'histoire d'une blonde, elle est en train de raconter son dernier rendez-vous chez le médecin à sa meilleure copine et ne se souvient plus du diagnostic. Elle téléphone donc à son médecin (on est en France !) pour lui demander des précisions.

- Bonjour Docteur, je suis mademoiselle Chose, et je n'arrive plus à me rappeler ce que vous m'avez dit: capricorne ou verseau ?

Et le médecin, exaspéré, de lui répondre : cancer, Mademoiselle Chose, cancer !


Et zou !

mercredi 27 août 2008

IRM-2

J'ai bien essayé d'écrire plus tôt, mais j'ai passé la journée avec un tournevis dans la bouche…

La preuve que l'IRM rend mes broches magnétiques… Bof, cela aurait pu être pire, oubliez pas que j'habite avec la voie ferrée derrière la maison.

Bon, tout va bien. On m'a injecté le truc-là, l'acide gonado-ésotérique. L'infirmier (gay?) m'a expliqué que c'était comme de la grenadine (sic) et que c'était pour mettre de la couleur. J'ai tout de suite imaginé un beau pipi rose. Après avoir enfilé la seyante mais néanmoins prévisible tunique de papier bleue et m'être fait "poser une ligne" (une aiguille dans la veine du coude avec, au bout, un petit tube relié à la seringue de grenadine), le gentil infirmier m'a conduit près de "THE MACHINE" (Welcome, dirons les fans de Pink Floyd) où, là, m'attendait le (gentil?) technicien. On m'a aidée à m'installer sur la table, drapée de bleue, avec une poire dans la main et des bouchons dans les oreilles. Et vive la techtonique!

Rapidement, parce que je savais que vous me poseriez la question. L'IRM, CKOI?

C'est un gros aimant qui aligne dans la même direction tous les atomes d'hydrogène du corps. Ensuite on les excite, dans mon cas une paire de chaussures fait l'affaire. Les atomes entrent en résonance et renvoient l'énergie en émettant un signal, capté et enregistré par un ordinateur. Tout ça est très bien expliqué dans le schéma suivant. J'imagine qu'ensuite on utilise la fameuse grenadine pour faire joli. Pour le reste, je vous épargne les détails sauf quand ils ont échappé la table et que j'ai senti ma colonne résonner.

Mais les résultats me direz-vous? Et bien heureusement que j'ai insisté parce que c'était le sempiternel: "le docteur vous expliquera tout ça". Le radiologue est venu me voir dans la cabine d'essayage pour me dire que l'IRM confirmait le diagnostic du scan de Poissy, c'est-à-dire, des tissus inflammés (ah! c'est à ça que sert la grenadine !) au niveau de la L5 augurant d'une métastase. WOUF, ça fesse, je ne me suis pas encore habituée à entendre le diagnostic. "A-t-on prévue la biopsie?" me demande t-il sur le même ton. Et là, la PEUR est revenue, et si ce n'était pas une métastase mais un cancer de l'os? Mais bon, j'en parlerai à Maya jeudi prochain. Mr.X m'attend, sagement dans la salle d'attente, je lui parle pas de mes craintes, ça sert à rien de l'énerver (il pourrait entrer en résonnance !).

En rentrant je suis allée voir Dada. Je dis bien voir parce qu'il n'a pas bougé du fond de son pré, accessoirement situé près de la mangeoire. J'ai eu beau agiter mon sachet plastique de canneberges séchées (cranberry – adaptation française) rien à faire, mais Gégé est venu me voir. Il a perdu un fer et a beaucoup maigri. Il est trop gentil Gégé, il se laisse mener par le bout du nez par les juments de la horde, qui elles sont bedonnantes.

Bon c'est pas tout ça, j'ai une scintigraphie demain !

Et hop !

samedi 23 août 2008

Samdi

Les nouvelles sont bonnes, Dr. Mamours m'a dit que ma L5 était tout à fait en état de supporter mon poids, il n'a cependant pas parlé de mon caractère ...

En fait le système de santé français est tellement performant que j'ai du mal à me suivre tellement ça va vite … N'oubliez pas en effet que je viens du pays des grandes surfaces, là où les "clients" de l'assurance-maladie du Québec doivent impérativement voir un médecin généraliste avant de pouvoir "entrer" dans le système et où beaucoup de généralistes n'acceptent plus de nouveaux patients… faute de ressources. Y'a pas qu'en France que l'administration se mord la queue.

Donc, je vous raconte, c'est palpitant : 48 heures chrono …

Jeudi 21 août / 14h15 (en fait, il était même plus tôt … Maya a dû sauter le désert; des coings rôtis au miel d'acacia) - CRH


Mr. X m'accompagne, c'est l'homme idéal et GQ se trompe, il existe! Je l'ai marié! Et je l'ai rencontré sur internet, mais ça c'est une autre histoire. Elle regarde les résultats du scan de l'avant-veille, me fait déshabiller, me questionne, me taponne et finalement me demande de me rassoir. Me dit ne pas trop m'inquiéter et téléphone à son pote, le neuro-chir de l'hôpital de la banlieue d'à côté, le fameux Dr. Mamours qui peut me voir demain (oui oui, le lendemain !) à 10 heures.

Bon maintenant que c'est fait, on passe au reste, et croyez-moi, ER c'est de la p'tite bière à côté et tout ça sans qu'on me demande ni carte bleue, ni assurances. Un petit dosage, un p'tit IRM, un p'tit PET-Scan et voilà, et le tout servi avec le sourire, un jeudi de merde près de Paris, sous la pluie. Avec tous ces tests et les derniers arrêt-maladie, c'est sûr, cette année, le trou de la sécu sera à ma charge. Il doit au moins y avoir pour 10K€.

