CITATION DU JOUR

"La maladie se supporte mieux quand on est supportée"
Line

lundi 28 septembre 2009

J'ai enlevé le haut

Je ne crois pas vous avoir déjà dit que Mr.X était un grand joueur. Un grand joueur de poker il va sans dire. Normal avec son QI, il connaît les statistiques et, sauf peut-être pour son premier mariage, il est en général assez chanceux. Il a déjà participé à plusieurs tournois et s'est toujours classé dans les premiers 20%, même que, et là je ne dis pas ça parce que c'est mon mari, Patrick Bruel s'est fait éliminer avant lui lors de l'étape de Paris du "French Poker Tour". Le week-end dernier, il y avait une étape du "French Tour" à Lille (environ 250km de la maison) et Mr.X nous a donc concocté une petite escapade, au pays des Ch'tis.

Vendredi soir, Mr.X a laissé Céleste au pensionnat des chiens, ramassé Junior à Poularde et toute la p'tite famille est partie pour Lille où nous sommes arrivés vers 22h00 (une heure de bouchon pour sortir de Paris un vendredi soir). On s'est loué un appart'hotel en se disant qu'on pourrait manger à "la maison" … c'est ce qu'on a fait, c'est-à-dire qu'on est allé chercher de la pizza vendredi et des sushis samedi soir !

Samedi avant-midi, après une douche dans une salle de bain qui ressemble à une salle de bain, c'est-à-dire sans papier-peint, et trois parties de Roblox du Junior sur mon ordinateur, Mr.X nous a laissé pour ses cartes. Il nous a débarqués downtown Lille. J'avais envie de flâner parmi les maisons du vieux Lille, sur la grande place, éventuellement dans une ou deux boutiques, mais c'était sans compter Junior qui a toujours préféré le contemporain aux antiquités et les gares aux magasins. Tout ce que j'ai réussi à négocier avec le torieux fût un tour de ville, en huit langues, de 50 minutes, en car. Bon, c'est toujours ça de pris. Malheureusement, il n'y a pas que des vieilles affaires à Lille, y'en a des récentes comme un métro et une gare TGV. ÇA c'est intéressant … Donc pour résumer notre équipée, on a fait 50 minutes de car, pendant lesquelles j'ai constaté que j'avais oublié la carte mémoire de l'appareil photo dans mon ordinateur, ensuite on a cherché un restaurant pour manger des moules et des frites … tout était plein et le gamin devenait de plus en plus insistant en disant qu'il y a toujours à manger dans les gares … On a donc pris le métro pour 2 stations avec 1 changement, c'était trop top, et je suis une maman formidable, d'autant plus qu'il s'agit de métro complètement automatisé et qu'on peut se mettre dans le premier wagon et tout voir. J'avais mon foulard cache-cancer-cheveux-qui-repoussent mais il semble que el Ch'tis d'Lille soit aussi aveugle que el Parigot et je n'ai pu m'assoir. Mais bon, el p'tit biloute était content !

