CITATION DU JOUR

"La maladie se supporte mieux quand on est supportée"
Line
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jeudi 19 février 2009

Le crime était presque parfait …

Aujourd'hui j'ai eu ma deuxième chimio. Fingers in ze noze. C'est passé comme une lettre à la poste (sauf à Boulogne-Billanccourt où les facteurs sont en grève depuis un mois). En fait, cela s'est tellement bien passé que quand Mr.X. est arrivé au CRH vers 18h30, j'ai décidé que je ne passais pas la nuit à l'hôpital. Na. Non. Nada. Branle-bas de combat, l'infirmière-chef arrive, l'interne de garde (il devait avoir à peu près 15 ans) et, on me dit, oh miracle, qu'il n'y a pas de problème ! YES ! Ma perfusion devait se finir à 19h15. Je refais les bagages. Guette le goutte-à-goutte et aussitôt la dernière tombée j'appelle mon infirmier préféré. C'est juste si j'avais pas le manteau sur le dos quand il m'a retiré l'aiguille. JE SUIS LIBRE !

Junior étant en vacances, les Beaux sont de retour. Je trouve ça cool de se retrouver en famille et, honnêtement, je n'avais pas du tout envie de passer une soirée dans un lit d'hôpital alors que tout le monde était réuni dedans mon foyer.

Je vous ai raconté que mon chêne s'était pété une branche pendant ma dernière hospitalisation en janvier dernier. Mon Mr.X. est fort, mais des fois il faut qu'il prenne un break. Après la deuxième opération, on ne sait pas pourquoi, mais j'ai été assez malade. Je n'arrivais plus à manger et je vomissais tout le temps. Je dois aussi vous dire que dans ma famille on est assez gâtés en termes de maladies héréditaires, surtout en ce qui concerne le cancer (la mammographie de ma sœur est OK !) et puis je vous rappelle que mon père est décédé voilà même pas deux ans d'un cancer de l'estomac. Le vomi, on connaît ! Donc, tout ça pour dire que Mr.X. me voyant dans cet état a téléphoné à ma mère, au Canada, lui demandant de venir nous voir le plus rapidement possible, qu'il était inquiet. Et là, panique à bord, ma mère me laisse des messages sur mon portable (cellulaire), elle s'inquiète, pour moi et pour Mr.X.. Je l'a rappelle. Bon OK OK, je n'ai pas le droit d'utiliser mon téléphone à l'intérieur de l'hôpital mais il s'agit d'une urgence. J'explose encore une fois mon forfait avec ma maman, calme le jeu, je vais bien, tout va bien. Par contre, je me rends bien compte que mon chêne commence à craquer un peu … J'appelle les Beaux.

Les Beaux sont Français et habitent à 150 km de notre beau village. J'appelle sur le fixe, pas de réponse. Bizarre … J'appelle le portable de ma belle-mère, elle me répond ! Ouf ! Je lui dis que Mr.X. ne va pas bien et que j'apprécierai beaucoup s'ils pouvaient dormir à la maison ce fameux soir de janvier. Elle me répond qu'ils y seront le soir même. Pourtant, j'ai une étrange impression. Quel est ce bruit de fond ?

Je tente de joindre mon cher et tendre sur son portable, pas de réponse. Normal. Téléphone éteint, batterie à plat, je connais la chanson. Et tout d'un coup, qui vois-je arriver dans ma chambre? Mr.X. et le Beau. Il est allé voir son médecin, il n'en pouvait plus. Mais, tellement il était bouleversé, tellement plus capable, qu'il avait déjà fait venir ses parents, son père est même allé avec lui chez le docteur. Mais alors, c'est qu'ils étaient déjà là, chez moi ??? Je ne comprends plus rien ! Et toujours, cette étrange impression, ce bruit de fond … C'était pas des vaches tout de même …

Aujourd'hui, en soirée, tel Hercule Poirot, j'ai réuni tous les protagonistes, y compris ma mère au téléphone, et j'ai résolu le mystère …

Mon chêne a cédé ce soir-là. Il a craqué. Déjà que ce n'est pas toujours facile de vivre avec moi, imaginez avec un cancer. Il a appelé ma mère à son secours, je crois, tout comme il l'a fait avec ses parents. Sauf que, ma mère dans sa culture toute nord-américaine, n'a fait ni un, ni deux et m'a mise au courant, alors que ma Belle, voulant me préserver, mais sans mentir (c'est contre sa religion), m'a dit qu'elle serait chez nous ce soir. Mais ce bruit dans son portable ?

