CITATION DU JOUR

"La maladie se supporte mieux quand on est supportée"
Line
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dimanche 25 janvier 2009

LE QUINZE

Vomi, vomi, vomi. Et honnêtement ce n'est pas la nourriture de Foch qui va m'aider. Moi, qui n'avait aucun goût avant d'arriver en France j'ai quand même commencé à me forger un palais, surtout avec Mr.X et son beurre de Normandie. Vu que mon problème de dos n'était plus, je n'avais plus qu'un problème de cancer et donc plus rien à faire à Foch. Branle-bas de combat, Mr.X. appelle ma reine des abeilles. Ce qui est certain c'est qu'avec cette équipe, j'ai de bien meilleures chances pour les quarts de finale. A winning team. On appelle l'ambulance. Je serai transférée à l'hôpital des cancers à 11h00, ils m'attendent pour "des examens". Et ma voisine, qui devait aussi se faire opérée à 14 heures est toujours là, quand je la quitte vers 17h…

Au même moment, à l'insu de mon plein gré mon chum pète une fuse et appelle ma mère en lui disant de prendre un billet d'avion et de ramener ses fesses. OK, OK, c'est pas tout à fait comme ça que cela c'est passé mais avouez que c'est excitant ! Mr.X. est finalement venu me rejoindre à l'hôpital des cancers avec son papa. Ça été dur, très dur. J'ai réussi à parler à ma moma. Faut dire aussi pour ceux qui ne me connaissent pas, que mon père est décédé d'un cancer de l'estomac et mon grand-père de celui de l'intestin. Dans ma famille, on vomi et on meurt.

mardi 30 décembre 2008

Reprogrammons notre ADN

Je me suis levée ce matin, bourrée de bonnes intentions. C'est que j'ai plein de choses à faire : faire la réclamation auprès de l'assurance du rapatriement sanitaire (depuis août), résilier mon compte bancaire Groupama (avril), faire le dossier d'assurance pour le prêt de la maison (novembre), recoudre Nounours (avril 2007), m'épiler et me couper les ongles d'orteils, amener Junior à l'expo sur le nez, burner des CDs, faire des albums photo, redécorer la chambre de Léo, graisser la bride de Stone, éduquer Céleste, faire la cuisine, etc., etc.

En fait, c'est tous les matins que je me lève avec cette liste… et tous les soirs que je me couche avec, en me maudissant pour ma "tendance" à la procrastination, à la prorogation diront certains. Peut-être devrais-je reprendre mes médicaments? Mais, ça, c'est une autre histoire. Mon autre histoire, mon autre maladie, celle dont j'ai honte, celle qui me fait peur, celle qui peut-être me fera mourir. Celle dont je ne parle pas, celle qui me blesse, celle qui me touche, celle qui est pire que tout. Celle que je cache, celle dont je me dis qu'elle n'existe pas, celle que je peux faire semblant d'ignorer en ne prenant pas mon stabilisateur d'humeur de synthèse.

Parce que je ne vous ai pas tout dit. Après l'épisode gastro (je sais, je sais, je ne suis qu'un tube digestif) j'ai arrêter tous les médoc. Y'en avait marre. Je sais, pas du tout rationnel tout ça. Je croyais pouvoir me guérir toute seule. Même que j'avais plus besoin de me soigner, puisque je n'étais pas malade. Stop, d'un coup, tout. La modération et moi ça toujours fait deux, la patience aussi d'ailleurs. Mr.X. n'a rien dit, contrairement à ma mère qui a, malencontreusement, dit quelque chose. Mal lui en pris ! Moma ! Je m'excuse …

Bref, tout ça pour dire, que je ne m'en sors pas. Merde, ça marche pas. Je ne vais pas mieux, je ne sors pas faire ma promenade à tous les jours, je ne vais pas voir Stone à tous les jours, je ne cuisine pas à tous les jours. En fait, la seule chose que je fais à tous les jours, c'est rien. Et je ne peux me dire que je n'y peux rien parce ma fille quand on veut on peut. C'est bien là mon problème. Parce que des fois, même quand on veut, on peut pas. Pas toujours, mais quelques fois ça marche pas. En fait, le seul moyen pour que ça marche, c'est de mettre des objectifs atteignables, et ça aussi, j'ai un problème avec ça puisque je n'arrive pas toujours à les définir. Ouh la la, je tourne en rond, je renvoie, j'ajourne, je retarde, je diffère, je sursoie, je tergiverse, j'atermoie. C'est fou le nombre de synonymes en français pour le mot procrastination! C'est fou !

Voilà, j'ai décidé de faire quelque chose qui n'était pas sur ma liste, j'ai repris mon traitement, enfin, une partie. J'ai décidé de reprendre mon traitement après m'être replongée dans les bouquins, certes virtuels, mais, facilement accessibles. J'ai donc un tout petit peu potassé la physio-patho de la PMD, la psychose maniaco-dépressive, qu'on a renommée TBP, pour troubles bipolaires. C'est quand même mieux que "folie à double forme" ou "folie circulaire". J'ai comparé les taux de mortalité : 80% pour les TBP et 85% pour le cancer du sein. L'espérance de vie des personnes bipolaires non traitée est en moyenne inférieure de 20 ans de celle en population générale. Et je me suis dit, je traite le cancer, pourquoi pas l'autre ? Voilà. 2009 est commencée.

Je me mets à la paperasse tout de suite !

Et zou !

