CITATION DU JOUR

"La maladie se supporte mieux quand on est supportée"
Line

samedi 31 janvier 2009

Mon vendredi

Hier, je suis sortie de mon hivernation* de la semaine. Hivernation relative car j'ai tout de même fait fonctionner mes doigts sur le clavier, et ma bouche dans le téléphone. Nous sommes donc allés, Mr.X. et moi déjeuner avec des copains expats, July du Québec, lui d'Irlande. Mon premier vrai repas depuis l'hôpital des cancers, le muguet m'abandonnant lentement. C'était délicieux ! J'ai mangé un saumon rosé à point et un écrasé de pommes de terres façon belle-mère, des patates pillées quoi. En dessert, le summum, une des meilleures crèmes brûlée que j'ai jamais mangée, avec de l'eau de fleur d'orangers. J'aime la France !

Ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas vus, depuis une éternité, seuls. Parce que depuis le temps qu'on se connaît, on a eu le temps de faire des enfants et nos réunions étaient familiales plutôt qu'amicales. Là on s'est retrouvé entre nous pour parler d'affaires de grands : les enfants, le boulot, la décoration des maisons, l'avenir, la joie d'être ensemble. Il faisait tellement beau que j'ai pris plaisir à aller fumer ma clope dehors. Une invitation au fumage.

Comme on avait du temps (Yes !), on s'est fait une petite ballade et nous nous sommes arrêtés à Thoiry, dans un tabac non-fumeur, pour prendre un café, acheter quelques revues de cheval et jouer au rapido. Je deviens tellement Française ! Ensuite direction "Poularde", près de Septeuil pour aller chercher Junior dans sa pension de luxe. J'aurais dû apporter mon appareil photo, c'était tellement beau. Pour le plaisir de mes p'tits amis Québécois, quelques noms réels de villages que nous avons côtoyés : St-Nom-la-Bretèche, Villiers-le-Mahieu, Amouville-lès-Mantes, Rosay, Vert (et son feu tricolore) … J'aime la France !

Et l'arrivée triomphale de Junior, en uniforme, certes (c'est son expression favorite), mais complètement débraillé. Comme je l'aime. Un esprit créatif encadré. Pendant qu'il est retourné chercher ses affaires, sa valise et son cartable**, j'ai enfin eu la chance de rencontrer sa Maîtresse (avec un très grand "M"), dans le sens de celle qui le guide, celle qui lui montre, lui enseigne, l'encourage, lui met des limites, sanctionne. J'étais tellement contente. J'ai aussi eu le temps de papoter avec "La surveillante du dortoir" ! Ça fait peur hein ? C'est peut-être fait exprès ! Après tout je n'ai pas 20 ans d'expérience dans l'enseignement et la pédagogie, comme la directrice de l'école. Entre nous, je vais surnommer "la surveillante du dortoir" Madame Mitaine de Fer, surtout en ces temps d'hiver vivifiants. Mitaine de Fer a montré à Junior comment faire ses lacets. Les scratchs*** sont mauvais pour nos enfants, cela les rend paresseux et surtout très doués pour faire tourner leur mère en bourrique. Junior aura 10 ans en avril. Ça fait cinq ans, la moitié de sa vie, que je lui montre, avec différentes méthodes (marine, armée, petites oreilles de lapin). Rien à faire. Lâ pas compris ! Et cette Madame Mitaine y arrive, en à peine une semaine. Je l'ai toujours dit, laissons les gens compétents faire leur travail. Mes hommages Mesdames !

Sur le chemin du retour, après Vert nous prenons l'autoroute. C'est moins joli mais non sans intérêt. Lisez bien la suite, public captif. Nous passions devant la centrale hydro-électrique d'EDF (une roue de voiture "Hotwheel" comparée à celle d'un Caterpillar, je pense à vous salariés du monde) et Junior de remarquer, voyant arriver j'imagine une crise mondiale d'énergie (c'est fou ce qu'on leur apprend dans "Sciences et Vie" à Junior ou dans les Simpsons), qu'il serait peut-être bien de construire une usine nucléaire dans notre village (no commerce). Le premier choc passé (pas dans mon jardin en France, pas dans ma cour au Québec, pas dans mon garage avec les copains), nous avons tenté de lui expliquer le pourquoi du comment. La semaine dernière nous avons "pôgné le p'tit torrieux" jouant à un jeu où le but était, à l'aide d'une tornade, de faire le maximum de dégâts possibles, qui naturellement étaient chiffrés en dollars. Junior s'est bien vite rendu compte qu'en détruisant les centrales nucléaires il se faisant un max de cash ! On m'a mis le holà là-dessus en disant que ce n'était pas vraiment constructif. Ben, chu contente. Je lui ai laissé faire son expérience, aujourd'hui il joue à se construire un vignoble et empoche 1000€ à jour. Et surtout, il a abandonné l'idée de faire construire la centrale. On a un permis de construction à demander à la mairie pour faire une terrasse, c'est pas le moment.

Et en revenant, j'ai joué à la mère. Chose qui ne m'arrive qu'extrêmement rarement (j'y travaille !). J'ai recousu le bouton de la veste rappelons-nous que la créativité doit être encadrée pour Junior et lui ai servi un verre de lait avec 2 biscuits. Ma job était faite. La Madame était contente.

Et zou !

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*Hivernation, à ne pas confondre avec hibernation, moments que l'on prend pour reprendre ses forces, de préférence devant la cheminée, sans trop culpabiliser.

** Le cartable en France, c'est le sac d'école des cadres, c'est-à-dire la "serviette" de mon père mais avec une poignée. Le cartable de Léo est un vieux sac d'école de Mr.X. Au Québec, un cartable, c'est un classeur, avec des anneaux de métal, qui sert à mettre des feuilles "mobiles". Extraits de mes premiers chocs au bureau, à venir.

*** Scratchs en France, velcro au Québec.

**** Pôgner = surprendre. Le torrieux au Québec est une personne un peu espiègle, aimant jouer des tours ! C'est aussi un petit futé débrouillard, qui vient à bout des problèmes de toutes sortes. Jamel quoi !

La fin de la semaine de travail pour les nuls

Je vis en France. Je vis mon esprit québécois dans un autre pays mais qui parle la même langue que moi. D'où une confusion plus extrême, nadiresque* dirions-nous. Bien sûr le choc fût plus fort au début, quand j'ai débarqué, le 1ier mars 1997 au p'tit matin, sans neige et avec presque 15°C, mais je m'y attendais. J'arrivais dans un nouveau pays, je n'étais pas là pour montrer mais pour apprendre. C'était clair dans ma tête. Je m'attendais à voir, à essayer de comprendre des comportements, des réactions différentes des miennes. Je les attendais. Parce que j'aime ça, quand j'ai le temps on s'entend. Parce que quand je n'ai pas le temps, c'est aussi clair, je n'ai pas le temps. Pourtant, aujourd'hui encore, certains comportements français me secouent.

C'est vraiment fascinant de vivre dans un autre pays. Il y a tellement de clichés véhiculés. La réalité, la mienne, est tellement différente de celle que l'on peut imaginer ailleurs, ou que j'imagine que l'on peut imaginer. Internet changera peut-être cela. Personnellement je crois que ce sont les gens qui voyagent, qui vivent ailleurs, qui font avancer les choses. Je tiens à préciser que je ne parle pas du tout ici de ma petite personne, quoi que … Je pense aux marchands, aux explorateurs, aux invasions. La mondialisation au Moyen-âge. On a rien inventé ! OK, j'ai eu ma crise Obamaïenne l'hôpital, et j'avoue avoir encore des petites secousses** et ça fait du bien ! Par contre les secousses des Français, c'est parfois incompréhensible, pis pourtant j'me force !

En France on a encore droit au "mais qui va s'occuper des enfants, c'est la fin des familles" comme argument contre le travail le dimanche. Ben voyons donc ! Comme si aujourd'hui les familles monoparentales n'existaient pas, comme si toutes les familles passaient leur dimanche au square, chez Mickey ou au musée. Ben non Madame Chose, sont drôles les Français, ils ne magasinent pas avec leurs enfants les fins de semaine, y'ont pas le droit. Les centres d'achats sont interdits aux familles.

Plein de gens travaillent déjà le week-end : jusqu'à l'an dernier les enfants avaient classe le samedi matin, les marchés dans les villages, les pompiers, policiers et hôpitaux, les centres touristiques, les restaurants, les banques, certains services gouvernementaux, les "consultants", les centres équestres. You Hou !!! Ma France n'est que petits villages. Mon mien, 30km à l'ouest de Paris, 1400 habitants, aucun commerce, même pas la semaine, heureusement que le centre d'achats est pas loin ! Des aberrations pour la Québécoise que je suis.

L'histoire des commerces c'est une grosse farce où, dans certains centres d'achats (commerciaux ont dit en France), les salariés veulent travailler, les patrons veulent les employer, et les syndicats bloquent le tout. Lâ pas compris ?