Nous sommes arrivés à la gare de TGV et pendant que je commandais 2 sandwichs et 2 boissons (15€, c'est comme dans les aéroports …), Junior a pu profiter du magnifique spectacle de 2 TGV en partance, un pour Londres, un pour Marseille. Je n'ai pas réussi à manger mon sandwich, le pain était trop difficile à mastiquer avec mon appareil dentaire. Je n'ai donc mangé que les quelques microgrammes de thon et de poivrons, qui m'ont tout de même mis l'estomac à l'envers. Heureusement que je ne sors dorénavant qu'avec au moins 15 Rolaids, les "brûlements" ont cessé quand un autre TGV est, cette fois-ci entré en gare. Toujours dans l'esprit de faire plaisir à Junior, j'avais trouvé un itinéraire pour rentrer à la maison, adieu vieux immeubles et belles boutiques, où on devait faire 8 stations de métro. Le bonheur total. J'en pouvais plus au retour et j'ai failli céder et demander au père de la p'tite crisse de 4 ans qui était assise sur un banc réservé aux invalides de guerre, invalides civils, femmes enceintes, vieux (faudrait ajouter cancéreux), mais heureusement, le wagon s'est presque vidé à l'arrêt suivant, j'ai même dû m'accrocher au barreau pour ne pas être propulsée dehors avec l'eau du bain. Enfin j'ai pu m'assoir et Junior a vécu les meilleurs moments de sa vie, puisque, cerise sur le sorbet, la moitié des stations étaient aériennes. Nous avons finalement atterri à la 8ième station et il ne nous restait environ que 2km à marcher. Je sais pas comment j'ai pu survivre à cette expédition ! En arrivant à la chambre, Junior a gentiment fait ses devoirs et, profitant de ma sieste de 3 heures sur le canapé, s'est remis à Roblox. Toute la journée Mr.X m'a informé de sa position parmi les 500 joueurs où seuls les 10 premiers étaient retenus, il avançait, il avançait. Bien sûr que j'aurais souhaité qu'il gagne mais en même temps j'étais super angoissée à l'idée de me retaper le métro le lendemain et surtout de ne pas trouver d'endroit pour faire la sieste, Mr.X disposant de la voiture. Heureusement pour moi mais malheureusement pour lui, il a perdu lors d'une des dernières parties de cette journée. YES !!! On sera tous ensemble le lendemain et je pourrai éventuellement dormir dans la voiture.

Nous avons donc pris notre temps dimanche matin et j'ai repris encore une douche dans cette magnifique salle de bain, il est vraiment temps que les travaux débutent chez nous, c'est rendu que je ne me lave plus !!! Junior ayant découvert qu'il existait un grand parc avec le "Parc des Poussins" et un jardin animalier, nous sommes allés faire un tour, bon, c'est pas très typique de Lille mais on a passé un bon moment à courir derrières les paons qui criaient "léo, léo". Ensuite deuxième tentative pour manger des moules-frites. Tabagisme oblige, nous cherchions une terrasse. J'ai goûté à une spécialité locale, le potjevleisch, Mr.X s'est laissé tenter par un filet mignon au maroilles* alors que Junior s'empiffrait de steak haché, de frites et du minimum syndical de salade. Jamais on n'aurait pu croire être capable de manger sur une terrasse, à Lille, un 27 septembre. Je sais pas, je me sentais bien, j'ai donc tenté le coup et j'ai callé une bière ! Je ne sais pas si c'est le soleil, la bière ou ma p'tite famille, mais je me sentais de bonne humeur pis je commençais à avoir chaud j'ai donc décidé de faire mon coming out et d'enlever le haut, d'enlever le foulard cache-cancer-cheveux-qui-repoussent.

Et zou !

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* Un autre fromage, le vieux-lille, est une pâte de Maroilles, fabriquée en Avesnois (et non à Lille comme on pourrait penser, comme la gare de Lyon qui ne se trouve pas à Lyon mais à Paris) que l'on fait macérer deux fois pendant trois mois dans la saumure. Il est affiné plus longuement - 5 à 6 mois -, et se conserve de fait plus longtemps que le Maroilles. Sans croûte, de couleur grisâtre à odeur légèrement ammoniacale, son goût est plus prononcé, plus salé et un peu piquant. À l'origine, il était fabriqué pour l'hiver, période de l'année où on ne trouvait ni lait ni fromage. Le vieux-lille possède de nombreux synonymes: gris de Lille, puant macéré, puant de Lille, fromage fort de Béthune et autrefois Maroilles gris. Ça se mange sur des tartines… le matin, trempé dans le café au lait.

vendredi 18 septembre 2009

Maman, les p'tits avions ont-ils des ailes ?

Mr.X. et moi essayons de téléphoner à Poularde pour discuter avec Junior au moins une fois par semaine, question de ne pas avoir l'air de parents totalement désintéressés de l'avenir de leur progéniture. Depuis la rentrée, Junior a un nouveau "travail" ; il est chargé de l'accueil téléphonique du dortoir des grands garçons, le mardi soir. J'en ai donc profité pour l'appeler ce soir-là, question de l'encourager dans cette nouvelle prise de responsabilités. J'ai bien entendu, reconnu sa voix au travers d'un message incompréhensible mais qui finissait par "… Junior Hamel au téléphone". C'est bien mon fils, au moins les PDG qui appelleront leur descendant auront son nom en tête et pourront lui offrir un stage lorsqu'il sera en troisième.

