CITATION DU JOUR

"La maladie se supporte mieux quand on est supportée"
Line

vendredi 29 août 2008

Bilan

J'ai pris la journée pour digérer la nouvelle !

"Votre pronostic vital n'est pas engagé" qu'elle a dit Maya (Mononc Aulogue)


YES !!!


Au menu, nous aurons donc une entrée de radiothéraphie, une chimio en plat principal et quelques semaines de repos en dessert.


C'est l'histoire d'une blonde, elle est en train de raconter son dernier rendez-vous chez le médecin à sa meilleure copine et ne se souvient plus du diagnostic. Elle téléphone donc à son médecin (on est en France !) pour lui demander des précisions.

- Bonjour Docteur, je suis mademoiselle Chose, et je n'arrive plus à me rappeler ce que vous m'avez dit: capricorne ou verseau ?

Et le médecin, exaspéré, de lui répondre : cancer, Mademoiselle Chose, cancer !


Et zou !

jeudi 28 août 2008

Ronflant

Résultats scintigraphie : négatif, rien, zéro, néant, nulla, nada, nothingness, لاوجود, nichts, niets, hiçlik, ничего, τίποτα

Bon maintenant que c'est réglé, il est temps de passer à autre chose.

C'est décidé, après tout, c'est mon blog à moi ! Les jeudis seront désormais consacrées à trouver le meilleur (certains diront le "positif", mais honnêtement je trouve que c'est surfait) d'une situation, qui, a priori, je dis bien a priori, pourrait éventuellement paraître un tant soit peu… négative. Pab dirait "négative" comme on chuchote "cancer".

Par exemple, j'ai reçu hier une carte de groupe sanguin; je suis AB-. Cette carte pourrait m'être utile en cas de transfusion ou d'opération avec circulation extracorporelle, disait la note accompagnatrice. Voilà un bel exemple de positivisme.

La même chose avec les résultats de mes examens, ils sont négatifs mais finalement positifs dans le sens où Mr.X s'est finalement décidé à m'emmener magasiner. Au programme: costards (habits), cravates, chemises et pompes (souliers). La totale (toute le kit). Bon OK il aurait aussi eu besoin d'une paire de jeans mais celle qu'il porte ne date que de l'an dernier. Mr.X n'a pas encore compris qu'on pouvait acheter des fringues (du linge, des vêtements) même si celles qu'on a ne sont pas encore, complètement, trouées. Positive, Line! POSITIVE !

Nous nous sommes donc dirigés vers la chic banlieue de St-Germain (merde, la Porsche est restée à la maison) où nous nous sommes sustentés à la brasserie de la place (la taverne du coin). J'ai pris une coupe de champagne et laissé tomber la fraise au fond (dégât sur la table mais serveur super gentil, preste nettoyage). Mr.X s'est envoyé un verre de brouilly bien frais, puisque chacun sait que le brouilly se boit à une température fraîche. Nous avons tous les deux terminé avec une noisette (café fort, servi dans une tasse de fife avec un nuage de lait) après avoir englouti, lui sa bavette et moi mes gésiers.

Repus, nous sommes allés faire marcher la carte bleue (carte de crédit). Deux costards, une chemise (la même qu'à la maison mais sans les trous et avec tous les boutons) et deux cravates plus tard, il était temps de passer aux choses sérieuses: les chaussures. Pas les siennes, les miennes. Feignant un léger déséquilibre (merci de ne pas oublier que, malgré tout, j'ai quand même la moitié de la L5 grugée par le "cancer"), j'ai pris appui sur une vitrine d'une boutique, qui, PAR HASARD, achalait le chaland avec une exposition de chaussures. L'entrée étant libre (j'ai jamais compris ces petits écriteaux dans les magasins français, y'a-tu des magasins où faut payer pour entrer ?), je m'y suis introduite, Mr.X terminant sa clope sur le pavé (qu'il tenait haut d'ailleurs). Et là … révélation! Ne sont-elles pas mignonnes? C'est la belle Marianne qui va être contente.


Et comme cela ne suffisait pas, j'ai aussi eu droit, à la cape, à l'écharpe (le foulard) et au bob vert pomme.

Et voici Bob et les Bobettes (slips) ...


Bon, la moquette était très bonne aujourd'hui ! Mon chuchoteur vient de chuchoter. Dada m'appelle.

