CITATION DU JOUR

"La maladie se supporte mieux quand on est supportée"
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lundi 12 janvier 2009

I've done it !

Hier après-midi, j'ai fait une heure de cheval avec les copines de Yaaah + π.

C'était vraiment cool, très très très différent de ce que j'ai pu faire dernièrement. En fait, c'est pas compliqué non plus, j'ai pas fait grand-chose à cheval depuis un ans, depuis l'automne dernier. J'ai acheté mon demi-cheval, je me l'avoue, sur un coup de tête, peut-être aussi qu'il fallait que ce soit comme ça. Et, quand on a envie d'un cheval depuis qu'on a l'âge de 10 ans, peut-on vraiment parler d'un coup de tête. Stone n'est peut-être pas le cheval idéal pour mes besoins équestres, mais il est un formidable thérapeute. Grâce à lui j'ai pu remonter à cheval aujourd'hui, presque sans peur et ça, vous pouvez pas savoir comment ça me fait du bien.

Allez, une speed-psychanalyse.

Il existe un drôle de lien, une curieuse relation dirions-nous en France, entre ma vie à cheval et ma vie à pied. Quand je vais bien à cheval, je vais bien à pied et quand je vais mal à pied, je n'arrive plus à monter à cheval. Il devient donc impératif, pour aller mieux, que je me rapproche de Bucéphale et des siens. À bien y réfléchir, ma vie est une série de cycles. J'ai débuté le cheval vers 10 – 11 ans. À l'époque c'était ma marraine qui m'y avait initiée. J'ai pas grande souvenance de mon enfance. Mais grâce aux millions de photos de ma mère, aux millions que dis-je, aux milliards de photos et diapos de ma mère j'arrive à me souvenir de petits boutes et grâce à ces p'tits boutes, ben d'autres p'tits boutes. Je me souviens très bien de mon premier cheval, c'est celui que vous voyez sur la photo. En fait, ça été ma première jument, Flicka … Coincidence? I think not ! Quand j'étais petite, nowel était encore Noël, avec toute sa magie, ses lumières, ses cadeaux, son souper du réveillon avec les Matantes chez mes grands-parents paternels. C'est pendant un de ses Noël que j'ai reçu Flicka. J'avais vu mon nom écrit sur le papier d'emballage et j'étais excitée comme une puce. Ma grand-mère m'avait dit que le cadeau n'était cependant pas pour moi, et que mon nom y figurait simplement parce qu'elle l'avait écrit pour voir si le stylo fonctionnait et que le cadeau était destiné à quelqu'un d'autre. Je ne me souviens plus exactement de l'âge que j'avais mais je me souviens avoir passé le souper à me demander si c'était du lard ou du cochon jusqu'au bouquet final ! Que d'émotions !

Cette photo appelle un autre souvenir. C'était en décembre, le téléphone sonne, celui qui était accroché sur le mur, trop haut pour que je puisse répondre. Ma mère répond et 5 minutes après, me mesure le tour de tête. On voulait m'offrir un chapeau… une bombe ! Les jours passent, j'oublie. On oublie vite à cet âge. Un autre Noël arrive. Un paquet, à mon nom, sous l'arbre, de ma marraine. J'ai dû dormir avec pendant 2 semaines. Mes aventures équestres ont plutôt bien commencé. Puis à 12 ans je devais aller passer 2 semaines chez ma maîtresse de 6ième année. Je n'en ai passé qu'une, je me suis cassé le poignet droit. Et j'ai un peu laissé tomber les chevaux, malheureusement. Je m'y suis remise en fin de secondaire V (première) quand j'ai passé un concours pour pouvoir entrer au CEGEP en Techniques Équines (Bac+2, monitorat). Je devais partir pour 3 ans, je me suis cassé le bassin après 6 semaines. Et j'ai un peu laissé tomber les chevaux, malheureusement.

J'ai fait une grosse dépression pendant ma deuxième année de PhD. Tellement grosse que j'ai laissé tombé mes études, ma vie quoi. Au fil des années, j'ai recommencé à remonter la pente quand j'ai remis le pied à l'étrier. Je montais 2 fois par semaine, je sautais 0,7m, je faisais des parcours, je me remettais dans mon assiette. Puis je suis partie en France, en 1997. Je devais partir pour 2 ans, j'y suis toujours. Au début, j'ai cherché un club d'esprit québécois, à Paris. C'était pour vous dire la naïveté ! Je n'ai trouvé que des ersatz, bien sous tous rapports, avec de la bière au club house mais avec des cavaliers tellement "bouche en trou d'cul d'poules" que je n'ai pas persévéré. Faut dire aussi que je m'étais retrouvée sur le cul après que le cheval que je montais eût peur de son ombre et m'ait fait un écart. Mais j'ai aussi un super beau souvenir d'une promenade dans le Bois de Boulogne, vers 7h30, où il y avait de la brume sur le lac et des gens qui faisaient du tai-chi. Ensuite y' eu Mr.X., qui n'est pas particulièrement cheval, mais qui est tout le reste, puis Junior, puis épisodes dépressifs à répétition entrecoupés d'épisodes normaux et hypomaniaques. Jusqu'au cancer de 2006. Je l'ai peut-être déjà dit ou écrit, mais ce cancer m'a en quelque sorte sauvé la vie et m'a propulsé en hypomanie, d'où l'achat de Stone, du moins, de sa moitié. Je me suis remise en selle et tout allait pour le mieux. Je ne suis pas tombée, je ne me suis pas blessée, à cheval. Il en fut autrement au travail et je suis retombée et le cancer est revenu. Je n'ai pas complètement laissé tomber les chevaux, j'avais pas le choix. Et je m'acharne parce que je sais que si je vais bien à cheval, je ne parle pas de technique mais de bien-être, j'irai bien à pied.