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PS: J'ai commencé ma journée en recherchant sur internet, pour les besoins de cet article bien sûr, des informations sur les coaches de vie. Je suis tombée sur une nouvelle pratique holistique qui consiste à … reprogrammer son ADN. C'est édifiant tout ce qu'on peut malheureusement faire croire aux gens, la preuve, ce témoignage …

"Mais depuis que j'utilise l'intention pour restructurer mon ADN, j'assiste à une vraie mutation à l'intérieur de moi-même ! Je reste humaine, mais je change tellement que même les lundis matin commencent à se métamorphoser !!! J'ai enfin le sentiment que la réalité change et je peux en témoigner par des améliorations évidentes dans ma vie quotidienne. Une chose est certaine : plus je m'implique dans mon code génétique, plus je change. Plus je change, plus je suis décidée à installer ces nouveaux paradigmes dans ma réalité, et plus ma vie de famille est harmonieuse et plus ma vie professionnelle est active !"

(http://www.erenouvelle.com/editkish.php)

mardi 16 décembre 2008

La course se poursuit

La course à la métastase s'intensifie, comme je l'espère, dans la dernière ligne droite du prix de Diane. Ma mauvaise humeur se dissipe, voir mon patience-o-mètre tout en bas.

Pour me, a) justifier, b) déculpabiliser, c) me donner de l'espoir, j'ai fabriqué ce petit récapitulatif des derniers mois. En fait, j'ai l'impression comme la marmotte, de revivre de façon répétée les 10 premiers jours de cette "aventure" et, à chaque fois, pour une période de plus en plus longue. Connaissant ma non-patience légendaire, pas difficile de comprendre que j'ai une capacité, certes réduite (on nait Gariépy, on ne le devient pas), à ployer sous le vent, mais quand la bolle est pleine, je n'ai pas d'autre alternative que de déverser mon trop-plein. J'avoue cependant que depuis quelques jours, la bolle fuit et son niveau fléchit. Espoir, espoir !!!

19 août : Urgence Poissy, découverte d'une métastase sur la vertèbre lombaire 5 (L5), Scan n°1.

21 août : St-Cloud, Centre René Huguenin (CRH), l'hôpital des cancers, RDV avec oncologue, Maya la reine des abeilles.

22 août : Suresnes, Hôpital Foch, hôpital des opérations, RDV avec neurochirurgien, Dr. L'Amoroso. Premier avis : no chirurgie. Nanterre, cabinet du psychiatre, RDV avec Freud.

26 août : IRM n°1.

27 août : PET Scan n°1.

28 août : CRH, RDV n°2 avec Maya, tous les tests sont négatifs. On n'opère pas, radio et chimio seulement, c'est réglé !

1ier septembre : Rentrée scolaire de Junior.

5 septembre : Freud.

12 septembre : Puteaux, cabinet de la psychologue, Monica (sous-entendu Bellucci).

15 septembre, mon 11 à moi : RDV Tatoo shop N°1, mais au lieu de ça … opération : vertébrectomie ou cimentoplastie ? Plus de cheval avant un crisse de boute pis, cerise su'l sunday, l'infirmière à perruque. Je pèse 65 kg

18 septembre : Chirurgie locale pour me mettre la "chambre implantable", qui contrairement à la dernière fois, se raboute sur la jugulaire plutôt que dans la sous-clavière. Hum, jolie la cicatrice dans le cou et la canule visible sous la peau. Yeark !

19 septembre : Foch, L'Amoroso et Mamours en chef (oui, oui, je sais, je vous dois une photo !). Oui, on opère, et la vertébrectomie est finalement la seule alternative. Puteaux Monica.

25 septembre : Boulogne, le Brochologue, pour mon appareil dentaire. Puteaux Monica.

2 octobre : Téléphone du Dr. L'Amoroso, on opère le 23.

3 octobre : Déjeuner à Paris, sous la pluie. J'y crois encore à mon projet … 14h30 Monica 16h30 Freud.

10 octobre : Vernouillet, labo, prélèvement sanguin.

13 octobre : Foch. Scan n°2. RDV Dr. L'Amoroso, j'apprends que j'ai droit à une artériographie. RDV Dr. Dodo. Je pèse 69kg.

17 octobre : Ma mère arrive.

21 octobre : Entrée à Foch pour l'anniversaire de ma mère.

22 octobre : Embolisation sous artériographie, 5 heures sur le billard.

23 octobre : Vertébrectomie, la journée sur le billard, la nuit en salle de réveil, la morphine en pompe.

24 octobre : Opération OK sauf que vu que j'ai saigné 5 litres, pas eu le temps de retirer totalement la L5, reste un p'tit boute. Mais c'est pas grave, on réopère dans pas longtemps pour l'enlever. Début des vacances de la Toussaint pour Junior.

30 octobre : Corsetage, je peux enfin me lever. Scan n°3.

6 novembre : Sortie de Foch. Arrêt de travail pour un mois, puisque je me fais réopérer dans 2 semaines.

9 novembre : Rentrée scolaire Junior. Je ne l'ai vu que 3 jours ...

13 novembre : Faux mouvement, douleur, hurlement, pipi dans le lit.

20 novembre : Scan n°4. J'apprends qu'il y a quelque "chose" qui ressemble à une ligne et un trente sous sur la L4. On se consulte entre docteurs, on me rappelle dans une semaine.

26 novembre : Gastro, je veux mourir.

27 novembre : Gastro, je veux un peu moins mourir.

28 novembre : Gastro, je veux un peu plus mourir.

29 novembre : Gastro, je veux un peu moins mourir.

30 novembre : Gastro, je veux encore un peu moins mourir.

