CITATION DU JOUR

"La maladie se supporte mieux quand on est supportée"
Line
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mardi 16 décembre 2008

La course se poursuit

La course à la métastase s'intensifie, comme je l'espère, dans la dernière ligne droite du prix de Diane. Ma mauvaise humeur se dissipe, voir mon patience-o-mètre tout en bas.

Pour me, a) justifier, b) déculpabiliser, c) me donner de l'espoir, j'ai fabriqué ce petit récapitulatif des derniers mois. En fait, j'ai l'impression comme la marmotte, de revivre de façon répétée les 10 premiers jours de cette "aventure" et, à chaque fois, pour une période de plus en plus longue. Connaissant ma non-patience légendaire, pas difficile de comprendre que j'ai une capacité, certes réduite (on nait Gariépy, on ne le devient pas), à ployer sous le vent, mais quand la bolle est pleine, je n'ai pas d'autre alternative que de déverser mon trop-plein. J'avoue cependant que depuis quelques jours, la bolle fuit et son niveau fléchit. Espoir, espoir !!!

19 août : Urgence Poissy, découverte d'une métastase sur la vertèbre lombaire 5 (L5), Scan n°1.

21 août : St-Cloud, Centre René Huguenin (CRH), l'hôpital des cancers, RDV avec oncologue, Maya la reine des abeilles.

22 août : Suresnes, Hôpital Foch, hôpital des opérations, RDV avec neurochirurgien, Dr. L'Amoroso. Premier avis : no chirurgie. Nanterre, cabinet du psychiatre, RDV avec Freud.

26 août : IRM n°1.

27 août : PET Scan n°1.

28 août : CRH, RDV n°2 avec Maya, tous les tests sont négatifs. On n'opère pas, radio et chimio seulement, c'est réglé !

1ier septembre : Rentrée scolaire de Junior.

5 septembre : Freud.

12 septembre : Puteaux, cabinet de la psychologue, Monica (sous-entendu Bellucci).

15 septembre, mon 11 à moi : RDV Tatoo shop N°1, mais au lieu de ça … opération : vertébrectomie ou cimentoplastie ? Plus de cheval avant un crisse de boute pis, cerise su'l sunday, l'infirmière à perruque. Je pèse 65 kg

18 septembre : Chirurgie locale pour me mettre la "chambre implantable", qui contrairement à la dernière fois, se raboute sur la jugulaire plutôt que dans la sous-clavière. Hum, jolie la cicatrice dans le cou et la canule visible sous la peau. Yeark !

19 septembre : Foch, L'Amoroso et Mamours en chef (oui, oui, je sais, je vous dois une photo !). Oui, on opère, et la vertébrectomie est finalement la seule alternative. Puteaux Monica.

25 septembre : Boulogne, le Brochologue, pour mon appareil dentaire. Puteaux Monica.

2 octobre : Téléphone du Dr. L'Amoroso, on opère le 23.

3 octobre : Déjeuner à Paris, sous la pluie. J'y crois encore à mon projet … 14h30 Monica 16h30 Freud.

10 octobre : Vernouillet, labo, prélèvement sanguin.

13 octobre : Foch. Scan n°2. RDV Dr. L'Amoroso, j'apprends que j'ai droit à une artériographie. RDV Dr. Dodo. Je pèse 69kg.

17 octobre : Ma mère arrive.

21 octobre : Entrée à Foch pour l'anniversaire de ma mère.

22 octobre : Embolisation sous artériographie, 5 heures sur le billard.

23 octobre : Vertébrectomie, la journée sur le billard, la nuit en salle de réveil, la morphine en pompe.

24 octobre : Opération OK sauf que vu que j'ai saigné 5 litres, pas eu le temps de retirer totalement la L5, reste un p'tit boute. Mais c'est pas grave, on réopère dans pas longtemps pour l'enlever. Début des vacances de la Toussaint pour Junior.

30 octobre : Corsetage, je peux enfin me lever. Scan n°3.