Les étudiants veulent travailler, si si ça commence à exister en France, mais c'est tellement compliqué. Tout est compliqué. Et là je ne parle pas des mauvais diplômés, des pas diplômés et des vieux bien diplômés, sans parler des gens de couleurs, de ceux des banlieues... De toutes façons, il n'y a pas de statistiques en France, parce que poser ces questions, cela ne se fait pas, c'est du racisme***. Pas de statistiques, pas de problèmes. Pas de chiffres à écouter. Rien.

Pas de pelle à prendre pour aller déneiger son entrée.

Rien n'est facile et même quand cela le devient, parce que oui les choses avancent, les gens râlent. Et ceci est indéniable. Râler est un trait de caractère du français, ceci n'est pas une légende urbaine. Cela me rappelle un reportage sur National Geographic où on expliquait comment certains écureuils arrivaient à déjouer le méchant serpent à sonnette. L'écureuil observe bien son ennemi et bat rapidement sa queue. En réponse le serpent agite sa cascabelle (sonnette), sûrement tel le merle, par orgueil, et donne ainsi de précieuses informations à l'écureuil. And the winner is ! Et bien, j'observe la même chose. Le français est devenu râleur parce que ça marche. On a qu'à inverser la machine et ça marche aussi, je l'ai essayé, avec un accent québécois j'en conviens. Quand on est gentil avec le français, il est gentil. Encore faut-il qu'il ait le temps, comme moi d'ailleurs et c'est vrai que quand je ne suis pas Cancer Bitch mais Wonder Woman (rien de moins), j'ai moins de temps disons. D'où l'intérêt de garder ces petits feuillets pour des jours plus ardus.

Plein de choses ont changé en France depuis 13 ans, même moi je m'en aperçois. La France est moins Franchouillarde, on est passé à droite, mais reste Française, et croyez-moi, ce n'est pas plus mal. La France, quelque soit son gouvernement sera toujours beaucoup beaucoup plus à gauche que les États-Unis (Estazunis avec l'accent parisien), beaucoup plus à gauche que le Canada et à gauche du Québec. Même à droite, la France est à gauche. Elle est gauchère, comme BHO, comme Junior.

Et zou !

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*Le nadir (de l'arabe Nazir : opposé) est le point de la sphère céleste. Il représente une direction verticale descendante, en opposition au zénith. Nadir est aussi utilisé en oncologie. Il représente aussi le niveau le plus bas. Il est normal de voir un nadir des globules blancs quelques jours après une chimio !

**électrique, tellurique ou émotive

*** En France, nous avons le racisme mais aussi l'antisémitisme, terme relativement peu employé dans mes souvenirs d'avant mon débarquement. J'ai toujours cherché à comprendre pourquoi ces deux termes étaient utilisés en France. Pourquoi un acte "raciste" n'inclurait pas la notion d'acte "antisémite" ? Pourquoi fait-on une différence entre les races ? C'est pas ça le racisme ?


jeudi 29 janvier 2009

Mes bonheurs

Je suis tellement bien que j'ai l'impression de tomber dans une mièvrerie affectée. Comme disait l'autre, je dégouline de bonheur. Peut-être parce que j'ouvre enfin les yeux ? Peut-être parce que j'ai du temps ? Peut-être parce que je me rends compte de tous les phénomènes paranormaux qui m'entourent ? Ce qui est certain c'est qu'il m'arrive des choses extraordinaires, dans le sens de "hors de l'ordinaire", et que je note. Finalement, c'est peut-être ça LE secret ! Prendre le temps d'analyser ce qui nous arrive, et croyez-moi sur parole, c'est LA grosse différence entre Paris et Montréal.

Le temps, la vitesse, relativisent. Principe que nous devrions appliquer relativement plus souvent.

Je vous racontais donc qu'il m'arrivait de drôle de choses. En fait, il m'arrive probablement plus de choses qu'au moment où j'avais les yeux et les oreilles occupés par les tracas de la vie quotidienne, dont trop d'heures par jour pour travailler un boulot que j'adore mais qui m'épuise. Entouka*, ce qui est certain c'est que maintenant j'ai du temps pour raconter ma vie et que j'ai encore plus envie de continuer tellement ça m'aide. Tellement je m'aide.

En bonne Noramérikaine que je suis, je fais ici les précautions d'usage. Je raconte, du verbe raconter que j'utilise dans le sens de rapporter, de faire le récit, l'histoire d'une fille de Montréal qui vit en France depuis bientôt 13 ans pis qui raconte sa vie. Pis c'est toute, cela s'arrête là. A ce propos, je vous raconte ici l'histoire de la clôture électrique. J'ai lu cette histoire hier. Un monsieur a des chevaux et travaille avec eux dans le cadre de séminaires de management, très à la mode, surtout en ce qui concerne le leadership. J'y reviendrai. Donc, ce monsieur répond à la réflexion d'une dame qui se demande comment les chevaux pouvaient brouter si près de la clôture, allant même jusqu'à tondre de la largeur de leur langue, l'herbe tendre par-dessous le brin électrique. Le monsieur explique à la madame qu'il est vrai que le choc électrique n'est pas agréable, mais il est prévisible et cohérent. Le fil ne bouge pas, ce n'est pas un prédateur. Sauf en cas de journées tempétueuses mais les chevaux ne sont pas fous et s'éloignent, comme Mr.X. quand j'ai une fixation genre "où-je ai bien pu ranger la veste de Junior" pendant 5 jours. Je reviens aux chevaux. Donc si la clôture ne bouge pas la limite est fixée et Dada sait à quoi s'en tenir, la clôture ne deviendra pas méchante envers lui, elle ne le chasse pas au fond du pré. Il n'a rien à craindre, il est confortable. Quelle sorte de clôture êtes-vous ? Let's discuss…

Il s'agit de ma vie et je sais que la majorité des gens qui me lisent font partie d'elle sinon ils ne me liraient pas. Et puis, vous le savez, j'ai mes antennes magiques. Certains se reconnaîtront, d'autres non. En aucun cas je ne veux blesser quelqu'un qui pourrait vraisemblablement penser qu'il serait probablement possible, si on s'intéresse bien, de déceler quelques pistes conduisant éventuellement à penser qu'un trait de caractère pourrait être vu chez une personne de mon entourage et pourrait peut-être s'y reconnaître. Ben comptez-vous chanceux ! ** Pour ceux qui ne pourraient supporter cette soudaine popularité, il existe une merveilleuse touche sur mon clavier d'ordinateur : effacer. Tell me. The ball is in your camp. Je suis un brin électrique, je ne bouge pas, sauf en cas de météo extrême.

J'ai le temps de reprendre contact avec mes amies des doigts, les trois ou quatre qui traînent malgré tout. Elle me raconte leur vie, je leur raconte la mienne, avec des écarts spatio-temporels plus ou moins grands. J'ai pu reprendre contact avec ma première gang française, celles qui m'ont accueillie dans mon nouveau monde. Tout est relatif je vous dis. J'ai du temps pour faire de nouvelles connaissances, notamment via internet et le cheval, pour renouer avec les vieilles qui m'ont aidée quand je n'allais pas bien, et m'en faire d'autre. C'est cool quand on y pense. Se faire des amis à 45 ans, ça vous rappelle pas la cour d'école ? Des moments difficiles oui, mais un peu enivrants. Le bonheur de découvrir une nouvelle saveur de crème glacée. En passant avez-vous déjà goûté le chocolat au piment ? Pour l'instant j'attends que la floraison muguetière se passe mais c'est exceptionnel, surtout le Basque. J'ai du temps pour les animaux, enfin pour Céleste parce que je ne suis pas encore prête pour Stone.

J'ai du temps pour faire des niaiseries avec Mr.X. et Junior. On fait des choses qui ne sont font pas … même si Einstein l'a fait ! J'ai du temps pour réfléchir aux bonnes affaires, pas simplement celle qui font chier (grève, école, maladie, tempête, crise, course, terrorisme, racisme et tutti quanti). Je prends le temps de regarder le ciel et j'y trouve du bleu. J'ai trouvé un excellent garagiste, c'est Mr.X. qui me l'a dit. Et un garagiste, c'est essentiel, comme un maréchal-ferrant, un véto, un dentiste, une oncologue et un plombier.

J'ai le temps de redécouvrir toutes mes boîtes à cossins***. De me lever le matin et de regarder un reportage sur les chevaux préhistoriques et d'en apprendre plus sur la quasi extinction des chevaux de Przewalski.

Et zou ! Je vais me nourrir le muguet et ensuite direction St-Germain en Laye. Il est temps que Mr.X. porte un jean digne de ce nom.

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* Utilisé dans le sens d'introduire une récapitulation. Pourrait-être remplacé par bref, donc, finalement.

** For a special appearance please contact CB by email (line.hamel@gmail.com). Paying service.

*** Cossin : nom masculin. Québécois. Truc, machin, objet plus ou moins utile qu'on rechigne à jeter parce qu'on pourrait éventuellement en avoir besoin, mais ce jour-là, on ne se souviendra plus où on l'avait rangé.

Join the club

Pour les Québécois les plus vieux d'entre nous, les jeunes, peut-être vous souviendrez-vous d'André Moreau, pape du Jovialisme du début des années 70. Je ne me souviens plus de ce qu'il prônait à l'époque mais ça choquerait sûrement ma belle-mère, que j'adore faire choquer au demeurant**.