Et hier, j'étais bien à cheval. Certes j'avais une appréhension, normale et attendue, mais je n'avais pas peur. Et cette non-peur m'a permise de me rapprocher des gens, qui à leur tour me font du bien. J'ai monté Garry, un grand pépère. C'était parfait pour une première fois. Je ne me sentais pas très à l'aise, faut dire qu'à 3°C, avec 4 épaisseurs et un corset, j'étais un peu engoncée. En fait je devais monter pour 5 minutes, question d'encourager les Yaaah Girls, incluant π. Et bien non seulement j'ai tenu toute la reprise, mais j'ai trotté, j'ai passé des barres au sol, j'ai tenté de faire des hanches en dedans mais j'ai aussi galopé quelques foulées. Bien sûr, j'étais vigilante, j'avais un oeil sur la reprise des petits avec les 2463 shetlands juste à côté, un oeil sur la jeune fille qui s'est risquée à monter à contre-main pendant l'exercice des barres, un oeil sur mes camarades de reprise, un oeil sur Junior, tout en haut du manège qui criait, courait et me saluait à tous mes passages, un oeil sur RDG, notre photographe officielle et un dernier oeil sur les oreilles de Garry qui était irrésistiblement attiré par le centre plutôt que par la piste. Donc, j'ai pas vraiment eu le temps de penser à avoir peur, ni à rentrer mes pointes de pied. La force du groupe m'a aussi aidé. Si π ne s'étais pas décidé de se mettre au galop après quelques instants de réflexion, ben j'aurais jamais eu le guts de le faire aussi.

En fait, le seul truc qui me chiffonne, je ne veux pas écrire qui me déçoive, c'est la relation, ou devrais-je écrire, la non-relation avec le cheval. Bien sûr j'ai pris quelques minutes pour me présenter à lui mais je ne l'aie pas pansé et c'est RDG qui lui a fait les pieds et l'a sellé. Notre "mono" s'est chargé de lui mettre son drôle d'harnachement de tête, mi-filet, mi-licol. Et en reprise, pas facile de travailler son cheval, on travaille plus sur soi, sur sa position. Mais j'ai vraiment le meilleur de 2 mondes, le groupe pour travailler ma position, pour me donner du courage, de l'émulation et Stone pour développer une relation plus près de l'animal.

Bon, ben c'est pas tout ça, faut que je me grouille, j'entre quand même à l'hôpital aujourd'hui !

Ça y est, la spirale du bonheur est en route !

Et zou !

dimanche 11 janvier 2009

Désintox

J'ai dû mettre mon ordinateur à l'hôpital, un problème avec la carte graphique. J'entends le rire de Mr. Leconte. J'en suis réduite à utiliser le mastodonte de Mr. X. Et il n'est absolument pas question que Junior me prête SON ordinateur. Du temps où ma Sister avait toute sa marmaille à la maison, j'avais compté 6 ou 7 télés chez elle. Chez nous maintenant, on fait dans l'ordinateur. Mon ordinateur à l'hôpital et moi aussi mais sans lui, ça va être difficile, plus difficile peut-être que l'opération. Entouka, c'est ce que m'a raconté l'anesthésiste pendant les 5 minutes où je l'ai vue. "Vous allez voir Mme Bitch, c'est une toute petite opération, il n'y a pas de douleurs post-op, mais on vous installe quand même une pompe à morphine".

Pendant ces derniers jours, je n'ai pas voulu penser à l'opération et à ses suites. Je me suis activée pour ne pas tergiverser. Jeudi je suis allée chez le brochologue, j'ai même réussi à le faire sourire. Comme j'avais perdu mes élastiques pendant la dernière chirurgie, il a décidé cette fois-ci de les remplacer par quelque chose de plus résistant, du fil de fer. Il m'a aussi installé des pics, on dirait des antennes de fourmis. Vous rendez-vous compte, dans 6 mois je n'aurai plus de cancer et dans 12 mois j'aurai des dents à faire pâlir d'envie Julia Roberts.

Et puisque j'étais à Boulogne, j'ai poussé la promenade jusqu'à Bercy, à peine une demi-heure quand ça roule, pour aller voir les copines au bureau. Le bureau me manque, le travail, l'équipe. J'ai vraiment besoin d'appartenir à un clan, je suis grégaire. Par contre, je ne m'ennuie pas du stress et des 3 heures quotidiennes de transport. Je me demande ce que je vais devenir mais de façon objective, sans chichi ni pleurnichement. Pourrais-je marcher comme avant? Pourrais-je tenir assis, à mon bureau, 8 heures par jour? Mon boulot me passionne toujours, heureusement, mais j'aimerais être capable de faire la part des choses et travailler "normalement", sans retomber dans des excès. Mais ça c'est une autre histoire.

J'ai donc déjeuné avec les cops. J'ai mangé le meilleur steak tartare de ma vie et les pires frites, je me suis même permise une p'tite bière! Après, j'ai fait la tournée des popotes et bisouté tout le monde. Ah! Cela m'a fait du bien comme c'est pas possible. C'est bon pour le moral et cela m'a regonflé les batteries. Les gens me manquent, les discussions sur les systèmes de santé me manquent, les nouvelles stratégies de remboursement des médicaments me manquent, communiquer mon savoir et m'en servir me manquent. J'ai l'impression de dépendre d'une société qui m'a beaucoup donné et à laquelle je ne rapporte plus. Une vieille paire de godasses qu'on garde par nostalgie.

Il fait super beau depuis une semaine. Oui, c'est vrai que la température s'est un peu rafraichie, on frôle le -5° à tous les jours, mais le ciel est bleu comme de la barbe à papa bleue. Mon prévoyant Mr. X est allé m'acheter des combines (un caleçon long) et un T-shirt en fibres "hautement techniques" qui devrait me tenir au chaud par -30°. Il s'est même fendu d'une paire de "handwarmer" question que mes jolis petits doigts ne gèlent pas sur les rênes. Parce que dans 2 heures très exactement, je serai à cheval pour mon bilan de compétence! J'ai très hâte et un peu la chienne. Mais quoi qu'il arrive, on terminera par des crêpes et du calva.

Demain, juré, je finis la paperasse.

Et zou !

jeudi 8 janvier 2009

Mélimélo

Coming Out

C'est fou, et c'est le cas de le dire, mais il y a plein de gens qui m'ont écrit pour me bravoïfier d'avoir repris mes pilules anti bipolaires. Comme m'a déjà dit une grande amie et collègue de travail, si je veux que les gens acceptent ma maladie, il faut que je l'accepte avant … Premier objectif de 2009.

