CITATION DU JOUR

"La maladie se supporte mieux quand on est supportée"
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jeudi 19 février 2009

Le crime était presque parfait …

Aujourd'hui j'ai eu ma deuxième chimio. Fingers in ze noze. C'est passé comme une lettre à la poste (sauf à Boulogne-Billanccourt où les facteurs sont en grève depuis un mois). En fait, cela s'est tellement bien passé que quand Mr.X. est arrivé au CRH vers 18h30, j'ai décidé que je ne passais pas la nuit à l'hôpital. Na. Non. Nada. Branle-bas de combat, l'infirmière-chef arrive, l'interne de garde (il devait avoir à peu près 15 ans) et, on me dit, oh miracle, qu'il n'y a pas de problème ! YES ! Ma perfusion devait se finir à 19h15. Je refais les bagages. Guette le goutte-à-goutte et aussitôt la dernière tombée j'appelle mon infirmier préféré. C'est juste si j'avais pas le manteau sur le dos quand il m'a retiré l'aiguille. JE SUIS LIBRE !

Junior étant en vacances, les Beaux sont de retour. Je trouve ça cool de se retrouver en famille et, honnêtement, je n'avais pas du tout envie de passer une soirée dans un lit d'hôpital alors que tout le monde était réuni dedans mon foyer.

Je vous ai raconté que mon chêne s'était pété une branche pendant ma dernière hospitalisation en janvier dernier. Mon Mr.X. est fort, mais des fois il faut qu'il prenne un break. Après la deuxième opération, on ne sait pas pourquoi, mais j'ai été assez malade. Je n'arrivais plus à manger et je vomissais tout le temps. Je dois aussi vous dire que dans ma famille on est assez gâtés en termes de maladies héréditaires, surtout en ce qui concerne le cancer (la mammographie de ma sœur est OK !) et puis je vous rappelle que mon père est décédé voilà même pas deux ans d'un cancer de l'estomac. Le vomi, on connaît ! Donc, tout ça pour dire que Mr.X. me voyant dans cet état a téléphoné à ma mère, au Canada, lui demandant de venir nous voir le plus rapidement possible, qu'il était inquiet. Et là, panique à bord, ma mère me laisse des messages sur mon portable (cellulaire), elle s'inquiète, pour moi et pour Mr.X.. Je l'a rappelle. Bon OK OK, je n'ai pas le droit d'utiliser mon téléphone à l'intérieur de l'hôpital mais il s'agit d'une urgence. J'explose encore une fois mon forfait avec ma maman, calme le jeu, je vais bien, tout va bien. Par contre, je me rends bien compte que mon chêne commence à craquer un peu … J'appelle les Beaux.

Les Beaux sont Français et habitent à 150 km de notre beau village. J'appelle sur le fixe, pas de réponse. Bizarre … J'appelle le portable de ma belle-mère, elle me répond ! Ouf ! Je lui dis que Mr.X. ne va pas bien et que j'apprécierai beaucoup s'ils pouvaient dormir à la maison ce fameux soir de janvier. Elle me répond qu'ils y seront le soir même. Pourtant, j'ai une étrange impression. Quel est ce bruit de fond ?

Je tente de joindre mon cher et tendre sur son portable, pas de réponse. Normal. Téléphone éteint, batterie à plat, je connais la chanson. Et tout d'un coup, qui vois-je arriver dans ma chambre? Mr.X. et le Beau. Il est allé voir son médecin, il n'en pouvait plus. Mais, tellement il était bouleversé, tellement plus capable, qu'il avait déjà fait venir ses parents, son père est même allé avec lui chez le docteur. Mais alors, c'est qu'ils étaient déjà là, chez moi ??? Je ne comprends plus rien ! Et toujours, cette étrange impression, ce bruit de fond … C'était pas des vaches tout de même …

Aujourd'hui, en soirée, tel Hercule Poirot, j'ai réuni tous les protagonistes, y compris ma mère au téléphone, et j'ai résolu le mystère …

Mon chêne a cédé ce soir-là. Il a craqué. Déjà que ce n'est pas toujours facile de vivre avec moi, imaginez avec un cancer. Il a appelé ma mère à son secours, je crois, tout comme il l'a fait avec ses parents. Sauf que, ma mère dans sa culture toute nord-américaine, n'a fait ni un, ni deux et m'a mise au courant, alors que ma Belle, voulant me préserver, mais sans mentir (c'est contre sa religion), m'a dit qu'elle serait chez nous ce soir. Mais ce bruit dans son portable ?

