
Je vous racontais précédemment que j'étais allée "jaser" avec les cops vendredi dernier, au café du village. C'était vraiment cool. Il y a quelque chose, comme une immense solidarité, un soutien, un filet. Je me sens bien avec elles. Au bout de deux heures de discussion, il a bien fallu qu'on se sépare, d'autant plus que l'odeur du poulet rôti commençait à me donner un peu mal au cœur ! On est restées sur la terrasse, pour les adieux, au moins 30 minutes supplémentaires et nous avons été rejointes par une autre madame du village. Une belle dame qui nous racontait que son fils était élève jardinier au château de Versailles. J'ai une préférence pour les métiers manuels, autres que tapoter sur un clavier, je trouve que l'humain y gagne beaucoup. J'ai beaucoup choqué mes collègues intellectuels scientifiques à l'époque, quand je disais (criais !) que j'aimerais que Junior devienne plombier.
La madame dont le fils est jardinier souffre aussi d'un cancer du sein, mais je ne m'en suis pas aperçue. C'était pas écrit sur son front et elle portait une perruque. La même que la mienne en fait ! Sur le chemin du retour, avec Fabulous, je me suis demandée si je ne devrais pas cacher, je ne trouve pas de meilleur mot, mon crâne sous une perruque. Je me suis demandée pourquoi je tenais tant à ce que les gens sachent que j'étais malade. Ai-je besoin de pitié ? Ai-je besoin qu'on fasse attention à moi ? Ai-je besoin de reconnaissance ? Fabulous, quant à elle, me dit que je pense trop … en me promenant la tête à poil je ferais avancer la cause parce que je permettrais aux gens d'en parler et de démystifier la maladie. C'est vrai qu'en France on voit très peu d'handicapés et de malades. La France, pays des apparences et de l'apparat.
Junior est rentré de l'école vendredi soir comme à toutes les semaines, sauf que cette fois-ci, il revenait aussi d'un voyage en Angleterre. Un séjour rapide, trois jours, mais n'empêche, j'avais un peu les chochottes. Il nous a rapporté des brownies de chez Mark and Spencer et un magnifique Big Ben en cristal avec des loupiotes et tout et tout. J'étais super émue. C'est la première fois qu'il nous fait des cadeaux, même si c'est lui qui s'est tapé tous les gâteaux et que Big Ben a fini dans sa chambre comme lampe de chevet !
J'ai voulu changer de selle pensant qu'avec un nouveau siège je serais plus confortable à cheval. Du même coup, le prétexte de la selle me donnait une bonne raison pour ne plus remonter à cheval. Facile. Je crois que c'est le concours handisport et surtout ma discussion avec une des athlètes qui m'ont donné le coup de pied au cul. Bien sûr, le stress de la prochaine chimio me paralysait aussi, mais ça, c'est dans la tête ! Samedi dernier, c'était le grand jour, le jour du test. Ça m'a pris tout mon p'tit change pour enfiler ma culotte de cheval, aller chercher une selle que j'avais repérée sur internet et me rendre, sous la pluie, à l'écurie. Mais une fois sur place, la magie s'est encore une fois opérée. Plus de douleurs (bon OK, j'avais pris ma pilule avant), plus de crampes et le soleil qui était revenu. Je suis arrivée alors que la reprise était en cours, Dada étant monté par la proprio du devant. J'ai essayé trois selles, dont une Hermès, pour finalement revenir … à ma selle. Il n'y a que les fous qui ne changent pas d'idées.
Et zou !