C'était les années 70, je ne me souviens pas vraiment de ce qui s'y passait à cette époque. J'ai compris beaucoup plus tard, pendant les "partys de famille". J'ai aussi compris l'humour de mon père, après une bière ou deux. En fait mon père était cool, mais après 5 heures. C'est toute ! Ou encore, pendant les fameux "partys de famille", préparés des mois à l'avance ou improvisés dans l'après-midi. Toujours une bonne raison d'être ensemble même si elle n'est pas nécessairement facile.

Du fait de mon éloignement, mes retours au Québec ont toujours été célébrés, consacrés ou du moins soulignés. J'ai donc pu observer l'homme, mon père, en pleine action. Et plusieurs fois je l'ai entendu parler du Jovialisme. Mon père, cet homme droit qui a toujours subvenu aux besoins de sa famille, était-il Jovialiste ? Comme il avait été Péquiste, sauf qu'il m'a toujours fait croire le contraire. Par contre je n'ai jamais su ce qu'il avait voté au(x) référendum(s). Maître chez lui.

Je suis allée au CRH lundi et ça y est! Je suis enfin tatouée. Trois points, dont deux directs en haut du nombril. Après avoir raté une carrière de mannequin suite à une varicelle à 28 ans, je pourrais peut-être me lancer dans le belly dancing ! Tatouée veut dire qu'on commence la radiothérapie la semaine prochaine. Yes, I can !

On avait décidé de prendre des vacances cette semaine. Mais mon homme s'est estropié l'épaule lors d'une bataille avec un féroce requin il y a des années et sous le stress des dernières semaines, mon chêne s'est blessé et a cédé. Sauf qu'il en est à son cinquième rendez-vous avec sa chiro, je commence à subodorer quelque chose.

Et zou !

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** Il y a beaucoup de faux-amis entre les langues de France et du Québec, maternelle ou actuelle. Être choqué en France est plus péjoratif qu'au Québec, c'est avoir un choc de surprise. Au Québec, être choqué, c'est bouder. Et faire choquer quelqu'un en québécois de mon enfance, de ma famille, c'est faire des becs à pincettes aux gens qu'on aime.

mardi 27 janvier 2009

Le muguet est arrivé

Celui dans ma bouche. Fini coke light et clopes au réveil. Je dois m'assagir.

Ouf ! Ca y est j'ai l'impression que ma tempête s'apaise doucement, enfin. J'ai pu l'âge de faire des folies, entouka, moins longtemps. Hum, c'est bon de murir!

Depuis le 20 janvier, depuis ma TexMex#1, je suis hyper speed. Normal, je prends de la cortisone. Hum, je sens qu'un rappel pharmacologique s'impose

La cortisone pour les Nuls.

La cortisone est produite par les glandes situées au niveau des reins, les surrénales. Quand tout va bien, la vie normale quoi, la cortisone est fabriquée le matin, question de bien débuter la journée et d'offrir à l'animal que nous sommes la force de se lever le matin, même si on a rien mangé ou trop bu la veille. La cortisone a beaucoup d'effets, elle est nécessaire un peu partout, comme de la W-30. Elle est très utile comme anti-inflammatoire et les sportifs s'en régalent, même si c'est interdit.

C'est une hormone nécessaire au fonctionnement normal du corps humain, elle influence le fonctionnement de presque tous les systèmes ; cardiaque, immunitaire, musculaire, osseux, endocrinien et nerveux. Elle exerce aussi plusieurs effets au niveau du métabolisme des sucres, des protéines et des graisses. Finalement elle agit aussi comme plombier en régularisant la balance des fluides et des électrolytes. L'hormone à tout faire.

Dans mon cas, elle est utilisée pour m'aider à mieux supporter la chimio, évènement stressant, pour mon corps, cela va s'en dire ! La cortisone diminue l'inflammation en empêchant les globules blancs de voyager (vous vous souvenez du film !). Et puisqu'elle touche aux globules blancs, je suis un petit peu plus sensible aux infections, d'où un formidable muguet (une mycose) dedans ma bouche. On ne s'en sort pas, le système digestif est encore mis à l'épreuve.

Mais pour le reste, j'avoue c'est un peu génial ! Un des effets "secondaires" c'est la joie de vivre, je suis sur un high perpétuel, remboursé par la sécurité sociale. Je sais, la chute sera là aussi, mais pour l'instant j'en profite et mon chum me protège. En fait, c'est bien pour moi mais c'est l'entourage qui morfle, Mr.X. en particulier. Depuis mon retour, je fais des fixations, mais grave, et pour des conneries. J'essaie cependant de m'en rendre compte avant qu'il soit trop tard et que les papiers de divorce ne soient signés. Honnêtement, je sais pas comment il fait pour m'endurer. Tout doit être fait, et tout doit être fait NOW. Alors que cela fait plus d'un an que la paperasse s'entasse j'ai passé jeudi à "classer", à reprendre mes marques, à refaire mon nid. J'ai fait la liste des choses à faire, c'est déjà ça ! J'ai nettoyé la cuisine, fait la vaisselle et vidé/rempli le lave-vaisselle. Tâches que je ne me rappelle pas avoir fait ces dernières années. J'ai fait du ménage, entre les déménagements je parle, que 2 autres fois dans ma vie. Quand Junior est arrivé et que j'ai démonté le sèche-linge pour être certaine qu'aucune bactérie n'y était cachée et quand j'ai acheté ma coccinelle jaune !

Et zou !

lundi 26 janvier 2009

Délivrance

Nous sommes dimanche soir. Mr.X. a raccompagné Junior à "Poularde". D'ailleurs c'est mon cher et tendre qui a eu sa fève lors d'une galette mémorable avec nos copains Biches. Je vous dis ça pour vous situer un peu. J'ai du mal à me suivre, j'imagine que pour vous c'est probablement pire.

RAPPORT TECHNIQUE. Pour ceux que mon corps intéresse plus que mes états d'âme. Et croyez-moi, ils étaient nombreux à l'époque !

J'ai été opérée pour mettre du ciment dans la L2, le treize janvier. Mr.X et Mononcologue se sont démenés pour activer les choses et zou ! J'ai été télé transportée le quinze janvier à l'hôpital des cancers. On m'a fait plein de tests et UNE PONCTION LOMBAIRE (l'affaire que j'avais le plusse peur au monde). On a décidé de débuter la chimio mardi le 20 janvier et j'ai pôgné les nerfs et je me suis auto-persuadée que, puisqu'on me faisait tous ces tests, le début de la chimio serait décalé, puisque je ne pourrais sortir de l'hôpital qu'à la fin de la semaine … Parce que il y a "la fin de la semaine" et "la fin d'semaine". C'est pas la même chose. Au Québec, c'est clair pour tout le monde, pas de niaisage, de tatawounage, de gossage, c'est ça. Au Québec, la fin d'semaine c'est samedi et dimanche. Entouka, c'était comme ça dans mon temps, au début 1997. Mais depuis qu'il y a des migrants et la mondialisation, peut-être que c'est plus comme c'était…

En France, c'est plutôt jeudi et vendredi, et quelques fois mercredi soir. Pis comme j'avais su par une voie non officielle, la technicienne du scan et non l'infirmière, que ma prochaine IRM était jeudi, ben, j'ai présumé qu'on devait attendre les résultats des tests avant de débuter le TexMex, ma chimio quoi ! Je ne sortais pas avant samedi, c'était clair. Mais je m'égare …

Sortie de l'hôpital des cancers le 22. Les Beaux-X sont venus me chercher et on est tous rentrés à la maison, sauf Junior que les Beaux sont allez chercher à Poularde le lendemain. Et depuis ce fatidique jeudi soir que je me suis mise en tête faire un film. J'ai eu aussi d'autres "fixations" depuis que je suis rentrée, et je sais que je suis en phase hypomaniaque mais je me soigne.

Le film était une fixation. Pour l'instant j'en suis à l'analyser et on rigolera bientôt de l'explication que je trouverai.

Voilà. Je me suis super amusée, j'espère que ça sera pareil pour vous autres ! Il s'agit de photos que j'ai prises au retour de ma première opération au début novembre quand ma mère était avec moi. J'ai aussi en aussi ajouté quelques unes du deuxième séjour et naturellement du deuxième retour !

Et zou !



dimanche 25 janvier 2009

Le vrai monde

Je suis privilégiée. Je suis UNE privilégiée.

En fait je ne me rends compte de ça que quand je sors de mon privilège. Bien sûr. Quand je vais en "excursion" dans le vrai monde, comme Joe Black qui vient prendre ses vacances chez les vivants.

Je viens de passer mes dernières "vacances" loin des palaces, des plages dorées et des planchers chauffés. Ça vous dit un petit méli-mélo ? Je sais, c'est probablement difficile à suivre, mon rituel et mes états d'âme, mes nos bureaux sont ouverts et je suis moi-même disponible en ligne pour tout éclaircissements.

