CITATION DU JOUR

"La maladie se supporte mieux quand on est supportée"
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jeudi 13 novembre 2008

La femme coupee en deux

À la demande générale (merci Diane), je reprends ma plume pour écrire un peu.

Désolée pour ce retard à vous écrire, c'est que mon agenda est tellement chargé que je n'arrive plus à trouver le temps d'écrire ! Vernissages. Premières. Réceptions. Vous connaissez mon intérêt pour la vie nocturne parisienne.

En fait, je pense que je suis un peu fatiguée et que, enfin, je ne sais plus trop par où commencer. C'est un peu comme après un party, pis qu'il faut ramasser les bouteilles vides avec un mal de tête.

Ce matin, j'ai pissé dans mon lit… Vous voyez à quel niveau je suis rendue ! En fait, j'ai failli mourir de douleur en essayant d'attraper le café que Mr.X avait gentiment déposé sur la table de chevet. Non seulement, j'ai fait pipi mais j'ai mis du café partout. J'ai eu tellement mal que j'ai cru m'être cassée en deux. J'ai poussé un grand cri, comme un feulement, un hurlement de louve, un appel à l'aide, un cri pour me libérer des jours précédents. Cette douleur (>33) m'a fait réaliser le bien que le temps m'avait fait. Le temps, souvent le meilleur traitement. Et toutes ces émotions de bon matin nous ont fait bien commencer la journée. À moi entouka ! J'ai pris une dose de tous les stupéfiants qu'on a à la maison. Je vais mieux huit heures plus tard et me rends compte de ce que je ne voulais pas encore voir : je suis fragile.

Où en étais-je ? Où étais-je ? Que vous ai-je dit, ou pas, depuis ces derniers jours ? Professionnelle jusqu'au bout des doigts, j'ai commencé par me couper les ongles ; c'est beaucoup mieux pour taper et cela réduit considérablement le nombre de fautes de frappe. Puis j'ai relu mes dernières chroniques. J'admets humblement ne pas y avoir compris grand chose. Alors je lance cet appel, depuis l'autre côté de la mer Méditerranée et de l'océan Atlantique : si quelqu'un a compris quelque chose, pourriez-vous me l'expliquer ? D'avance un grand merci !

Pour éviter que je ne répète ainsi et ici les mêmes erreurs typographiques, je vous la fais rapide : je suis sortie de l'hôpital le 6 novembre. Au départ, la vertébrectomie devait se faire en deux étapes : on commence par derrière, on pousse un peu les nerfs, on enlève la partie postérieure de la vertèbre, on met une petite cage bourrée d'os d'un donneur, on me tourne, on enlève le reste par une seconde ouverture sur un côté de mon bidon, et hop, on referme. Sauf que, et c'est comme quand on fait des travaux à la maison, cela ne c'est pas passé exactement comme ça. Dr. L'Amoroso m'a expliqué qu'ils n'ont pu enlever toute la vertèbre, qui au passage avait la consistance du beurre, parce que vraisemblablement, j'avais une queue de cheval très bien vascularisée. Ceci explique peut-être cela … Donc, considérant que la vertébrectomie était seulement la première étape de "l'aventure cancéreuse", qu'il y aurait ensuite radio et la chimio, mes gentils médecins ont décidé que le jeu n'en valait pas la chandelle et ils m'ont refermée du dos et ne m'ont pas ouverte du devant. Bon, tant mieux, ça me fait une cicatrice de moins !

J'ai passé un scan quelques jours après la chirurgie, pour voir si tout était bien en place et si personne n'avait oublié son i-pod dedans moi. Et c'est comme à la maison, on répare la plomberie et le toit commence à couler. C'est donc dire que si c'est OK pour le risque cancéreux, la menace structurelle, elle, demeure, surtout si je veux remonter à cheval. Et comme je veux remonter à cheval alors je n'ai plus qu'une solution, on y retourne et on retire ce qui reste de la motte de beurre.

Il me semble avoir lu quelque part que le courage est d'affronter un péril une première fois, la deuxième fois c'est de la stupidité !

Et zou !

vendredi 17 octobre 2008

En vrac

Mon estomac, mes idées.

Ce n'est pas parce qu'il ne m'arrive rien que je n'écris pas, au contraire ! Ma vie est palpitante, riche en aventures, en randonnées délicates vers les toilettes, vers la cuisine, et une fois par jour, j'escalade périlleusement notre escalier qui est en travaux depuis bientôt 5 ans.