C'était le train, qui passe derrière MA maison, dans MON village …

Le crime était presque parfait …

Et zou !

mardi 17 février 2009

Culture et gémissements

Hey hey hey,

Ça y est, it's over, done. On passe à autre chose !

J'ai terminé mes 10 séances de radiothérapie hier. Il était temps. Du moins pour mon petit (!) estomac et mes intestins fragilisés par le rayonnement et les excès de la St-Valentin. En même temps, je n'ai eu droit qu'à 10 séances, y'en a qui ont droit au 35 … Je suis une fille chanceuse !

La première a eu lieu le 2 février avec "Hey Jude" en fond sonore. La deuxième, c'était "Daniel" d'Elton John. Génial. La troisième fois, j'ai eu droit à la Madame Kabyle. Ayoye ! La Portugaise, c'était rien comparée à la Maghrébine enfoulardée, au moins elle n'aura pas à réfléchir sur la problématique du port ou non de la perruque en extérieur. Entouka, encore une fois le gémissement est bel et bien culturel et cela m'a été confirmé par le personnel du CRH ! Mais, il n'y a pas que les gémissements … y'avait aussi ses odeurs ! En fait, je n'ai pu les humer vu que la technicienne de radiologie avait aspergé la table avec du push-push au citron. Hum ! Agréable à 8h30 du matin !

C'est drôle une salle d'attente de patients radiothérapisés. Y'a les nouveaux, qui arrivent pour leur première séance, qui ne savent pas où mettre leur fiche et les habitués qui papotent, qui se rassurent, qui se parlent. C'est presque trop rapidement qu'on est appelés, en plein milieu d'une conversation. A ma cinquième, un petit monsieur accompagnant sa petite dame et voyant mon crâne dégarni sous mon bandana, me demande lequel des traitements je "préférais" … Je lui ai répondu les deux puisqu'ils me guérissaient ! On a bien rigolé !

Donc hier, c'était la dernière et pour la peine, puisque Junior est en vacances, je l'ai amené, avec Mr.X. parce que, je vous l'avoue encore une fois, j'avais vraiment la plotte à terre hier. Mon RDV était à 17h30, yes, hors temps de trafic, bouchon et compagnie. On est donc arrivés à l'heure et Junior a pu venir voir de plus près THE machine. On a même pris quelques photos !

Elle est pas belle la vie !

Et zou !

lundi 26 janvier 2009

Délivrance

Nous sommes dimanche soir. Mr.X. a raccompagné Junior à "Poularde". D'ailleurs c'est mon cher et tendre qui a eu sa fève lors d'une galette mémorable avec nos copains Biches. Je vous dis ça pour vous situer un peu. J'ai du mal à me suivre, j'imagine que pour vous c'est probablement pire.

RAPPORT TECHNIQUE. Pour ceux que mon corps intéresse plus que mes états d'âme. Et croyez-moi, ils étaient nombreux à l'époque !

J'ai été opérée pour mettre du ciment dans la L2, le treize janvier. Mr.X et Mononcologue se sont démenés pour activer les choses et zou ! J'ai été télé transportée le quinze janvier à l'hôpital des cancers. On m'a fait plein de tests et UNE PONCTION LOMBAIRE (l'affaire que j'avais le plusse peur au monde). On a décidé de débuter la chimio mardi le 20 janvier et j'ai pôgné les nerfs et je me suis auto-persuadée que, puisqu'on me faisait tous ces tests, le début de la chimio serait décalé, puisque je ne pourrais sortir de l'hôpital qu'à la fin de la semaine … Parce que il y a "la fin de la semaine" et "la fin d'semaine". C'est pas la même chose. Au Québec, c'est clair pour tout le monde, pas de niaisage, de tatawounage, de gossage, c'est ça. Au Québec, la fin d'semaine c'est samedi et dimanche. Entouka, c'était comme ça dans mon temps, au début 1997. Mais depuis qu'il y a des migrants et la mondialisation, peut-être que c'est plus comme c'était…