C'était le train, qui passe derrière MA maison, dans MON village …

Le crime était presque parfait …

Et zou !

dimanche 25 janvier 2009

Et la suite …

Je vous la fait courte, puisqu'il n'est plus question maintenant que de migraine, maux de cou, nausées et de quelques vomissements. L'angoisse. L'angoisse.

Scanner à l'iode, rayons X tout du long et ponction lombaire en prime. En deux jours j'ai défoncé le budget de l'hôpital.

Mr.X., Junior et les Beaux sont venus me voir, sont venus me chercher de là où j'étais, du fond de mon trou, là où j'errais, du fond de mon hère, qui effraie bien sûr. Merci à Gotlib pour celle là.

J'ai peur, et toujours ces nausées, ces maux de tête, ce mal de cou. Qu'est-ce qui m'arrive ? Mon cerveau serait-il maintenant atteint ?

La qualité de la nourriture s'est grandement améliorée depuis que je suis à Huguenin, mais rien n'y fait. J'ai plus envie de rien. Je m'enfonce sans pouvoir compter sur vous puisque j'ai passé la journée de lundi à rechercher une connexion internet pour mes gémissements cybernétiques. Le téléphone existant toujours, j'appelle tous les gens, y compris ma nièce et mon neveu, prétendant bien sûr vouloir les aider. Mais je ne suis plus dupe, j'ai besoin d'eux. J'ai besoin de ma famille tricotée serrée.

Malgré tout, le quotidien m'appelle et j'ai contacté la mutuelle, j'ai écris mes cartes de remerciement pour le général, acheté un lait anti-desséchant pour la peau, c'est qu'on soigne nos coudes dans ma famille. Je me suis promenée, j'étais bien. Mon prochain examen n'étant que pour le lendemain, je me sentais libre.

Retour dans ma chambre, d'hôpital. On me cherche. On a une place, vite vite pour un autre examen, une IRM. Et hop ! Les vacances sont finies. Une IRM avec une migraine, la prochaine sera pour jeudi. Je présume que la chimio qui devait commencer mardi devra attendre aussi.

L'angoisse. Je me dis qu'à force de chercher, ils vont finalement finir par trouver quelque chose. Peut-être pas une masse, du tissu, mais peut-être quelques cellules qui se seraient échappées de ma colonne pour prendre le chemin de la moelle buissonnière.

Et tout ça, entrecoupé, toujours, de nuit de six heures, visitées. J'en peux plus.

Et zou quand même !

LE QUINZE

Vomi, vomi, vomi. Et honnêtement ce n'est pas la nourriture de Foch qui va m'aider. Moi, qui n'avait aucun goût avant d'arriver en France j'ai quand même commencé à me forger un palais, surtout avec Mr.X et son beurre de Normandie. Vu que mon problème de dos n'était plus, je n'avais plus qu'un problème de cancer et donc plus rien à faire à Foch. Branle-bas de combat, Mr.X. appelle ma reine des abeilles. Ce qui est certain c'est qu'avec cette équipe, j'ai de bien meilleures chances pour les quarts de finale. A winning team. On appelle l'ambulance. Je serai transférée à l'hôpital des cancers à 11h00, ils m'attendent pour "des examens". Et ma voisine, qui devait aussi se faire opérée à 14 heures est toujours là, quand je la quitte vers 17h…

Au même moment, à l'insu de mon plein gré mon chum pète une fuse et appelle ma mère en lui disant de prendre un billet d'avion et de ramener ses fesses. OK, OK, c'est pas tout à fait comme ça que cela c'est passé mais avouez que c'est excitant ! Mr.X. est finalement venu me rejoindre à l'hôpital des cancers avec son papa. Ça été dur, très dur. J'ai réussi à parler à ma moma. Faut dire aussi pour ceux qui ne me connaissent pas, que mon père est décédé d'un cancer de l'estomac et mon grand-père de celui de l'intestin. Dans ma famille, on vomi et on meurt.

samedi 24 janvier 2009

LE QUATORZE

Je le savais. Je le savais que je n'aurais pas dû me faire opérer un TREIZE. Ce matin, les odeurs du café, du pain, de confiture, de beurre faisaient frétiller mes papilles. Enfin ! Je ne me suis pas laissé une chance et j'ai tout avalé… et j'ai tout vomi. En essayant bien sûr de me cacher de "Marie-Chantale", ma voisine jeunant et en essayant de faire le moins de bruit possible. Bizarre, à Foch, non seulement les douches sont sur le palier, mais en plus, il n'y a pas de rideau pour séparer d'ouïe sinon de vue, les malades, surtout quand on change les pansements dans un service de neurochirurgie à l'heure du déjeuner. Y'a des coups de pieds au cul qui se perdent. Me semble, ce n'est pas compliqué un rideau, même à Ottawa y'en ont un. Entouka, pendant ce temps-là, y'a toujours pire que soi et l'actualité Israélo-Palestinienne me fend le cœur.