Train train

Ça y est, tout le monde est sorti de la grippe. Promis, juré, l'an prochain je me fais vacciner. On a finalement fêté nowel le 2 janvier. Les beaux-Xs sont venus déjeuner à la maison avec tonton JP. Mme Biche était là aussi avec sa gang. C'était cool ! On a bu du champagne rosé, échangé des cadeaux, et j'ai même réussi à me sauver de la vaisselle en allant voir Stone avec tonton. Ce qu'il est beau ce dada. Y'avait Mike, son coach perso qui le montait sans mors. Céleste a aussi eu droit à sa réunion de copains avec Chiara, Titeuf, Zébulon, Wolfgang, Pocket et le Chat. J'ai aussi vu Axel, Anne, Sabine et Fred. Ça fait du bien de voir du monde. Samedi je suis allée dans un centre équestre en banlieue de la banlieue de mon village, avec Junior et Céleste. Avec les Yaaah-Girls et un mari, on a décidé de prendre un cours individuel, en groupe. Sans fausse pudeur, nous avons décidé de passer un "bilan de compétence" à cheval, question de savoir si l'objectif numéro deux, à savoir passer mon galop 4 (une espèce de diplôme qui veut dire que je me débrouille à cheval et que je peux accrocher dans les toilettes), est dans les limites de mes possibilités. J'espère tenir à cheval au moins 5 minutes. Ça va me faire drôle de monter un autre cheval que le mien. Est-ce une infidélité ?

Première sortie de l'année

Samedi dernier on est allé chez nos lointains voisins et néanmoins proches amis, les Pruniers. Ils sont tops ! Bien mangé, bien bu, bien jasé, bien amusé. On a mangé de la raclette et ça m'a rappelé ma poutine natale. J'ai des relents nostalgiques quelques fois. La sauce brune de la Patate à Malette, un shack à patates de Beauharnois, me fait pleurer et saliver à la fois. Mais revenons en banlieue parisienne et, oh surprise, en sortant, une douce petite neige. Je n'ai pas de pneus d'hiver et c'est vallonné dans mon village, mais soyons fous, nos reculés voisins n'habitent qu'à 2km. On aurait pu le faire à pieds, et aurions pu croisés poneys et chevaux.

C'est l'hiver et le hameau tremblant, est couvert d'un édredon tout blanc. Voici les preuves.



C'est vraiment cool. J'aurais jamais pensé que de la neige aurait pu me faire tant plaisir. Si vous saviez comment le son des bottes crissant sur la neige me manque. Ce bruit là, criss, criss, c'est quand on marche avec des grosses bottes dans la neige tapée, quand il fait un froid sec, quand la fumée sort de la cheminée, quand le ciel est tellement clair qu'on peut voir toutes les étoiles.

Rentrée des classes

Junior est retourné à Poularde dimanche dernier. Nous sommes allé magasiner des lunettes samedi, sa dernière paire était toute graffignée (égratignée). Sa 20ième paire et il n'a pas encore 10 ans. Si quelqu'un connaît la recette pour faire comprendre à un garçon, qui heureusement a un cou sinon il perdrait sa tête, que des lunettes c'est précieux et qu'il faut en prendre soin, merci de me faire signe. J'ai tout essayé, les explications, les sanctions, les privations, les embargos, rien à faire. Le pire c'est que depuis que nous "œuvrons pour un monde meilleur" en rapportant les vieilles lunettes à l'opticien qui les remet à un organisme du type "Myopes sans frontière", Junior se déculpabilise honteusement en me disant que c'est pour les petits Africains.

Le TREIZE

Vous n'êtes pas sans savoir que dans certains hôtels, le treizième étage n'existe pas. En fait, il existe mais on l'appelle le 14ième. Alors, quand l'assistante du Dr. L'Amoroso m'a téléphoné lundi pour me dire que "l'intervention" avait été avancée et que c'était pour le TREIZE, j'ai eu une pensée émue pour ma vie d'avant, quand je voyageais de par le monde et que je me perdais en traduction. Merde, c'est que j'avais RDV avec le brochologue, mon planning fout le camp. Heureusement que sa charmante assistante, en larmes au téléphone devant mes malheurs et son ordinateur, a pu me "rescheduler".

Le six

C'est ma deuxième douche sans mon petit banc ! YES !!! Je peux enfin me tenir debout et aux murs en prenant ma douche. Je vous le dis, 2009 est l'année des grands changements. Je suis lente et j'ai mal calculé mes affaires et je suis partie un peu juste pour me rendre à mon rendez-vous de 10h30 avec l'anesthésiste. J'avais oublié qu'il fallait déneiger l'auto et comme mon balai à disparu j'ai eu recours à Mr. Visa, ne partez jamais sans lui. Je mets le GPS, Mme Tremblay que dit que j'arriverai à destination à 10H22. Je peux le faire. 10h25. J'ai abandonné l'idée de trouver une place de parking sur la rue et me suis ruée sur le stationnement. J'ai eu droit à la dernière place, coincée entre une grosse bagnole de beauf et le mur. Je réussi tant bien que mal à sortir de la voiture, avec le corset ce n'est pas évident et ai malencontreusement laissé traîner mes clés sur la carrosserie du voisin, dans mes rêves. Après m'être tapé les 4 étages parfumés au parfum de chiottes, j'ai enfin fait surface. À la vitesse de l'escargot, mais sans son adhérence, je gravis en soufflant la côte qui me mène à l'hôpital du général. Me semble que c'est pas compliqué de mettre du sel ou du sable sur les trottoirs, surtout dans une côte, mais bon. 10h35. À Paris on dit que sous les 10 minutes on n'est pas vraiment en retard. J'arrive devant les 5 guichets de l'accueil et j'essaie de repérer la queue la plus courte. Deux guichets sur ma gauche, trois sur ma droite, je n'hésite pas d'autant plus qu'il n'y a, à mon arrivée qu'une seule queue pour les 3 guichets, chose que je trouve fort intelligente puisque c'est toujours les autres files qui en général avancent plus vite. Mais c'était sans compter sur le civisme français. Bref, 4 homicides (les doubleurs, avec les yeux) et 25 minutes plus tard, j'ai enfin le droit de circuler avec une fiche. Je sais, je suis en retard et je n'ai surtout pas besoin qu'on me le dise, ce que fâcheusement fait la réceptionniste au bureau d'accueil des consultations. Mais, c'est la nouvelle année, et la neige crisse sous les bottes et je décide de lui laisser la vie sauve. 11h30 on m'appelle. Je rencontre la sympathique anesthésiste qui me demande mon nom, ma date de naissance et si j'ai des allergies. Elle prend ma pression (120/84) et voilà. C'est bouclé en moins de deux. Je lui ai dit poliment que j'aimerais bien optimiser mes excursions sanitaires et elle me prescrit une prise de sang pour la peine. Quand même, je ne me serai pas déplacée pour rien, j'ai droit à ma piqure. On va voir si je n'ai pas développé des anticorps anti-sang des autres. Je termine cette palpitante visite en allant réserver ma chambre et apprends par la même occasion que ma dernière hospitalisation a coûté environ €25K à la sécu. Merci peuple français, qui, par vos cotisations fiscales, permettez à ma colonne de se redresser.