En France, c'est plutôt jeudi et vendredi, et quelques fois mercredi soir. Pis comme j'avais su par une voie non officielle, la technicienne du scan et non l'infirmière, que ma prochaine IRM était jeudi, ben, j'ai présumé qu'on devait attendre les résultats des tests avant de débuter le TexMex, ma chimio quoi ! Je ne sortais pas avant samedi, c'était clair. Mais je m'égare …

Sortie de l'hôpital des cancers le 22. Les Beaux-X sont venus me chercher et on est tous rentrés à la maison, sauf Junior que les Beaux sont allez chercher à Poularde le lendemain. Et depuis ce fatidique jeudi soir que je me suis mise en tête faire un film. J'ai eu aussi d'autres "fixations" depuis que je suis rentrée, et je sais que je suis en phase hypomaniaque mais je me soigne.

Le film était une fixation. Pour l'instant j'en suis à l'analyser et on rigolera bientôt de l'explication que je trouverai.

Voilà. Je me suis super amusée, j'espère que ça sera pareil pour vous autres ! Il s'agit de photos que j'ai prises au retour de ma première opération au début novembre quand ma mère était avec moi. J'ai aussi en aussi ajouté quelques unes du deuxième séjour et naturellement du deuxième retour !

Et zou !



dimanche 25 janvier 2009

Yes, I can

Mardi, 20 janvier 2009.

Depuis deux jours, j'arrive à manger. C'est délicieux. Je mange des légumes, des fruits, et surtout je garde tout. L'honneur est sauf. Je ne vais pas mourir, je me nourris. Bien sûr, j'ai besoin d'aide médicamenteuse pour bien protéger mon estomac. Bien sûr, je bouffe de la cortisone à la pelle. Et oui, bien sûr, je bouffe de la codéine et bien sûr, je n'ai pas chié depuis … je ne me souviens plus. Et puis, comme je l'ai déjà dit à ma mère, chier n'est pas un évènement pour moi, je ne surveille pas le fonctionnement de mes intestins. Le devrais-je à l'avenir ? Aurais-je, moi aussi, à espérer ma crotte quotidienne ?

J'ai sûrement dormi. Pas longtemps, mais assez pour me réveiller à toutes les visites et surtout pour regarder la télé à 6h30 ce matin. Ma première image, un séjour en thalassothérapie de luxe à Djerba. Parce que je le vaux bien. Allez hop, à la douche, question de ne pas être en retard pour mon PET-scan de 8 heures. J'ai même mis du rouge à lèvres. Je tiens le coup. Ai-je le choix ? On m'injecte, je pisse radioactif, on me scanne, et j'ai droit, enfin, à un petit déjeuner frugal, c'est-à-dire français, sans saucisse, ni bacon, ni crêpe, ni sirop d'érable. Je dilue même mon thé avec de l'eau froide. Si, si. Vous avez bien lu. Il est loin le temps où je déjeunais de quatre expressos bien tassés en fumant trois clopes.

J'ai tenu, tenu, tenu. Jusqu'au moment où mon transporteur préféré, RV, mon accompagnateur à tous ces tests, me dise "Lâches-pas la belle". Oh la la ! La fontaine. Vite vite dans ma chambre, dans la salle de douche. Si j'avais pu me mettre au fond du tuyau je l'aurais fait.

Et puis, l'adorable interne est venue me voir. Me dire que tout était négatif, enfin positif, du moins dans ma tête. Parce que je n'ai même pas pensé à la métastase qui s'est maintenant formée dans une autre sacrée vertèbre. Et là, la petite lumière au fond du couloir qui s'était éteinte s'est rallumée tout d'un coup. Surtout quand elle m'a dit qu'il y aurait la chimio dans l'après-midi. Et là, comme par magie, plus de maux de cou, de tête, de migraine. Rien, nada, nothing ! Votre pensée peut tout, du pire comme du meilleur.

