CITATION DU JOUR

"La maladie se supporte mieux quand on est supportée"
Line

jeudi 17 septembre 2009

Je suis bipolaire mais je me soigne …

Je pense que je commence à devenir de moins en moins counne. Dans le sens où, comme les souris dans leur labyrinthe, je me souviens de mes erreurs de parcours et j'essaie de ne pas les répéter. Pas toutes, sinon je serais parfaite, comme ma déesse chauve ! Non, juste certaines. Comme les premiers symptômes de la dépression, le frémissement des roues du "p'tit char" qui commence à descendre la pente de la montagne russe qu'est ma vie. Je sais pas ce qui s'est passé. Non docteur, y'a pas d'élément déclencheur, entouka, pas plus que d'habitude, pas plus que ce que ma vie est devenue depuis 18 mois. Au contraire, le pire est derrière moi que je me suis dit après la vertébrectomie, la même chose après la radio et le taxotère. C'est maintenant que ça commence à aller mieux dedans mon corps que ça commence à aller moins bien dedans ma tête ? Est-ce que c'est parce que je vais mieux que je vais pas bien ? Est-ce que c'est parce que j'aime les troubles et la chicane ? Je note, je note et j'en parlerai à Freud et Monica.

J'ai pris une semaine de vacance, lire Mr.X. travaille, Junior est à Poularde, Dada est rentré du pré et je n'avais que deux RDV à l'hôpital des cancers ! Une mammo et une visite avec le stomatologue (le docteur de la bouche et des dents), les deux le même jour. J'adore les Madames des RDV. Je rassure tout le monde tout de suite, mon sein droit est sain sauf pour un petit kyste. Et voilà que ça recommence. J'entends votre question : c'est quoi un kyste ? J'me dis ça parce que quand le radiologue (beau bonhomme dont je ne me souviens du nom !) m'a dit que je n'avais pas à m'en faire, ce n'était qu'un kyste. Et moi de le regarder, et, avec mon beau sourire broché et couleur café, de lui demander c'était quoi au juste un kyste ? En gros, un kyste est une poche qui contient du liquide. La différence avec une tumeur (bénigne ou maligne), qui est aussi une poche, c'est que cette dernière est remplie non pas de liquide mais de cellules. Pour des détails plus croustillants, voir le Dieu Wiki. Mais juste une petite dernière avant la fin du paragraphe, juste pour qu'on se couche moins niaiseux ce soir. Quand on fait l'échographie d'un kyste, on voit comme un trou noir sur l'écran, en d'autres termes et pour épater vos amis, c'est une représentation "anéchogène", c'est-à-dire que c'est une région qui ne renvoie pas d'écho. Voilà pour la leçon de médecine d'aujourd'hui, n'oubliez pas la leçon de savoir-vivre avec les p'tits vieux des parkings de la semaine dernière. Pour ce qui est du stomato, elle ne m'a rien fait et rien appris. Heureusement que je ne me suis pas déplacée que pour me faire dire ce que je savais déjà … j'aurais eu aucune pitié et pour personne ! Une semaine plus tard, j'apprends que ma douce abeille oncologique voulait un panoramique. Allez hop ! On le soulignera la prochaine fois.

Je suis finalement retournée chez Freud vendredi dernier. Pas longtemps mais juste assez pour comprendre deux choses : 1) on ne peut pas être les parents de ses parents et 2) prends tes antidépresseurs avant d'atteindre le fond parce que c'est là, direct, que tu t'en vas, tu le sais, même si tu veux pas le savoir, t'as pas le choix et arrête de faire ta tête de cochon. Finalement, ce fut bref mais bon. J'ai quand même gardé la prescription jusqu'à hier, une fille a son orgueil quoi. Et j'ai recommencé ce matin alors que je m'étais donné jusqu'à lundi prochain. Je vous le dis, je deviens de moins en moins counne, avec l'âge, avec la vie qui passe et peut-être aussi avec le cancer.