J'en profite ici pour faire une petite mise au point sur le système scolaire français, qui, vous l'imaginez, amis Québécois, est d'une complexité digne d'un cube Rubik®, déjà dans son organisation. Cependant je dois admettre qu'il y a un côté positif : l'école, non-obligatoire, commence à trois ans. Seule la dernière et troisième année de maternelle (mat sup.) est exigée. Le primaire, qui au Québec va de la 1ière à la 6ième année, et dans cet ordre, est en France composé de cinq années (et dans cet ordre) : le Cours Préparatoire (CP), le Cours élémentaire 1 (CE1), puis le CE2. Ensuite vient la 4ième année qui s'appelle le Cours Moyen (CM1) et la dernière année du primaire, le CM2. Tout le monde me suit ? Au Québec, après le primaire, vient … le secondaire, c'est logique non ? Il y a cinq années de secondaire pour pouvoir avoir le diplôme (DES) qui correspond, en gros, au Baccalauréat français. Ces années vont du 1ier au 5ième secondaire et s'effectuent, dans cet ordre, au sein d'une "école polyvalente" (entouka, dans mon temps c'était ça). En France on commence par le collège qui va de la 6ième jusqu'à la 3ième (dans cet ordre) et on termine par le lycée avec en premier la seconde, en deuxième, la première et on finit avec la terminale. Simple, non ! Pour ce qui est des études supérieures, c'est encore pire. Je vous raconterai dès que j'aurai tout compris ! "Présentement", Junior en est à sa dernière année de primaire et l'an prochain, si tout va bien, il devrait passer en 6ième, entrer au collège, c'est-à-dire aller à la Poularde Des Grands (PDG), là où il y a une piste de kart. Peut-être finira-t-il pilote de course comme Gilles et Jacques Villeneuve ?

Bref, tout ça pour vous dire que nous avons régulièrement des discussions avec lui sur son futur métier. En gros, il veut un boulot où on ne travaille pas trop, limite pas du tout, où il sera chef en partant, qui ne nécessite pas trop de diplômes et bien entendu avec un gros salaire. À part vendeur de drogue, je ne vois pas grand chose et c'est pour ça que j'essaie d'orienter un peu ses choix. Au début, je tenais mordicus à ce qu'il devienne ce que je n'ai su être : véto. Mais bon, le sang et les sciences naturelles, ce n'est pas son truc même s'il aime bien les animaux en général. Ensuite, je me suis dit qu'il pourrait être plombier. Je trouve que c'est un boulot dur mais assuré, on aura toujours besoin de plombiers. Il pourrait même monter sa petite entreprise et travailler pour lui. Toutefois, depuis qu'il sait parler, il nous dit qu'il aimerait devenir conducteur de train, métier très honorable, qui entre probablement dans ses critères sauf peut-être au niveau du salaire, mais qui aura au moins l'avantage de pouvoir lui offrir sa retraite en même temps que nous ! Dernièrement, sa passion du train s'étant un peu atténuée, il a voulu devenir pilote d'avion. Cependant, il s'est vite rendu compte que même si cela pouvait s'avérer payant, il avait un peu la trouille au décollage et qu'il devrait faire de longues études. Déjà qu'il en a marre, puisqu'il nous a dit mardi dernier, 3 semaines après la rentrée, qu'il en avait assez de l'école parce qu'il n'était "pas payé" pour y aller. Ah ! Les jeunes d'aujourd'hui, c'était pas comme ça dans mon temps … (Socrate). Il a finalement trouvé un compromis, il sera "agent de piste", c'est-à-dire le gars avec les lumières orange, et qui dit au pilote quoi faire et où aller sur la piste.