Je retrouve juste assez d'énergie pour me faire une toilette de chat, juste avant que le Dr. L'Amoroso ne passe me voir et que je lui dise que tout allait bien, bien sûr. Les chirurgiens sont là pour faire de la chirurgie, pas de la communication aux patients. C'est vrai. Sa job est faite, ma colonne fonctionne, je marche droit. Demain, dehors ! YES !!!

Mais finalement je n'arrive plus à avaler quoi que ce soit. Je vomi et m'endors devant Mr.X et Mme Croc, ma visite à moi. Passé la journée dans le même état, à ne pas désirer manger de peur de vomir. Et s'il est vrai que mon dos ne me fait plus souffrir, j'ai terriblement mal au cou, des migraines, des nausées.

vendredi 23 janvier 2009

Les bruits humains

13 janvier

J'ai déjà écrit qu'il y avait deux choses que je ne supportais pas : les bas filés et les gens qui coupent les files d'attente. Pour ce qui est du premier j'ai réglé la question en ne portant que des pantalons. Pour la deuxième, je surveille et interpelle les malfrats, quelques fois avant même qu'ils aient songé à passer devant moi.

Mais là, je viens de découvrir une troisième affaire, sûrement parce que je vieillis. Les bruits humains quel qu'ils soient: les ronflements, les pets, les rots, les bruits quand on vomit, et finalement, les pires, les gémissements, et SURTOUT les gémissements des vieux. Je ne suis plus capable d'entendre quelqu'un gémir à toutes les fois qu'il bouge et quand je me surprends à le faire, j'ai honte et j'arrête tout de suite. Comme si ça pouvait servir à quelque chose, comme si ça rendait la douleur moins pénible, comme si ça pouvait faire autre chose que d'agacer les gens en général et le personnel hospitalier en particulier. Croyez-moi, mieux vaut faire envie que pitié.

J'en ai marre d'être obligé d'avoir l'air malade pour qu'on me prenne au sérieux mais pas trop pour embêter les gens. Ma grande copine, la blonde de Robin des Bois, cardiologue à ses heures n'a été prise au sérieux par son employeur que parce qu'un médecin généraliste est venu à son domicile pour établir un diagnostic de grippe et l'a cantonnée chez elle. Une de plus qui se fera vacciner l'an prochain. Achetez des actions sanofi-pasteur !

J'en ai marre des gens qui font pitié. Des gens qui se mettent à boiter parce qu'on les regarde, à changer de voix au téléphone pour avoir l'air plus malade. C'est normal d'avoir peur, d'avoir mal mais est-on obligé de mettre la terre entière au courant ?

Attention, merci de bien relire la dernière phrase. Et alors, moi, grande prêtresse qui sait tout, j'ai pourtant quitté l'adolescence depuis un p'tit bout de temps, que suis-je en train de faire ? Et oui je partage mes misères, mes états d'âmes, peut-être pas avec la terre entière mais avec les 30 et quelques fidèles lecteurs. J'espère que mes gémissements sont plus rigolos que ceux des autres, l'enfer. Une amie me faisait remarquer comment quelques fois mes textes étaient difficiles. C'est probablement vrai pour les gens qui me connaissent et qui savent qui se cache sous Cancer Bitch. Mais j'avoue, gémir sur mon blog m'aide infiniment à partager le fardeau que je porte. Je suis une extravertie, non seulement j'ai besoin des autres mais j'ai aussi besoin que les autres aient besoin de moi. Et malheureusement, ces autres, ne sont pas toujours ceux qui me supportent le plus.

Je suis entrée hier après-midi à l'hôpital des chirurgies après avoir vomi une dernière fois à la maison. Je n'ai pas voulu en parler plus tôt vu que je déteste les bruits humains et surtout celui-là, surtout quand c'est ton chum tient le bol. Je vomis un jour sur deux depuis deux semaines, peut-être l'appréhension, peut-être ai-je trop mangé, peut-être ai-je trop fumé. Imaginez que j'ai même vomi un bout de truffe, le champignon à 1000€ le kilo, que j'ai failli remanger. En tous cas, tout ça pour dire que je suis revenue au 5ième sud de Foch où on m'a dit qu'on opérerait le lendemain à 14h30. On dirait un plan de bataille.