1ier décembre : Fin de gastro. Je pèse 61 kg. J'ai arrêté tous les médicaments. Oui, oui. Y'en a marre des pilules et des décoctions.

2 décembre : RDV avec Maya et toute la gang pour savoir c'est quoi la ligne et le trente sous sur la L4 et planifier la suite. Mais, personne n'est au courant de rien, aucune communication entre Foch et CRH. Je ressors avec un RDV pour un autre PET, un RDV Tatoo n°2, et 2 affiches présentant des expos d'art naïf. RDV chez le corsetier pour me faire arranger le corset devenu trop lousse.

4 décembre : L'enfer, LA journée "j'engueule et je fais chier le plus de gens possible dans un minimum de temps", LA journée JEJFCLPDGPDUMDT.

5 décembre : Ma mère s'en va. PET-scan n°2. Deuxième édition de LA journée JEJFCLPDGPDUMDT. Ai vu Maya, no more chirurgie, la ligne et le trente sous on s'en fout, on tatou le 10 décembre et on radiothérapise pendant les vacances de Noël (pauvre Junior). Ai droit, en bonus, à une prolongation de 3 mois d'arrêt-maladie et un RDV pour l'IRM n°2.

10 décembre : Deuxième faux RDV tatoo. Finalement, y'a rien sur la L4, mais la L2 s'est jointe au party. On doit réopérer. Tatouage, radiothérapie et chimio : on hold. Monica.

11 décembre : Coiffeuse. Déjeuner chez ma gourou, vu Stone.

12 décembre : Hôpital Américain à Neuilly, RDV dentiste, Dr. Caramilk. Pas invitée au déjeuner de Noël du bureau. Dame Cécile, le bras droit (celui avec le téléphone), du Dr. L'Amoroso m'appelle : RDV le 22 en fin de journée pour faire le point. Chirurgie (cimentoplastie, 3 ou 4 jours d'hospitalisation, une joke quoi !) le 14 janvier prochain. Joyeux Noël et Bonne Année !!!

mardi 9 décembre 2008

Ca va mieux !

J'ai arrêté de faire chier mon chum, maintenant je fais chier des inconnus et quelques amies sur un certain site dédié au cheval et aux potinage de filles ... J'ose à peine sortir, à toutes les fois j'engueule quelqu'un. On a eu de la neige ce matin. J'ai mis de la musique de Nowel et ça m'a mise de bonne humeur ! Je suis contente parce que j'ai enfin trouvé un site de téléchargement payant et où je peux trouver de la musique québécoise. Je me remplis les oreilles d'Arianne Moffat, Pierre Lapointe et Pascale Picard. Envoyez-moi vos coups de cœur !

On a fêté la St-Valentin hier. C'était notre première soirée, seuls, depuis le 17 octobre ! On a décidé de fêter ça. On a mangé des escargots en regardant le sexe et la ville. J'ai besoin de rose.

La fin de la semaine dernière fût riche en émotions … ma mère est partie vendredi et nous sommes, mon chum pis moué, retournés au CRH (l'hôpital des cancéreux) pour un autre examen, le PET scan (aussi appelé scintigraphie). Passe le PET, dit à la madame que je veux voir le Docteur, Docteur n'a rien à me dire, Line pète les plombs. J'me contrôle pu !

Le PET. Il faut d'abord attendre dans une salle… d'attente. Y'avais plein de vieux autour de moi, des vrais vieux, over 90. La madame (?) à côté de moi arrêtait pas de se plaindre, elle avait des nausées et m'en donnait. Mais bon Line, patience. Mr.X arrive, check si tout est correct et s'en retourne; on se revoit à 13h. Faut dire que la veille je me suis couchée vers minuit et que j'étais de retour devant la télé à 4h du mat. Ma mère est partie. Ça fait drôle ! Je suis triste, et soulagée. La visite, on est content quand elle arrive, on est content quand elle part.

Retour au CRH, au club du 5ième âge. On m'appelle, je me lève, je me recouche, on me pique. J'attends. Robocop arrive avec son armure et m'injecte le glucose radioactif. J'attends, j'ai froid. Je descends ma manche en couvrant la tubulure. Je somnole, je dors, on me réveille, j'ai fait couler la perf, ma manche est mouillée. J'ai froid. Je dois maintenant aller pisser radioactif. J'attends, j'attends, y'a qu'une toilette aménagée. Une vieille en sort. J'y entre. Ça pue. Ça sent le vieux radioactif. Bon, la vieille "lâ pas compris" qu'il fallait mettre le pipi devant, le caca derrière avec le papier. Comme la dernière fois, comme le 27 août dernier, comme voilà 15 semaines, comme voilà 3 mois et demi.

Ensuite, après 10 minutes du cercueil rond, ouvert aux bouts, c'est enfin terminé. Je vais enfin savoir à quoi correspondent la ligne et le trente sous.

Je demande à voir le médecin. On me dit d'attendre, sur ce banc, dans le corridor. J'ai quand même droit à une tasse de thé et une biscotte. Mr.X arrive. Ma mauvaise humeur arrive. Le docteur arrive pas. Une dame passe, demande des infos à une autre dame en blanc. La même, s'aperçoit de notre présence, il est 1h30, et nous dit qu'on peut maintenant partir … Je crie NON, NON, NON. Engueule la madame qui est en fait le docteur, et tente une sortie, la tête haute, appuie sur le bouton de l'ascenseur, et là ... rien ! Je reste plantée, fumante, devant des portes désespérément closes et j'attends. Ai raté ma sortie. Ai l'air d'une grosse conne. Pour me défouler, me défruster, me calmer les nerfs, je sors, sous le froid dans la pluie et j'allume une clope. Une madame arrive, me sourit et me demande une cigarette. Je l'ai à peine regardé, mais j'ai gueulé "NOOON". Heureusement que je ne suis pas croyante, la matinée m'aurait coûté cher en indulgences.