Vous avez sans doute remarquez que je me suis assagie et que je n'ai, pour l'instant, pas vraiment fait de mal à personne. Sur le chemin du retour je suis allée aux pommes chez Stone et ses copains. Dernière étape de mon périple, DARTY, célèbre magasin français d'électronique et d'appareils ménagers. Mr.X ayant fait les achats de nowel avec 40° de fièvre, a, sur les conseils mal avisés du "conseiller en achats", acheté le mauvais cadre photo numérique, celui qui n'a pas de prise USB et qu'il faut acheter le câble séparément. C'est donc dotée de mon plus bel accent québécois que je demande à échanger le dit cadre contre un qui répondrait davantage à nos attentes. Bon, OK, beau-papa avait un peu abimé l'emballage (20m de scotch tape ont réussi à le refaire), bon OK j'avais dépassé de 4 jours la date limite et bon OK il est bien spécifié que seuls les appareils défectueux sont repris, mais quand même il aurait pu faire un geste … Il faut croire que les concentrations de Depakote ne sont pas encore tout à fait dans la fenêtre thérapeutique, j'ai pris mon air le plus digne pour lui dire que dorénavant je boycotterais* ce magasin et je suis sortie en boitant. En vieillissant, deviendrais-je comme mon père ?

Voilà, la petite vie des derniers jours. Mon ordinateur portable fait des folies avec son écran, j'ai donc appelé HP et ils vont le réparer. J'ai appris qu'il viendrait le chercher pour l'amener à l'hôpital des ordinateurs ce vendredi pour une semaine. J'angoisse à l'idée de me séparer de mon compagnon de tous les jours. J'angoisse plus pour mon ordinateur que pour mon opération. Je suis folle que je vous dis !

Et zou !

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Enrichissons notre vocabulaire

Le mot boycottage (ou boycott) vient du nom d'un Irlandais (Charles Cunningham Boycott, 1832-1897) qui, pendant que son pays subissait une grande famine, a refusé de baisser le prix des loyers de ses terres. La ligue agraire de l'époque mobilisa les fermiers contre lui. Il fut mis en quarantaine et du coup plus personne n'acceptât de travailler ou de traiter avec lui. Ruiné, Boycott dû quitter l'Irlande.

mardi 30 décembre 2008

Reprogrammons notre ADN

Je me suis levée ce matin, bourrée de bonnes intentions. C'est que j'ai plein de choses à faire : faire la réclamation auprès de l'assurance du rapatriement sanitaire (depuis août), résilier mon compte bancaire Groupama (avril), faire le dossier d'assurance pour le prêt de la maison (novembre), recoudre Nounours (avril 2007), m'épiler et me couper les ongles d'orteils, amener Junior à l'expo sur le nez, burner des CDs, faire des albums photo, redécorer la chambre de Léo, graisser la bride de Stone, éduquer Céleste, faire la cuisine, etc., etc.

En fait, c'est tous les matins que je me lève avec cette liste… et tous les soirs que je me couche avec, en me maudissant pour ma "tendance" à la procrastination, à la prorogation diront certains. Peut-être devrais-je reprendre mes médicaments? Mais, ça, c'est une autre histoire. Mon autre histoire, mon autre maladie, celle dont j'ai honte, celle qui me fait peur, celle qui peut-être me fera mourir. Celle dont je ne parle pas, celle qui me blesse, celle qui me touche, celle qui est pire que tout. Celle que je cache, celle dont je me dis qu'elle n'existe pas, celle que je peux faire semblant d'ignorer en ne prenant pas mon stabilisateur d'humeur de synthèse.

Parce que je ne vous ai pas tout dit. Après l'épisode gastro (je sais, je sais, je ne suis qu'un tube digestif) j'ai arrêter tous les médoc. Y'en avait marre. Je sais, pas du tout rationnel tout ça. Je croyais pouvoir me guérir toute seule. Même que j'avais plus besoin de me soigner, puisque je n'étais pas malade. Stop, d'un coup, tout. La modération et moi ça toujours fait deux, la patience aussi d'ailleurs. Mr.X. n'a rien dit, contrairement à ma mère qui a, malencontreusement, dit quelque chose. Mal lui en pris ! Moma ! Je m'excuse …

Bref, tout ça pour dire, que je ne m'en sors pas. Merde, ça marche pas. Je ne vais pas mieux, je ne sors pas faire ma promenade à tous les jours, je ne vais pas voir Stone à tous les jours, je ne cuisine pas à tous les jours. En fait, la seule chose que je fais à tous les jours, c'est rien. Et je ne peux me dire que je n'y peux rien parce ma fille quand on veut on peut. C'est bien là mon problème. Parce que des fois, même quand on veut, on peut pas. Pas toujours, mais quelques fois ça marche pas. En fait, le seul moyen pour que ça marche, c'est de mettre des objectifs atteignables, et ça aussi, j'ai un problème avec ça puisque je n'arrive pas toujours à les définir. Ouh la la, je tourne en rond, je renvoie, j'ajourne, je retarde, je diffère, je sursoie, je tergiverse, j'atermoie. C'est fou le nombre de synonymes en français pour le mot procrastination! C'est fou !

Voilà, j'ai décidé de faire quelque chose qui n'était pas sur ma liste, j'ai repris mon traitement, enfin, une partie. J'ai décidé de reprendre mon traitement après m'être replongée dans les bouquins, certes virtuels, mais, facilement accessibles. J'ai donc un tout petit peu potassé la physio-patho de la PMD, la psychose maniaco-dépressive, qu'on a renommée TBP, pour troubles bipolaires. C'est quand même mieux que "folie à double forme" ou "folie circulaire". J'ai comparé les taux de mortalité : 80% pour les TBP et 85% pour le cancer du sein. L'espérance de vie des personnes bipolaires non traitée est en moyenne inférieure de 20 ans de celle en population générale. Et je me suis dit, je traite le cancer, pourquoi pas l'autre ? Voilà. 2009 est commencée.