J'ai téléphoné à tout mon répertoire. J'ai explosé mon forfait. Je suis allée me promener. J'ai mangé avec appétit le déjeuner du jour, du coleslaw, salade préférée de mon père et un filet de lieu à la Dieppoise. Je rappelle ici à mes compatriotes Québécois que Dieppe est en Normandie, que je suis mariée avec un Normand, qu'on peut faire dire aux statistiques ce que l'on veut, mais comme Grand Castor le discourait, les chiffres, quand ils parlent, il faut les écouter. Coincidence ? I think not !

J'avais beaucoup misé sur le début de la chimio. Grâce à l'intervention rapide de mon équipe de choc, Mr.X. et Ma Reine, on m'avait dit en sortant du Maréchal et en arrivant chez les cancéreux que c'était pour ce mardi. Ce mardi. Le 20. You hou ! Le 20 janvier, journée de l'investiture de BHO et, j'avais tout misé sur le cheval. Genre de conneries qui peuvent faire mal mais qu'on fait tous … si je ne vois pas d'auto rouge dans les cinq prochaines minutes, je guérirai. Mais, vu les tests qui s'éternisaient, j'avais présumé que la chimio attendrait. Maudite présumation.

Je me suis donc baladée après le lieu cherchant frénétiquement, comme un saumon quoi, une boîte de chocolat à envoyer au Maréchal et surtout, j'avais repéré un magasin de jouets vendant des pantoufles. Rien à faire. Le chocolat au lait simple n'existe plus, la marchande de pantoufles s'offre un déjeuner à rallonge. Pas moyen de dépenser un sous. Portable. Mr.X. est à l'hôpital des cancers, en visite surprise. Merde, il n'était pas à mon agenda. Et hop ! On y retourne.

J'ai vécu le reste de la journée, et je vis le reste de la nuit, dans une drôle d'ambiance. Je me suis fais une playlist sur l'ordi : Janis Joplin, Peter Gabriel, Ariane Moffatt, Alanis Morissette, Les Cowboys Fringants. Laurène Bacall est venue me mettre son aiguille, enfin pas la sienne, celle d'Huber. Et là, en écoutant la musique à donf, en regardant BHO s'investir, en me mettant du vernis à ongles anti-noirceur* en enfin en braillant comme une vache, j'ai reçu du fond de sa pochette, LE taxotère.

Je suis soulagée.

Et zou !

*En hommage à mes amis pharmaciens Québécois adeptes du beau marketing : Evonail Solution. Totum, lithium, strontium, manganèse. Solution pour régénérer les ongles altérés lors de certains traitements spécifiques. À appliquer deux fois par jour.

mardi 16 septembre 2008

Tatoo Shop II

*Avertissement aux cœurs sensibles*

L'ironie et le second degré sont mes armes. Mes références culturelles sont québécoises, c'est-à-dire, américaines et francophones. Je suis née l'année où le FLQ a commis ses premiers attentats et JF Kennedy a été assassiné. Et non pas l'année des décès de Cocteau ou Piaf...

Merci de bien vouloir relire l'avertissement du haut, je suis en colère aujourd'hui.

Ça y est, j'ai mon tatou !

Mais non, c't'une blague. Je me disais aussi que c'était trop facile.

Je me rends donc hier avec mon A2 – Mr.X a beaucoup de mal à se séparer de la Porsche – sous un beau soleil, au CRH, pour me faire tatouer des points de repère, des fois que je perde le nord. Je suis donc reçue à l'accueil par la même Madame que pour le précédent épisode cancéreux. La preuve que travailler dans un hôpital ne rend pas malade. Donc, la Madame me donne mes papiers et là …. Angoisse. Je dois repasser par le labo, on va encore devoir me sucer des tonnes de sang. En même temps, c'est toujours ça de moins sur la balance. Je tends ZE papier à la laborantine qui me demande de m'assoir. J'ai beau lui dire qu'aucune autre analyse sanguine n'avait été prévue (leucémie ?) et me dit de m'assoir. OK, OK, j'va m'assir en rongeant mes doigts et mon frein.