Au retour, je suis passée prendre Junior, Porte Dauphine, à 100m du Bois de Boulogne. Le vrai, celui des putes bien sûr, mais surtout celui d'une promenade à cheval, très tôt le matin, avec le soleil qui commençait sa journée en éparpillant les brumes pour ne laisser que quelques îlots flottant au-dessus du lac et un groupe de vieilles chinoises faisant du taïchi. C'est ça aussi Paris mais bon revenons à Junior qui revenait de Poularde avec sa tenue chic & débraillée. En passant, n'achetez pas les fringues d'école de vos enfants à la fin de juin. C'est que ça grandit et que ça grossit, ces affaires là. Je suis un peu désespérée là-dessus, tout est "juste". J'espère au moins que ça va tenir jusqu'à Nowel. Donc, il faisait beau, tout allait bien et je me suis dit que je ferais plaisir au p'tit si je l'amenais goûter sur une terrasse. On a décidé d'arrêter à Neuilly, sur la place du marché parce que le parking se trouve dessous. C'était cool et Junior a même insisté pour faire ses devoirs. Je lui ai donné les clés d'auto pour qu'il puisse récupérer son sac d'école resté dans l'auto. Ai-je bien fait ? Kidnapping, accident, qu'il se perde, éventuellement fugue. Tout ça m'est passé dans la tête à la seconde où il a tourné le coin. Aie confiance, aie confiance comme le chantait Kaa, le serpent du Livre de la Jungle. Il est revenu cinq minutes plus tard avec son sac et tout fier de lui ! Il a ensuite fait ses devoirs : un peu d'histoire Louis xv1 comme il dit et apprendre une poésie. On était bien, il y avait du soleil, un gros moment de bonheur avec Junior. Je me suis sentie privilégiée en voyant le montant de la facture (35€ pour 2 déserts, 1 café et un chocolat chaud !) parce que je pouvais me permettre cet instant de plaisir sans m'angoisser pour la fin de mois. En effet, ça y est, tout est désormais en ordre, tous les papiers et les remboursements sont à jour, de même que les indemnités que je reçois de l'état et de mon assurance privée. Et j'ai encore plus de chance quand j'ai entendu parler de la fille qui travaille à Poste Canada et qui n'avait droit qu'à 15 semaines d'arrêt maladie. Ici, c'est trois ans, 10 fois plus, et on peut demander une année supplémentaire.


En parlant de chance, j'ai changé de médecin traitant (de généraliste) et j'avais mon premier RDV avec elle hier. Elle est géniale. Je lui ai parlé de mes douleurs, de mes angoisses, de mon père, du pays qui me manque, de ma peur de l'avenir, de l'après, de la sortie de la voie de garage et du retour à la vie normale. Je lui ai dit que j'en avais marre qu'on s'occupe de mon cancer et que j'aimerais qu'on s'occupe plus de moi. Que j'aimerais me muscler un peu, faire du sport, me faire une espèce de cadre de vie. Après l'entretien de près d'une demie heure, elle m'a tâtée, elle m'a touchée ailleurs que sur la poitrine, m'a auscultée, m'a fait respirer, m'a dit que j'avais un très bon cœur. Et je sais pas pourquoi mais ça m'a fait plaisir enfin d'entendre des trucs positifs sur mon corps. Celui qui me trahit presqu'à tous les jours depuis un an. Et puis, elle a pris en main le problème des douleurs au niveau des épaules et m'a dit qu'il s'agissait probablement de malheureuses tendinites. Ouf, vous pouvez pas savoir comment ça m'a fait plaisir. Que des tendinites et non pas de nouvelles métastases osseuses ni d'effets secondaires du Fémara, que je dois prendre pour cinq ans. Que des tendinites … une maladie chiante, j'peux pas lever les bras sans douleur, mais oh combien rassurante et "normale". Résultats des courses je dois passer un rayon X et une échographie des épaules pour confirmer le diagnostic et entreprendre une rééducation. En plein l'affaire que j'avais besoin pour me remettre en contact avec le sport, ça me redonnera des muscles et je pourrai remonter Dada. Elle est pas top ma GP !!!