Je me mets à la paperasse tout de suite !

Et zou !

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PS: J'ai commencé ma journée en recherchant sur internet, pour les besoins de cet article bien sûr, des informations sur les coaches de vie. Je suis tombée sur une nouvelle pratique holistique qui consiste à … reprogrammer son ADN. C'est édifiant tout ce qu'on peut malheureusement faire croire aux gens, la preuve, ce témoignage …

"Mais depuis que j'utilise l'intention pour restructurer mon ADN, j'assiste à une vraie mutation à l'intérieur de moi-même ! Je reste humaine, mais je change tellement que même les lundis matin commencent à se métamorphoser !!! J'ai enfin le sentiment que la réalité change et je peux en témoigner par des améliorations évidentes dans ma vie quotidienne. Une chose est certaine : plus je m'implique dans mon code génétique, plus je change. Plus je change, plus je suis décidée à installer ces nouveaux paradigmes dans ma réalité, et plus ma vie de famille est harmonieuse et plus ma vie professionnelle est active !"

(http://www.erenouvelle.com/editkish.php)

mercredi 3 décembre 2008

Patience

"Ah que l'hiver tarde à passer"

Et puis non !

L'hiver ne tarde pas à passer, y'é pas encore arrivé.

La preuve, aujourd'hui le soleil était là-haut et nous a joyeusement accompagnés, mon chum pis moué, tout le long de notre périple A13zien ad St-Cloud. Ce devait être LA réunion. En fait c'est la deuxième parce que la première devait être à la mi-septembre. À ce propos, je vous demande de bien vouloir relire mes "Textes" des 15 et 16 septembre. Je viens de les relire et franchement je vous les recommande fortement, c'est beaucoup mieux que les derniers. Facile, ils sont inexistants, gastro oblige.

Line, ne te laisse pas envahir par le côté obscure, POSITIVE

"Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins, à bicyclette"

J'avais rendez-vous avec ma reine des abeilles, pis son boss, Dr.Renard, pis le radio-oncologue (en direct par téléphone) pour discuter des résultats des deux derniers scans pris à Foch, le Général. C'est-à-dire celui pris quelques jours après l'opération et un deuxième pris le 20 novembre.

Je rappelle à ceux du fond de la classe, ils se reconnaîtront (merci pour tout ce que tu fais pour moi UncleSam), que des taches étaient apparues sur ma L4 après l'opération, qu'il n'y avait pas de d'évolution entre les clichés. Deux semaines, laissez-y du temps…

Quand on y pense, y'a quand même des avantages à être malade. Non, mais sérieusement. Je peux être en état hypomaniaque, que je me complais à contrôler bien sûr ! Et cela me permet de dormir 2 ou 3 heures par nuit et de me faire plein de films à la télé et hier, à 1h30 du matin, donc ce matin, en fait hier puisque nous sommes déjà demain, j'ai vu "Persépolis" et j'ai été bouleversée.

Donc, aujourd'hui, j'allais enfin savoir ce que signifiait la ligne et le 30 sous sur ma vertèbre L4 (BitchBis !) puisque Mamours Junior (Dr.L'Amoroso) que j'avais vu le 20 ET qu'il m'avait dit qu'il me rappelait dans la semaine (20 + 7 = 27).

Aujourd'hui, 2 décembre, 4 jours passés le délai, on nous a expliqué que mon dossier n'avait pu être discuté, ni avec l'expert radio du Général, ni en réunion conjointe avec la gang de St-Cloud. Les Huguenots n'étant pas au courant des plans du Général puisqu'une bataille pour une autre vie était désormais en cours. Voyez comment je suis philosophe ! Faut savoir que les mains des Drs. Mamours et L'Amoroso sont très demandées !

Mais, je ne suis pas repartie les mains vides puisque la Madame des rendez-vous à gracieusement dépunaisé du mur 2 affiches et me les a offertes. La Madame des rendez-vous, est comme moi, amatrice d'art naïf. J'aime ça parce c'est plein de couleurs et ça me rend joyeuse, et, ce que j'aime le plus au monde, c'est la joie. Entendre Junior rire, j'trouve ça drôle ! Les affiches seront pour mes Mononcles: Roland, une version du canal Lachine français (nos prochaines vacances sur le canal du midi ?) et celui avec les soldats Français et l'Hermione pour Robert.

J'ai aussi eu droit à un RDV pour un autre PET-scan ce vendredi à 10h30, au moment où ma mère s'assoira sur les ailes d'Air Transat. Et finalement, en bonus, un rendez-vous avec le radio-oncologue (un nouveau !) le 10 pour établir le plan de traitement. Entouka, c'est ce que j'ai compris. Mais, la Madame des affiches me dit que c'était plutôt un RDV Tatoo. On verra bien, je n'en suis plus à un RDV près.

Relire impérativement les textes du 15 et 16, y'aura "défénitivement" comme dirait Mme Chose, contrôle à la fin de la semaine.

Bon, c'est pas grave parce qu'on s'est dit, on sera plus tôt au prochain RDV de la journée, chez le Chantal Thomas de l'orthopédie, pour un ajustement de corset. Bien oui, parce que je dois vous dire qu'entre le Menu du Général et la Gastro Médaise, j'ai perdu un petit 8 kg (YES !) mais comme j'ai dit à Mme Taptap, je ne souhaite cette "méthode" à personne, même pas à ma belle-mère. Donc il m'a remis des "velcro" (scracht en France) et j'ai repris ma colonne en main.

Et zou !

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*Enrichissons notre vocabulaire: J'ai découvert qu'il existait (sur dictionnaire.reverso.com, merde, j'ai découvert mon jeu), 11 définitions du mot "fond" et 17 pour "fonds". J'adore ma langue française du Québec et de France. En passant, j'ai lu que Gilles Vigneault avait eu 80 ans en 2008. Québec fût fondée en 1608, 400 ans en arrière, juste 5 fois l'âge de Mr. Vigneault. Hey Jude Prague Vienne !

samedi 15 novembre 2008

Merci

Bon ça y est, ça va mieux, beaucoup mieux. Sûrement grâce à vous et un peu à Junior, Stone et Céleste. À tous ceux qui me lisent, qui m'écrivent, qui pensent à moi, qui prient pour moi, qui font des incantations en mon nom et à ceux qui ont fondé la Fondation pour la prise en charge des maniaco-dépressives à demi vertébrectomisée, la FPLPECDMDADV.