Mr.X fini par me retrouver. Si j'avais été maquillée, mon mascara aurait coulé. Nous retournons à l'intérieur et il se met en tête de parler à Maya, ma douce abeille oncologue. Nous dit de l'attendre, elle vient nous voir dans 20 minutes. Vingt minutes plus tard, elle est là, me tend la main et répond à toutes mes questions :

Opération : annulée

ligne et le trente sous sur la L4 : on sait pas. Je dois encore passer un autre exam, une autre IRM, le 22 décembre

Le RDV du 10, est-ce pour seulement rencontrer le radio-oncologue (comme la dernière fois), ou si cette fois c'est vrai et je l'aurai enfin mon tatouage : le 10, on tatoue

Durée et début de la radiothérapie : entre 2 à 3 semaines ou 5 semaines, on débute avant Noël

Et pour la suite, on verra !

Ça va vachement mieux !

Et zou !

jeudi 4 décembre 2008

La bolle est pleine

Je me suis réveillée de très mauvaise humeur. Je me suis réveillée Cancer Bitch. J'ai envoyé chier, dans l'ordre, ma mère et mon chien. Mon chum, me voyant, a décidé de prendre les devants, et pour la première fois depuis que nous nous sommes rencontré sur Cupidon.net, il a répondu sèchement à une question, pourtant appropriée, sur la météo d'aujourd'hui.

Je crois que j'ai été patiente, peut-être pas assez, peut-être pas avec les bonnes personnes, mais c'est bien connu, quand on se défoule en général c'est pas sur des gros beefs, mais c'est sur le dos des personnes qu'on aime. Oserais-je ? Et bien oui j'ose. Chéri, Maman, Céleste, comptez-vous chanceux, vous êtes les êtres que j'aime le plus puisque je vous engueule.

J'en ai marre.

Marre de pas savoir ce qui va m'arriver la semaine prochaine,

marre de retourner à l'hôpital pour faire des tests et pisser dans des toilettes radioactives,

marre de l'hiver francillien où le bleu du ciel est plus rare que d'la marde de pape,

marre de devoir porter un corset

marre de me coucher le soir et d'oublier d'éteindre le plafonnier et de ne pas me relever parce que ça prend 20 minutes,

marre de me coucher en sueur, de pas dormir pendant 5 heures, de dormir pendant 15 minutes, de ne pas dormir pendant 3 heures et de me rendormir pour 2 heures, tout ça bien sûr après que je me soit "habrillée" et "déshabrillée" au moins 56 mille fois

marre de pisser pis que ça pue

marre d'être obligée de dépendre de plein d'autres personnes qui m'aiment et que j'envoie chier pour me défouler d'en avoir marre

marre marre marre

dimanche 16 novembre 2008

La fatigue et la paresse

Comment faire la différence ?

Aujourd'hui je me suis levée, lentement, mais en pleine forme avec 3 objectifs en tête : épilation, douche et sortie de la maison pour aller voir Stone et lui apporter des carottes. Il faut que je vous dise que c'est la première nuit depuis le 22 octobre dernier que je la dors sans interruption. Pas vraiment française, mais j'adore la sonorité de cette phrase. Aucune excuse, j'étais en forme.

Ce matin, ma mère et moi avons décidé de prendre ça mollo et on a regardé un opéra espagnol à la télé, Zarzuelas… En fait c'est surtout ma mère qui a regardé, moi je n'ai fait qu'écouter en jouant au sudoku. Mr.X nous a fait un feu dans la cheminée et Junior construisait un réseau ferroviaire en Floride. Même Céleste était de la partie. Céleste était une chienne en arrivant ici, aujourd'hui elle est plus que ça. Déjà.

Après l'opéra, ma mère et moi avons joint nos forces et nous nous sommes décidées à débuter l'opération épilation. Je dois vous dire que depuis mon faux mouvement, je suis un peu plus précautionneuse. Hier mes douleurs se sont apaisées. Je n'ai plus mal, zéro morphine, une fois de la codéine et un peu de Fentanyl. Le problème c'est que j'ai un peu, beaucoup, la chienne (la trouille) et je fais le moins de mouvements possibles ou bien je les fait avec une exaspérante lenteur. Donc, non, plus question de prendre ma douche, du moins pas avant la prochaine veille de Noël. Mais c'était sans compter ma mère et sa débarbouillette (gant de toilette) et son hygiène toute américaine !

J'ai fait traîner ça en utilisant mon imagination et son début d'Alzheimer mais aujourd'hui, malheureusement pour moi mais heureusement pour la santé publique de France, c'est le jour J. On a commencé donc par les poils. Pas vraiment évident avec un corset mais l'arrache-poil électrique a encore une fois fait des merveilles. J'ai eu un peu de mal pour certaines régions, et d'autres se sont révélés carrément inaccessibles. J'ai donc dû faire appel à celle qui a changé mes couches voilà 45 ans et qui a eu la gentillesse de ne rien ajouter.

J'étais épuisée après cette épilation digne des meilleures figures de Nadia Comaneci et nous décidâmes qu'il nous fallait reposer et sustenter. Je me suis ensuite laissée happer par le canapé et je n'ai pu m'en sortir qu'après une sieste qui a duré 4h …

Le ciel est gris, la cheminée est chaude. Merde, je bouge pas.