Et finalement elle m'explique qu'il s'agit vraisemblablement d'une métastase de mon premier cancer, c'est-à-dire un cancer du sein dans l'os et non pas un cancer de l'os (où la survie médiane est de 18 à 24 mois …). Ouf ! Le pronostic vital n'est pas engagé (quelle drôle de façon de dire que les chances de survie sont bonnes, me semble, quand c'est des bonnes nouvelles on s'organise pour que tout le monde comprenne). Et puis vraiment, si les détails scabreux vous intéressent, j'ai " une lésion ostéolytique du corps vertébral de L5 s'étendant dans le pédicule gauche avec une inflammation de la racine L5 gauche au niveau foraminal, en regard de la lésion ostéolytique" ainsi qu'une "discopathie sans signe de compression disco-radiculaire".


Vendredi / 12h30 - Hôpital F

C'est vrai que le Dr. Mamours avait 2h30 de retard mais franchement je ne vais pas commencer à me plaindre d'autant que les nouvelles sont bonnes, pas d'opération envisagée pour le moment, on attend les résultats des scans et hop! Le tour est joué. Comparativement au rhume d'homme je me dis que je suis passée proche encore une fois …

L'après-midi je rappelle ma butineuse (sur son numéro direct). Elle me dit que puisque j'aurai les résultats des tests mercredi, elle me prendra en plus de ses patients, jeudi, comme ça on peut avancer notre rendez-vous de décision thérapeutique de 5 jours.

Je vous le dit, j'ai pas le temps de suivre …

20 toute 2008

C'est reparti, j'ai droit à un tour gratis dans la grande roue de la vie.

Voici donc, l'histoire de ma vie, en "internet-reality" …

Née à Montréal (d'une famille normale ...) en 1963, j'habite la région parisienne depuis 12 ans. J'ai 45 ans, et la famille "H" se compose d'un mari (Mr.X), d'un garçon "doué" (Junior) et d'un cheval (Stone).

J'ai été dépistée, opérée, chimiotraitée et irradiée (oui oui, tout ça pour moi !) en 2006, pour une tumeur localisée dans mon sein gauche.

Tout allait bien jusqu'au spectacle de Céline Dion (avec son mari Réné) à Paris, en mai dernier. Céline n'a rien à voir là-dedans, mais c'est pour me rappeler la date, ce dont je ne me souviens plus par ailleurs.

Finalement, je me suis décidée et j'ai consulté la semaine dernière pour ce que je croyais être une simple (mais douloureuse) atteinte sciatique. De plus, mon corps, décidé à me pourrir la vie chaque fois que je prends des vacances (3/3 depuis l'été 2006), a sournoisement profité de ces quelques moments de bonheur; toute la petite famille réunie sur une des plus belles pages du monde, les Anguillais de Rendez-Vous Bay se reconnaîtront.

Je vous épargne la suite, sauf un seul détail ...

Je positivise (j'ai la positive attitude - adaptation française) et je me dis que mon mari (Mr.X) a bien fait de prendre l'assurance "rapatriement sanitaire" ! Du coup, dimanche matin notre limousine (l'Ambulance …) nous a conduit à l'aéroport et nous avons eu droit à un vol de huit minutes au-dessus du détroit séparant Anguilla et St-Martin, en jet privé (bon ok, en coucou à moteurs), et Junior a pu voir de ses yeux et du haut de ses 9 ans et nos 3000 pieds d'altitude, des images dignes de Yann-Arthus Bertrand.

Attendez ! La suite est meilleure.

J'ai aussi eu droit à un vol Air France, direct, et en business class s'il-vous-plait; avec foie gras, champagne et siège inclinable à 180°.

Alors que Mr. X et Junior se sont tapés les quatre valises (enfin pas pour longtemps puisque aujourd'hui, mercredi, les dites valises ne sont toujours pas de retour) et le vol avec 3 heures de retard dû à un bagagiste ayant, par mégarde, oublié qu'il avait une clope ALLUMÉE au bec, alors qu'il se tenait directement dessous le DÉTECTEUR DE FUMEURS situé dans la soute à bagages. Heureusement les ingénieurs ont prévu le coup et des extincteurs à CO2 n'ont pas tardé à déverser leur mousse sur l'étourdi, mais néanmoins coupable, bagagiste, prestement identifié.

Qu'à cela ne tienne, les hommes de la famille "H" ont des couilles (du moins pour ces deux-là) et ont remonté leurs manches et les marches de la passerelle pour finalement décoller et atterrir 50 minutes plus tard en "République" (République Dominicaine – adaptation française). Pour le reste, pas de pépin (sauf pour valises qui demeurent dans le continuum espace-temps) avec à l'intérieur, bien sûr, toute ma panoplie d'antidouleurs …

Pour faire une histoire courte (Courage! C'est presque fini), c'est hier, mardi, 24h après mon atterrissage à Roissy que j'ai pris une claque, une crisse de claque (comme Charlebois dans Lindbergh). J'ai pas vraiment compris l'expression du visage de l'interne des urgences hier soir, jusqu'au moment où j'ai compris que je ne voulais pas comprendre, alors tout est devenu clair. Vous comprenez?

Panique, peur, tristesse, peur, douleur, peur, peur, peur, PEUR

Et puisqu'on y est, CULPABILITÉ … Peut-être n’avais-je pas été assez punie avec le cancer primaire? M’en étais-je trop moqué ? Avais-je été trop " désinvolte" ? J'ai effectivement bien supporté (aimé?) cet épisode de ma vie...

Bon je garde le reste pour mes Psy, Freud et Monica, et je fais ici référence à L'Italienne et non l'Américaine.

Vive le système de santé français !! J'ai un RDV demain avec Maya, mon oncologue.

A bientôt pour la suite !