Douze longue minutes plus tard, elle m'appelle et me demande où est l'ordonnance. Et moi de lui répéter la même chose que 13 minutes plus tôt. Bon, son cerveau vient de changer de bord, elle est en mode réceptif et me dit que c'est sûrement une erreur et de me rendre à la consultation de radiothérapie. YES ! Je suis guérie de ma leucémie en moins de 15 minutes. Décidemment, le système de santé français est merveilleux.

J'arrive en terrain connu, je connais ! J'ai déjà été irradiée moi, à la bonne dose, pas comme les ceusses et les cellesses d'Épinal ! Je m'assois dans la salle d'attente et commence à lire mon bouquin du moment (Les Prêcheurs de l'Apocalypse, je vous en reparlerai). Après une petite heure, c'est fou comment la notion du temps est relative, je découvre enfin mon Oncologue ès Rayon (Dr.PasMamours), qui ni Italien, ni chaleureux, pourtant, avec tous ces rayons … Et j'apprends que mon cas a été discuté en réunion pluridisciplinaire, réunion où le Dr.PasMamours n'était pas présent. Les présents ont donc laissé un compte-rendu que le Dr.PasMamours lit en direct, dans sa tête, je n'ai même pas pu lire sur ses lèvres. Il fini par me dire que le Dr. Mamours est reparti avec mes clichés, qu'ils vont probablement opérer, remplacer ma vertèbre (par quoi?), que la radiothérapie serait de 5 semaines plutôt que de 2 ou 3, que je ne pourrai sans doute plus jamais monter à cheval mais qu'il ne faut surtout pas que je m'inquiète (ah quand même) et que la secrétaire du Dr. Mamours va m'appeler pour fixer la date de l'opération. Je dois recontacter le Dr.PasMamours après avoir convenu de la date de la chirurgie. On verra à ce moment pour la radiothérapie.

Pendant que je me déconfiture sur place, y'a une infirmière qui entre … et me dit que je peux la voir tout de suite, plutôt qu'attendre jusqu'à 13h30. Et là je découvre qu'effectivement j'avais un RDV avec elle. Tant qu'à être là, autant tout régler. Je sors de la salle avec la "falle à terre" et mon infirmière à particule (elle a un nom très long avec des "de" dedans) qui en me voyant me demande gentiment si elle peut m'offrir un verre d'eau. UN VERRE D'EAU ! On vient de m'annoncer que je ne pourrai plus jamais monter à cheval et elle m'offre un verre d'eau. La France n'est-elle pas la capitale du vin? Pour me venger je lui dis que je prendrais plutôt un gin (vive les Anglais!) avec une clope. A l'a pas ri. A l'a pas trouvé ça drôle.

Une fois dans son bureau, elle me demande comment ça va et je lui réponds et vous? Parce qu'en France (du moins en région parisienne) quand on demande à quelqu'un comment ça va, on se fait répondre en général: et toi ? Je finir par lui répondre que ça va comme une fille de 45 ans, qui veut refaire sa vie avec les chevaux et à qui on vient d'annoncer qu'elle ne pourra plus monter à cheval (me semble avoir déjà entendu ça quand j'avais 18 ans …). Elle fait mine de compatir et range ses papiers bien droit sur son bureau. Elle me dit: Ah vous êtes pharmacien? Je lui réponds que je ne suis pas pharmacien mais pharmacienne, et que je ne suis pas une vraie pharmacienne dans le fond parce que je ne suis pas inscrite au bureau de l'Ordre et que j'ai seulement un bac en pharmacie mais comme le bac au Québec ça veut pas dire la même chose qu'un bac en France pis que de toute façon elle ne comprendrait pas. J'étais en forme disons !

Miss Particule a ensuite regardé mon dossier et lu les notes laissées par l'infirmière précédente, celle qui disait deux ans plus tôt que j'étais "exaltée" par mon cancer. Je lui dis qu'effectivement mon premier cancer pouvait avoir provoqué une crise d'hypomanie vu que j'ai une maladie bi-polaire. Elle répond pardon? Moi, je me dis c'est mon accent ou mes broches. Je répète en articulant distinctement et elle me demande ce que c'est … Maladie Maniaco-Dépressive, Maladie Bi-Polaire, me semble les mots parlent tout seuls, surtout pour une infirmière. Bon, Line, on se calme, sinon elle va dire que je suis "exaltée".