Positive Line, avoyes, lâches pas la patate.

Une fois j'étais dans mon lit à l'hôpital et j'ai voulu me mettre sur le dos. J'étais sur le coté gauche et j'avais pas grand-chose à faire, juste me tourner. Sauf que…

Avant de continuer, il faut que je vous parle d'un détail intime, parce que figurez-vous qu'il existe des situations embarrassantes à l'hôpital, beaucoup beaucoup de situations embarrassantes et je me dis que ça vous rendrait peut-être service d'en savoir un peu plus, mettons qu'un jour vous soyez confrontés à la situation, ce que je ne vous souhaite pas. Non mais c'est vrai, maintenant grâce à National Geographic et la chaîne Discovery on connait tout sur la vie des termites, des zèbres et des fourmis rouges mais on ne sait pas toujours, du moins moi je ne savais pas, que par exemple lors d'un accouchement quand on nous demande de pousser (Pousser quoi? Pousser qui ? Pousser sur quoi?), en fait ça veut dire de pousser comme si on voulait chier (ou faire caca pour les cœurs sensibles). Résultats des courses, quand tu vas au dernier cours prénatal, cet ordre est en général suivi par une pétarade. C'est con ! Si nous l'avions su nous aurions pu au moins en rire !

Donc tout ça pour vous dire qu'en plus de pisser au lit, quelques fois, il m'arrive un truc pire encore, un mal qui répand la terreur, mal que le Ciel en sa fureur, inventa pour punir les crimes de la terre, l'hyperhidrose nocturne, puisqu'il faut l'appeler par son nom, capable de remplir en une nuit l'Achéron, me fait tous les soirs la guerre …* Donc, oui c'est bien le retour dans le lit conjugal mais je ne suis pas sûre que Mr.X l'apprécie autant que moi. Je me réveille toutes les nuits dans une pataugeuse de sueur. Pas de doute, mes acariens sont bien nourris !

Retour à mon lit d'hôpital où je voulais simplement me retourner, et je n'y arrivais pas parce que j'avais mal, parce que j'avais peur et parce que … j'étais collée. J'ai chialé, j'en ai chié, j'ai voulu abandonner et là j'ai pensé à vous tous, avec vos pics, vos pelles, vos poulies, vos grues, surnageant dans ma sueur avec vos pince-nez et nous nous sommes retournés. Grâce à vous.

Je pense souvent à vous tous, la famille, les matantes, les mononcles, les amis, la belle-famille, les collègues, les copains, les voisins, et c'est vrai qu'à tous les jours vous m'aidez. SVP. Lâchez-moué pas OK ?

*Adaptation des Animaux malades de la peste, de LaFontaine. L'Achéron est un fleuve qui coule en enfer, j'ai quand même un peu de culture !

mardi 16 septembre 2008

Tatoo Shop II

*Avertissement aux cœurs sensibles*

L'ironie et le second degré sont mes armes. Mes références culturelles sont québécoises, c'est-à-dire, américaines et francophones. Je suis née l'année où le FLQ a commis ses premiers attentats et JF Kennedy a été assassiné. Et non pas l'année des décès de Cocteau ou Piaf...

Merci de bien vouloir relire l'avertissement du haut, je suis en colère aujourd'hui.

Ça y est, j'ai mon tatou !

Mais non, c't'une blague. Je me disais aussi que c'était trop facile.

Je me rends donc hier avec mon A2 – Mr.X a beaucoup de mal à se séparer de la Porsche – sous un beau soleil, au CRH, pour me faire tatouer des points de repère, des fois que je perde le nord. Je suis donc reçue à l'accueil par la même Madame que pour le précédent épisode cancéreux. La preuve que travailler dans un hôpital ne rend pas malade. Donc, la Madame me donne mes papiers et là …. Angoisse. Je dois repasser par le labo, on va encore devoir me sucer des tonnes de sang. En même temps, c'est toujours ça de moins sur la balance. Je tends ZE papier à la laborantine qui me demande de m'assoir. J'ai beau lui dire qu'aucune autre analyse sanguine n'avait été prévue (leucémie ?) et me dit de m'assoir. OK, OK, j'va m'assir en rongeant mes doigts et mon frein.

Douze longue minutes plus tard, elle m'appelle et me demande où est l'ordonnance. Et moi de lui répéter la même chose que 13 minutes plus tôt. Bon, son cerveau vient de changer de bord, elle est en mode réceptif et me dit que c'est sûrement une erreur et de me rendre à la consultation de radiothérapie. YES ! Je suis guérie de ma leucémie en moins de 15 minutes. Décidemment, le système de santé français est merveilleux.

J'arrive en terrain connu, je connais ! J'ai déjà été irradiée moi, à la bonne dose, pas comme les ceusses et les cellesses d'Épinal ! Je m'assois dans la salle d'attente et commence à lire mon bouquin du moment (Les Prêcheurs de l'Apocalypse, je vous en reparlerai). Après une petite heure, c'est fou comment la notion du temps est relative, je découvre enfin mon Oncologue ès Rayon (Dr.PasMamours), qui ni Italien, ni chaleureux, pourtant, avec tous ces rayons … Et j'apprends que mon cas a été discuté en réunion pluridisciplinaire, réunion où le Dr.PasMamours n'était pas présent. Les présents ont donc laissé un compte-rendu que le Dr.PasMamours lit en direct, dans sa tête, je n'ai même pas pu lire sur ses lèvres. Il fini par me dire que le Dr. Mamours est reparti avec mes clichés, qu'ils vont probablement opérer, remplacer ma vertèbre (par quoi?), que la radiothérapie serait de 5 semaines plutôt que de 2 ou 3, que je ne pourrai sans doute plus jamais monter à cheval mais qu'il ne faut surtout pas que je m'inquiète (ah quand même) et que la secrétaire du Dr. Mamours va m'appeler pour fixer la date de l'opération. Je dois recontacter le Dr.PasMamours après avoir convenu de la date de la chirurgie. On verra à ce moment pour la radiothérapie.

