CITATION DU JOUR

"La maladie se supporte mieux quand on est supportée"
Line
Affichage des articles dont le libellé est Foch. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Foch. Afficher tous les articles

mardi 18 novembre 2008

Ambulare

J'ai rendez-vous ce jeudi à Foch, l'hôpital pas l'avenue, pour un scan et une autre consultation avec le Dr. L'Amoroso. J'imagine qu'il va me dire quand on remet ça et que s'enchainera à nouveau la ronde des consultations et prises des sangs et de la réservation du téléphone, de la télé et du wifi. Au moins, on sera fixé. Malheureusement, c'est que ma mère ne sera plus là pour me faire de la soupe et me laver les fesses à ma prochaine sortie. Y'a des volontaires ?

Pour me rendre à l'hôpital, je dois être transportée en ambulance, parce ce que je dois être en position couchée. J'ai déjà eu plusieurs expériences avec des ambulanciers, des expériences sanitaires je veux dire. En général, les gars sont plutôt sympathiques et après avoir reconnu mon accent, ils me racontent qu'ils ont un cousin (oncle, frère, copain) parti s'installer au Québec.

Les ambulances en France ne ressemblent pas du tout aux ambulances du Québec. Ces dernières sont plutôt comparables à celles qu'on voit dans les séries américaines; des petites salles d'urgences où les chauffeurs sont presque docteurs. Ici, les ambulances sont plutôt comparables à des taxis où le passager est allongé. Les chauffeurs sont formés pour le transport des patients, pas pour leur traitement.

A ma sortie d'hôpital donc, pas question que je sois transportée dans une voiture en position assise, c'est le docteur qu'il l'a dit. Les ambulanciers sont venus me chercher après une heure d'attente pour finalement m'installer dans l'ambulance où j'ai gelé et attendu encore une petite demi-heure. Ça va, j'ai l'habitude t'attendre, je suis patiente, c'est-à-dire, je n'ai rien à dire. On fini par partir et un monsieur gentil s'installe près de moi tandis qu'un monsieur pas gentil s'installe au volant et met la musique à fond. Non pas que je suis d'un naturel chieuse, (n'est-ce pas Mr. X?), mais là j'avais pas envie pis le haut-parleur était juste à la hauteur de mon oreille. J'ai gentiment demandé au monsieur gentil de demander au monsieur pas gentil de baisser le volume de la radio. Il l'a fait mais en même temps il y a eu beaucoup de mouvements dans l'ambulance. Le monsieur était pas content. Souvenez-vous. Dans ce temps-là j'avais vraiment mal partout et la moindre secousse réveillait en moi des envies de massacres à la tronçonneuse. Je suis certaine qu'il le faisait exprès. C'est comme quand vous avez une gardienne (baby-sitter) à la maison, c'est toujours délicat de les rabrouer un peu quand elles tiennent vos enfants en otage (ou le lave-linge si vous n'avez pas d'enfants et que vous employez une femme de ménage). Bref, vous l'aurez compris, les critiques étaient mal venues ce jour là. Je me suis assoupie pour éviter de me défaire la colonne en essayant de prendre le volant.

Je me suis réveillée juste à la sortie de l'autoroute, prise un peu trop rapidement d'ailleurs par mon chauffeur (Line calme toi). Pour être gentille, j'ai voulu compléter l'information donnée par le GPS mais il roulait trop vite, nous avons raté la rue et avons dû tourner au prochain carrefour, interdit bien entendu. La route étant bordée de jolies maisons, le gentil me fit part de ses sentiments sur la beauté du paysage alors que le méchant râlait contre la vitesse limitée à 45km/h. Nous sommes ensuite passés par le village des riches dont nous côtoyons les limites, pis là y'à d'la cabane !

Le gentil de s'ébahir encore plus et le méchant d'accélérer au même rythme, jusqu'à ce que nous atteignons le premier dos d'âne (chapeau de gendarme). Il s'est même énervé contre les dits dos en disant que ça le faisait ralentir… Courage ma fille, on est presque arrivés. C'était génial ! Enfin la maison avec la mère, Mr.X et Junior qui m'attendaient. Génial je vous dis.

Je vous raconte ça parce j'y retourne jeudi … J'ai téléphoné à l'hôpital où on m'a dit de réserver une ambulance dans une compagnie dans mon coin. OK. J'ai téléphoné pour réserver une ambulance (et deux ambulanciers) à la société la plus près de chez moi et on m'a dit qu'ils étaient déjà pleins pour jeudi, qu'il fallait toujours réserver très tôt et que non, ils ne pouvaient pas m'aider en me donnant les coordonnées d'une autre boîte. OK. J'ai appelé 2 autre sociétés situées entre chez-moi et l'hôpital, une affichait complet et l'autre ne desservait pas mon village.