Sauf que ce matin en discutant avec Fabulous, on s'est demandé si c'était un métier d'avenir ? En effet Fab pense que dans les années qui viennent, il n'y aura plus de pétrole et à ce moment-là, comment on fera voler, et surtout décoller les avions ? Aurons-nous des avions à piles ? Moi, j'imaginais une immense clé sur le côté de l'avion, qui remonterait un gros ressort … Tiens, peut-être que Junior pourrait travailler là-dessus !

Et zou !

jeudi 17 septembre 2009

Je suis bipolaire mais je me soigne …

Je pense que je commence à devenir de moins en moins counne. Dans le sens où, comme les souris dans leur labyrinthe, je me souviens de mes erreurs de parcours et j'essaie de ne pas les répéter. Pas toutes, sinon je serais parfaite, comme ma déesse chauve ! Non, juste certaines. Comme les premiers symptômes de la dépression, le frémissement des roues du "p'tit char" qui commence à descendre la pente de la montagne russe qu'est ma vie. Je sais pas ce qui s'est passé. Non docteur, y'a pas d'élément déclencheur, entouka, pas plus que d'habitude, pas plus que ce que ma vie est devenue depuis 18 mois. Au contraire, le pire est derrière moi que je me suis dit après la vertébrectomie, la même chose après la radio et le taxotère. C'est maintenant que ça commence à aller mieux dedans mon corps que ça commence à aller moins bien dedans ma tête ? Est-ce que c'est parce que je vais mieux que je vais pas bien ? Est-ce que c'est parce que j'aime les troubles et la chicane ? Je note, je note et j'en parlerai à Freud et Monica.

J'ai pris une semaine de vacance, lire Mr.X. travaille, Junior est à Poularde, Dada est rentré du pré et je n'avais que deux RDV à l'hôpital des cancers ! Une mammo et une visite avec le stomatologue (le docteur de la bouche et des dents), les deux le même jour. J'adore les Madames des RDV. Je rassure tout le monde tout de suite, mon sein droit est sain sauf pour un petit kyste. Et voilà que ça recommence. J'entends votre question : c'est quoi un kyste ? J'me dis ça parce que quand le radiologue (beau bonhomme dont je ne me souviens du nom !) m'a dit que je n'avais pas à m'en faire, ce n'était qu'un kyste. Et moi de le regarder, et, avec mon beau sourire broché et couleur café, de lui demander c'était quoi au juste un kyste ? En gros, un kyste est une poche qui contient du liquide. La différence avec une tumeur (bénigne ou maligne), qui est aussi une poche, c'est que cette dernière est remplie non pas de liquide mais de cellules. Pour des détails plus croustillants, voir le Dieu Wiki. Mais juste une petite dernière avant la fin du paragraphe, juste pour qu'on se couche moins niaiseux ce soir. Quand on fait l'échographie d'un kyste, on voit comme un trou noir sur l'écran, en d'autres termes et pour épater vos amis, c'est une représentation "anéchogène", c'est-à-dire que c'est une région qui ne renvoie pas d'écho. Voilà pour la leçon de médecine d'aujourd'hui, n'oubliez pas la leçon de savoir-vivre avec les p'tits vieux des parkings de la semaine dernière. Pour ce qui est du stomato, elle ne m'a rien fait et rien appris. Heureusement que je ne me suis pas déplacée que pour me faire dire ce que je savais déjà … j'aurais eu aucune pitié et pour personne ! Une semaine plus tard, j'apprends que ma douce abeille oncologique voulait un panoramique. Allez hop ! On le soulignera la prochaine fois.

Je suis finalement retournée chez Freud vendredi dernier. Pas longtemps mais juste assez pour comprendre deux choses : 1) on ne peut pas être les parents de ses parents et 2) prends tes antidépresseurs avant d'atteindre le fond parce que c'est là, direct, que tu t'en vas, tu le sais, même si tu veux pas le savoir, t'as pas le choix et arrête de faire ta tête de cochon. Finalement, ce fut bref mais bon. J'ai quand même gardé la prescription jusqu'à hier, une fille a son orgueil quoi. Et j'ai recommencé ce matin alors que je m'étais donné jusqu'à lundi prochain. Je vous le dis, je deviens de moins en moins counne, avec l'âge, avec la vie qui passe et peut-être aussi avec le cancer.

