CITATION DU JOUR

"La maladie se supporte mieux quand on est supportée"
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dimanche 25 janvier 2009

Le vrai monde

Je suis privilégiée. Je suis UNE privilégiée.

En fait je ne me rends compte de ça que quand je sors de mon privilège. Bien sûr. Quand je vais en "excursion" dans le vrai monde, comme Joe Black qui vient prendre ses vacances chez les vivants.

Je viens de passer mes dernières "vacances" loin des palaces, des plages dorées et des planchers chauffés. Ça vous dit un petit méli-mélo ? Je sais, c'est probablement difficile à suivre, mon rituel et mes états d'âme, mes nos bureaux sont ouverts et je suis moi-même disponible en ligne pour tout éclaircissements.

Je vous disais donc que j'ai eu ma chimio ! Enfin. D'ailleurs, je suis certaine que beaucoup ont remarqué le léger retard de BHO lors de son investiture. Il attendait tout simplement que ma perf soit terminée. Un brave homme que ce Barack.

Et s'est empreinte de cet espoir conjugué, chimio, la paix dans le monde et égalité pour tous, que je suis ce mardi là, le 20.

Profitons-en pendant que cela passe parce que j'avoue avoir désenchantée un petit peu le lendemain. Je me suis levée, bon pied bon œil, pour IRM et autres. Mais, j'avais une idée en tête. Depuis le mois d'août que j'arpente cette colline, j'avais repéré une échoppe de jouets, qui fait aussi dans le chausson, les pantoufles quoi. Sauf que j'ai l'impression que les marchands de la colline sont plus là pour y tenir boutique que pour vraiment commercer, résultat la dite boutique est, ouverte un jour sur deux, et à partir de 15h30 …

Pour faire une histoire courte j'ai fini par acheter les chaussons, et bien sûr parce que j'en suis qu'à ma première cure, et que je reviendrai, deux boîtes de chocolats : une pour le personnel soignant et l'autre pour les "agents de service", nos techniciens de surface du Québec. Je suis pareille comme ma mère, quand j'ai des cadeaux je n'arrive pas à les garder, faut que je les donne. Je m'étais pourtant juré d'attendre le lendemain matin mais, pas capable. J'ai donc offert la première boîte à Mme Bacall pour qu'elle puisse la partager avec ses complices et une boîte à Mme Soleil pour ses amies agentes. Voilà, c'est fait. Sauf que … c'était sans compter sur. Sur quoi au juste ? La bêtise humaine, la connerie, l'envie, la méchanceté, les sept péchés capitaux …

N'y tenant plus, j'ai tout de même cherché à savoir si tout le monde avait eu sa pitance, sa ration, son morceau de Cancer Bitch, qui fera que la prochaine fois on se retrouvera comme des vieilles copines*. Et bien, je suis vite redescendue de mon nuage Obamanien pour remettre les pieds sur la colline de St-Cloud. La madame de nuit n'avait rien vu, rien su. On lui aurait caché les chocolats à l'insu de son plein gré ? Et voilà qu'elle commence à gémir, c'est toujours comme ça, nous, la nuit, on a rien, et patati et patata. M'en fout qu'elle ne soit pas contente, la nuit je dors. Mais là où elle a débordé c'est quand elle m'a demandé à qui j'avais offert la boîte, et, si ce n'était pas, par hasard, à l'infirmière de couleur. L'INFIRMIÈRE DE COULEUR. Vous rendez-vous compte !!! Et moi grosse conne, je n'ai pas su quoi répondre. Pourquoi, comme dans Amélie Poulain, il n'y aurait pas un coach pour me souffler les choses à dire à ces gens (en) blanc(s).

Je suis sortie, fumer, réfléchir, marcher. Mais l'espoir fait vivre et demain est un autre jour. Et en plus, puisque je connais l'histoire, c'en est une belle.

Et zou !

*Je voulais doucement dire que je fais des cadeaux parce que j'aime ça, parce que j'en ai reçu beaucoup aussi – merci mes matantes.

Yes, I can

Mardi, 20 janvier 2009.