6 novembre : Sortie de Foch. Arrêt de travail pour un mois, puisque je me fais réopérer dans 2 semaines.

9 novembre : Rentrée scolaire Junior. Je ne l'ai vu que 3 jours ...

13 novembre : Faux mouvement, douleur, hurlement, pipi dans le lit.

20 novembre : Scan n°4. J'apprends qu'il y a quelque "chose" qui ressemble à une ligne et un trente sous sur la L4. On se consulte entre docteurs, on me rappelle dans une semaine.

26 novembre : Gastro, je veux mourir.

27 novembre : Gastro, je veux un peu moins mourir.

28 novembre : Gastro, je veux un peu plus mourir.

29 novembre : Gastro, je veux un peu moins mourir.

30 novembre : Gastro, je veux encore un peu moins mourir.

1ier décembre : Fin de gastro. Je pèse 61 kg. J'ai arrêté tous les médicaments. Oui, oui. Y'en a marre des pilules et des décoctions.

2 décembre : RDV avec Maya et toute la gang pour savoir c'est quoi la ligne et le trente sous sur la L4 et planifier la suite. Mais, personne n'est au courant de rien, aucune communication entre Foch et CRH. Je ressors avec un RDV pour un autre PET, un RDV Tatoo n°2, et 2 affiches présentant des expos d'art naïf. RDV chez le corsetier pour me faire arranger le corset devenu trop lousse.

4 décembre : L'enfer, LA journée "j'engueule et je fais chier le plus de gens possible dans un minimum de temps", LA journée JEJFCLPDGPDUMDT.

5 décembre : Ma mère s'en va. PET-scan n°2. Deuxième édition de LA journée JEJFCLPDGPDUMDT. Ai vu Maya, no more chirurgie, la ligne et le trente sous on s'en fout, on tatou le 10 décembre et on radiothérapise pendant les vacances de Noël (pauvre Junior). Ai droit, en bonus, à une prolongation de 3 mois d'arrêt-maladie et un RDV pour l'IRM n°2.

10 décembre : Deuxième faux RDV tatoo. Finalement, y'a rien sur la L4, mais la L2 s'est jointe au party. On doit réopérer. Tatouage, radiothérapie et chimio : on hold. Monica.

11 décembre : Coiffeuse. Déjeuner chez ma gourou, vu Stone.

12 décembre : Hôpital Américain à Neuilly, RDV dentiste, Dr. Caramilk. Pas invitée au déjeuner de Noël du bureau. Dame Cécile, le bras droit (celui avec le téléphone), du Dr. L'Amoroso m'appelle : RDV le 22 en fin de journée pour faire le point. Chirurgie (cimentoplastie, 3 ou 4 jours d'hospitalisation, une joke quoi !) le 14 janvier prochain. Joyeux Noël et Bonne Année !!!

mardi 9 décembre 2008

Ca va mieux !

J'ai arrêté de faire chier mon chum, maintenant je fais chier des inconnus et quelques amies sur un certain site dédié au cheval et aux potinage de filles ... J'ose à peine sortir, à toutes les fois j'engueule quelqu'un. On a eu de la neige ce matin. J'ai mis de la musique de Nowel et ça m'a mise de bonne humeur ! Je suis contente parce que j'ai enfin trouvé un site de téléchargement payant et où je peux trouver de la musique québécoise. Je me remplis les oreilles d'Arianne Moffat, Pierre Lapointe et Pascale Picard. Envoyez-moi vos coups de cœur !

On a fêté la St-Valentin hier. C'était notre première soirée, seuls, depuis le 17 octobre ! On a décidé de fêter ça. On a mangé des escargots en regardant le sexe et la ville. J'ai besoin de rose.

La fin de la semaine dernière fût riche en émotions … ma mère est partie vendredi et nous sommes, mon chum pis moué, retournés au CRH (l'hôpital des cancéreux) pour un autre examen, le PET scan (aussi appelé scintigraphie). Passe le PET, dit à la madame que je veux voir le Docteur, Docteur n'a rien à me dire, Line pète les plombs. J'me contrôle pu !