« Paresse: habitude prise de se reposer avant la fatigue » Jules Renard

mercredi 5 novembre 2008

Points de vue no. 2

Chers liseux, chères liseuses,

Je crois que je vous dois une explication pour la brève d'hier, la patch de Fentanyl a sûrement brouillé mes neurones, ou au contraire, m'a peut-être conduite "Where No One Has Gone Before …"

Ce que je voulais exprimer, en utilisant un texte et une illusion d'optique, c'est que chacun a droit à son point de vue, et que moi, depuis le début du début de ce cancer, il y a plus de 2 ans, j'avais pris le parti d'en rigoler, de me foutre de sa gueule, de ne pas le prendre au sérieux, en d'autres mots de l'ignorer pour qu'il ne puisse me faire chanter, pour qu'il ne puisse m'atteindre, de continuer ma vie, entrecoupée bien sûr de traitements. Et bien cela a marché puisque à part perdre ma superbe crinière, je n'ai eu aucun effet secondaire, même pas vomi, NA !

Et voilà, que pour me narguer à nouveau, il est revenu pour m'atteindre à un endroit beaucoup plus stratégique et ayant pour objectif de gâcher la vie de cavalière : une vertèbre qui m'empêcherait (c'est ce qu'il pense) de monter à cheval.

Ça c'est donc ça mon point (poing) de vue : 1) je positive toutes les choses qui sont en train de m'arriver. À tous les matins je regarde le ciel, et je trouve qu'il est de plus en plus beau. Tous les matins, j'ai mon petit déjeuner servi au lit en écoutant les infos à la télé. La belle vie quoi ! Et 2) qu'importe ce qu'il m'arrivera, je guérirai, même si pour cela je dois marcher comme Robocop ou comme l'extra-terrestre de MIB1 quand il "emprunte" la peau du fermier humain, toute ma vie en autant que je puisse remonter Stone.

L'autre point de vue, que je comprends difficilement mais que j'arrive à accepter puisque je suis foncièrement tolérante, c'est ce besoin de perfection. À 80 ans, il faudrait toutes que l'on ressemble à Jane Fonda, que l'on danse comme Gigi Rogers. Ou encore d'être en aussi bonne forme que la femme bionique, le lendemain d'une opération majeure où j'ai perdu tout mon sang (je remercie au passage tous les donneurs AB-).

D'où la question de point de vue différents. Alors qu'une personne (Monica) que ne n'avais pas vue depuis l'opération s'est enthousiasmé de ma démarche, certes chancelante, mais bon, au moins j'avançais lentement mais sûrement. Une autre observatrice (devinez qui ?) me demandait si un jour j'avancerais comme avant, c'est-à-dire avec la démarche des mannequins.

J'ai voulu exprimer ça avec un dessin. Pour ce qui est de ma "positive attitude", j'ai décidé d'adopter celle qui permettant de mettre le cheval en exergue plutôt que la grenouille (qui à part son aptitude à geler l'hiver et dégeler au printemps) ne m'enthousiasme pas trop. J'espère que c'est plus compréhensible à ceux qui ont d'autres points de vue.

mardi 4 novembre 2008

Les points de vue

Pour ceux et celles qui suivent mes péripéties depuis le début, vous vous souvenez sûrement que j'avais indubitablement décidé de prendre les choses du bon coté, d'optimiser toutes les petites choses de la vie, du moins pour les prochains mois, bref de positiver. Par ailleurs, comme je suis une petite rigolote, j'ai souvent inclus des photos pour faire un peu de sensationnalisme puisque c'est ce que demande le peuple et c'est ce qui fait vendre ! C'est mon gérant qui va être content ! Et du sensationnalisme jusqu'au politically non-correct, il n'y a qu'un pas, que j'arrive à faire, même en boitillant, en marchant avec mon pied droit vers l'extérieur, ou en piaffant comme feu-Templado.

Je voudrais vous soumettre ici un cas clinique, bref un exemple pratique. J'ai parlé à tout plein de personnes aujourd'hui et y'a même Monica ma psy qui est venue me visiter à l'hôpital. De son point de vue, très positif, elle était épatée qu'après une si lourde chirurgie j'arrivais déjà à me déplacer. Pour elle, le simple geste de marcher, en chancelant encore un peu bien sûr était une excellente chose. Alors qu'une autre personne, lectrice aussi de la dite chronique (devinez c'est qui ?), trouvait que je ne marchais pas encore assez bien et s'étonnait presque que je ne sois pas déjà à la maison, à ramasser les crottes du chien dans le jardin.

C'est un autre point de vue, que j'arrive à respecter mais que je ne comprends pas. J'imagine que c'est une question de point vue !

Regardez les dessins, différents points de vue. Voyez par vous-même !

Et Zou !!!

samedi 25 octobre 2008

Morphine, codeine dilaudid pis pan american

Victoire !
ça y est c'est fait, la méchante vertèbre est partie, avec 5 litres de sang tout de même, mais elle partie.

J'ai jamais eu mal comme ça. On ne mémoriserait pas la douleur à ce qu'il paraît. Sinon, on ferait plus d'enfants !

J'ai au ma première intervention mercredi. Le réveil n'est jamais agréable dans une salle de réveil. Mme Hamel,révellez-vous, on vous tapote les mains, les joues. Ensuite c'est le début de la ronde : avez-vous des douleurs ? Si oui, où ? sur une échellle de 0 à10 ? Et tout le tralala. Je suis sortie de la dite salle pour rejoindre ma chambre où Xaivier et ma Mère ne m'attendaient plus mais où un m'attedait un plateau constitué de riz (merveillex quand t'as des broches) plateau constitué d'une omelette avec des oeufs reconstitués,avec des haricots transparents (il n'étaient pas jaunes en tout cas).