Depuis deux jours, j'arrive à manger. C'est délicieux. Je mange des légumes, des fruits, et surtout je garde tout. L'honneur est sauf. Je ne vais pas mourir, je me nourris. Bien sûr, j'ai besoin d'aide médicamenteuse pour bien protéger mon estomac. Bien sûr, je bouffe de la cortisone à la pelle. Et oui, bien sûr, je bouffe de la codéine et bien sûr, je n'ai pas chié depuis … je ne me souviens plus. Et puis, comme je l'ai déjà dit à ma mère, chier n'est pas un évènement pour moi, je ne surveille pas le fonctionnement de mes intestins. Le devrais-je à l'avenir ? Aurais-je, moi aussi, à espérer ma crotte quotidienne ?

J'ai sûrement dormi. Pas longtemps, mais assez pour me réveiller à toutes les visites et surtout pour regarder la télé à 6h30 ce matin. Ma première image, un séjour en thalassothérapie de luxe à Djerba. Parce que je le vaux bien. Allez hop, à la douche, question de ne pas être en retard pour mon PET-scan de 8 heures. J'ai même mis du rouge à lèvres. Je tiens le coup. Ai-je le choix ? On m'injecte, je pisse radioactif, on me scanne, et j'ai droit, enfin, à un petit déjeuner frugal, c'est-à-dire français, sans saucisse, ni bacon, ni crêpe, ni sirop d'érable. Je dilue même mon thé avec de l'eau froide. Si, si. Vous avez bien lu. Il est loin le temps où je déjeunais de quatre expressos bien tassés en fumant trois clopes.

J'ai tenu, tenu, tenu. Jusqu'au moment où mon transporteur préféré, RV, mon accompagnateur à tous ces tests, me dise "Lâches-pas la belle". Oh la la ! La fontaine. Vite vite dans ma chambre, dans la salle de douche. Si j'avais pu me mettre au fond du tuyau je l'aurais fait.

Et puis, l'adorable interne est venue me voir. Me dire que tout était négatif, enfin positif, du moins dans ma tête. Parce que je n'ai même pas pensé à la métastase qui s'est maintenant formée dans une autre sacrée vertèbre. Et là, la petite lumière au fond du couloir qui s'était éteinte s'est rallumée tout d'un coup. Surtout quand elle m'a dit qu'il y aurait la chimio dans l'après-midi. Et là, comme par magie, plus de maux de cou, de tête, de migraine. Rien, nada, nothing ! Votre pensée peut tout, du pire comme du meilleur.

J'ai téléphoné à tout mon répertoire. J'ai explosé mon forfait. Je suis allée me promener. J'ai mangé avec appétit le déjeuner du jour, du coleslaw, salade préférée de mon père et un filet de lieu à la Dieppoise. Je rappelle ici à mes compatriotes Québécois que Dieppe est en Normandie, que je suis mariée avec un Normand, qu'on peut faire dire aux statistiques ce que l'on veut, mais comme Grand Castor le discourait, les chiffres, quand ils parlent, il faut les écouter. Coincidence ? I think not !

J'avais beaucoup misé sur le début de la chimio. Grâce à l'intervention rapide de mon équipe de choc, Mr.X. et Ma Reine, on m'avait dit en sortant du Maréchal et en arrivant chez les cancéreux que c'était pour ce mardi. Ce mardi. Le 20. You hou ! Le 20 janvier, journée de l'investiture de BHO et, j'avais tout misé sur le cheval. Genre de conneries qui peuvent faire mal mais qu'on fait tous … si je ne vois pas d'auto rouge dans les cinq prochaines minutes, je guérirai. Mais, vu les tests qui s'éternisaient, j'avais présumé que la chimio attendrait. Maudite présumation.

Je me suis donc baladée après le lieu cherchant frénétiquement, comme un saumon quoi, une boîte de chocolat à envoyer au Maréchal et surtout, j'avais repéré un magasin de jouets vendant des pantoufles. Rien à faire. Le chocolat au lait simple n'existe plus, la marchande de pantoufles s'offre un déjeuner à rallonge. Pas moyen de dépenser un sous. Portable. Mr.X. est à l'hôpital des cancers, en visite surprise. Merde, il n'était pas à mon agenda. Et hop ! On y retourne.