Je vous disais donc que j'ai eu ma chimio ! Enfin. D'ailleurs, je suis certaine que beaucoup ont remarqué le léger retard de BHO lors de son investiture. Il attendait tout simplement que ma perf soit terminée. Un brave homme que ce Barack.

Et s'est empreinte de cet espoir conjugué, chimio, la paix dans le monde et égalité pour tous, que je suis ce mardi là, le 20.

Profitons-en pendant que cela passe parce que j'avoue avoir désenchantée un petit peu le lendemain. Je me suis levée, bon pied bon œil, pour IRM et autres. Mais, j'avais une idée en tête. Depuis le mois d'août que j'arpente cette colline, j'avais repéré une échoppe de jouets, qui fait aussi dans le chausson, les pantoufles quoi. Sauf que j'ai l'impression que les marchands de la colline sont plus là pour y tenir boutique que pour vraiment commercer, résultat la dite boutique est, ouverte un jour sur deux, et à partir de 15h30 …

Pour faire une histoire courte j'ai fini par acheter les chaussons, et bien sûr parce que j'en suis qu'à ma première cure, et que je reviendrai, deux boîtes de chocolats : une pour le personnel soignant et l'autre pour les "agents de service", nos techniciens de surface du Québec. Je suis pareille comme ma mère, quand j'ai des cadeaux je n'arrive pas à les garder, faut que je les donne. Je m'étais pourtant juré d'attendre le lendemain matin mais, pas capable. J'ai donc offert la première boîte à Mme Bacall pour qu'elle puisse la partager avec ses complices et une boîte à Mme Soleil pour ses amies agentes. Voilà, c'est fait. Sauf que … c'était sans compter sur. Sur quoi au juste ? La bêtise humaine, la connerie, l'envie, la méchanceté, les sept péchés capitaux …

N'y tenant plus, j'ai tout de même cherché à savoir si tout le monde avait eu sa pitance, sa ration, son morceau de Cancer Bitch, qui fera que la prochaine fois on se retrouvera comme des vieilles copines*. Et bien, je suis vite redescendue de mon nuage Obamanien pour remettre les pieds sur la colline de St-Cloud. La madame de nuit n'avait rien vu, rien su. On lui aurait caché les chocolats à l'insu de son plein gré ? Et voilà qu'elle commence à gémir, c'est toujours comme ça, nous, la nuit, on a rien, et patati et patata. M'en fout qu'elle ne soit pas contente, la nuit je dors. Mais là où elle a débordé c'est quand elle m'a demandé à qui j'avais offert la boîte, et, si ce n'était pas, par hasard, à l'infirmière de couleur. L'INFIRMIÈRE DE COULEUR. Vous rendez-vous compte !!! Et moi grosse conne, je n'ai pas su quoi répondre. Pourquoi, comme dans Amélie Poulain, il n'y aurait pas un coach pour me souffler les choses à dire à ces gens (en) blanc(s).

Je suis sortie, fumer, réfléchir, marcher. Mais l'espoir fait vivre et demain est un autre jour. Et en plus, puisque je connais l'histoire, c'en est une belle.

Et zou !

*Je voulais doucement dire que je fais des cadeaux parce que j'aime ça, parce que j'en ai reçu beaucoup aussi – merci mes matantes.

Yes, I can

Mardi, 20 janvier 2009.

Depuis deux jours, j'arrive à manger. C'est délicieux. Je mange des légumes, des fruits, et surtout je garde tout. L'honneur est sauf. Je ne vais pas mourir, je me nourris. Bien sûr, j'ai besoin d'aide médicamenteuse pour bien protéger mon estomac. Bien sûr, je bouffe de la cortisone à la pelle. Et oui, bien sûr, je bouffe de la codéine et bien sûr, je n'ai pas chié depuis … je ne me souviens plus. Et puis, comme je l'ai déjà dit à ma mère, chier n'est pas un évènement pour moi, je ne surveille pas le fonctionnement de mes intestins. Le devrais-je à l'avenir ? Aurais-je, moi aussi, à espérer ma crotte quotidienne ?

J'ai sûrement dormi. Pas longtemps, mais assez pour me réveiller à toutes les visites et surtout pour regarder la télé à 6h30 ce matin. Ma première image, un séjour en thalassothérapie de luxe à Djerba. Parce que je le vaux bien. Allez hop, à la douche, question de ne pas être en retard pour mon PET-scan de 8 heures. J'ai même mis du rouge à lèvres. Je tiens le coup. Ai-je le choix ? On m'injecte, je pisse radioactif, on me scanne, et j'ai droit, enfin, à un petit déjeuner frugal, c'est-à-dire français, sans saucisse, ni bacon, ni crêpe, ni sirop d'érable. Je dilue même mon thé avec de l'eau froide. Si, si. Vous avez bien lu. Il est loin le temps où je déjeunais de quatre expressos bien tassés en fumant trois clopes.

J'ai tenu, tenu, tenu. Jusqu'au moment où mon transporteur préféré, RV, mon accompagnateur à tous ces tests, me dise "Lâches-pas la belle". Oh la la ! La fontaine. Vite vite dans ma chambre, dans la salle de douche. Si j'avais pu me mettre au fond du tuyau je l'aurais fait.

Et puis, l'adorable interne est venue me voir. Me dire que tout était négatif, enfin positif, du moins dans ma tête. Parce que je n'ai même pas pensé à la métastase qui s'est maintenant formée dans une autre sacrée vertèbre. Et là, la petite lumière au fond du couloir qui s'était éteinte s'est rallumée tout d'un coup. Surtout quand elle m'a dit qu'il y aurait la chimio dans l'après-midi. Et là, comme par magie, plus de maux de cou, de tête, de migraine. Rien, nada, nothing ! Votre pensée peut tout, du pire comme du meilleur.

J'ai téléphoné à tout mon répertoire. J'ai explosé mon forfait. Je suis allée me promener. J'ai mangé avec appétit le déjeuner du jour, du coleslaw, salade préférée de mon père et un filet de lieu à la Dieppoise. Je rappelle ici à mes compatriotes Québécois que Dieppe est en Normandie, que je suis mariée avec un Normand, qu'on peut faire dire aux statistiques ce que l'on veut, mais comme Grand Castor le discourait, les chiffres, quand ils parlent, il faut les écouter. Coincidence ? I think not !

J'avais beaucoup misé sur le début de la chimio. Grâce à l'intervention rapide de mon équipe de choc, Mr.X. et Ma Reine, on m'avait dit en sortant du Maréchal et en arrivant chez les cancéreux que c'était pour ce mardi. Ce mardi. Le 20. You hou ! Le 20 janvier, journée de l'investiture de BHO et, j'avais tout misé sur le cheval. Genre de conneries qui peuvent faire mal mais qu'on fait tous … si je ne vois pas d'auto rouge dans les cinq prochaines minutes, je guérirai. Mais, vu les tests qui s'éternisaient, j'avais présumé que la chimio attendrait. Maudite présumation.

Je me suis donc baladée après le lieu cherchant frénétiquement, comme un saumon quoi, une boîte de chocolat à envoyer au Maréchal et surtout, j'avais repéré un magasin de jouets vendant des pantoufles. Rien à faire. Le chocolat au lait simple n'existe plus, la marchande de pantoufles s'offre un déjeuner à rallonge. Pas moyen de dépenser un sous. Portable. Mr.X. est à l'hôpital des cancers, en visite surprise. Merde, il n'était pas à mon agenda. Et hop ! On y retourne.

J'ai vécu le reste de la journée, et je vis le reste de la nuit, dans une drôle d'ambiance. Je me suis fais une playlist sur l'ordi : Janis Joplin, Peter Gabriel, Ariane Moffatt, Alanis Morissette, Les Cowboys Fringants. Laurène Bacall est venue me mettre son aiguille, enfin pas la sienne, celle d'Huber. Et là, en écoutant la musique à donf, en regardant BHO s'investir, en me mettant du vernis à ongles anti-noirceur* en enfin en braillant comme une vache, j'ai reçu du fond de sa pochette, LE taxotère.

Je suis soulagée.

Et zou !

*En hommage à mes amis pharmaciens Québécois adeptes du beau marketing : Evonail Solution. Totum, lithium, strontium, manganèse. Solution pour régénérer les ongles altérés lors de certains traitements spécifiques. À appliquer deux fois par jour.

Et la suite …

Je vous la fait courte, puisqu'il n'est plus question maintenant que de migraine, maux de cou, nausées et de quelques vomissements. L'angoisse. L'angoisse.

Scanner à l'iode, rayons X tout du long et ponction lombaire en prime. En deux jours j'ai défoncé le budget de l'hôpital.

Mr.X., Junior et les Beaux sont venus me voir, sont venus me chercher de là où j'étais, du fond de mon trou, là où j'errais, du fond de mon hère, qui effraie bien sûr. Merci à Gotlib pour celle là.

J'ai peur, et toujours ces nausées, ces maux de tête, ce mal de cou. Qu'est-ce qui m'arrive ? Mon cerveau serait-il maintenant atteint ?