Au retour, je suis passée prendre Junior, Porte Dauphine, à 100m du Bois de Boulogne. Le vrai, celui des putes bien sûr, mais surtout celui d'une promenade à cheval, très tôt le matin, avec le soleil qui commençait sa journée en éparpillant les brumes pour ne laisser que quelques îlots flottant au-dessus du lac et un groupe de vieilles chinoises faisant du taïchi. C'est ça aussi Paris mais bon revenons à Junior qui revenait de Poularde avec sa tenue chic & débraillée. En passant, n'achetez pas les fringues d'école de vos enfants à la fin de juin. C'est que ça grandit et que ça grossit, ces affaires là. Je suis un peu désespérée là-dessus, tout est "juste". J'espère au moins que ça va tenir jusqu'à Nowel. Donc, il faisait beau, tout allait bien et je me suis dit que je ferais plaisir au p'tit si je l'amenais goûter sur une terrasse. On a décidé d'arrêter à Neuilly, sur la place du marché parce que le parking se trouve dessous. C'était cool et Junior a même insisté pour faire ses devoirs. Je lui ai donné les clés d'auto pour qu'il puisse récupérer son sac d'école resté dans l'auto. Ai-je bien fait ? Kidnapping, accident, qu'il se perde, éventuellement fugue. Tout ça m'est passé dans la tête à la seconde où il a tourné le coin. Aie confiance, aie confiance comme le chantait Kaa, le serpent du Livre de la Jungle. Il est revenu cinq minutes plus tard avec son sac et tout fier de lui ! Il a ensuite fait ses devoirs : un peu d'histoire Louis xv1 comme il dit et apprendre une poésie. On était bien, il y avait du soleil, un gros moment de bonheur avec Junior. Je me suis sentie privilégiée en voyant le montant de la facture (35€ pour 2 déserts, 1 café et un chocolat chaud !) parce que je pouvais me permettre cet instant de plaisir sans m'angoisser pour la fin de mois. En effet, ça y est, tout est désormais en ordre, tous les papiers et les remboursements sont à jour, de même que les indemnités que je reçois de l'état et de mon assurance privée. Et j'ai encore plus de chance quand j'ai entendu parler de la fille qui travaille à Poste Canada et qui n'avait droit qu'à 15 semaines d'arrêt maladie. Ici, c'est trois ans, 10 fois plus, et on peut demander une année supplémentaire.


En parlant de chance, j'ai changé de médecin traitant (de généraliste) et j'avais mon premier RDV avec elle hier. Elle est géniale. Je lui ai parlé de mes douleurs, de mes angoisses, de mon père, du pays qui me manque, de ma peur de l'avenir, de l'après, de la sortie de la voie de garage et du retour à la vie normale. Je lui ai dit que j'en avais marre qu'on s'occupe de mon cancer et que j'aimerais qu'on s'occupe plus de moi. Que j'aimerais me muscler un peu, faire du sport, me faire une espèce de cadre de vie. Après l'entretien de près d'une demie heure, elle m'a tâtée, elle m'a touchée ailleurs que sur la poitrine, m'a auscultée, m'a fait respirer, m'a dit que j'avais un très bon cœur. Et je sais pas pourquoi mais ça m'a fait plaisir enfin d'entendre des trucs positifs sur mon corps. Celui qui me trahit presqu'à tous les jours depuis un an. Et puis, elle a pris en main le problème des douleurs au niveau des épaules et m'a dit qu'il s'agissait probablement de malheureuses tendinites. Ouf, vous pouvez pas savoir comment ça m'a fait plaisir. Que des tendinites et non pas de nouvelles métastases osseuses ni d'effets secondaires du Fémara, que je dois prendre pour cinq ans. Que des tendinites … une maladie chiante, j'peux pas lever les bras sans douleur, mais oh combien rassurante et "normale". Résultats des courses je dois passer un rayon X et une échographie des épaules pour confirmer le diagnostic et entreprendre une rééducation. En plein l'affaire que j'avais besoin pour me remettre en contact avec le sport, ça me redonnera des muscles et je pourrai remonter Dada. Elle est pas top ma GP !!!