J'ai vécu le reste de la journée, et je vis le reste de la nuit, dans une drôle d'ambiance. Je me suis fais une playlist sur l'ordi : Janis Joplin, Peter Gabriel, Ariane Moffatt, Alanis Morissette, Les Cowboys Fringants. Laurène Bacall est venue me mettre son aiguille, enfin pas la sienne, celle d'Huber. Et là, en écoutant la musique à donf, en regardant BHO s'investir, en me mettant du vernis à ongles anti-noirceur* en enfin en braillant comme une vache, j'ai reçu du fond de sa pochette, LE taxotère.

Je suis soulagée.

Et zou !

*En hommage à mes amis pharmaciens Québécois adeptes du beau marketing : Evonail Solution. Totum, lithium, strontium, manganèse. Solution pour régénérer les ongles altérés lors de certains traitements spécifiques. À appliquer deux fois par jour.

dimanche 19 octobre 2008

Joe le plombier se rend à la clinique

Encore une fois, j'ai devancé l'actualité en parlant la première des plombiers, métier d'actualité s'il en faut. Comme tous les parents dignes de ce nom, je veux offrir les meilleures chances à Junior. C'est pourquoi j'ai toujours voulu que mon fils (Ah qu'il est beau !), soit très polyvalent. Il sera donc tout ce que je n'ai pu être, c'est à dire vétérinaire équin et plombier ; parce qu'il faut toujours assurer ses arrières et que, même quand tous les chevaux auront disparu, on aura toujours des tuyaux et besoin de quelqu'un pour les brancher et les déboucher.

Le plombier, figure emblématique de notre époque, réunit tous les fantasmes des hommes en général, et politiques en particulier. Je fais ici la distinction entre l'allégorie du plombier dans l'inconscient collectif de la ménagère de moins de 50 ans, qui se résume souvent à une craque (raie) de fesses et à une facture salée, et à sa représentation dans la cervelle des politiciens, où il semble plutôt incarner le citoyen lambda, pour autant qu'il existe.

Il y a quelques années, lors de l'accession des 10 nouveaux pays dans la CEE, le fantôme du plombier Polonais a hanté l'Europe en général et la France en particulier. La Guerre des Mondes, c'était de la gnognotte comparée aux tuyauteurs venu de l'est. On annonçait une récession parmi les artisans. La fin des BTP était à notre porte et le Français moyen avait franchi son seuil, imaginant le retour des communistes et de la peste noire. On pensait que l'ouverture de l'Europe aux anciens pays de l'Europe de l'est ferait diminuer les salaires des Français. On imaginait une immigration massive d'ouvriers venant travailler en France sur la base des conditions de travail en vigueur dans leur pays. Les Polonais, qui détiennent probablement le trophée du meilleur humour Européen, ont donc bricolé une campagne pour promouvoir le tourisme au royaume du tuyau.

Plus récemment, Le New England Journal of Medicine a demandé aux 2 candidats à la présidence américaine, de présenter leurs propositions en matière de santé. À première vue, la proposition du sénateur Obama me semble plus plausible, plus honnête et plus transparente que celle du sénateur McCain. Et puis avouons-le, j'ai toujours été plus démocrate que républicaine, du moins pour ce qui concerne les "Stasunis" (prononciation à la française). Même si cette dernière proposition me semble plus équitable, elle n'est pas parfaite. Obama insiste sur la prévention, ce qui est sans doute justifiable mais a priori, il me semblerait logique d'évaluer et de déterminer la stratégie la plus efficiente, qu'elle soit préventive ou curative. Quant à McCain, il laisse au citoyen le choix d'investir dans une assurance-maladie, le crédit d'impôt normalement octroyé à cette fin. Je me doute que les petits revenus investiront a minima dans une police d'assurance et que dire des gens trop pauvres pour payer des impôts, où trouveront-ils les sous pour payer ? Je me doute aussi que ce ne sont pas tous les Américains qui liront le NEJM, mais peut-être auront-ils l'occasion de voir cet extrait du dernier combat des chefs sur YouTube.