Elle me pèse (Yes ! 64kg), me mesure (Yes ! 1,65m) et me dit que les doses des médicaments en oncologie sont calculées en fonction du poids! Eah ! Pas vrai ? Première nouvelle !

C'était clairement la preuve que 1) elle avait rien compris, 2) elle n'avait pas "écouté" quand je lui ai dit que j'étais pharmacienne et 3) que les pharmaciens Français ne font pas du tout le même métier que les pharmaciens Québecois. L'expression populaire de mes vertes années "compteux de pilules" prend ici tout son sens. L'herbe a souvent l'air plus verte ailleurs, croyez-moi chers confrères du Québec - consœurs ne s'utilisant en France que pour désigner les membres des communautés religieuses féminines, faut dire qu'ici, le pouvoir politique des femmes ne s'y exerçait que là, il y a encore quelques années (je n'ai pas mis décennies de façon très intentionnelle).

La parenthèse informative: Surface corporelle (Message à titre informatique, exigée par ma cousine Sophie de France, parce que j'ai aussi une cousine Sophie au Nouveau-Brunswick).

La surface corporelle est une unité couramment utilisée en oncologie pour déterminer les doses des traitements. Pour les adultes, on utilise généralement l'échelle de Mosteller. Ma BSA (Body Surface Area) est de 1,71m2, ce qui correspond à la racine carré du produit de ma hauteur en cm et de mon poids en kg divisé par 3600. Fingers in ze noze.

Bon je reviens à mes moutons et à Miss Particule qui, pour l'instant ne m'a rien appris de nouveau, ma masse et ma taille étant relativement stables depuis le matin. Elle fini par me dire qu'on va établir un rendez-vous parce que, qu'on opère ou pas (ce n'est qu'un détail après tout !), va falloir faire de la chimio. Bon, OK, j'apprends encore quelque chose de nouveau, non seulement on opère alors qu'a priori on ne devait pas, que la radiothérapie passe de 3 semaines à 5 semaines et que malgré tout, il y aura aussi de la chimio. On n'est pas sorti du bois (de l'auberge) ! Elle brasse encore un peu ses papiers et fini par trouver le carnet de rendez-vous. Jeudi 18, 10h30. Et je suis encore une fois rattrapée par la réalité et la mauvaise foi, encore faut-il qu'il y en ait une bonne.

Le clou final c'est quand elle a essayé de me "vendre" une perruque. Là, je n'ai pu résister, du grand art. Si ma Chauve Préférée du Moment et plus fidèle lectrice (elle se reconnaîtra !) avait pu assister à la scène, elle aurait vraiment, mais vraiment, été très fière de moi.

Particule: En brassant ses paperasses et finissant par me présenter un catalogue

"Je voudrais vous présenter les derniers model…

Cancer Bitch:

"Non merci, ça sera pas nécessaire" (avec le ton qu'emploie la Sister)

P: "On fait des nouveaux modèles maintenant avec des vrais cheveux"

CB: Dans sa tête :" A comprends rien, j'en veux pas de ses crisses de ch'veux, pis jusse à penser qu'une pauvre Indienne s'est faite couper les cheveux pour qu'une occidentale soit conforme aux apparences de la société, no way. Je suis pas une victime du cancer, je ne serai certainement pas victime de quoi que ce soit, et surtout pas de la mode. Non mais !".

"Non merci, ça sera pas nécessaire" (avec le ton de la Sister qui commence à s'énerver)

P: "Mais c'est remboursé par la sécurité sociale"

CB: "C'est pas une question d'argent" (avec le ton de la Sister énervée)

P: "Prenez-la quand même, au cas-ou"

CB: (Avec le ton de Nat quand elle a à faire avec des incompétents)

"J'en ai pas besoin, j'ai même hâte de ne plus avoir un poil sur le coco pis ailleurs aussi. Fini la poileuse! Ma mère va enfin être contente, j'aurai plus besoin de me raser les jambes."