Et puis, pour finir, je crois que nous sommes enfin prêts à considérer l'éventualité d'entreprendre des travaux majeurs de rénovation, surtout après quelques commentaires de lecteurs sur le papier peint de ma salle de bain ! Je suis certaine que notre nouvelle épopée vous plaira …

Et zou !

jeudi 10 septembre 2009

La peinture à numéro

Je me suis enfin donné le droit de faire de la peinture à numéro (PAN). Je sais ça peut paraître niaiseux mais pour moi c'est un grand pas vers l'art, avec un tout petit minuscule "a". Je vois en fait la PAN comme une aide technique à la libération de mon moi intérieur … bon OK j'arrête le charabia ! ça fait deux ans que je pense à m'acheter un kit de peinture pour adultes manquant totalement de don artistique. Je n'osais m'offrir ce kit pour plusieurs raisons, raisonnées ou non.

Honnêtement, c'est assez ridicule à mon âge, de peindre en suivant les numéros des couleurs et surtout en faisant très attention de ne pas dépasser les belles lignes déjà toutes faites. Thérapie manuelle qu'ils disent … En fait, j'aimerais bien que, quelquefois, la vie soit comme ça. Au moins on sait où sont les limites et où tout commence et fini. C'est clair, net, précis. Aucune place pour l'imagination. Mais, c'est pas de l'art ça. Aucune place pour l'espoir ? Mais, c'est pas la vie ça. Voilà peut-être pourquoi j'ai tant tardé à acquérir le kit, beaucoup plus que la peur du ridicule, qui contrairement au cancer, n'a jamais tué personne.

Je recommence à souffler, à récupérer, doucement. La fatigue des vacances s'estompe et je retrouve ma routine rassurante. Encore quelques jours, je le sens, je sortirai de cette torpeur. Je vois Freud demain. Parce que la PAN n'est pas la seule chose que je terre au plus profond de ma conscience … d'ailleurs ceux qui me connaissent l'on sûrement remarqué, je suis entrée dans une nouvelle phase, dépressive celle-là. Mais, je vous rassure tout de suite, surtout les Matantes, c'est quand même moins pire que les autres fois. Finalement, les régulateurs de l'humeur fonctionnent peut-être !!! Oui je suis déprimée mais, cette fois-ci c'est différent, j'ai l'impression que je vois déjà le bout du tunnel, comme si j'arrivais après le gros du down. Somme toute, ce n'est peut-être qu'une grosse fatigue, et que peut-être que c'est vrai ; je dois me reposer et reprendre des forces.

Peut-être même que j'aurai assez de forces pour aller voir Dada. C'est-y pas de l'espoir ça ?

Et zou !


vendredi 4 septembre 2009

La fin des vacances… enfin

Vous me connaissez, la rectitude politique, le savoir-vivre hypocrite, les faux-semblants, y compris les perruques, c'est pas trop mon genre. Je serai donc assez directe et vous êtes prévenus. Y'é vraiment temps que les vacances s'achèvent, enfin celles de Junior. Je n'en peux-plus. Ça fait presque deux étés que je ne peux pas faire des "affaires" avec lui. L'an dernier on avait prévu une balade à cheval sur les plages d'Anguilla et des leçons de natation dans la mer des Caraïbes, cet été encore plus simple, une balade à vélo, un bowling, une partie de Wii. On lui avait aussi promis qu'on redécorerait sa chambre, le lit est arrivé depuis 3 semaines, toujours dans les cartons et obstruant les portes de son placard. Le bordel quoi. Je n'ai rien fait de tout ça, le mieux fût une séance de cinéma, avant-hier et deux descentes en luge d'été le week-end précédent. Pas fort pour 2 mois, soit environ 9 semaines, soit exactement 62 jours et 64 dodos. Je me sens coupable.

