CITATION DU JOUR

"La maladie se supporte mieux quand on est supportée"
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lundi 5 octobre 2009

Je suis le no. 6

Vous vous souvenez de la fin ? Pendant tous les épisodes le no.6 demande au no.2 qui est le no.1 et au dernier épisode on apprend que finalement le no.6 est le no.1. C'est un peu comme dans "Volte face" où le méchant devient le bon et vice-versa sauf que dans "Le prisonnier" c'est la même personne … Dans ces années là, les séries étaient assez psychédéliques et cherchaient à nous faire réfléchir même si on comprenait pas vraiment. Désolée de vous avoir révélé la fin mais c'est un peu comme ça que je me sens. Je suis ma propre prisonnière.

Bon, OK, je dois me reposer, je sais. Si je suis plus de trois ou quatre heures hors de mon fauteuil, je dois dormir au moins deux heures ! Mais j'ai eu une période cet été où j'ai fait tout le ménage et la lessive. Là, j'arrive à peine à faire mon lit un jour sur deux. Je profite de ma convalescence pour ne rien faire, sauf regarder la télé et jouer au sudoku (je suis devenue presque imbattable), mais bon j'aimerais tellement avoir le goût de faire autre chose, parce qu'au fond de moi je suis persuadée qu'il n'y a que moi pour me donner un esti d'gros coup d'pied au cul !!! Pis faire des affaires, au moins une ou deux par jour, c'est pas la fin du monde, mais je m'en fais une montagne, j'angoisse, j'me fais des sudokus pour passer les journées. Wow ! Si ça c'est pas le fond, on est au moins dans le 11 pieds et demi là ! (les piscines au Québec, font en général 12 pieds de de "creux", i.e. de profondeur).

Heureusement que la Fabulous elle est là. Elle m'oblige à manger, à sortir, à faire au moins une affaire par jour. C'est mon coach de vie ! Elle vient bosser chez moi et me donne l'espoir qu'un jour ma vie redeviendra un peu plus normale, un peu plus comme elle était avant K2, l'espoir qu'un jour je retrouverai le goût de travailler et qu'enfin je pourrai le faire de manière intelligente, en bossant moins et en me rendant à mes RDV chez l'oncologue. Je suis tellement prisonnière de moi, de mes counneries …

J'ai vu ma généraliste qui m'a fait passer des rayons X et des échos des épaules. J'ai fait les examens et j'ai une tendinite à chacune des épaules, qui me réveillent à toutes les fois que je change de positions la nuit. J'ai les résultats, je sais qu'au vu des résultats elle me prescrira de la physio (kinésithérapie) et je suis sûre que cela me fera du bien parce que 1) ça va soulager mes douleurs, 2) avoir deux RDV chez le kiné par semaine vont me faire sortir du "village" et 3) me poussera à me muscler un peu pour m'aider à vraiment remonter à cheval. C'est simple non ? Alors pourquoi je ne le fais pas ? Bien, parce que la fois où je suis allée voir ma généraliste je lui ai dit que je lui ferais un résumé sur les marqueurs tumoraux des cancers du sein… Pourquoi j'ai dit ça ? J'ai commencé la journée même, en deux heures j'avais assez d'info et j'avais compris les grandes lignes. Ça fait trois semaines et depuis, pschitt, j'ai rien fait de plus et là j'ai honte de la rappeler même si j'ai de plus en plus mal aux bras. Je suis ma propre prisonnière.

Je me suis mise dans ma bulle depuis que je vais physiquement mieux, ou entouka, depuis que je sais que les douleurs scapulaires sont dues à des tendinites plutôt qu'à des métastases et que je ne retournerai pas travailler avant six mois. Je me sens tellement fatiguée et … déprimée. Encore une fois, je me soigne j'ai vu Freud vendredi dernier. Avec lui c'est encore pire (mieux ?) il ne me voit pas reprendre le travail avant un an … Il va falloir que je trouve quelque chose pour "m'évader" sinon je risque vraiment de devenir une accro des Feux de l'amour et d'Euro Shopping ! Mon bon Freud m'a donc dit que je pouvais me donner le droit de jouer au sudoku et de regarder "Les Experts" de toutes les villes des États-Unis, il appelle ça "décrocher", vite faut que je me trouve un bouquin là-dessus ! Je suis tout de même passée au travers de quelque chose de grave, que j'avais failli mourir sur le billard (Ah! Le torrieu, il a lu le rapport de chirurgie), que depuis trois ans je me suis quand même tapé (ainsi que Mr.X et surtout le jeune Junior), un cancer, la vente de 3M pharma où je travaillais (45 min A/R en voiture), mon licenciement par l'acheteur, le début d'un nouveau travail chez Sanofi-Aventis (3h A/R auto ou train), super intéressant mais m'en demandant plus que je pouvais en donner, un mois plus tard, le décès de mon père, les ennuis de Junior à l'école du village et finalement son "placement" comme interne, au moins dans une bonne école qui reconnaît les différences de "Mon Zèbre".