Le PET. Il faut d'abord attendre dans une salle… d'attente. Y'avais plein de vieux autour de moi, des vrais vieux, over 90. La madame (?) à côté de moi arrêtait pas de se plaindre, elle avait des nausées et m'en donnait. Mais bon Line, patience. Mr.X arrive, check si tout est correct et s'en retourne; on se revoit à 13h. Faut dire que la veille je me suis couchée vers minuit et que j'étais de retour devant la télé à 4h du mat. Ma mère est partie. Ça fait drôle ! Je suis triste, et soulagée. La visite, on est content quand elle arrive, on est content quand elle part.

Retour au CRH, au club du 5ième âge. On m'appelle, je me lève, je me recouche, on me pique. J'attends. Robocop arrive avec son armure et m'injecte le glucose radioactif. J'attends, j'ai froid. Je descends ma manche en couvrant la tubulure. Je somnole, je dors, on me réveille, j'ai fait couler la perf, ma manche est mouillée. J'ai froid. Je dois maintenant aller pisser radioactif. J'attends, j'attends, y'a qu'une toilette aménagée. Une vieille en sort. J'y entre. Ça pue. Ça sent le vieux radioactif. Bon, la vieille "lâ pas compris" qu'il fallait mettre le pipi devant, le caca derrière avec le papier. Comme la dernière fois, comme le 27 août dernier, comme voilà 15 semaines, comme voilà 3 mois et demi.

Ensuite, après 10 minutes du cercueil rond, ouvert aux bouts, c'est enfin terminé. Je vais enfin savoir à quoi correspondent la ligne et le trente sous.

Je demande à voir le médecin. On me dit d'attendre, sur ce banc, dans le corridor. J'ai quand même droit à une tasse de thé et une biscotte. Mr.X arrive. Ma mauvaise humeur arrive. Le docteur arrive pas. Une dame passe, demande des infos à une autre dame en blanc. La même, s'aperçoit de notre présence, il est 1h30, et nous dit qu'on peut maintenant partir … Je crie NON, NON, NON. Engueule la madame qui est en fait le docteur, et tente une sortie, la tête haute, appuie sur le bouton de l'ascenseur, et là ... rien ! Je reste plantée, fumante, devant des portes désespérément closes et j'attends. Ai raté ma sortie. Ai l'air d'une grosse conne. Pour me défouler, me défruster, me calmer les nerfs, je sors, sous le froid dans la pluie et j'allume une clope. Une madame arrive, me sourit et me demande une cigarette. Je l'ai à peine regardé, mais j'ai gueulé "NOOON". Heureusement que je ne suis pas croyante, la matinée m'aurait coûté cher en indulgences.

Mr.X fini par me retrouver. Si j'avais été maquillée, mon mascara aurait coulé. Nous retournons à l'intérieur et il se met en tête de parler à Maya, ma douce abeille oncologue. Nous dit de l'attendre, elle vient nous voir dans 20 minutes. Vingt minutes plus tard, elle est là, me tend la main et répond à toutes mes questions :

Opération : annulée

ligne et le trente sous sur la L4 : on sait pas. Je dois encore passer un autre exam, une autre IRM, le 22 décembre

Le RDV du 10, est-ce pour seulement rencontrer le radio-oncologue (comme la dernière fois), ou si cette fois c'est vrai et je l'aurai enfin mon tatouage : le 10, on tatoue

Durée et début de la radiothérapie : entre 2 à 3 semaines ou 5 semaines, on débute avant Noël

Et pour la suite, on verra !

Ça va vachement mieux !