La deuxième chirurgie état pas piqués des verts, j'ai failli me battre avec l'infifmier. Un espèce d'épais qui ne voulait pas me donner de la morphine sous prétxte qu'il restait 45 avant la prochaine tournée, 45 mintes. 45 minutes, serai sûrement morte. J'ai paniqué et j'ai commencé à crier en voulant enlever toutess les tubulures qu'ill se sont décidée une pompe perconnelle serait une bonne idée.

J'ai pas chier depuis mardi. Qu'est-ce qu'il va donc m'arriver ?

Et Zou !

mardi 21 octobre 2008

Dolce Vita

La Belle Vie

Mon dernier message avant l'opération, peut-être mon dernier message avec l'usage de mes jambes, peut-être mon dernier en tant que gouvernante de ma vessie, peut-être mon dernier message tout court. J'en profite donc le plus possible.

Mr.X est allé raccompagner Junior à l'école dimanche soir. Je suis restée dans mon fauteuil toute la fin de semaine, même pas été capable de prendre une douche. Mr.X fera ma toilette au lit demain. Mumm, quoi de mieux pour mettre du piment dans un couple, que des ablutions communes à la bétadine !

Aujourd'hui j'ai pleinement pris conscience du mot "passe-temps". Comme je ne pouvais pas me lever ce matin, Mr.X m'a apporté le petit déjeuner au lit, 60mg de codéine dès le matin ! Pas très bon pour le transit. J'ai ensuite fait quelques pas jusqu'à l'escalier que j'ai descendu toute seule en un temps record. Après j'ai fait une longue promenade jusqu'au salon où j'ai pu enfin m'assoir. J'ai fait quelques Sudokus, du petit point, lu le dernier XIII sur la Mangouste, feuilleté les millions de magazines rapportés par mon chéri, en écoutant Tony Bennett. Ma mère m'a fabriqué un super sandwich : concombre, emmental, tomate, délicieux ! Je me suis fait une petite sieste. On s'est même fait un film tous les 3, avec Céleste sur les genoux et un feu dans la cheminée. J'ai passé le temps, j'ai passé du bon temps.

Ah la belle vie …

Et Zou !


vendredi 17 octobre 2008

En vrac

Mon estomac, mes idées.

Ce n'est pas parce qu'il ne m'arrive rien que je n'écris pas, au contraire ! Ma vie est palpitante, riche en aventures, en randonnées délicates vers les toilettes, vers la cuisine, et une fois par jour, j'escalade périlleusement notre escalier qui est en travaux depuis bientôt 5 ans.

Céleste nous a refait le coup des brochettes, mais avec un rôti en putréfaction cette fois. Je crois que ses croquettes "anti-obesity" ne lui suffissent pas et elle a zyeuté du côté de la poubelle. Bien mal lui en pris puisqu'elle n'a pas pu avaler les savoureuses croquettes dimanche soir tellement elle avait mal au cœur. Je pense qu'elle a compris maintenant, quoiqu'elle soit à moitié labrador.

Cette chienne me fait un bien fou ! Elle est toujours là, à quémander des caresses, à venir me dire bonjour quand je me lève et à venir me border le soir quand je me couche. Lundi j'ai dû aller à l'hôpital et je l'ai donc laissée seule à la maison, souliers rangés et portes fermées. Je rentre vers 19h et là, qui vois-je dans le jardin, bondissant de joie à mon retour, Céleste la kangourou. Comment a-t-elle pu sortir de la maison ? A-t-elle cassé un carreau ? Lui a-t-on appris, dans sa vie précédente, comment crocheter les serrures ? Elle a réussi à ouvrir et la porte de la cuisine et la porte donnant sur l'extérieur, que j'avais oublié de fermer à clé. Et là, depuis hier je m'amuse comme une folle avec elle et un pointeur laser, elle s'acharne pendant des heures sur le petit point rouge.

La semaine dernière un chasseur de tête m'a contacté pour un boulot. C'est bon pour l'égo et, en souvenir de ma vétérinaire préférée, j'ai fait la danse nuptiale du pigeon. Comme toujours, le chasseur m'a posé LA question : is this a good time to talk ? Je lui ai répondu que j'étais "on a sick leave", il m'a dit qu'il me rappellerait la semaine prochaine. J'ai dû lui expliqué que le "sick leave" serait un peu plus long !

Cette semaine, pour la première fois depuis longtemps j'ai été nostalgique de mon métier. Malheureusement, et c'est dommage, le rythme et le type de travail que je faisais ces derniers temps n'étaient pas vraiment dans mes cordes. Comment dire ? Je suis une "scientifique créative non opérationnelle". J'ai des bonnes idées et j'ai besoin des autres, du travail d'une équipe, pour les mettre en pratique. Ma douce France est mise à mal par le fonctionnement de ses compagnies. C'est un peu compliqué, en tout cas moi je trouve ça et j'ai de la misère à dealer avec autant de "plateaux" hiérarchiques, et je ne vous parle pas des communications inter-départements !