La qualité de la nourriture s'est grandement améliorée depuis que je suis à Huguenin, mais rien n'y fait. J'ai plus envie de rien. Je m'enfonce sans pouvoir compter sur vous puisque j'ai passé la journée de lundi à rechercher une connexion internet pour mes gémissements cybernétiques. Le téléphone existant toujours, j'appelle tous les gens, y compris ma nièce et mon neveu, prétendant bien sûr vouloir les aider. Mais je ne suis plus dupe, j'ai besoin d'eux. J'ai besoin de ma famille tricotée serrée.

Malgré tout, le quotidien m'appelle et j'ai contacté la mutuelle, j'ai écris mes cartes de remerciement pour le général, acheté un lait anti-desséchant pour la peau, c'est qu'on soigne nos coudes dans ma famille. Je me suis promenée, j'étais bien. Mon prochain examen n'étant que pour le lendemain, je me sentais libre.

Retour dans ma chambre, d'hôpital. On me cherche. On a une place, vite vite pour un autre examen, une IRM. Et hop ! Les vacances sont finies. Une IRM avec une migraine, la prochaine sera pour jeudi. Je présume que la chimio qui devait commencer mardi devra attendre aussi.

L'angoisse. Je me dis qu'à force de chercher, ils vont finalement finir par trouver quelque chose. Peut-être pas une masse, du tissu, mais peut-être quelques cellules qui se seraient échappées de ma colonne pour prendre le chemin de la moelle buissonnière.

Et tout ça, entrecoupé, toujours, de nuit de six heures, visitées. J'en peux plus.

Et zou quand même !

LE QUINZE

Vomi, vomi, vomi. Et honnêtement ce n'est pas la nourriture de Foch qui va m'aider. Moi, qui n'avait aucun goût avant d'arriver en France j'ai quand même commencé à me forger un palais, surtout avec Mr.X et son beurre de Normandie. Vu que mon problème de dos n'était plus, je n'avais plus qu'un problème de cancer et donc plus rien à faire à Foch. Branle-bas de combat, Mr.X. appelle ma reine des abeilles. Ce qui est certain c'est qu'avec cette équipe, j'ai de bien meilleures chances pour les quarts de finale. A winning team. On appelle l'ambulance. Je serai transférée à l'hôpital des cancers à 11h00, ils m'attendent pour "des examens". Et ma voisine, qui devait aussi se faire opérée à 14 heures est toujours là, quand je la quitte vers 17h…

Au même moment, à l'insu de mon plein gré mon chum pète une fuse et appelle ma mère en lui disant de prendre un billet d'avion et de ramener ses fesses. OK, OK, c'est pas tout à fait comme ça que cela c'est passé mais avouez que c'est excitant ! Mr.X. est finalement venu me rejoindre à l'hôpital des cancers avec son papa. Ça été dur, très dur. J'ai réussi à parler à ma moma. Faut dire aussi pour ceux qui ne me connaissent pas, que mon père est décédé d'un cancer de l'estomac et mon grand-père de celui de l'intestin. Dans ma famille, on vomi et on meurt.

samedi 24 janvier 2009

LE QUATORZE

Je le savais. Je le savais que je n'aurais pas dû me faire opérer un TREIZE. Ce matin, les odeurs du café, du pain, de confiture, de beurre faisaient frétiller mes papilles. Enfin ! Je ne me suis pas laissé une chance et j'ai tout avalé… et j'ai tout vomi. En essayant bien sûr de me cacher de "Marie-Chantale", ma voisine jeunant et en essayant de faire le moins de bruit possible. Bizarre, à Foch, non seulement les douches sont sur le palier, mais en plus, il n'y a pas de rideau pour séparer d'ouïe sinon de vue, les malades, surtout quand on change les pansements dans un service de neurochirurgie à l'heure du déjeuner. Y'a des coups de pieds au cul qui se perdent. Me semble, ce n'est pas compliqué un rideau, même à Ottawa y'en ont un. Entouka, pendant ce temps-là, y'a toujours pire que soi et l'actualité Israélo-Palestinienne me fend le cœur.

Je retrouve juste assez d'énergie pour me faire une toilette de chat, juste avant que le Dr. L'Amoroso ne passe me voir et que je lui dise que tout allait bien, bien sûr. Les chirurgiens sont là pour faire de la chirurgie, pas de la communication aux patients. C'est vrai. Sa job est faite, ma colonne fonctionne, je marche droit. Demain, dehors ! YES !!!

Mais finalement je n'arrive plus à avaler quoi que ce soit. Je vomi et m'endors devant Mr.X et Mme Croc, ma visite à moi. Passé la journée dans le même état, à ne pas désirer manger de peur de vomir. Et s'il est vrai que mon dos ne me fait plus souffrir, j'ai terriblement mal au cou, des migraines, des nausées.

vendredi 23 janvier 2009

LE TREIZE

Ben finalement, j'ai fini par me faire opérer. Ils sont venus me chercher vers 17h00, vêtus et protégés comme des gladiateurs, avec tridents et filets métalliques, de peur que je ne les mange sûrement. On est mardi 13, je suis à jeun depuis deux jours, contre ma volonté, et c'est ça le plus tough, le plus difficile.

Fingers in ze noze. Un peu de ciment dans la L2. Même pas mal en salle de réveil. J'ai demandé à remonter, le billard est dans les caves, mais j'ai dû attendre une heure et demi, réglementation oblige. En arrivant, ma nouvelle voisine, très bien sur soi et qui sait gérer ses bruits, attend le lendemain pour une hernie discale. La pauvre, elle est professeure de maternelle !

Arrivée, je demande à l'infirmière si je ne pourrais pas casser un peu la croute et, attention à la réponse, elle me dit qu'elle ne croit pas que cela va être possible vu que la cuisine, l'office, la cantine, sont, à cette heure tardive, il est 22 heures, fermés.

Je me dis que ma cantatrice chauve a dû l'appeler pour qu'elle me fasse une bonne blague, genre d'initiation quoi (bizutage en France) ! Mais c'est une nouvelle infirmière qui ne m'avait vue qu'assoupie et malade. Là, j'étais en bonne santé et j'avais faim. Sous la menace, elle m'a trouvé un bouillon, que j'aurais pu boire si elle l'avait fait chauffer, des pâtes et un bout de quiche. On est loin des cinq fruits et légumes quotidiens. J'ai terminé ce joyeux festin avec des pêches au sirop merveilleuses et une clope au bout du couloir. Ils sont bien ces Français.

Les bruits humains

13 janvier

J'ai déjà écrit qu'il y avait deux choses que je ne supportais pas : les bas filés et les gens qui coupent les files d'attente. Pour ce qui est du premier j'ai réglé la question en ne portant que des pantalons. Pour la deuxième, je surveille et interpelle les malfrats, quelques fois avant même qu'ils aient songé à passer devant moi.

Mais là, je viens de découvrir une troisième affaire, sûrement parce que je vieillis. Les bruits humains quel qu'ils soient: les ronflements, les pets, les rots, les bruits quand on vomit, et finalement, les pires, les gémissements, et SURTOUT les gémissements des vieux. Je ne suis plus capable d'entendre quelqu'un gémir à toutes les fois qu'il bouge et quand je me surprends à le faire, j'ai honte et j'arrête tout de suite. Comme si ça pouvait servir à quelque chose, comme si ça rendait la douleur moins pénible, comme si ça pouvait faire autre chose que d'agacer les gens en général et le personnel hospitalier en particulier. Croyez-moi, mieux vaut faire envie que pitié.

J'en ai marre d'être obligé d'avoir l'air malade pour qu'on me prenne au sérieux mais pas trop pour embêter les gens. Ma grande copine, la blonde de Robin des Bois, cardiologue à ses heures n'a été prise au sérieux par son employeur que parce qu'un médecin généraliste est venu à son domicile pour établir un diagnostic de grippe et l'a cantonnée chez elle. Une de plus qui se fera vacciner l'an prochain. Achetez des actions sanofi-pasteur !

J'en ai marre des gens qui font pitié. Des gens qui se mettent à boiter parce qu'on les regarde, à changer de voix au téléphone pour avoir l'air plus malade. C'est normal d'avoir peur, d'avoir mal mais est-on obligé de mettre la terre entière au courant ?

Attention, merci de bien relire la dernière phrase. Et alors, moi, grande prêtresse qui sait tout, j'ai pourtant quitté l'adolescence depuis un p'tit bout de temps, que suis-je en train de faire ? Et oui je partage mes misères, mes états d'âmes, peut-être pas avec la terre entière mais avec les 30 et quelques fidèles lecteurs. J'espère que mes gémissements sont plus rigolos que ceux des autres, l'enfer. Une amie me faisait remarquer comment quelques fois mes textes étaient difficiles. C'est probablement vrai pour les gens qui me connaissent et qui savent qui se cache sous Cancer Bitch. Mais j'avoue, gémir sur mon blog m'aide infiniment à partager le fardeau que je porte. Je suis une extravertie, non seulement j'ai besoin des autres mais j'ai aussi besoin que les autres aient besoin de moi. Et malheureusement, ces autres, ne sont pas toujours ceux qui me supportent le plus.