Et zou !

mardi 18 novembre 2008

Ambulare

J'ai rendez-vous ce jeudi à Foch, l'hôpital pas l'avenue, pour un scan et une autre consultation avec le Dr. L'Amoroso. J'imagine qu'il va me dire quand on remet ça et que s'enchainera à nouveau la ronde des consultations et prises des sangs et de la réservation du téléphone, de la télé et du wifi. Au moins, on sera fixé. Malheureusement, c'est que ma mère ne sera plus là pour me faire de la soupe et me laver les fesses à ma prochaine sortie. Y'a des volontaires ?

Pour me rendre à l'hôpital, je dois être transportée en ambulance, parce ce que je dois être en position couchée. J'ai déjà eu plusieurs expériences avec des ambulanciers, des expériences sanitaires je veux dire. En général, les gars sont plutôt sympathiques et après avoir reconnu mon accent, ils me racontent qu'ils ont un cousin (oncle, frère, copain) parti s'installer au Québec.

Les ambulances en France ne ressemblent pas du tout aux ambulances du Québec. Ces dernières sont plutôt comparables à celles qu'on voit dans les séries américaines; des petites salles d'urgences où les chauffeurs sont presque docteurs. Ici, les ambulances sont plutôt comparables à des taxis où le passager est allongé. Les chauffeurs sont formés pour le transport des patients, pas pour leur traitement.

A ma sortie d'hôpital donc, pas question que je sois transportée dans une voiture en position assise, c'est le docteur qu'il l'a dit. Les ambulanciers sont venus me chercher après une heure d'attente pour finalement m'installer dans l'ambulance où j'ai gelé et attendu encore une petite demi-heure. Ça va, j'ai l'habitude t'attendre, je suis patiente, c'est-à-dire, je n'ai rien à dire. On fini par partir et un monsieur gentil s'installe près de moi tandis qu'un monsieur pas gentil s'installe au volant et met la musique à fond. Non pas que je suis d'un naturel chieuse, (n'est-ce pas Mr. X?), mais là j'avais pas envie pis le haut-parleur était juste à la hauteur de mon oreille. J'ai gentiment demandé au monsieur gentil de demander au monsieur pas gentil de baisser le volume de la radio. Il l'a fait mais en même temps il y a eu beaucoup de mouvements dans l'ambulance. Le monsieur était pas content. Souvenez-vous. Dans ce temps-là j'avais vraiment mal partout et la moindre secousse réveillait en moi des envies de massacres à la tronçonneuse. Je suis certaine qu'il le faisait exprès. C'est comme quand vous avez une gardienne (baby-sitter) à la maison, c'est toujours délicat de les rabrouer un peu quand elles tiennent vos enfants en otage (ou le lave-linge si vous n'avez pas d'enfants et que vous employez une femme de ménage). Bref, vous l'aurez compris, les critiques étaient mal venues ce jour là. Je me suis assoupie pour éviter de me défaire la colonne en essayant de prendre le volant.

Je me suis réveillée juste à la sortie de l'autoroute, prise un peu trop rapidement d'ailleurs par mon chauffeur (Line calme toi). Pour être gentille, j'ai voulu compléter l'information donnée par le GPS mais il roulait trop vite, nous avons raté la rue et avons dû tourner au prochain carrefour, interdit bien entendu. La route étant bordée de jolies maisons, le gentil me fit part de ses sentiments sur la beauté du paysage alors que le méchant râlait contre la vitesse limitée à 45km/h. Nous sommes ensuite passés par le village des riches dont nous côtoyons les limites, pis là y'à d'la cabane !

Le gentil de s'ébahir encore plus et le méchant d'accélérer au même rythme, jusqu'à ce que nous atteignons le premier dos d'âne (chapeau de gendarme). Il s'est même énervé contre les dits dos en disant que ça le faisait ralentir… Courage ma fille, on est presque arrivés. C'était génial ! Enfin la maison avec la mère, Mr.X et Junior qui m'attendaient. Génial je vous dis.