OK. J'ai appelé une autre qui desservait toute la région tel qu'indiqué par les pages jaunes mais pas par la dame qui a répondu au téléphone mais qui m'a donné le numéro d'une autre, qui elle aussi ne venait pas jusque dans mon village. OK. … Je me suis finalement résignée à réserver chez ceux qui m'avaient déjà transportée mais eux aussi ne viennent pas dans ma région sauf quand il y a une sortie d'hôpital puisqu'ils ont un contrat avec Foch … Si j'ai bien compris on entre à l'hôpital sur ses pieds et on en sort en ambulance et il semble impossible d'y revenir. Peut-être une solution pour baisser le trou de la sécu !

J'ai finalement trouvé quelqu'un pour me transporter couchée jeudi...

Et zou !

vendredi 17 octobre 2008

En vrac

Mon estomac, mes idées.

Ce n'est pas parce qu'il ne m'arrive rien que je n'écris pas, au contraire ! Ma vie est palpitante, riche en aventures, en randonnées délicates vers les toilettes, vers la cuisine, et une fois par jour, j'escalade périlleusement notre escalier qui est en travaux depuis bientôt 5 ans.

Céleste nous a refait le coup des brochettes, mais avec un rôti en putréfaction cette fois. Je crois que ses croquettes "anti-obesity" ne lui suffissent pas et elle a zyeuté du côté de la poubelle. Bien mal lui en pris puisqu'elle n'a pas pu avaler les savoureuses croquettes dimanche soir tellement elle avait mal au cœur. Je pense qu'elle a compris maintenant, quoiqu'elle soit à moitié labrador.

Cette chienne me fait un bien fou ! Elle est toujours là, à quémander des caresses, à venir me dire bonjour quand je me lève et à venir me border le soir quand je me couche. Lundi j'ai dû aller à l'hôpital et je l'ai donc laissée seule à la maison, souliers rangés et portes fermées. Je rentre vers 19h et là, qui vois-je dans le jardin, bondissant de joie à mon retour, Céleste la kangourou. Comment a-t-elle pu sortir de la maison ? A-t-elle cassé un carreau ? Lui a-t-on appris, dans sa vie précédente, comment crocheter les serrures ? Elle a réussi à ouvrir et la porte de la cuisine et la porte donnant sur l'extérieur, que j'avais oublié de fermer à clé. Et là, depuis hier je m'amuse comme une folle avec elle et un pointeur laser, elle s'acharne pendant des heures sur le petit point rouge.

La semaine dernière un chasseur de tête m'a contacté pour un boulot. C'est bon pour l'égo et, en souvenir de ma vétérinaire préférée, j'ai fait la danse nuptiale du pigeon. Comme toujours, le chasseur m'a posé LA question : is this a good time to talk ? Je lui ai répondu que j'étais "on a sick leave", il m'a dit qu'il me rappellerait la semaine prochaine. J'ai dû lui expliqué que le "sick leave" serait un peu plus long !

Cette semaine, pour la première fois depuis longtemps j'ai été nostalgique de mon métier. Malheureusement, et c'est dommage, le rythme et le type de travail que je faisais ces derniers temps n'étaient pas vraiment dans mes cordes. Comment dire ? Je suis une "scientifique créative non opérationnelle". J'ai des bonnes idées et j'ai besoin des autres, du travail d'une équipe, pour les mettre en pratique. Ma douce France est mise à mal par le fonctionnement de ses compagnies. C'est un peu compliqué, en tout cas moi je trouve ça et j'ai de la misère à dealer avec autant de "plateaux" hiérarchiques, et je ne vous parle pas des communications inter-départements !

Cependant tous ces niveaux n'ont pas empêché mon ex-N+3 de me recruter en mai 2006, de m'attendre jusqu'en mai 2007 et de me laisser repartir en arrêt maladie en avril 2008. Et malgré encore tout ça, de m'envoyer un petit mot avant de changer de département et de rejoindre la Californie, pour dire qu'il ne regrettait pas de m'avoir engagée. C'est gentil. Je ne suis pas certaine que les ressources humaines soient du même avis encore que, miracle financier de ma Douce France, je coûte moins cher à mon employeur en arrêt-maladie qu'au travail à plein temps. Il existe des incohérences dans tous les systèmes et aucun n'est parfait, c'est comme les gens. En passant, dans ma boîte on ne parle plus de ressources humaines, mais de "développement des hommes". Ça veut tout dire…

Je me suis encore fais scannée cette semaine, avec une injection d'iode cette fois-ci ! Cool ! Enfin, je devrais plutôt dire, HOT ! C'est vraiment une drôle de sensation. L'iode est injectée dans une veine du bras grâce à une pompe à débit contrôlé. On fait le scan au moment où l'iode est injectée afin de mettre en évidence les lésions. Au moment de l'injection, j'ai ressenti la solution investir mes veines. J'ai pu suivre tout son trajet, le bras, le cœur, la tête, l'abdomen et le "bas du corps" comme disait pudiquement ma grand-mère. C'est seulement ensuite que les choses ont commencé à déraper, quand j'ai dû me relever. Je sais que pour la plupart d'entre vous ce geste est machinal, presque réflexe, mais dorénavant, plus pour moi. Je dois réfléchir, agir comme Napoléon et définir une stratégie en fonction du terrain et de l'ennemi, dans ce cas-ci, une "manipulatrice" trop empressée qui voulait absolument "m'aider" à me lever. Elle a fini par me lâcher après que je l'eusse mordu 3 fois.