P.S. Mr.X est parti ce matin avec une de ses nouvelles cravates. Il est beau mon mari.

mercredi 27 août 2008

IRM-2

J'ai bien essayé d'écrire plus tôt, mais j'ai passé la journée avec un tournevis dans la bouche…

La preuve que l'IRM rend mes broches magnétiques… Bof, cela aurait pu être pire, oubliez pas que j'habite avec la voie ferrée derrière la maison.

Bon, tout va bien. On m'a injecté le truc-là, l'acide gonado-ésotérique. L'infirmier (gay?) m'a expliqué que c'était comme de la grenadine (sic) et que c'était pour mettre de la couleur. J'ai tout de suite imaginé un beau pipi rose. Après avoir enfilé la seyante mais néanmoins prévisible tunique de papier bleue et m'être fait "poser une ligne" (une aiguille dans la veine du coude avec, au bout, un petit tube relié à la seringue de grenadine), le gentil infirmier m'a conduit près de "THE MACHINE" (Welcome, dirons les fans de Pink Floyd) où, là, m'attendait le (gentil?) technicien. On m'a aidée à m'installer sur la table, drapée de bleue, avec une poire dans la main et des bouchons dans les oreilles. Et vive la techtonique!

Rapidement, parce que je savais que vous me poseriez la question. L'IRM, CKOI?

C'est un gros aimant qui aligne dans la même direction tous les atomes d'hydrogène du corps. Ensuite on les excite, dans mon cas une paire de chaussures fait l'affaire. Les atomes entrent en résonance et renvoient l'énergie en émettant un signal, capté et enregistré par un ordinateur. Tout ça est très bien expliqué dans le schéma suivant. J'imagine qu'ensuite on utilise la fameuse grenadine pour faire joli. Pour le reste, je vous épargne les détails sauf quand ils ont échappé la table et que j'ai senti ma colonne résonner.

Mais les résultats me direz-vous? Et bien heureusement que j'ai insisté parce que c'était le sempiternel: "le docteur vous expliquera tout ça". Le radiologue est venu me voir dans la cabine d'essayage pour me dire que l'IRM confirmait le diagnostic du scan de Poissy, c'est-à-dire, des tissus inflammés (ah! c'est à ça que sert la grenadine !) au niveau de la L5 augurant d'une métastase. WOUF, ça fesse, je ne me suis pas encore habituée à entendre le diagnostic. "A-t-on prévue la biopsie?" me demande t-il sur le même ton. Et là, la PEUR est revenue, et si ce n'était pas une métastase mais un cancer de l'os? Mais bon, j'en parlerai à Maya jeudi prochain. Mr.X m'attend, sagement dans la salle d'attente, je lui parle pas de mes craintes, ça sert à rien de l'énerver (il pourrait entrer en résonnance !).

En rentrant je suis allée voir Dada. Je dis bien voir parce qu'il n'a pas bougé du fond de son pré, accessoirement situé près de la mangeoire. J'ai eu beau agiter mon sachet plastique de canneberges séchées (cranberry – adaptation française) rien à faire, mais Gégé est venu me voir. Il a perdu un fer et a beaucoup maigri. Il est trop gentil Gégé, il se laisse mener par le bout du nez par les juments de la horde, qui elles sont bedonnantes.

Bon c'est pas tout ça, j'ai une scintigraphie demain !

Et hop !

mardi 26 août 2008

IRM

Ca y est, je suis prête ! J'ai acheté mon "acide gadotérique", il ne me reste plus qu'à me faire injecter, en plus des 7 pilules et en plus la télé ne fonctionne pas ce matin et ça fait 3/4 d'heure que Mr.X est sur la hot line de "Free" qui nous dit d'appuyer sur "MacIntosh" ... trop compliqué ce matin.

Comment on va faire, pas de météo ce matin, va-t-on être obligés de regarder dehors pour voir s'il fait beau ?

Et mes broches (mon appareil orthodontique - adaptation française), vont-elles restées collées sur le gros aimant ?

lundi 25 août 2008

Sept

C'est le nombre de pilules que je prends le matin, merci l'industrie pharmaceutique! On dira ce qu'on voudra, c'est un peu grâce à la puissance de ces multinationales que la vie s'allonge et s'emmieute.