Et oh surprise, moi qui ai l'habitude des palaces, des chambres de 50m² à moi toute seule avec plancher chauffant et salle de bain en marbre, me voilà coincée entre la fenêtre qui donne sur un chantier de construction et ma voisine Portugaise, fort gentille au demeurant, mais bavarde comme une concierge. Elle avait deux visiteuses quand Mr.X. et moi sommes arrivés. Une voisine, bon OK, mais avec deux visiteuses, ça fait beaucoup, je sens que la mauvaise humeur que j'avais réussie à contrôler jusqu'à maintenant, commence à faire son chemin. Mais, think positive ma fille, derrière le chantier, il y a la tour Eiffel. Franchement, c'est la première fois, que j'ai une chambre avec vue sur LA tour, ne fût-ce qu'une chambre d'hôpital.

Mr.X est parti. Je l'ai mis dehors, des fois que je commencerais à me plaindre ou pire, à gémir. Le bon docteur, le médecin qui fait de la médecine, est venu me voir, on a papoté et j'ai enfin compris. Normalement la physiothérapie (la kiné), ça commence trois mois après la vertébrectomie et comme que ça fait que deux mois et demi, c'est pour ça que je n'avais plus entendu parler du Dr. L'Amoroso. Donc normalement il y aura bientôt la kiné et même le sevrage du corset. Je suis une droguée je vous l'ai dit !

Donc hier soir après une soupe aux légumes, non-intentionnellement froide, une cuisse séchée de poulet et des fausses patates pilées, j'ai pu savourer une compote de pommes et du fromage blanc. Délicieux. Le fromage blanc n'existe pas au Québec, pas plus que la crème fraîche d'ailleurs, c'est vraiment dommage. Par contre on ne trouve ni fromage Philadelphia, ni sauce hot-chicken en France. Alors, comment apprêter les restes de la dinde de nowel ? J'ai dû faire des "Bouchées de la Reine", des vol-au-vent.

C'est donc après ce merveilleux dessert que je suis allée fumer la dernière cigarette de l'opérée sur le parking. En revenant, ma charmante voisine avait encore de la visite, elle. Son neveu cette fois-ci. Beau bonhomme, ils ont parlé en portugais pendant deux heures et demi, j'ai rien compris mais ça riait comme des malades. Puis je suis allée prendre ma douche à la bétadine, de haut en bas, en insistant bien là où il faut insister selon la notice suspendue dans la douche commune au bout du couloir, on est loin du palace. C'est bien la première fois qu'on doit m'expliquer comment me laver. Je me souviens de ma grand-mère paternelle que je faisais tourner en bourrique quand elle me disait de ma laver le "bas du corps" et que je me lavais les pieds ! Enfin peut-être devrais-je ramener la pancarte à la maison pour Junior, quand c'est écrit, c'est que c'est vrai !

Son visiteur parti, Mme ma voisine s'est tournée sur le côté, c'est-à-dire sur MON côté et s'est endormie et c'est là que le party à commencé. Je n'ai jamais entendu ça, mon père et mon grand-père c'était de la gnognotte comparée au ronflement portugais. Je sentais la moutarde me monter au nez, vous connaissez ma patience. J'ai décidé de descendre sur le stationnement question de me calmer les nerfs. Je suis descendue en pyjamas et pantoufles et j'en ai fumé deux de suite. En remontant, on m'a donné des bouchons jaunes pour mettre dedans les oreilles et je me suis endormie comme un bébé.

Curieusement, je ne me suis réveillée que quatre fois la nuit dernière. C'est vrai, je connais les lieux maintenant. Je me suis donc fait réveiller par le brassard à tension (110/70) et autres appareils de monitorage (pouls 67, saturation oxygène 97%), ensuite ils ont apporté le café, le p'tit déjeuner, les confitures, le beurre à ma voisine. Je vois déjà les gros titres. Une concierge Portugaise hospitalisée est agressée dans sa chambre par sa voisine à jeun.

14h26. Toujours dans ma chambre, pas mangé, pas pris de café, pas fumé, je suis sûre que vous arrivez à voir, d'où que vous soyez, la steam qui commence à me sortir par le nez et les oreilles.

Il est bien passé 14h30 là. Ne devrais-je pas être toute nue, sur le ventre, avec plein de perfusions dans les bras de Morphée et un scalpel dans le dos ? Attendre, attendre, attendre. Et en plus, je ne me suis même pas épilée.

Et zou !