"Il me reste plein de chapeaux pis des foulards de la dernière fois. J'ai même des photos de ma prochaine coupe de cheveux comme ça on perdra pas de temps si j'ai une autre métastase. Mais j'espère que ce sera l'hiver parce qu'en été les chapeaux, ca pique"

"… sauf ma bombe mais vu que je peux plus monter à cheval, c'est pas vraiment grave j'imagine."

Sur ce, je me suis levée, signifiant de façon polie à mon interlocutrice que la discussion s'arrêtait là. La pauvre, j'ai peut-être été un tout petit peu raide mais elle était pire qu'une témoine de jéhovah. Devrait peut-être penser à changer de job... elle a sûrement voulu devenir infirmière pour se marier avec un docteur !

Maudit que ça fait du bien de bitcher un peu!

Et zou !

samedi 6 septembre 2008

Le cancer à la télé

Avez-vous remarqué comment le cancer du sein est populaire à la télé.

Hier, c'était jeudi en France et à Montréal aussi j'imagine. Le jeudi, c'est sacré, je m'installe devant la télé pour m'évader en regardant les Femmes Désespérées. Pour mettre tout le monde à niveau, ici on en est à la 4ième saison sur le câble et à la 2ième ou la 3ième sur la télé publique. Je tiens d'ailleurs à m'excuser à l'avance auprès des lecteurs et futurs auditeurs de l'épisode 5. Lynette, oui oui, je vous niaise (je ne me moque) pas, elle s'appelle comme ça, a un cancer. Je vous la fait courte. En gros, Lynette n'a plus un poil sur le coco et porte une magnifique perruque blonde. Elle n'a pas baisé depuis des lustres, chimio oblige, et là, elle a enfin le goût de faire des galipettes. Avec son "significant partner", ils passent aux choses sérieuses et brusquement, dans un tendre élan, Tom déplace la blonde perruque et le drapeau se met en berne.

Lynette décide de prendre le taureau par les cornes, s'offre une toison rousse et se présente à Tom le lendemain comme étant "Brandy La Cheerleader". Tom semble très bien s'en accommoder et pense pouvoir remettre ça le lendemain. Mais c'était sans compter l'imagination débordante des "Terribles P" (Porter, Preston, Parker et Penny), qui ont décidés d'utiliser la postiche comme serpillière (mope). Tom se retrouve donc sans sa Cheerleader et fait un peu la (le) mou(e) et explique que jamais Lynette n'avait pris la peine de lui demander comment il allait. Et là, une scène d'anthologie. Lynette, tout d'un coup se rend compte qu'elle est devenue "one of those selfish Cancer Bitch". Ce fût un grand moment de télé ! Mais je vous rassure tout de suite, nous n'avons pas, NOUS, ce problème de couple; je m'enquiers de l'état psychologique et bureautique de Mr.X à tous les soirs.


Ce soir, rebelote, c'était la finale de Sex and the City. Et de quoi on a parlé? Du cancer de Samantha.

Je vous le dis le cancer est très fashion de nos jours… du moins à la télé.


"A quoi ça sert de conter ta vie si t'en inventes pas des bouts?"

La Duchesse

Michel Tremblay, Des nouvelles d'Edouard.

lundi 1 septembre 2008

vendredi 29 août 2008

Bilan

J'ai pris la journée pour digérer la nouvelle !

"Votre pronostic vital n'est pas engagé" qu'elle a dit Maya (Mononc Aulogue)


YES !!!


Au menu, nous aurons donc une entrée de radiothéraphie, une chimio en plat principal et quelques semaines de repos en dessert.


C'est l'histoire d'une blonde, elle est en train de raconter son dernier rendez-vous chez le médecin à sa meilleure copine et ne se souvient plus du diagnostic. Elle téléphone donc à son médecin (on est en France !) pour lui demander des précisions.

- Bonjour Docteur, je suis mademoiselle Chose, et je n'arrive plus à me rappeler ce que vous m'avez dit: capricorne ou verseau ?

Et le médecin, exaspéré, de lui répondre : cancer, Mademoiselle Chose, cancer !


Et zou !