Je suis entrée hier après-midi à l'hôpital des chirurgies après avoir vomi une dernière fois à la maison. Je n'ai pas voulu en parler plus tôt vu que je déteste les bruits humains et surtout celui-là, surtout quand c'est ton chum tient le bol. Je vomis un jour sur deux depuis deux semaines, peut-être l'appréhension, peut-être ai-je trop mangé, peut-être ai-je trop fumé. Imaginez que j'ai même vomi un bout de truffe, le champignon à 1000€ le kilo, que j'ai failli remanger. En tous cas, tout ça pour dire que je suis revenue au 5ième sud de Foch où on m'a dit qu'on opérerait le lendemain à 14h30. On dirait un plan de bataille.

Et oh surprise, moi qui ai l'habitude des palaces, des chambres de 50m² à moi toute seule avec plancher chauffant et salle de bain en marbre, me voilà coincée entre la fenêtre qui donne sur un chantier de construction et ma voisine Portugaise, fort gentille au demeurant, mais bavarde comme une concierge. Elle avait deux visiteuses quand Mr.X. et moi sommes arrivés. Une voisine, bon OK, mais avec deux visiteuses, ça fait beaucoup, je sens que la mauvaise humeur que j'avais réussie à contrôler jusqu'à maintenant, commence à faire son chemin. Mais, think positive ma fille, derrière le chantier, il y a la tour Eiffel. Franchement, c'est la première fois, que j'ai une chambre avec vue sur LA tour, ne fût-ce qu'une chambre d'hôpital.

Mr.X est parti. Je l'ai mis dehors, des fois que je commencerais à me plaindre ou pire, à gémir. Le bon docteur, le médecin qui fait de la médecine, est venu me voir, on a papoté et j'ai enfin compris. Normalement la physiothérapie (la kiné), ça commence trois mois après la vertébrectomie et comme que ça fait que deux mois et demi, c'est pour ça que je n'avais plus entendu parler du Dr. L'Amoroso. Donc normalement il y aura bientôt la kiné et même le sevrage du corset. Je suis une droguée je vous l'ai dit !

Donc hier soir après une soupe aux légumes, non-intentionnellement froide, une cuisse séchée de poulet et des fausses patates pilées, j'ai pu savourer une compote de pommes et du fromage blanc. Délicieux. Le fromage blanc n'existe pas au Québec, pas plus que la crème fraîche d'ailleurs, c'est vraiment dommage. Par contre on ne trouve ni fromage Philadelphia, ni sauce hot-chicken en France. Alors, comment apprêter les restes de la dinde de nowel ? J'ai dû faire des "Bouchées de la Reine", des vol-au-vent.

C'est donc après ce merveilleux dessert que je suis allée fumer la dernière cigarette de l'opérée sur le parking. En revenant, ma charmante voisine avait encore de la visite, elle. Son neveu cette fois-ci. Beau bonhomme, ils ont parlé en portugais pendant deux heures et demi, j'ai rien compris mais ça riait comme des malades. Puis je suis allée prendre ma douche à la bétadine, de haut en bas, en insistant bien là où il faut insister selon la notice suspendue dans la douche commune au bout du couloir, on est loin du palace. C'est bien la première fois qu'on doit m'expliquer comment me laver. Je me souviens de ma grand-mère paternelle que je faisais tourner en bourrique quand elle me disait de ma laver le "bas du corps" et que je me lavais les pieds ! Enfin peut-être devrais-je ramener la pancarte à la maison pour Junior, quand c'est écrit, c'est que c'est vrai !

Son visiteur parti, Mme ma voisine s'est tournée sur le côté, c'est-à-dire sur MON côté et s'est endormie et c'est là que le party à commencé. Je n'ai jamais entendu ça, mon père et mon grand-père c'était de la gnognotte comparée au ronflement portugais. Je sentais la moutarde me monter au nez, vous connaissez ma patience. J'ai décidé de descendre sur le stationnement question de me calmer les nerfs. Je suis descendue en pyjamas et pantoufles et j'en ai fumé deux de suite. En remontant, on m'a donné des bouchons jaunes pour mettre dedans les oreilles et je me suis endormie comme un bébé.

Curieusement, je ne me suis réveillée que quatre fois la nuit dernière. C'est vrai, je connais les lieux maintenant. Je me suis donc fait réveiller par le brassard à tension (110/70) et autres appareils de monitorage (pouls 67, saturation oxygène 97%), ensuite ils ont apporté le café, le p'tit déjeuner, les confitures, le beurre à ma voisine. Je vois déjà les gros titres. Une concierge Portugaise hospitalisée est agressée dans sa chambre par sa voisine à jeun.

14h26. Toujours dans ma chambre, pas mangé, pas pris de café, pas fumé, je suis sûre que vous arrivez à voir, d'où que vous soyez, la steam qui commence à me sortir par le nez et les oreilles.

Il est bien passé 14h30 là. Ne devrais-je pas être toute nue, sur le ventre, avec plein de perfusions dans les bras de Morphée et un scalpel dans le dos ? Attendre, attendre, attendre. Et en plus, je ne me suis même pas épilée.

Et zou !

Le retour !

Mon HP et son écran me sont revenus. J'ai arrêté le stylo, l'encre et l'effaceur. Je me suis remise à taper.

Je suis sortie de l'hosto hier, la tête et l'ordinateur pleins de textes. C'est donc avec un léger décalage que vous les verrez, les lirez, et hop soyons fous, peut-être les savourerez.

C'est pas facile à suivre. Commencez par la fin … les bruits humains !

lundi 12 janvier 2009

I've done it !

Hier après-midi, j'ai fait une heure de cheval avec les copines de Yaaah + π.

C'était vraiment cool, très très très différent de ce que j'ai pu faire dernièrement. En fait, c'est pas compliqué non plus, j'ai pas fait grand-chose à cheval depuis un ans, depuis l'automne dernier. J'ai acheté mon demi-cheval, je me l'avoue, sur un coup de tête, peut-être aussi qu'il fallait que ce soit comme ça. Et, quand on a envie d'un cheval depuis qu'on a l'âge de 10 ans, peut-on vraiment parler d'un coup de tête. Stone n'est peut-être pas le cheval idéal pour mes besoins équestres, mais il est un formidable thérapeute. Grâce à lui j'ai pu remonter à cheval aujourd'hui, presque sans peur et ça, vous pouvez pas savoir comment ça me fait du bien.

Allez, une speed-psychanalyse.

Il existe un drôle de lien, une curieuse relation dirions-nous en France, entre ma vie à cheval et ma vie à pied. Quand je vais bien à cheval, je vais bien à pied et quand je vais mal à pied, je n'arrive plus à monter à cheval. Il devient donc impératif, pour aller mieux, que je me rapproche de Bucéphale et des siens. À bien y réfléchir, ma vie est une série de cycles. J'ai débuté le cheval vers 10 – 11 ans. À l'époque c'était ma marraine qui m'y avait initiée. J'ai pas grande souvenance de mon enfance. Mais grâce aux millions de photos de ma mère, aux millions que dis-je, aux milliards de photos et diapos de ma mère j'arrive à me souvenir de petits boutes et grâce à ces p'tits boutes, ben d'autres p'tits boutes. Je me souviens très bien de mon premier cheval, c'est celui que vous voyez sur la photo. En fait, ça été ma première jument, Flicka … Coincidence? I think not ! Quand j'étais petite, nowel était encore Noël, avec toute sa magie, ses lumières, ses cadeaux, son souper du réveillon avec les Matantes chez mes grands-parents paternels. C'est pendant un de ses Noël que j'ai reçu Flicka. J'avais vu mon nom écrit sur le papier d'emballage et j'étais excitée comme une puce. Ma grand-mère m'avait dit que le cadeau n'était cependant pas pour moi, et que mon nom y figurait simplement parce qu'elle l'avait écrit pour voir si le stylo fonctionnait et que le cadeau était destiné à quelqu'un d'autre. Je ne me souviens plus exactement de l'âge que j'avais mais je me souviens avoir passé le souper à me demander si c'était du lard ou du cochon jusqu'au bouquet final ! Que d'émotions !

Cette photo appelle un autre souvenir. C'était en décembre, le téléphone sonne, celui qui était accroché sur le mur, trop haut pour que je puisse répondre. Ma mère répond et 5 minutes après, me mesure le tour de tête. On voulait m'offrir un chapeau… une bombe ! Les jours passent, j'oublie. On oublie vite à cet âge. Un autre Noël arrive. Un paquet, à mon nom, sous l'arbre, de ma marraine. J'ai dû dormir avec pendant 2 semaines. Mes aventures équestres ont plutôt bien commencé. Puis à 12 ans je devais aller passer 2 semaines chez ma maîtresse de 6ième année. Je n'en ai passé qu'une, je me suis cassé le poignet droit. Et j'ai un peu laissé tomber les chevaux, malheureusement. Je m'y suis remise en fin de secondaire V (première) quand j'ai passé un concours pour pouvoir entrer au CEGEP en Techniques Équines (Bac+2, monitorat). Je devais partir pour 3 ans, je me suis cassé le bassin après 6 semaines. Et j'ai un peu laissé tomber les chevaux, malheureusement.