Je vous raconte ça parce j'y retourne jeudi … J'ai téléphoné à l'hôpital où on m'a dit de réserver une ambulance dans une compagnie dans mon coin. OK. J'ai téléphoné pour réserver une ambulance (et deux ambulanciers) à la société la plus près de chez moi et on m'a dit qu'ils étaient déjà pleins pour jeudi, qu'il fallait toujours réserver très tôt et que non, ils ne pouvaient pas m'aider en me donnant les coordonnées d'une autre boîte. OK. J'ai appelé 2 autre sociétés situées entre chez-moi et l'hôpital, une affichait complet et l'autre ne desservait pas mon village.

OK. J'ai appelé une autre qui desservait toute la région tel qu'indiqué par les pages jaunes mais pas par la dame qui a répondu au téléphone mais qui m'a donné le numéro d'une autre, qui elle aussi ne venait pas jusque dans mon village. OK. … Je me suis finalement résignée à réserver chez ceux qui m'avaient déjà transportée mais eux aussi ne viennent pas dans ma région sauf quand il y a une sortie d'hôpital puisqu'ils ont un contrat avec Foch … Si j'ai bien compris on entre à l'hôpital sur ses pieds et on en sort en ambulance et il semble impossible d'y revenir. Peut-être une solution pour baisser le trou de la sécu !

J'ai finalement trouvé quelqu'un pour me transporter couchée jeudi...

Et zou !

mardi 16 septembre 2008

Tatoo Shop II

*Avertissement aux cœurs sensibles*

L'ironie et le second degré sont mes armes. Mes références culturelles sont québécoises, c'est-à-dire, américaines et francophones. Je suis née l'année où le FLQ a commis ses premiers attentats et JF Kennedy a été assassiné. Et non pas l'année des décès de Cocteau ou Piaf...

Merci de bien vouloir relire l'avertissement du haut, je suis en colère aujourd'hui.

Ça y est, j'ai mon tatou !

Mais non, c't'une blague. Je me disais aussi que c'était trop facile.

Je me rends donc hier avec mon A2 – Mr.X a beaucoup de mal à se séparer de la Porsche – sous un beau soleil, au CRH, pour me faire tatouer des points de repère, des fois que je perde le nord. Je suis donc reçue à l'accueil par la même Madame que pour le précédent épisode cancéreux. La preuve que travailler dans un hôpital ne rend pas malade. Donc, la Madame me donne mes papiers et là …. Angoisse. Je dois repasser par le labo, on va encore devoir me sucer des tonnes de sang. En même temps, c'est toujours ça de moins sur la balance. Je tends ZE papier à la laborantine qui me demande de m'assoir. J'ai beau lui dire qu'aucune autre analyse sanguine n'avait été prévue (leucémie ?) et me dit de m'assoir. OK, OK, j'va m'assir en rongeant mes doigts et mon frein.

Douze longue minutes plus tard, elle m'appelle et me demande où est l'ordonnance. Et moi de lui répéter la même chose que 13 minutes plus tôt. Bon, son cerveau vient de changer de bord, elle est en mode réceptif et me dit que c'est sûrement une erreur et de me rendre à la consultation de radiothérapie. YES ! Je suis guérie de ma leucémie en moins de 15 minutes. Décidemment, le système de santé français est merveilleux.

J'arrive en terrain connu, je connais ! J'ai déjà été irradiée moi, à la bonne dose, pas comme les ceusses et les cellesses d'Épinal ! Je m'assois dans la salle d'attente et commence à lire mon bouquin du moment (Les Prêcheurs de l'Apocalypse, je vous en reparlerai). Après une petite heure, c'est fou comment la notion du temps est relative, je découvre enfin mon Oncologue ès Rayon (Dr.PasMamours), qui ni Italien, ni chaleureux, pourtant, avec tous ces rayons … Et j'apprends que mon cas a été discuté en réunion pluridisciplinaire, réunion où le Dr.PasMamours n'était pas présent. Les présents ont donc laissé un compte-rendu que le Dr.PasMamours lit en direct, dans sa tête, je n'ai même pas pu lire sur ses lèvres. Il fini par me dire que le Dr. Mamours est reparti avec mes clichés, qu'ils vont probablement opérer, remplacer ma vertèbre (par quoi?), que la radiothérapie serait de 5 semaines plutôt que de 2 ou 3, que je ne pourrai sans doute plus jamais monter à cheval mais qu'il ne faut surtout pas que je m'inquiète (ah quand même) et que la secrétaire du Dr. Mamours va m'appeler pour fixer la date de l'opération. Je dois recontacter le Dr.PasMamours après avoir convenu de la date de la chirurgie. On verra à ce moment pour la radiothérapie.