Cependant tous ces niveaux n'ont pas empêché mon ex-N+3 de me recruter en mai 2006, de m'attendre jusqu'en mai 2007 et de me laisser repartir en arrêt maladie en avril 2008. Et malgré encore tout ça, de m'envoyer un petit mot avant de changer de département et de rejoindre la Californie, pour dire qu'il ne regrettait pas de m'avoir engagée. C'est gentil. Je ne suis pas certaine que les ressources humaines soient du même avis encore que, miracle financier de ma Douce France, je coûte moins cher à mon employeur en arrêt-maladie qu'au travail à plein temps. Il existe des incohérences dans tous les systèmes et aucun n'est parfait, c'est comme les gens. En passant, dans ma boîte on ne parle plus de ressources humaines, mais de "développement des hommes". Ça veut tout dire…

Je me suis encore fais scannée cette semaine, avec une injection d'iode cette fois-ci ! Cool ! Enfin, je devrais plutôt dire, HOT ! C'est vraiment une drôle de sensation. L'iode est injectée dans une veine du bras grâce à une pompe à débit contrôlé. On fait le scan au moment où l'iode est injectée afin de mettre en évidence les lésions. Au moment de l'injection, j'ai ressenti la solution investir mes veines. J'ai pu suivre tout son trajet, le bras, le cœur, la tête, l'abdomen et le "bas du corps" comme disait pudiquement ma grand-mère. C'est seulement ensuite que les choses ont commencé à déraper, quand j'ai dû me relever. Je sais que pour la plupart d'entre vous ce geste est machinal, presque réflexe, mais dorénavant, plus pour moi. Je dois réfléchir, agir comme Napoléon et définir une stratégie en fonction du terrain et de l'ennemi, dans ce cas-ci, une "manipulatrice" trop empressée qui voulait absolument "m'aider" à me lever. Elle a fini par me lâcher après que je l'eusse mordu 3 fois.

Tel que c'était écrit sur ma "fiche de circulation", sorte de carte au trésor nous menant à la sortie de l'hôpital en passant par la caisse, je me suis rendue sinon d'un pas mais du moins avec un esprit vif à l'étage -2 qui en fait équivalait à l'étage C, du moins pour l'aile orange du bâtiment B, parce que, dans l'aile verte du bâtiment G, cela correspondait à l'étage -1. Pour ceux qui pensent que l'hôpital Notre-Dame à Montréal est un vrai labyrinthe, et bien c'est le plan de Brest comparé aux dédales de Foch, heureusement le personnel est raisonnablement aimable, pour des Français bien entendu.

Je fini donc par aboutir chez le Dr. L'Amoroso (le FauxMamours.) Vous suivez ? Le premier neurochirurgien avait été surnommé Dr. Mamours avant que je ne vois le "vrai" en son chef de service. D'ailleurs, pour éviter les confusions, je l'avais resurnommé Dr.L'Amoroso, parce je crois qu'il est Italien, comme Monica ma psy et que je ne me permettrais pas de le surnommer Gigi en souvenir de Dalida (Gigi ? C'est toi là-bas dans le noir ?). J'ai donc vu Dr.L'Amoroso et voilà, il m'a vu, on s'est vu. Je ne sais pas si c'était parce que nous étions dans son cabinet, loin des scies et autres objets contondants, mais il était beaucoup moins volubile. Il a même oublié de me parler de la première chirurgie. Il est probablement comme moi, passionné par son métier, capable d'expliquer la technique avec force et colonne vertébrale en plastique, mais quand vient de temps de régler le cadre, d'opérationnaliser le projet chirurgical, ça l'intéresse moins ! Et c'est à cela que sert son équipe, Cécile en tête.

Ben oui, j'aurai donc 2 chirurgies, deux fois à me retrouvée toute nue devant le personnel médical. Et là, je ne peux m'empêcher de penser à Nip/Tuck, au Dr. House, au Dr. Welby, au Dr. Dolittle. Peut-être devrais-je arrêter la télé ? J'aurai donc une première opération mercredi prochain. Il s'agira d'une artériographie visant à emboliser l'artère irriguant la vertèbre ostéolysée. Mais bien sûr ! Pourquoi n'y avais-je pas pensé moi-même ? On coupe l'eau, donc le lendemain, pour la "vraie" opération, la vertèbre est bien au sec. C'est d'une simplicité extrême, probablement pour ça qu'il a oublié de m'en parler. Heureusement, Jo the plumber est venu à la rescousse en la personne de Cécile, cheffe des opérations non-chirurgicales. Encore une bonne nouvelle ? Je suis une "AB-", donc receveuse quasi universelle ! Bon à savoir pour les transfusions et aussi pour la greffe je présume. Et pour finir, en sortant de son cabinet, pour me rassurer je suppose, il a dit qu'il ne serait pas possible d'avoir de visites les 2 jours suivant l'opération. Sûrement parce qu'il n'est pas envisageable que je puisse me faire faire un brushing avant !

Troisième étape du parcours. J'ai rencontré l'anesthésiste. Elle prend ma pression (100/60, ben heureusement que je fume !), papote un peu, rempli des papiers et me demande, oh désespoir d'aller faire une prise de sang avant d'aller "réserver" ma chambre. Je crois qu'elle a compris que j'avais atteint mon seuil de tolérance administrative pour la journée et m'a gentiment proposé de décaler les dits examens. C'est maintenant mon amie et je l'appellerai Dr.Dodo, en hommage bien sûr au volatil autrefois endémique sur l'île Maurice et maintenant disparu, j'ai nommé le Raphus cucullatus. J'ai terminé mon périple en réservant ma chambre, j'ai demandé avec vue sur la mer. Le Monsieur a pas ri. La bonne nouvelle, c'est qu'il y a le WiFi à l'hôpital, bien ! J'espère maintenant qu'on y contrôle aussi bien les infections nosocomiales que les réseaux informatiques.