Va falloir que je pense à changer mon lit et à appeler un plombier, ça fait plus de 3 ans que la toilette de la salle de bain de notre chambre à coucher ne fonctionne pas, je crois que c'est un record.
En fait, il est plus facile de prendre rendez-vous avec un neuro-chir italien qu'avec un plombier, français ou polonais…

Le soleil brille se matin, ça fait du bien après le déluge de ce week-end. Mr.X a fait du feu dans la cheminée. Je me serais crue à Val Morin ou à St-Adèle, la neige en moins mais l'humidité en double.

Je dois absolument sortir le bout de ma colonne aujourd'hui. Il faut que j'aille voir Dada Stone. Il est en vacances, au pré mais il y est entré boiteux, un suros sur le postérieur droit.

Je bois des tonnes de cafés, je fume des kilos de tabac, je mange des litres de fraises Tagada, que voulez-vous, j'aime vivre dangereusement …

J'ai fait une Dépakinémie avant de partir en vacances, ça fait des années que je me traîne sous le seuil thérapeutique … un point de plus pour l'équipe Placebo, c'est peut-être pour ça que …

Allez hop, un petit souvenir d'Anguilla pour nous remonter le moral et faire plaisir à Mme PitPit …

samedi 23 août 2008

Samdi

Les nouvelles sont bonnes, Dr. Mamours m'a dit que ma L5 était tout à fait en état de supporter mon poids, il n'a cependant pas parlé de mon caractère ...

En fait le système de santé français est tellement performant que j'ai du mal à me suivre tellement ça va vite … N'oubliez pas en effet que je viens du pays des grandes surfaces, là où les "clients" de l'assurance-maladie du Québec doivent impérativement voir un médecin généraliste avant de pouvoir "entrer" dans le système et où beaucoup de généralistes n'acceptent plus de nouveaux patients… faute de ressources. Y'a pas qu'en France que l'administration se mord la queue.

Donc, je vous raconte, c'est palpitant : 48 heures chrono …

Jeudi 21 août / 14h15 (en fait, il était même plus tôt … Maya a dû sauter le désert; des coings rôtis au miel d'acacia) - CRH


Mr. X m'accompagne, c'est l'homme idéal et GQ se trompe, il existe! Je l'ai marié! Et je l'ai rencontré sur internet, mais ça c'est une autre histoire. Elle regarde les résultats du scan de l'avant-veille, me fait déshabiller, me questionne, me taponne et finalement me demande de me rassoir. Me dit ne pas trop m'inquiéter et téléphone à son pote, le neuro-chir de l'hôpital de la banlieue d'à côté, le fameux Dr. Mamours qui peut me voir demain (oui oui, le lendemain !) à 10 heures.

Bon maintenant que c'est fait, on passe au reste, et croyez-moi, ER c'est de la p'tite bière à côté et tout ça sans qu'on me demande ni carte bleue, ni assurances. Un petit dosage, un p'tit IRM, un p'tit PET-Scan et voilà, et le tout servi avec le sourire, un jeudi de merde près de Paris, sous la pluie. Avec tous ces tests et les derniers arrêt-maladie, c'est sûr, cette année, le trou de la sécu sera à ma charge. Il doit au moins y avoir pour 10K€.

Et finalement elle m'explique qu'il s'agit vraisemblablement d'une métastase de mon premier cancer, c'est-à-dire un cancer du sein dans l'os et non pas un cancer de l'os (où la survie médiane est de 18 à 24 mois …). Ouf ! Le pronostic vital n'est pas engagé (quelle drôle de façon de dire que les chances de survie sont bonnes, me semble, quand c'est des bonnes nouvelles on s'organise pour que tout le monde comprenne). Et puis vraiment, si les détails scabreux vous intéressent, j'ai " une lésion ostéolytique du corps vertébral de L5 s'étendant dans le pédicule gauche avec une inflammation de la racine L5 gauche au niveau foraminal, en regard de la lésion ostéolytique" ainsi qu'une "discopathie sans signe de compression disco-radiculaire".


Vendredi / 12h30 - Hôpital F

C'est vrai que le Dr. Mamours avait 2h30 de retard mais franchement je ne vais pas commencer à me plaindre d'autant que les nouvelles sont bonnes, pas d'opération envisagée pour le moment, on attend les résultats des scans et hop! Le tour est joué. Comparativement au rhume d'homme je me dis que je suis passée proche encore une fois …

L'après-midi je rappelle ma butineuse (sur son numéro direct). Elle me dit que puisque j'aurai les résultats des tests mercredi, elle me prendra en plus de ses patients, jeudi, comme ça on peut avancer notre rendez-vous de décision thérapeutique de 5 jours.