Tel que c'était écrit sur ma "fiche de circulation", sorte de carte au trésor nous menant à la sortie de l'hôpital en passant par la caisse, je me suis rendue sinon d'un pas mais du moins avec un esprit vif à l'étage -2 qui en fait équivalait à l'étage C, du moins pour l'aile orange du bâtiment B, parce que, dans l'aile verte du bâtiment G, cela correspondait à l'étage -1. Pour ceux qui pensent que l'hôpital Notre-Dame à Montréal est un vrai labyrinthe, et bien c'est le plan de Brest comparé aux dédales de Foch, heureusement le personnel est raisonnablement aimable, pour des Français bien entendu.

Je fini donc par aboutir chez le Dr. L'Amoroso (le FauxMamours.) Vous suivez ? Le premier neurochirurgien avait été surnommé Dr. Mamours avant que je ne vois le "vrai" en son chef de service. D'ailleurs, pour éviter les confusions, je l'avais resurnommé Dr.L'Amoroso, parce je crois qu'il est Italien, comme Monica ma psy et que je ne me permettrais pas de le surnommer Gigi en souvenir de Dalida (Gigi ? C'est toi là-bas dans le noir ?). J'ai donc vu Dr.L'Amoroso et voilà, il m'a vu, on s'est vu. Je ne sais pas si c'était parce que nous étions dans son cabinet, loin des scies et autres objets contondants, mais il était beaucoup moins volubile. Il a même oublié de me parler de la première chirurgie. Il est probablement comme moi, passionné par son métier, capable d'expliquer la technique avec force et colonne vertébrale en plastique, mais quand vient de temps de régler le cadre, d'opérationnaliser le projet chirurgical, ça l'intéresse moins ! Et c'est à cela que sert son équipe, Cécile en tête.

Ben oui, j'aurai donc 2 chirurgies, deux fois à me retrouvée toute nue devant le personnel médical. Et là, je ne peux m'empêcher de penser à Nip/Tuck, au Dr. House, au Dr. Welby, au Dr. Dolittle. Peut-être devrais-je arrêter la télé ? J'aurai donc une première opération mercredi prochain. Il s'agira d'une artériographie visant à emboliser l'artère irriguant la vertèbre ostéolysée. Mais bien sûr ! Pourquoi n'y avais-je pas pensé moi-même ? On coupe l'eau, donc le lendemain, pour la "vraie" opération, la vertèbre est bien au sec. C'est d'une simplicité extrême, probablement pour ça qu'il a oublié de m'en parler. Heureusement, Jo the plumber est venu à la rescousse en la personne de Cécile, cheffe des opérations non-chirurgicales. Encore une bonne nouvelle ? Je suis une "AB-", donc receveuse quasi universelle ! Bon à savoir pour les transfusions et aussi pour la greffe je présume. Et pour finir, en sortant de son cabinet, pour me rassurer je suppose, il a dit qu'il ne serait pas possible d'avoir de visites les 2 jours suivant l'opération. Sûrement parce qu'il n'est pas envisageable que je puisse me faire faire un brushing avant !

Troisième étape du parcours. J'ai rencontré l'anesthésiste. Elle prend ma pression (100/60, ben heureusement que je fume !), papote un peu, rempli des papiers et me demande, oh désespoir d'aller faire une prise de sang avant d'aller "réserver" ma chambre. Je crois qu'elle a compris que j'avais atteint mon seuil de tolérance administrative pour la journée et m'a gentiment proposé de décaler les dits examens. C'est maintenant mon amie et je l'appellerai Dr.Dodo, en hommage bien sûr au volatil autrefois endémique sur l'île Maurice et maintenant disparu, j'ai nommé le Raphus cucullatus. J'ai terminé mon périple en réservant ma chambre, j'ai demandé avec vue sur la mer. Le Monsieur a pas ri. La bonne nouvelle, c'est qu'il y a le WiFi à l'hôpital, bien ! J'espère maintenant qu'on y contrôle aussi bien les infections nosocomiales que les réseaux informatiques.

Mr.X est parti chercher sa belle-mère préférée. Mibec vient habiter avec nous pour quelques semaines. Cool ! Maintenant il faudrait bien que j'essaie de me lever, je suis encore en pyjama. Mais, finalement, c'est excusable, j'ai le cancer !

Et zou !