J'ai fait une grosse dépression pendant ma deuxième année de PhD. Tellement grosse que j'ai laissé tombé mes études, ma vie quoi. Au fil des années, j'ai recommencé à remonter la pente quand j'ai remis le pied à l'étrier. Je montais 2 fois par semaine, je sautais 0,7m, je faisais des parcours, je me remettais dans mon assiette. Puis je suis partie en France, en 1997. Je devais partir pour 2 ans, j'y suis toujours. Au début, j'ai cherché un club d'esprit québécois, à Paris. C'était pour vous dire la naïveté ! Je n'ai trouvé que des ersatz, bien sous tous rapports, avec de la bière au club house mais avec des cavaliers tellement "bouche en trou d'cul d'poules" que je n'ai pas persévéré. Faut dire aussi que je m'étais retrouvée sur le cul après que le cheval que je montais eût peur de son ombre et m'ait fait un écart. Mais j'ai aussi un super beau souvenir d'une promenade dans le Bois de Boulogne, vers 7h30, où il y avait de la brume sur le lac et des gens qui faisaient du tai-chi. Ensuite y' eu Mr.X., qui n'est pas particulièrement cheval, mais qui est tout le reste, puis Junior, puis épisodes dépressifs à répétition entrecoupés d'épisodes normaux et hypomaniaques. Jusqu'au cancer de 2006. Je l'ai peut-être déjà dit ou écrit, mais ce cancer m'a en quelque sorte sauvé la vie et m'a propulsé en hypomanie, d'où l'achat de Stone, du moins, de sa moitié. Je me suis remise en selle et tout allait pour le mieux. Je ne suis pas tombée, je ne me suis pas blessée, à cheval. Il en fut autrement au travail et je suis retombée et le cancer est revenu. Je n'ai pas complètement laissé tomber les chevaux, j'avais pas le choix. Et je m'acharne parce que je sais que si je vais bien à cheval, je ne parle pas de technique mais de bien-être, j'irai bien à pied.

Et hier, j'étais bien à cheval. Certes j'avais une appréhension, normale et attendue, mais je n'avais pas peur. Et cette non-peur m'a permise de me rapprocher des gens, qui à leur tour me font du bien. J'ai monté Garry, un grand pépère. C'était parfait pour une première fois. Je ne me sentais pas très à l'aise, faut dire qu'à 3°C, avec 4 épaisseurs et un corset, j'étais un peu engoncée. En fait je devais monter pour 5 minutes, question d'encourager les Yaaah Girls, incluant π. Et bien non seulement j'ai tenu toute la reprise, mais j'ai trotté, j'ai passé des barres au sol, j'ai tenté de faire des hanches en dedans mais j'ai aussi galopé quelques foulées. Bien sûr, j'étais vigilante, j'avais un oeil sur la reprise des petits avec les 2463 shetlands juste à côté, un oeil sur la jeune fille qui s'est risquée à monter à contre-main pendant l'exercice des barres, un oeil sur mes camarades de reprise, un oeil sur Junior, tout en haut du manège qui criait, courait et me saluait à tous mes passages, un oeil sur RDG, notre photographe officielle et un dernier oeil sur les oreilles de Garry qui était irrésistiblement attiré par le centre plutôt que par la piste. Donc, j'ai pas vraiment eu le temps de penser à avoir peur, ni à rentrer mes pointes de pied. La force du groupe m'a aussi aidé. Si π ne s'étais pas décidé de se mettre au galop après quelques instants de réflexion, ben j'aurais jamais eu le guts de le faire aussi.

En fait, le seul truc qui me chiffonne, je ne veux pas écrire qui me déçoive, c'est la relation, ou devrais-je écrire, la non-relation avec le cheval. Bien sûr j'ai pris quelques minutes pour me présenter à lui mais je ne l'aie pas pansé et c'est RDG qui lui a fait les pieds et l'a sellé. Notre "mono" s'est chargé de lui mettre son drôle d'harnachement de tête, mi-filet, mi-licol. Et en reprise, pas facile de travailler son cheval, on travaille plus sur soi, sur sa position. Mais j'ai vraiment le meilleur de 2 mondes, le groupe pour travailler ma position, pour me donner du courage, de l'émulation et Stone pour développer une relation plus près de l'animal.

Bon, ben c'est pas tout ça, faut que je me grouille, j'entre quand même à l'hôpital aujourd'hui !

Ça y est, la spirale du bonheur est en route !

Et zou !

dimanche 11 janvier 2009

Désintox

J'ai dû mettre mon ordinateur à l'hôpital, un problème avec la carte graphique. J'entends le rire de Mr. Leconte. J'en suis réduite à utiliser le mastodonte de Mr. X. Et il n'est absolument pas question que Junior me prête SON ordinateur. Du temps où ma Sister avait toute sa marmaille à la maison, j'avais compté 6 ou 7 télés chez elle. Chez nous maintenant, on fait dans l'ordinateur. Mon ordinateur à l'hôpital et moi aussi mais sans lui, ça va être difficile, plus difficile peut-être que l'opération. Entouka, c'est ce que m'a raconté l'anesthésiste pendant les 5 minutes où je l'ai vue. "Vous allez voir Mme Bitch, c'est une toute petite opération, il n'y a pas de douleurs post-op, mais on vous installe quand même une pompe à morphine".

Pendant ces derniers jours, je n'ai pas voulu penser à l'opération et à ses suites. Je me suis activée pour ne pas tergiverser. Jeudi je suis allée chez le brochologue, j'ai même réussi à le faire sourire. Comme j'avais perdu mes élastiques pendant la dernière chirurgie, il a décidé cette fois-ci de les remplacer par quelque chose de plus résistant, du fil de fer. Il m'a aussi installé des pics, on dirait des antennes de fourmis. Vous rendez-vous compte, dans 6 mois je n'aurai plus de cancer et dans 12 mois j'aurai des dents à faire pâlir d'envie Julia Roberts.

Et puisque j'étais à Boulogne, j'ai poussé la promenade jusqu'à Bercy, à peine une demi-heure quand ça roule, pour aller voir les copines au bureau. Le bureau me manque, le travail, l'équipe. J'ai vraiment besoin d'appartenir à un clan, je suis grégaire. Par contre, je ne m'ennuie pas du stress et des 3 heures quotidiennes de transport. Je me demande ce que je vais devenir mais de façon objective, sans chichi ni pleurnichement. Pourrais-je marcher comme avant? Pourrais-je tenir assis, à mon bureau, 8 heures par jour? Mon boulot me passionne toujours, heureusement, mais j'aimerais être capable de faire la part des choses et travailler "normalement", sans retomber dans des excès. Mais ça c'est une autre histoire.

J'ai donc déjeuné avec les cops. J'ai mangé le meilleur steak tartare de ma vie et les pires frites, je me suis même permise une p'tite bière! Après, j'ai fait la tournée des popotes et bisouté tout le monde. Ah! Cela m'a fait du bien comme c'est pas possible. C'est bon pour le moral et cela m'a regonflé les batteries. Les gens me manquent, les discussions sur les systèmes de santé me manquent, les nouvelles stratégies de remboursement des médicaments me manquent, communiquer mon savoir et m'en servir me manquent. J'ai l'impression de dépendre d'une société qui m'a beaucoup donné et à laquelle je ne rapporte plus. Une vieille paire de godasses qu'on garde par nostalgie.

Il fait super beau depuis une semaine. Oui, c'est vrai que la température s'est un peu rafraichie, on frôle le -5° à tous les jours, mais le ciel est bleu comme de la barbe à papa bleue. Mon prévoyant Mr. X est allé m'acheter des combines (un caleçon long) et un T-shirt en fibres "hautement techniques" qui devrait me tenir au chaud par -30°. Il s'est même fendu d'une paire de "handwarmer" question que mes jolis petits doigts ne gèlent pas sur les rênes. Parce que dans 2 heures très exactement, je serai à cheval pour mon bilan de compétence! J'ai très hâte et un peu la chienne. Mais quoi qu'il arrive, on terminera par des crêpes et du calva.

Demain, juré, je finis la paperasse.

Et zou !

jeudi 8 janvier 2009

Hommage à CS



Rolando !

C'est mon parrain, c'est mon deuxième papa, c'est celui que j'aime.

Il est en Floride, je l'ai appelé à Montréal et je suis tombée dans le répondeur.

Je sais qu'avec sa fine fleur, ils me lisent.

Merci merci merci, pour ce premier baiser.

Ta fillotte !


Musique d'ambiance

A écouter en lisant le billet qui suit !
J'ai pas pu résister.

Mélimélo

Coming Out

C'est fou, et c'est le cas de le dire, mais il y a plein de gens qui m'ont écrit pour me bravoïfier d'avoir repris mes pilules anti bipolaires. Comme m'a déjà dit une grande amie et collègue de travail, si je veux que les gens acceptent ma maladie, il faut que je l'accepte avant … Premier objectif de 2009.