Mr.X est parti chercher sa belle-mère préférée. Mibec vient habiter avec nous pour quelques semaines. Cool ! Maintenant il faudrait bien que j'essaie de me lever, je suis encore en pyjama. Mais, finalement, c'est excusable, j'ai le cancer !

Et zou !

vendredi 10 octobre 2008

Sans travail, sans envie

Le désœuvrement

Ce devait être le titre de cette rubrique mais, rapport à ce que je vous ai écrit dans la précédente rubrique, et compte tenu du fait que mon ordinateur n'arrête pas de joindre les "o" et les "e", j'ai dû le modifier.

Je suis désœuvrée, sans travail, sans ouvrage …

Je voulais me remettre à la couture mais pas moyen de rester assise dans une chaise normale. D'ailleurs pas moyen de rester debout trop longtemps, genre 5 minutes, le temps de me lever quoi. J'en suis aux seules levées nécessaires, et encore, c'est simplement parce que je veux éviter de souiller le tapis. Geste héroïque déjà exécuté lors de la perte de mes eaux.

Vous le devinerez, je suis en proie à une déprime sévère. J'ai dit déprime et non dépression, et croyez-moi, je sais faire la différence entre les deux. Le sais-je ?

Céleste va bien, vous voyez comment j'évite bien le sujet, mon fils, Ah qu'il est beau, m'a bien enseigné la chose. Céleste va bien, je n'ai pas pu inspecter ses crottes, personnellement je préfère le mot crotte au mot déjection, au moins cela a le mérite de dire ce que cela veut dire. Céleste va bien, je n'ai pas pu inspecter ses crottes, étant confinée à mon fauteuil, sauf bien entendu pour aller faire les miennes.

Vous l'aurez compris aussi, la colère m'a reprise. Je n'y comprends rien. Ce n'est pas ce qui est censé arriver. Il y a 5 étapes à l'acceptation de la maladie, je le sais parce que c'est mon amie Jude qui me l'a dit par une belle promenade nocturne à Prague, à moins que cela ne soit à Vienne …

Il y a donc 5 étapes par lesquelles nous devons passer ; le déni, la colère, la négociation, la dépression et finalement l'acceptation. Normalement, voir schéma suivant, je ne devrais pas revenir en arrière, mais bon, ça l'air que j'ai toujours rien compris. J'ai vraiment une tête de mule. Cela ne sert absolument à rien de me donner le moindre conseil sur ma vie privée, genre me couper les cheveux, me raser les jambes, faire du sport, moins travailler, je n'en fais qu'à ma tête, c'est plus fort que moi.

En fait, non que je veuille me déresponsabiliser, mais n'est-ce pas un peu le cas de tout le monde ? On les aime bien nos petites habitudes, surtout, dans mon cas, où elles me sont servies à foison. Je suis une égoïste dans ma vie personnelle, dans ma première bulle, avec mes proches, Mr.X, Junior et Moma. Je suis aussi cynique, rabâcheuse, condescendante. Je suis un clown avec d'autres, une rigolote, une artiste, j'ai besoin d'un public, j'ai besoin de vous.

Je disais, Céleste va bien. Mr.X est allé voir le véto avec elle. Auscultation et radiographie plus tard, nous sommes rassurés. Le mieux là-dedans, douce France, c'est que le véto du dimanche, Dr. Dolittle, nous a rappelé pour prendre des nouvelles. Vous en connaissez des professionnels de la santé qui rappellent leurs patients pour voir comment ça va ? Il y a eu Dr. Freud aussi, mon psychiatre. Il a laissé un message sur mon cellulaire, et j'ai pensé à mon père. Il a été très courageux, lui. Ce n'est pas une séance d'auto-flagellation, mais je me demande comment il a pu tenir sachant que sa seule issue était la mort. Moi, je reste assise dans un fauteuil pendant 7 jours et je me plains … J'ai honte. Je n'ai pas le droit de me laisser aller et pourtant c'est ce que je fais. Je fume et je mange des bonbons. J'ai pris 2 kg depuis un mois. Et pourtant, j'avais pris de bonnes résolutions.

C'est certain que j'ai des douleurs, mais ce n'est pas la fin du monde. Le pire ce sont les nausées, les douleurs au foie, à l'estomac. Mais honnêtement, si je voulais vraiment, je bougerais. Je me trouve plein d'excuses pour ne pas sortir de la maison. C'est vrai que la dernière fois que je suis allée voir Stone j'ai failli tomber dans le box en lui curant les pieds, mais encore une fois, ce n'est pas la fin du monde. C'est vrai que la seule promenade que j'ai fait avec Céleste je me suis enfargée et j'ai failli tomber dans la forêt, mais, au risque de me répéter, ce n'est pas la fin du monde. Je suis devenue extrêmement peureuse. La bonne excuse ?

Je suis remontée à cheval, la dernière fois, il y a à peu près 1 mois. Je suis en colère contre cette maladie qui m'empêche de faire des choses. Je suis en colère parce qu'avant il y avait mon autre maladie qui m'empêchait de monter à cheval. Je suis en colère parce que c'est moi qui m'empêche de monter à cheval.

"Dans la vie, il y a des cycles. C'est comme pour les machines à laver : On peut s'aimer pour toujours, mais pas tout le temps". Film d'après-midi.

Qu'est-ce que je dois faire ?

POSITIVER voyons !

Et, je vais commencer par accrocher ça sur mon frigidaire !

Et zou !