Je suis crevée, exténuée et, bon, ça y est je l'ai dit. Mon deuxième coming-out ! Je n'ose en parler à mes proches, de peur d'alourdir encore plus leur fardeau, votre fardeau. Car, n'oubliez pas que grâce à mes antennes spéciales, je vous "zespionne" et je sais que beaucoup pensent à moi et s'inquiètent, mais surtout, ne vous inquiétez pas ! Tout ce que je vis est "normal" pour la maladie et le traitement. Je vais bien. Je suis simplement fatiguée et j'ai perdu du poids. Rien de ben grave quand on pense à toutes les filles qui rêvent de perdre 4 ou 5 kilos ! J'avoue que j'ai du travail à faire là-dessus. J'aimerais bien reprendre 5kg, de muscle bien sûr et dans les fesses bien entendu puisqu'il s'agit d'un des trois atouts des "vraies" femmes (OK, OK, je l'ai pas encore digérée celle-là !). Je garderais bien les fines chevilles, les cuisses, (oui, oui, je fais maintenant du 38 !), tout en raffermissant mon dos, question d'être dans bien dans mon assiette, à pied et à cheval.

Bon, sérieusement, j'ai encore eu droit au merveilleux système de santé français (les Américains devraient s'en inspirer pour quelques mesures). Scan, Avastin, IRM et consultation, le tout en moins de deux semaines. Et avec le sourire, sauf la fois où j'ai oublié mon portefeuille et que je n'avais pas d'argent pour payer le stationnement. C'était mercredi de la semaine passée. Je me gare, me fais perfuser et reviens prendre ma voiture, qui sans être le modèle de l'année, est tout de même respectable. En revenant au stationnement, un gentil couple de têtes blanches a l'air un peu perdu devant le système de paiement à la barrière de sortie. Naturellement, aucune des personnes présentes dans les voitures qui font la queue n'est sortie pour proposer de l'aide, y'en a même un qui a klaxonné. Vous me connaissez, toujours le cœur sur la main, même après ma perfusion ! Je leur ai donc offert de les aider et je leur ai montré ce qu'il fallait faire. L'affaire fût réglée en moins de 30 secondes. Mes p'tits vieux étaient contents et moi aussi. J'avais fait une bonne action, je me sentais bien avec moi, j'étais de bonne humeur, il faisait beau, j'étais toute belle habillée en madame, sandales aux pieds et kératine jaunissante oblige, vernis rouge sang sur les 20 ongles. Cependant, détail superflu mais essentiel, j'avais laissé mon sempiternel sac à dos pour une véritable sacoche*. Sauf que … j'avais oublié de transférer le portefeuille.