Pendant que je me déconfiture sur place, y'a une infirmière qui entre … et me dit que je peux la voir tout de suite, plutôt qu'attendre jusqu'à 13h30. Et là je découvre qu'effectivement j'avais un RDV avec elle. Tant qu'à être là, autant tout régler. Je sors de la salle avec la "falle à terre" et mon infirmière à particule (elle a un nom très long avec des "de" dedans) qui en me voyant me demande gentiment si elle peut m'offrir un verre d'eau. UN VERRE D'EAU ! On vient de m'annoncer que je ne pourrai plus jamais monter à cheval et elle m'offre un verre d'eau. La France n'est-elle pas la capitale du vin? Pour me venger je lui dis que je prendrais plutôt un gin (vive les Anglais!) avec une clope. A l'a pas ri. A l'a pas trouvé ça drôle.

Une fois dans son bureau, elle me demande comment ça va et je lui réponds et vous? Parce qu'en France (du moins en région parisienne) quand on demande à quelqu'un comment ça va, on se fait répondre en général: et toi ? Je finir par lui répondre que ça va comme une fille de 45 ans, qui veut refaire sa vie avec les chevaux et à qui on vient d'annoncer qu'elle ne pourra plus monter à cheval (me semble avoir déjà entendu ça quand j'avais 18 ans …). Elle fait mine de compatir et range ses papiers bien droit sur son bureau. Elle me dit: Ah vous êtes pharmacien? Je lui réponds que je ne suis pas pharmacien mais pharmacienne, et que je ne suis pas une vraie pharmacienne dans le fond parce que je ne suis pas inscrite au bureau de l'Ordre et que j'ai seulement un bac en pharmacie mais comme le bac au Québec ça veut pas dire la même chose qu'un bac en France pis que de toute façon elle ne comprendrait pas. J'étais en forme disons !

Miss Particule a ensuite regardé mon dossier et lu les notes laissées par l'infirmière précédente, celle qui disait deux ans plus tôt que j'étais "exaltée" par mon cancer. Je lui dis qu'effectivement mon premier cancer pouvait avoir provoqué une crise d'hypomanie vu que j'ai une maladie bi-polaire. Elle répond pardon? Moi, je me dis c'est mon accent ou mes broches. Je répète en articulant distinctement et elle me demande ce que c'est … Maladie Maniaco-Dépressive, Maladie Bi-Polaire, me semble les mots parlent tout seuls, surtout pour une infirmière. Bon, Line, on se calme, sinon elle va dire que je suis "exaltée".

Elle me pèse (Yes ! 64kg), me mesure (Yes ! 1,65m) et me dit que les doses des médicaments en oncologie sont calculées en fonction du poids! Eah ! Pas vrai ? Première nouvelle !

C'était clairement la preuve que 1) elle avait rien compris, 2) elle n'avait pas "écouté" quand je lui ai dit que j'étais pharmacienne et 3) que les pharmaciens Français ne font pas du tout le même métier que les pharmaciens Québecois. L'expression populaire de mes vertes années "compteux de pilules" prend ici tout son sens. L'herbe a souvent l'air plus verte ailleurs, croyez-moi chers confrères du Québec - consœurs ne s'utilisant en France que pour désigner les membres des communautés religieuses féminines, faut dire qu'ici, le pouvoir politique des femmes ne s'y exerçait que là, il y a encore quelques années (je n'ai pas mis décennies de façon très intentionnelle).

La parenthèse informative: Surface corporelle (Message à titre informatique, exigée par ma cousine Sophie de France, parce que j'ai aussi une cousine Sophie au Nouveau-Brunswick).

La surface corporelle est une unité couramment utilisée en oncologie pour déterminer les doses des traitements. Pour les adultes, on utilise généralement l'échelle de Mosteller. Ma BSA (Body Surface Area) est de 1,71m2, ce qui correspond à la racine carré du produit de ma hauteur en cm et de mon poids en kg divisé par 3600. Fingers in ze noze.

Bon je reviens à mes moutons et à Miss Particule qui, pour l'instant ne m'a rien appris de nouveau, ma masse et ma taille étant relativement stables depuis le matin. Elle fini par me dire qu'on va établir un rendez-vous parce que, qu'on opère ou pas (ce n'est qu'un détail après tout !), va falloir faire de la chimio. Bon, OK, j'apprends encore quelque chose de nouveau, non seulement on opère alors qu'a priori on ne devait pas, que la radiothérapie passe de 3 semaines à 5 semaines et que malgré tout, il y aura aussi de la chimio. On n'est pas sorti du bois (de l'auberge) ! Elle brasse encore un peu ses papiers et fini par trouver le carnet de rendez-vous. Jeudi 18, 10h30. Et je suis encore une fois rattrapée par la réalité et la mauvaise foi, encore faut-il qu'il y en ait une bonne.

Le clou final c'est quand elle a essayé de me "vendre" une perruque. Là, je n'ai pu résister, du grand art. Si ma Chauve Préférée du Moment et plus fidèle lectrice (elle se reconnaîtra !) avait pu assister à la scène, elle aurait vraiment, mais vraiment, été très fière de moi.

Particule: En brassant ses paperasses et finissant par me présenter un catalogue

"Je voudrais vous présenter les derniers model…

Cancer Bitch:

"Non merci, ça sera pas nécessaire" (avec le ton qu'emploie la Sister)

P: "On fait des nouveaux modèles maintenant avec des vrais cheveux"

CB: Dans sa tête :" A comprends rien, j'en veux pas de ses crisses de ch'veux, pis jusse à penser qu'une pauvre Indienne s'est faite couper les cheveux pour qu'une occidentale soit conforme aux apparences de la société, no way. Je suis pas une victime du cancer, je ne serai certainement pas victime de quoi que ce soit, et surtout pas de la mode. Non mais !".

"Non merci, ça sera pas nécessaire" (avec le ton de la Sister qui commence à s'énerver)

P: "Mais c'est remboursé par la sécurité sociale"

CB: "C'est pas une question d'argent" (avec le ton de la Sister énervée)

P: "Prenez-la quand même, au cas-ou"

CB: (Avec le ton de Nat quand elle a à faire avec des incompétents)

"J'en ai pas besoin, j'ai même hâte de ne plus avoir un poil sur le coco pis ailleurs aussi. Fini la poileuse! Ma mère va enfin être contente, j'aurai plus besoin de me raser les jambes."