Justement, le Junior … Dimanche dernier 10 minutes avant son départ pour Poularde, il nous dit que "Mitaine de Fer" lui avait dit de se munir d'une robe chambre. Vendredi, après Freud, je suis donc allée le chercher au car, à la place Dauphine et nous avons pris l'habitude de prendre un goûter sur une terrasse ou au resto si mon envie de fumée est répressible. Afin de joindre l'utile à l'agréable, je l'ai donc amené magasiner à La Défense, qui est selon Junior, la huitième merveille du monde, surtout les escalators. En fait, je vous raconte ici quelque chose qui m'a rendue vachement fière de mon fils, et ce n'est parce que c'est mon fils que je dis ça !). A la caisse devant nous il y avait une madame qui a échappé deux pots de bouffe à bébé par terre, dégueu. Ben, il a offert de l'aide à la dame avant même que je lui propose. Il est pas top mon fils !!! On a donc trouvé la robe de chambre en question, sans bouton parce qu'il paraît que mon Zèbre est un peu lent avec les tâches manuelles en général et le boutonnement des boutons en particulier. Il m'a même accompagnée au rayon fournitures scolaires et m'a regardée pendant au moins 10 minutes pendant que je choisissais trois ou quatre stylos dont je n'avais absolument pas besoin. Ensuite on est allé chez Paul, l'institution pâtissière de Paris, de la France et même peut-être de Navarre où le Junior, du chocolat jusque dans les oreilles, me disait comment j'étais la meilleure mère du monde parce que je l'avais amené au Parking du centre commercial de La Défense !

Le soir à la maison, quand vint le moment du coucher … il voulait aller à l'orphelinat et changer de famille. As usual …

Et zou !


samedi 31 janvier 2009

Mon vendredi

Hier, je suis sortie de mon hivernation* de la semaine. Hivernation relative car j'ai tout de même fait fonctionner mes doigts sur le clavier, et ma bouche dans le téléphone. Nous sommes donc allés, Mr.X. et moi déjeuner avec des copains expats, July du Québec, lui d'Irlande. Mon premier vrai repas depuis l'hôpital des cancers, le muguet m'abandonnant lentement. C'était délicieux ! J'ai mangé un saumon rosé à point et un écrasé de pommes de terres façon belle-mère, des patates pillées quoi. En dessert, le summum, une des meilleures crèmes brûlée que j'ai jamais mangée, avec de l'eau de fleur d'orangers. J'aime la France !

Ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas vus, depuis une éternité, seuls. Parce que depuis le temps qu'on se connaît, on a eu le temps de faire des enfants et nos réunions étaient familiales plutôt qu'amicales. Là on s'est retrouvé entre nous pour parler d'affaires de grands : les enfants, le boulot, la décoration des maisons, l'avenir, la joie d'être ensemble. Il faisait tellement beau que j'ai pris plaisir à aller fumer ma clope dehors. Une invitation au fumage.

Comme on avait du temps (Yes !), on s'est fait une petite ballade et nous nous sommes arrêtés à Thoiry, dans un tabac non-fumeur, pour prendre un café, acheter quelques revues de cheval et jouer au rapido. Je deviens tellement Française ! Ensuite direction "Poularde", près de Septeuil pour aller chercher Junior dans sa pension de luxe. J'aurais dû apporter mon appareil photo, c'était tellement beau. Pour le plaisir de mes p'tits amis Québécois, quelques noms réels de villages que nous avons côtoyés : St-Nom-la-Bretèche, Villiers-le-Mahieu, Amouville-lès-Mantes, Rosay, Vert (et son feu tricolore) … J'aime la France !