Train train

Ça y est, tout le monde est sorti de la grippe. Promis, juré, l'an prochain je me fais vacciner. On a finalement fêté nowel le 2 janvier. Les beaux-Xs sont venus déjeuner à la maison avec tonton JP. Mme Biche était là aussi avec sa gang. C'était cool ! On a bu du champagne rosé, échangé des cadeaux, et j'ai même réussi à me sauver de la vaisselle en allant voir Stone avec tonton. Ce qu'il est beau ce dada. Y'avait Mike, son coach perso qui le montait sans mors. Céleste a aussi eu droit à sa réunion de copains avec Chiara, Titeuf, Zébulon, Wolfgang, Pocket et le Chat. J'ai aussi vu Axel, Anne, Sabine et Fred. Ça fait du bien de voir du monde. Samedi je suis allée dans un centre équestre en banlieue de la banlieue de mon village, avec Junior et Céleste. Avec les Yaaah-Girls et un mari, on a décidé de prendre un cours individuel, en groupe. Sans fausse pudeur, nous avons décidé de passer un "bilan de compétence" à cheval, question de savoir si l'objectif numéro deux, à savoir passer mon galop 4 (une espèce de diplôme qui veut dire que je me débrouille à cheval et que je peux accrocher dans les toilettes), est dans les limites de mes possibilités. J'espère tenir à cheval au moins 5 minutes. Ça va me faire drôle de monter un autre cheval que le mien. Est-ce une infidélité ?

Première sortie de l'année

Samedi dernier on est allé chez nos lointains voisins et néanmoins proches amis, les Pruniers. Ils sont tops ! Bien mangé, bien bu, bien jasé, bien amusé. On a mangé de la raclette et ça m'a rappelé ma poutine natale. J'ai des relents nostalgiques quelques fois. La sauce brune de la Patate à Malette, un shack à patates de Beauharnois, me fait pleurer et saliver à la fois. Mais revenons en banlieue parisienne et, oh surprise, en sortant, une douce petite neige. Je n'ai pas de pneus d'hiver et c'est vallonné dans mon village, mais soyons fous, nos reculés voisins n'habitent qu'à 2km. On aurait pu le faire à pieds, et aurions pu croisés poneys et chevaux.

C'est l'hiver et le hameau tremblant, est couvert d'un édredon tout blanc. Voici les preuves.



C'est vraiment cool. J'aurais jamais pensé que de la neige aurait pu me faire tant plaisir. Si vous saviez comment le son des bottes crissant sur la neige me manque. Ce bruit là, criss, criss, c'est quand on marche avec des grosses bottes dans la neige tapée, quand il fait un froid sec, quand la fumée sort de la cheminée, quand le ciel est tellement clair qu'on peut voir toutes les étoiles.

Rentrée des classes

Junior est retourné à Poularde dimanche dernier. Nous sommes allé magasiner des lunettes samedi, sa dernière paire était toute graffignée (égratignée). Sa 20ième paire et il n'a pas encore 10 ans. Si quelqu'un connaît la recette pour faire comprendre à un garçon, qui heureusement a un cou sinon il perdrait sa tête, que des lunettes c'est précieux et qu'il faut en prendre soin, merci de me faire signe. J'ai tout essayé, les explications, les sanctions, les privations, les embargos, rien à faire. Le pire c'est que depuis que nous "œuvrons pour un monde meilleur" en rapportant les vieilles lunettes à l'opticien qui les remet à un organisme du type "Myopes sans frontière", Junior se déculpabilise honteusement en me disant que c'est pour les petits Africains.

Le TREIZE

Vous n'êtes pas sans savoir que dans certains hôtels, le treizième étage n'existe pas. En fait, il existe mais on l'appelle le 14ième. Alors, quand l'assistante du Dr. L'Amoroso m'a téléphoné lundi pour me dire que "l'intervention" avait été avancée et que c'était pour le TREIZE, j'ai eu une pensée émue pour ma vie d'avant, quand je voyageais de par le monde et que je me perdais en traduction. Merde, c'est que j'avais RDV avec le brochologue, mon planning fout le camp. Heureusement que sa charmante assistante, en larmes au téléphone devant mes malheurs et son ordinateur, a pu me "rescheduler".

Le six

C'est ma deuxième douche sans mon petit banc ! YES !!! Je peux enfin me tenir debout et aux murs en prenant ma douche. Je vous le dis, 2009 est l'année des grands changements. Je suis lente et j'ai mal calculé mes affaires et je suis partie un peu juste pour me rendre à mon rendez-vous de 10h30 avec l'anesthésiste. J'avais oublié qu'il fallait déneiger l'auto et comme mon balai à disparu j'ai eu recours à Mr. Visa, ne partez jamais sans lui. Je mets le GPS, Mme Tremblay que dit que j'arriverai à destination à 10H22. Je peux le faire. 10h25. J'ai abandonné l'idée de trouver une place de parking sur la rue et me suis ruée sur le stationnement. J'ai eu droit à la dernière place, coincée entre une grosse bagnole de beauf et le mur. Je réussi tant bien que mal à sortir de la voiture, avec le corset ce n'est pas évident et ai malencontreusement laissé traîner mes clés sur la carrosserie du voisin, dans mes rêves. Après m'être tapé les 4 étages parfumés au parfum de chiottes, j'ai enfin fait surface. À la vitesse de l'escargot, mais sans son adhérence, je gravis en soufflant la côte qui me mène à l'hôpital du général. Me semble que c'est pas compliqué de mettre du sel ou du sable sur les trottoirs, surtout dans une côte, mais bon. 10h35. À Paris on dit que sous les 10 minutes on n'est pas vraiment en retard. J'arrive devant les 5 guichets de l'accueil et j'essaie de repérer la queue la plus courte. Deux guichets sur ma gauche, trois sur ma droite, je n'hésite pas d'autant plus qu'il n'y a, à mon arrivée qu'une seule queue pour les 3 guichets, chose que je trouve fort intelligente puisque c'est toujours les autres files qui en général avancent plus vite. Mais c'était sans compter sur le civisme français. Bref, 4 homicides (les doubleurs, avec les yeux) et 25 minutes plus tard, j'ai enfin le droit de circuler avec une fiche. Je sais, je suis en retard et je n'ai surtout pas besoin qu'on me le dise, ce que fâcheusement fait la réceptionniste au bureau d'accueil des consultations. Mais, c'est la nouvelle année, et la neige crisse sous les bottes et je décide de lui laisser la vie sauve. 11h30 on m'appelle. Je rencontre la sympathique anesthésiste qui me demande mon nom, ma date de naissance et si j'ai des allergies. Elle prend ma pression (120/84) et voilà. C'est bouclé en moins de deux. Je lui ai dit poliment que j'aimerais bien optimiser mes excursions sanitaires et elle me prescrit une prise de sang pour la peine. Quand même, je ne me serai pas déplacée pour rien, j'ai droit à ma piqure. On va voir si je n'ai pas développé des anticorps anti-sang des autres. Je termine cette palpitante visite en allant réserver ma chambre et apprends par la même occasion que ma dernière hospitalisation a coûté environ €25K à la sécu. Merci peuple français, qui, par vos cotisations fiscales, permettez à ma colonne de se redresser.

Vous avez sans doute remarquez que je me suis assagie et que je n'ai, pour l'instant, pas vraiment fait de mal à personne. Sur le chemin du retour je suis allée aux pommes chez Stone et ses copains. Dernière étape de mon périple, DARTY, célèbre magasin français d'électronique et d'appareils ménagers. Mr.X ayant fait les achats de nowel avec 40° de fièvre, a, sur les conseils mal avisés du "conseiller en achats", acheté le mauvais cadre photo numérique, celui qui n'a pas de prise USB et qu'il faut acheter le câble séparément. C'est donc dotée de mon plus bel accent québécois que je demande à échanger le dit cadre contre un qui répondrait davantage à nos attentes. Bon, OK, beau-papa avait un peu abimé l'emballage (20m de scotch tape ont réussi à le refaire), bon OK j'avais dépassé de 4 jours la date limite et bon OK il est bien spécifié que seuls les appareils défectueux sont repris, mais quand même il aurait pu faire un geste … Il faut croire que les concentrations de Depakote ne sont pas encore tout à fait dans la fenêtre thérapeutique, j'ai pris mon air le plus digne pour lui dire que dorénavant je boycotterais* ce magasin et je suis sortie en boitant. En vieillissant, deviendrais-je comme mon père ?

Voilà, la petite vie des derniers jours. Mon ordinateur portable fait des folies avec son écran, j'ai donc appelé HP et ils vont le réparer. J'ai appris qu'il viendrait le chercher pour l'amener à l'hôpital des ordinateurs ce vendredi pour une semaine. J'angoisse à l'idée de me séparer de mon compagnon de tous les jours. J'angoisse plus pour mon ordinateur que pour mon opération. Je suis folle que je vous dis !

Et zou !

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Enrichissons notre vocabulaire

Le mot boycottage (ou boycott) vient du nom d'un Irlandais (Charles Cunningham Boycott, 1832-1897) qui, pendant que son pays subissait une grande famine, a refusé de baisser le prix des loyers de ses terres. La ligue agraire de l'époque mobilisa les fermiers contre lui. Il fut mis en quarantaine et du coup plus personne n'acceptât de travailler ou de traiter avec lui. Ruiné, Boycott dû quitter l'Irlande.