Céleste nous a refait le coup des brochettes, mais avec un rôti en putréfaction cette fois. Je crois que ses croquettes "anti-obesity" ne lui suffissent pas et elle a zyeuté du côté de la poubelle. Bien mal lui en pris puisqu'elle n'a pas pu avaler les savoureuses croquettes dimanche soir tellement elle avait mal au cœur. Je pense qu'elle a compris maintenant, quoiqu'elle soit à moitié labrador.

Cette chienne me fait un bien fou ! Elle est toujours là, à quémander des caresses, à venir me dire bonjour quand je me lève et à venir me border le soir quand je me couche. Lundi j'ai dû aller à l'hôpital et je l'ai donc laissée seule à la maison, souliers rangés et portes fermées. Je rentre vers 19h et là, qui vois-je dans le jardin, bondissant de joie à mon retour, Céleste la kangourou. Comment a-t-elle pu sortir de la maison ? A-t-elle cassé un carreau ? Lui a-t-on appris, dans sa vie précédente, comment crocheter les serrures ? Elle a réussi à ouvrir et la porte de la cuisine et la porte donnant sur l'extérieur, que j'avais oublié de fermer à clé. Et là, depuis hier je m'amuse comme une folle avec elle et un pointeur laser, elle s'acharne pendant des heures sur le petit point rouge.

La semaine dernière un chasseur de tête m'a contacté pour un boulot. C'est bon pour l'égo et, en souvenir de ma vétérinaire préférée, j'ai fait la danse nuptiale du pigeon. Comme toujours, le chasseur m'a posé LA question : is this a good time to talk ? Je lui ai répondu que j'étais "on a sick leave", il m'a dit qu'il me rappellerait la semaine prochaine. J'ai dû lui expliqué que le "sick leave" serait un peu plus long !

Cette semaine, pour la première fois depuis longtemps j'ai été nostalgique de mon métier. Malheureusement, et c'est dommage, le rythme et le type de travail que je faisais ces derniers temps n'étaient pas vraiment dans mes cordes. Comment dire ? Je suis une "scientifique créative non opérationnelle". J'ai des bonnes idées et j'ai besoin des autres, du travail d'une équipe, pour les mettre en pratique. Ma douce France est mise à mal par le fonctionnement de ses compagnies. C'est un peu compliqué, en tout cas moi je trouve ça et j'ai de la misère à dealer avec autant de "plateaux" hiérarchiques, et je ne vous parle pas des communications inter-départements !

Cependant tous ces niveaux n'ont pas empêché mon ex-N+3 de me recruter en mai 2006, de m'attendre jusqu'en mai 2007 et de me laisser repartir en arrêt maladie en avril 2008. Et malgré encore tout ça, de m'envoyer un petit mot avant de changer de département et de rejoindre la Californie, pour dire qu'il ne regrettait pas de m'avoir engagée. C'est gentil. Je ne suis pas certaine que les ressources humaines soient du même avis encore que, miracle financier de ma Douce France, je coûte moins cher à mon employeur en arrêt-maladie qu'au travail à plein temps. Il existe des incohérences dans tous les systèmes et aucun n'est parfait, c'est comme les gens. En passant, dans ma boîte on ne parle plus de ressources humaines, mais de "développement des hommes". Ça veut tout dire…

Je me suis encore fais scannée cette semaine, avec une injection d'iode cette fois-ci ! Cool ! Enfin, je devrais plutôt dire, HOT ! C'est vraiment une drôle de sensation. L'iode est injectée dans une veine du bras grâce à une pompe à débit contrôlé. On fait le scan au moment où l'iode est injectée afin de mettre en évidence les lésions. Au moment de l'injection, j'ai ressenti la solution investir mes veines. J'ai pu suivre tout son trajet, le bras, le cœur, la tête, l'abdomen et le "bas du corps" comme disait pudiquement ma grand-mère. C'est seulement ensuite que les choses ont commencé à déraper, quand j'ai dû me relever. Je sais que pour la plupart d'entre vous ce geste est machinal, presque réflexe, mais dorénavant, plus pour moi. Je dois réfléchir, agir comme Napoléon et définir une stratégie en fonction du terrain et de l'ennemi, dans ce cas-ci, une "manipulatrice" trop empressée qui voulait absolument "m'aider" à me lever. Elle a fini par me lâcher après que je l'eusse mordu 3 fois.