"Il me reste plein de chapeaux pis des foulards de la dernière fois. J'ai même des photos de ma prochaine coupe de cheveux comme ça on perdra pas de temps si j'ai une autre métastase. Mais j'espère que ce sera l'hiver parce qu'en été les chapeaux, ca pique"

"… sauf ma bombe mais vu que je peux plus monter à cheval, c'est pas vraiment grave j'imagine."

Sur ce, je me suis levée, signifiant de façon polie à mon interlocutrice que la discussion s'arrêtait là. La pauvre, j'ai peut-être été un tout petit peu raide mais elle était pire qu'une témoine de jéhovah. Devrait peut-être penser à changer de job... elle a sûrement voulu devenir infirmière pour se marier avec un docteur !

Maudit que ça fait du bien de bitcher un peu!

Et zou !

lundi 25 août 2008

Sept

C'est le nombre de pilules que je prends le matin, merci l'industrie pharmaceutique! On dira ce qu'on voudra, c'est un peu grâce à la puissance de ces multinationales que la vie s'allonge et s'emmieute.

Va falloir que je pense à changer mon lit et à appeler un plombier, ça fait plus de 3 ans que la toilette de la salle de bain de notre chambre à coucher ne fonctionne pas, je crois que c'est un record.
En fait, il est plus facile de prendre rendez-vous avec un neuro-chir italien qu'avec un plombier, français ou polonais…

Le soleil brille se matin, ça fait du bien après le déluge de ce week-end. Mr.X a fait du feu dans la cheminée. Je me serais crue à Val Morin ou à St-Adèle, la neige en moins mais l'humidité en double.

Je dois absolument sortir le bout de ma colonne aujourd'hui. Il faut que j'aille voir Dada Stone. Il est en vacances, au pré mais il y est entré boiteux, un suros sur le postérieur droit.

Je bois des tonnes de cafés, je fume des kilos de tabac, je mange des litres de fraises Tagada, que voulez-vous, j'aime vivre dangereusement …

J'ai fait une Dépakinémie avant de partir en vacances, ça fait des années que je me traîne sous le seuil thérapeutique … un point de plus pour l'équipe Placebo, c'est peut-être pour ça que …

Allez hop, un petit souvenir d'Anguilla pour nous remonter le moral et faire plaisir à Mme PitPit …

samedi 23 août 2008

20 toute 2008

C'est reparti, j'ai droit à un tour gratis dans la grande roue de la vie.

Voici donc, l'histoire de ma vie, en "internet-reality" …

Née à Montréal (d'une famille normale ...) en 1963, j'habite la région parisienne depuis 12 ans. J'ai 45 ans, et la famille "H" se compose d'un mari (Mr.X), d'un garçon "doué" (Junior) et d'un cheval (Stone).

J'ai été dépistée, opérée, chimiotraitée et irradiée (oui oui, tout ça pour moi !) en 2006, pour une tumeur localisée dans mon sein gauche.

Tout allait bien jusqu'au spectacle de Céline Dion (avec son mari Réné) à Paris, en mai dernier. Céline n'a rien à voir là-dedans, mais c'est pour me rappeler la date, ce dont je ne me souviens plus par ailleurs.

Finalement, je me suis décidée et j'ai consulté la semaine dernière pour ce que je croyais être une simple (mais douloureuse) atteinte sciatique. De plus, mon corps, décidé à me pourrir la vie chaque fois que je prends des vacances (3/3 depuis l'été 2006), a sournoisement profité de ces quelques moments de bonheur; toute la petite famille réunie sur une des plus belles pages du monde, les Anguillais de Rendez-Vous Bay se reconnaîtront.

Je vous épargne la suite, sauf un seul détail ...

Je positivise (j'ai la positive attitude - adaptation française) et je me dis que mon mari (Mr.X) a bien fait de prendre l'assurance "rapatriement sanitaire" ! Du coup, dimanche matin notre limousine (l'Ambulance …) nous a conduit à l'aéroport et nous avons eu droit à un vol de huit minutes au-dessus du détroit séparant Anguilla et St-Martin, en jet privé (bon ok, en coucou à moteurs), et Junior a pu voir de ses yeux et du haut de ses 9 ans et nos 3000 pieds d'altitude, des images dignes de Yann-Arthus Bertrand.

Attendez ! La suite est meilleure.

J'ai aussi eu droit à un vol Air France, direct, et en business class s'il-vous-plait; avec foie gras, champagne et siège inclinable à 180°.

Alors que Mr. X et Junior se sont tapés les quatre valises (enfin pas pour longtemps puisque aujourd'hui, mercredi, les dites valises ne sont toujours pas de retour) et le vol avec 3 heures de retard dû à un bagagiste ayant, par mégarde, oublié qu'il avait une clope ALLUMÉE au bec, alors qu'il se tenait directement dessous le DÉTECTEUR DE FUMEURS situé dans la soute à bagages. Heureusement les ingénieurs ont prévu le coup et des extincteurs à CO2 n'ont pas tardé à déverser leur mousse sur l'étourdi, mais néanmoins coupable, bagagiste, prestement identifié.

Qu'à cela ne tienne, les hommes de la famille "H" ont des couilles (du moins pour ces deux-là) et ont remonté leurs manches et les marches de la passerelle pour finalement décoller et atterrir 50 minutes plus tard en "République" (République Dominicaine – adaptation française). Pour le reste, pas de pépin (sauf pour valises qui demeurent dans le continuum espace-temps) avec à l'intérieur, bien sûr, toute ma panoplie d'antidouleurs …

Pour faire une histoire courte (Courage! C'est presque fini), c'est hier, mardi, 24h après mon atterrissage à Roissy que j'ai pris une claque, une crisse de claque (comme Charlebois dans Lindbergh). J'ai pas vraiment compris l'expression du visage de l'interne des urgences hier soir, jusqu'au moment où j'ai compris que je ne voulais pas comprendre, alors tout est devenu clair. Vous comprenez?

Panique, peur, tristesse, peur, douleur, peur, peur, peur, PEUR

Et puisqu'on y est, CULPABILITÉ … Peut-être n’avais-je pas été assez punie avec le cancer primaire? M’en étais-je trop moqué ? Avais-je été trop " désinvolte" ? J'ai effectivement bien supporté (aimé?) cet épisode de ma vie...

Bon je garde le reste pour mes Psy, Freud et Monica, et je fais ici référence à L'Italienne et non l'Américaine.

Vive le système de santé français !! J'ai un RDV demain avec Maya, mon oncologue.

A bientôt pour la suite !