Bon, OK, je n'ai pas trop l'air d'une clocharde, je suis blanche et je parle un excellent français avec un accent charmant. À priori même à St-Cloud je devrais être capable de "quêter" les 3,10 € manquant. J'avais quand même le "motton", (lire j'étais triste et désemparée). Une première dame se présente à la sortie, j'en profite pour lui demander un euro. Elle regarde dans son porte-monnaie, et j'entends à la fois le "cling-cling" et la dame qui me dit qu'elle n'a rien. Je la remercie les larmes au bord des yeux**. Je suis retournée dans mon char en braillant comme un veau, me mettre à l'abri et surtout, à l'air climatisé. Après 3 ou 4 kleenex, j'ai pris mes clés pis mon courage et je me suis approchée d'un couple de p'tits vieux , bien sur eux (la madame avait une sacoche Longchamps), qui arrivaient pour payer au guichet. Je leur explique la situation, changement de sac, pas de portefeuille, pas de carte, bref pourraient-ils m'aider ? Merci de noter encore une fois que j'étais bien habillée malgré mon foulard "chimio" sur la tête, qui était impossible à confondre avec une burqa. J'ai même pas eu le temps de finir de m'expliquer que le NON a fusé. Pas un "non" compatissant, non, un "non" : t'es qui toué ? Dérange-moué pas. Un "non" : casse-toi pauvre folle. Un "non" comme le douanier Polonais, un non "méchant", que j'ai pris comme une claque en pleine face, d'une façon un peu trop personnelle. Les sexagénaires s'étant éloignés, en passant la tête haute devant mes larmes dissimulées par le virus H1N1, je me suis empressée d'appuyer sur le bouton "aide" de la machine à payer le parking. Un monsieur avec un "accent" a pris le temps de m'écouter, de me rassurer et de me dire de prendre ma voiture et qu'il m'ouvrirait la barrière. Ouf ! On m'aime et en plus je peux sortir sans déranger Mr.X (une fille a son orgueil !). Le temps de me présenter à la barrière de sortie, une voiture passe devant moi, et qui je reconnais, les vieillards qui n'ont ignoré cinq minutes avant. Je suis derrière eux, je pleure toujours (les sphincters sont des muscles !) et je vois bien qu'ils ont un problème. Mais, na, je vais pas les aider, dois-je attendre une heure. Je peux être très, très têtue. Au bout de quelque temps, la vieille descend et vient vers ma voiture. Ma fenêtre était ouverte, elle s'approche et me dit, avec son même air dédaigneux : Ah ! C'est vous. Je ne l'ai pas laissé terminer et entre deux sanglots, je lui dit qu'ils m'avaient ignorée plus tôt et que maintenant ils n'avaient qu'à se débrouiller. Finalement, la vieille crisse est allée mettre de l'argent dans la machine et est revenue avec son ticket et ils se sont cassés. A mon tour, j'ai appuyé sur le bouton "aide", le gentil monsieur m'a tout de suite reconnue et m'a ouvert. La voiture des épais était toujours là, me bloquant sous la barrière. J'aimerais vous dire qu'une furieuse envie de klaxonner s'est emparée de moi mais non, au lieu de ça, je me suis sentie coupable de ne pas les avoir aidé. En fait, j'ai été aussi conne qu'eux. J'aurais dû leur apprendre la politesse à ces vieux cons. Bon, OK, la prochaine fois !

Hier, c'était le jour M, le jour où nous avons, Mr.X et moi, ma reine des abeilles. L'IRM a démontré une diminution de la prise de contraste, donc une augmentation du tissu cicatriciel ainsi qu'une augmentation de la calcification. Le PET quant à lui démontre toujours une fixation au niveau des vertèbres (rappelez-vous, le buffet !). Pour le reste, on va essayer d'autres antidouleurs puisque ceux que je prends sont excrétés par les reins et que c'est pas nécessairement une bonne chose avec l'Avastin. La fatigue, le "morning stiffness", l'angoisse, voire la dépression, sont les états pathologiques usuels vus chez les filles qui suivent le même traitement que moi, y'a donc pas à s'inquiéter, on est sur la bonne voie. Par ailleurs, je suis repartie pour six mois d'arrêt maladie. Il va vraiment falloir que je me trouve quelque chose à faire … Fée du logis ?

Et zou !
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*À ce sujet, lire l'excellent entrefilet d'Helen sur les sacs à mains et les sacoches.

**Rappelons ici pour le bénéfice du lecteur dilettante que l'auteure est en thérapie depuis on ne sait combien d'années, pour un problème "d'abandon" qui se traduit par une réaction surdosée par rapport à un stimulus dit "normal", en d'autres mots, il peut s'agir d'une hypersensibilité à des évènements courants. Cette hypersensibilité est souvent reliée à un état de fatigue extrême, notée surtout après des batailles administratives contre la sécu, la mutuelle, la prévoyance, la banque et l'assurance-rapatriement, (qui fort heureusement, furent toutes victorieuses). Cette fatigue peut aussi être causée par l'épuisement dû aux douleurs osseuses et articulaires, ces dernières étant les effets secondaires bien connus, et normaux, du Femara et devraient bientôt disparaître. Une autre source de fatigue peut être les crampes œsophagiennes et abdominales, empêchant souvent une nutrition normale, et/ou les crampes dorsales, probablement issues angoisses anxiogènes.

En cadeau pour ceux qui lisent jusqu'au bout : la première photo de mes cheveux ! Ils poussent et j'ai l'ai d'un poussin ...