Je vous le dit, j'ai pas le temps de suivre …

20 toute 2008

C'est reparti, j'ai droit à un tour gratis dans la grande roue de la vie.

Voici donc, l'histoire de ma vie, en "internet-reality" …

Née à Montréal (d'une famille normale ...) en 1963, j'habite la région parisienne depuis 12 ans. J'ai 45 ans, et la famille "H" se compose d'un mari (Mr.X), d'un garçon "doué" (Junior) et d'un cheval (Stone).

J'ai été dépistée, opérée, chimiotraitée et irradiée (oui oui, tout ça pour moi !) en 2006, pour une tumeur localisée dans mon sein gauche.

Tout allait bien jusqu'au spectacle de Céline Dion (avec son mari Réné) à Paris, en mai dernier. Céline n'a rien à voir là-dedans, mais c'est pour me rappeler la date, ce dont je ne me souviens plus par ailleurs.

Finalement, je me suis décidée et j'ai consulté la semaine dernière pour ce que je croyais être une simple (mais douloureuse) atteinte sciatique. De plus, mon corps, décidé à me pourrir la vie chaque fois que je prends des vacances (3/3 depuis l'été 2006), a sournoisement profité de ces quelques moments de bonheur; toute la petite famille réunie sur une des plus belles pages du monde, les Anguillais de Rendez-Vous Bay se reconnaîtront.

Je vous épargne la suite, sauf un seul détail ...

Je positivise (j'ai la positive attitude - adaptation française) et je me dis que mon mari (Mr.X) a bien fait de prendre l'assurance "rapatriement sanitaire" ! Du coup, dimanche matin notre limousine (l'Ambulance …) nous a conduit à l'aéroport et nous avons eu droit à un vol de huit minutes au-dessus du détroit séparant Anguilla et St-Martin, en jet privé (bon ok, en coucou à moteurs), et Junior a pu voir de ses yeux et du haut de ses 9 ans et nos 3000 pieds d'altitude, des images dignes de Yann-Arthus Bertrand.

Attendez ! La suite est meilleure.

J'ai aussi eu droit à un vol Air France, direct, et en business class s'il-vous-plait; avec foie gras, champagne et siège inclinable à 180°.

Alors que Mr. X et Junior se sont tapés les quatre valises (enfin pas pour longtemps puisque aujourd'hui, mercredi, les dites valises ne sont toujours pas de retour) et le vol avec 3 heures de retard dû à un bagagiste ayant, par mégarde, oublié qu'il avait une clope ALLUMÉE au bec, alors qu'il se tenait directement dessous le DÉTECTEUR DE FUMEURS situé dans la soute à bagages. Heureusement les ingénieurs ont prévu le coup et des extincteurs à CO2 n'ont pas tardé à déverser leur mousse sur l'étourdi, mais néanmoins coupable, bagagiste, prestement identifié.

Qu'à cela ne tienne, les hommes de la famille "H" ont des couilles (du moins pour ces deux-là) et ont remonté leurs manches et les marches de la passerelle pour finalement décoller et atterrir 50 minutes plus tard en "République" (République Dominicaine – adaptation française). Pour le reste, pas de pépin (sauf pour valises qui demeurent dans le continuum espace-temps) avec à l'intérieur, bien sûr, toute ma panoplie d'antidouleurs …

Pour faire une histoire courte (Courage! C'est presque fini), c'est hier, mardi, 24h après mon atterrissage à Roissy que j'ai pris une claque, une crisse de claque (comme Charlebois dans Lindbergh). J'ai pas vraiment compris l'expression du visage de l'interne des urgences hier soir, jusqu'au moment où j'ai compris que je ne voulais pas comprendre, alors tout est devenu clair. Vous comprenez?

Panique, peur, tristesse, peur, douleur, peur, peur, peur, PEUR

Et puisqu'on y est, CULPABILITÉ … Peut-être n’avais-je pas été assez punie avec le cancer primaire? M’en étais-je trop moqué ? Avais-je été trop " désinvolte" ? J'ai effectivement bien supporté (aimé?) cet épisode de ma vie...

Bon je garde le reste pour mes Psy, Freud et Monica, et je fais ici référence à L'Italienne et non l'Américaine.

Vive le système de santé français !! J'ai un RDV demain avec Maya, mon oncologue.

A bientôt pour la suite !