Tel que c'était écrit sur ma "fiche de circulation", sorte de carte au trésor nous menant à la sortie de l'hôpital en passant par la caisse, je me suis rendue sinon d'un pas mais du moins avec un esprit vif à l'étage -2 qui en fait équivalait à l'étage C, du moins pour l'aile orange du bâtiment B, parce que, dans l'aile verte du bâtiment G, cela correspondait à l'étage -1. Pour ceux qui pensent que l'hôpital Notre-Dame à Montréal est un vrai labyrinthe, et bien c'est le plan de Brest comparé aux dédales de Foch, heureusement le personnel est raisonnablement aimable, pour des Français bien entendu.

Je fini donc par aboutir chez le Dr. L'Amoroso (le FauxMamours.) Vous suivez ? Le premier neurochirurgien avait été surnommé Dr. Mamours avant que je ne vois le "vrai" en son chef de service. D'ailleurs, pour éviter les confusions, je l'avais resurnommé Dr.L'Amoroso, parce je crois qu'il est Italien, comme Monica ma psy et que je ne me permettrais pas de le surnommer Gigi en souvenir de Dalida (Gigi ? C'est toi là-bas dans le noir ?). J'ai donc vu Dr.L'Amoroso et voilà, il m'a vu, on s'est vu. Je ne sais pas si c'était parce que nous étions dans son cabinet, loin des scies et autres objets contondants, mais il était beaucoup moins volubile. Il a même oublié de me parler de la première chirurgie. Il est probablement comme moi, passionné par son métier, capable d'expliquer la technique avec force et colonne vertébrale en plastique, mais quand vient de temps de régler le cadre, d'opérationnaliser le projet chirurgical, ça l'intéresse moins ! Et c'est à cela que sert son équipe, Cécile en tête.

Ben oui, j'aurai donc 2 chirurgies, deux fois à me retrouvée toute nue devant le personnel médical. Et là, je ne peux m'empêcher de penser à Nip/Tuck, au Dr. House, au Dr. Welby, au Dr. Dolittle. Peut-être devrais-je arrêter la télé ? J'aurai donc une première opération mercredi prochain. Il s'agira d'une artériographie visant à emboliser l'artère irriguant la vertèbre ostéolysée. Mais bien sûr ! Pourquoi n'y avais-je pas pensé moi-même ? On coupe l'eau, donc le lendemain, pour la "vraie" opération, la vertèbre est bien au sec. C'est d'une simplicité extrême, probablement pour ça qu'il a oublié de m'en parler. Heureusement, Jo the plumber est venu à la rescousse en la personne de Cécile, cheffe des opérations non-chirurgicales. Encore une bonne nouvelle ? Je suis une "AB-", donc receveuse quasi universelle ! Bon à savoir pour les transfusions et aussi pour la greffe je présume. Et pour finir, en sortant de son cabinet, pour me rassurer je suppose, il a dit qu'il ne serait pas possible d'avoir de visites les 2 jours suivant l'opération. Sûrement parce qu'il n'est pas envisageable que je puisse me faire faire un brushing avant !

Troisième étape du parcours. J'ai rencontré l'anesthésiste. Elle prend ma pression (100/60, ben heureusement que je fume !), papote un peu, rempli des papiers et me demande, oh désespoir d'aller faire une prise de sang avant d'aller "réserver" ma chambre. Je crois qu'elle a compris que j'avais atteint mon seuil de tolérance administrative pour la journée et m'a gentiment proposé de décaler les dits examens. C'est maintenant mon amie et je l'appellerai Dr.Dodo, en hommage bien sûr au volatil autrefois endémique sur l'île Maurice et maintenant disparu, j'ai nommé le Raphus cucullatus. J'ai terminé mon périple en réservant ma chambre, j'ai demandé avec vue sur la mer. Le Monsieur a pas ri. La bonne nouvelle, c'est qu'il y a le WiFi à l'hôpital, bien ! J'espère maintenant qu'on y contrôle aussi bien les infections nosocomiales que les réseaux informatiques.

Mr.X est parti chercher sa belle-mère préférée. Mibec vient habiter avec nous pour quelques semaines. Cool ! Maintenant il faudrait bien que j'essaie de me lever, je suis encore en pyjama. Mais, finalement, c'est excusable, j'ai le cancer !

Et zou !