Pendant que je me déconfiture sur place, y'a une infirmière qui entre … et me dit que je peux la voir tout de suite, plutôt qu'attendre jusqu'à 13h30. Et là je découvre qu'effectivement j'avais un RDV avec elle. Tant qu'à être là, autant tout régler. Je sors de la salle avec la "falle à terre" et mon infirmière à particule (elle a un nom très long avec des "de" dedans) qui en me voyant me demande gentiment si elle peut m'offrir un verre d'eau. UN VERRE D'EAU ! On vient de m'annoncer que je ne pourrai plus jamais monter à cheval et elle m'offre un verre d'eau. La France n'est-elle pas la capitale du vin? Pour me venger je lui dis que je prendrais plutôt un gin (vive les Anglais!) avec une clope. A l'a pas ri. A l'a pas trouvé ça drôle.

Une fois dans son bureau, elle me demande comment ça va et je lui réponds et vous? Parce qu'en France (du moins en région parisienne) quand on demande à quelqu'un comment ça va, on se fait répondre en général: et toi ? Je finir par lui répondre que ça va comme une fille de 45 ans, qui veut refaire sa vie avec les chevaux et à qui on vient d'annoncer qu'elle ne pourra plus monter à cheval (me semble avoir déjà entendu ça quand j'avais 18 ans …). Elle fait mine de compatir et range ses papiers bien droit sur son bureau. Elle me dit: Ah vous êtes pharmacien? Je lui réponds que je ne suis pas pharmacien mais pharmacienne, et que je ne suis pas une vraie pharmacienne dans le fond parce que je ne suis pas inscrite au bureau de l'Ordre et que j'ai seulement un bac en pharmacie mais comme le bac au Québec ça veut pas dire la même chose qu'un bac en France pis que de toute façon elle ne comprendrait pas. J'étais en forme disons !

Miss Particule a ensuite regardé mon dossier et lu les notes laissées par l'infirmière précédente, celle qui disait deux ans plus tôt que j'étais "exaltée" par mon cancer. Je lui dis qu'effectivement mon premier cancer pouvait avoir provoqué une crise d'hypomanie vu que j'ai une maladie bi-polaire. Elle répond pardon? Moi, je me dis c'est mon accent ou mes broches. Je répète en articulant distinctement et elle me demande ce que c'est … Maladie Maniaco-Dépressive, Maladie Bi-Polaire, me semble les mots parlent tout seuls, surtout pour une infirmière. Bon, Line, on se calme, sinon elle va dire que je suis "exaltée".

Elle me pèse (Yes ! 64kg), me mesure (Yes ! 1,65m) et me dit que les doses des médicaments en oncologie sont calculées en fonction du poids! Eah ! Pas vrai ? Première nouvelle !

C'était clairement la preuve que 1) elle avait rien compris, 2) elle n'avait pas "écouté" quand je lui ai dit que j'étais pharmacienne et 3) que les pharmaciens Français ne font pas du tout le même métier que les pharmaciens Québecois. L'expression populaire de mes vertes années "compteux de pilules" prend ici tout son sens. L'herbe a souvent l'air plus verte ailleurs, croyez-moi chers confrères du Québec - consœurs ne s'utilisant en France que pour désigner les membres des communautés religieuses féminines, faut dire qu'ici, le pouvoir politique des femmes ne s'y exerçait que là, il y a encore quelques années (je n'ai pas mis décennies de façon très intentionnelle).