Et l'arrivée triomphale de Junior, en uniforme, certes (c'est son expression favorite), mais complètement débraillé. Comme je l'aime. Un esprit créatif encadré. Pendant qu'il est retourné chercher ses affaires, sa valise et son cartable**, j'ai enfin eu la chance de rencontrer sa Maîtresse (avec un très grand "M"), dans le sens de celle qui le guide, celle qui lui montre, lui enseigne, l'encourage, lui met des limites, sanctionne. J'étais tellement contente. J'ai aussi eu le temps de papoter avec "La surveillante du dortoir" ! Ça fait peur hein ? C'est peut-être fait exprès ! Après tout je n'ai pas 20 ans d'expérience dans l'enseignement et la pédagogie, comme la directrice de l'école. Entre nous, je vais surnommer "la surveillante du dortoir" Madame Mitaine de Fer, surtout en ces temps d'hiver vivifiants. Mitaine de Fer a montré à Junior comment faire ses lacets. Les scratchs*** sont mauvais pour nos enfants, cela les rend paresseux et surtout très doués pour faire tourner leur mère en bourrique. Junior aura 10 ans en avril. Ça fait cinq ans, la moitié de sa vie, que je lui montre, avec différentes méthodes (marine, armée, petites oreilles de lapin). Rien à faire. Lâ pas compris ! Et cette Madame Mitaine y arrive, en à peine une semaine. Je l'ai toujours dit, laissons les gens compétents faire leur travail. Mes hommages Mesdames !

Sur le chemin du retour, après Vert nous prenons l'autoroute. C'est moins joli mais non sans intérêt. Lisez bien la suite, public captif. Nous passions devant la centrale hydro-électrique d'EDF (une roue de voiture "Hotwheel" comparée à celle d'un Caterpillar, je pense à vous salariés du monde) et Junior de remarquer, voyant arriver j'imagine une crise mondiale d'énergie (c'est fou ce qu'on leur apprend dans "Sciences et Vie" à Junior ou dans les Simpsons), qu'il serait peut-être bien de construire une usine nucléaire dans notre village (no commerce). Le premier choc passé (pas dans mon jardin en France, pas dans ma cour au Québec, pas dans mon garage avec les copains), nous avons tenté de lui expliquer le pourquoi du comment. La semaine dernière nous avons "pôgné le p'tit torrieux" jouant à un jeu où le but était, à l'aide d'une tornade, de faire le maximum de dégâts possibles, qui naturellement étaient chiffrés en dollars. Junior s'est bien vite rendu compte qu'en détruisant les centrales nucléaires il se faisant un max de cash ! On m'a mis le holà là-dessus en disant que ce n'était pas vraiment constructif. Ben, chu contente. Je lui ai laissé faire son expérience, aujourd'hui il joue à se construire un vignoble et empoche 1000€ à jour. Et surtout, il a abandonné l'idée de faire construire la centrale. On a un permis de construction à demander à la mairie pour faire une terrasse, c'est pas le moment.

Et en revenant, j'ai joué à la mère. Chose qui ne m'arrive qu'extrêmement rarement (j'y travaille !). J'ai recousu le bouton de la veste rappelons-nous que la créativité doit être encadrée pour Junior et lui ai servi un verre de lait avec 2 biscuits. Ma job était faite. La Madame était contente.

Et zou !

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*Hivernation, à ne pas confondre avec hibernation, moments que l'on prend pour reprendre ses forces, de préférence devant la cheminée, sans trop culpabiliser.

** Le cartable en France, c'est le sac d'école des cadres, c'est-à-dire la "serviette" de mon père mais avec une poignée. Le cartable de Léo est un vieux sac d'école de Mr.X. Au Québec, un cartable, c'est un classeur, avec des anneaux de métal, qui sert à mettre des feuilles "mobiles". Extraits de mes premiers chocs au bureau, à venir.

*** Scratchs en France, velcro au Québec.

**** Pôgner = surprendre. Le torrieux au Québec est une personne un peu espiègle, aimant jouer des tours ! C'est aussi un petit futé débrouillard, qui vient à bout des problèmes de toutes sortes. Jamel quoi !