La parenthèse informative: Surface corporelle (Message à titre informatique, exigée par ma cousine Sophie de France, parce que j'ai aussi une cousine Sophie au Nouveau-Brunswick).

La surface corporelle est une unité couramment utilisée en oncologie pour déterminer les doses des traitements. Pour les adultes, on utilise généralement l'échelle de Mosteller. Ma BSA (Body Surface Area) est de 1,71m2, ce qui correspond à la racine carré du produit de ma hauteur en cm et de mon poids en kg divisé par 3600. Fingers in ze noze.

Bon je reviens à mes moutons et à Miss Particule qui, pour l'instant ne m'a rien appris de nouveau, ma masse et ma taille étant relativement stables depuis le matin. Elle fini par me dire qu'on va établir un rendez-vous parce que, qu'on opère ou pas (ce n'est qu'un détail après tout !), va falloir faire de la chimio. Bon, OK, j'apprends encore quelque chose de nouveau, non seulement on opère alors qu'a priori on ne devait pas, que la radiothérapie passe de 3 semaines à 5 semaines et que malgré tout, il y aura aussi de la chimio. On n'est pas sorti du bois (de l'auberge) ! Elle brasse encore un peu ses papiers et fini par trouver le carnet de rendez-vous. Jeudi 18, 10h30. Et je suis encore une fois rattrapée par la réalité et la mauvaise foi, encore faut-il qu'il y en ait une bonne.

Le clou final c'est quand elle a essayé de me "vendre" une perruque. Là, je n'ai pu résister, du grand art. Si ma Chauve Préférée du Moment et plus fidèle lectrice (elle se reconnaîtra !) avait pu assister à la scène, elle aurait vraiment, mais vraiment, été très fière de moi.

Particule: En brassant ses paperasses et finissant par me présenter un catalogue

"Je voudrais vous présenter les derniers model…

Cancer Bitch:

"Non merci, ça sera pas nécessaire" (avec le ton qu'emploie la Sister)

P: "On fait des nouveaux modèles maintenant avec des vrais cheveux"

CB: Dans sa tête :" A comprends rien, j'en veux pas de ses crisses de ch'veux, pis jusse à penser qu'une pauvre Indienne s'est faite couper les cheveux pour qu'une occidentale soit conforme aux apparences de la société, no way. Je suis pas une victime du cancer, je ne serai certainement pas victime de quoi que ce soit, et surtout pas de la mode. Non mais !".

"Non merci, ça sera pas nécessaire" (avec le ton de la Sister qui commence à s'énerver)

P: "Mais c'est remboursé par la sécurité sociale"

CB: "C'est pas une question d'argent" (avec le ton de la Sister énervée)

P: "Prenez-la quand même, au cas-ou"

CB: (Avec le ton de Nat quand elle a à faire avec des incompétents)

"J'en ai pas besoin, j'ai même hâte de ne plus avoir un poil sur le coco pis ailleurs aussi. Fini la poileuse! Ma mère va enfin être contente, j'aurai plus besoin de me raser les jambes."

"Il me reste plein de chapeaux pis des foulards de la dernière fois. J'ai même des photos de ma prochaine coupe de cheveux comme ça on perdra pas de temps si j'ai une autre métastase. Mais j'espère que ce sera l'hiver parce qu'en été les chapeaux, ca pique"

"… sauf ma bombe mais vu que je peux plus monter à cheval, c'est pas vraiment grave j'imagine."

Sur ce, je me suis levée, signifiant de façon polie à mon interlocutrice que la discussion s'arrêtait là. La pauvre, j'ai peut-être été un tout petit peu raide mais elle était pire qu'une témoine de jéhovah. Devrait peut-être penser à changer de job... elle a sûrement voulu devenir infirmière pour se marier avec un docteur !

Maudit que ça fait du bien de bitcher un peu!

Et zou !