Et puis, pour finir, je crois que nous sommes enfin prêts à considérer l'éventualité d'entreprendre des travaux majeurs de rénovation, surtout après quelques commentaires de lecteurs sur le papier peint de ma salle de bain ! Je suis certaine que notre nouvelle épopée vous plaira …

Et zou !

jeudi 10 septembre 2009

La peinture à numéro

Je me suis enfin donné le droit de faire de la peinture à numéro (PAN). Je sais ça peut paraître niaiseux mais pour moi c'est un grand pas vers l'art, avec un tout petit minuscule "a". Je vois en fait la PAN comme une aide technique à la libération de mon moi intérieur … bon OK j'arrête le charabia ! ça fait deux ans que je pense à m'acheter un kit de peinture pour adultes manquant totalement de don artistique. Je n'osais m'offrir ce kit pour plusieurs raisons, raisonnées ou non.

Honnêtement, c'est assez ridicule à mon âge, de peindre en suivant les numéros des couleurs et surtout en faisant très attention de ne pas dépasser les belles lignes déjà toutes faites. Thérapie manuelle qu'ils disent … En fait, j'aimerais bien que, quelquefois, la vie soit comme ça. Au moins on sait où sont les limites et où tout commence et fini. C'est clair, net, précis. Aucune place pour l'imagination. Mais, c'est pas de l'art ça. Aucune place pour l'espoir ? Mais, c'est pas la vie ça. Voilà peut-être pourquoi j'ai tant tardé à acquérir le kit, beaucoup plus que la peur du ridicule, qui contrairement au cancer, n'a jamais tué personne.

Je recommence à souffler, à récupérer, doucement. La fatigue des vacances s'estompe et je retrouve ma routine rassurante. Encore quelques jours, je le sens, je sortirai de cette torpeur. Je vois Freud demain. Parce que la PAN n'est pas la seule chose que je terre au plus profond de ma conscience … d'ailleurs ceux qui me connaissent l'on sûrement remarqué, je suis entrée dans une nouvelle phase, dépressive celle-là. Mais, je vous rassure tout de suite, surtout les Matantes, c'est quand même moins pire que les autres fois. Finalement, les régulateurs de l'humeur fonctionnent peut-être !!! Oui je suis déprimée mais, cette fois-ci c'est différent, j'ai l'impression que je vois déjà le bout du tunnel, comme si j'arrivais après le gros du down. Somme toute, ce n'est peut-être qu'une grosse fatigue, et que peut-être que c'est vrai ; je dois me reposer et reprendre des forces.

Peut-être même que j'aurai assez de forces pour aller voir Dada. C'est-y pas de l'espoir ça ?

Et zou !


vendredi 4 septembre 2009

La fin des vacances… enfin

Vous me connaissez, la rectitude politique, le savoir-vivre hypocrite, les faux-semblants, y compris les perruques, c'est pas trop mon genre. Je serai donc assez directe et vous êtes prévenus. Y'é vraiment temps que les vacances s'achèvent, enfin celles de Junior. Je n'en peux-plus. Ça fait presque deux étés que je ne peux pas faire des "affaires" avec lui. L'an dernier on avait prévu une balade à cheval sur les plages d'Anguilla et des leçons de natation dans la mer des Caraïbes, cet été encore plus simple, une balade à vélo, un bowling, une partie de Wii. On lui avait aussi promis qu'on redécorerait sa chambre, le lit est arrivé depuis 3 semaines, toujours dans les cartons et obstruant les portes de son placard. Le bordel quoi. Je n'ai rien fait de tout ça, le mieux fût une séance de cinéma, avant-hier et deux descentes en luge d'été le week-end précédent. Pas fort pour 2 mois, soit environ 9 semaines, soit exactement 62 jours et 64 dodos. Je me sens coupable.

Je suis crevée, exténuée et, bon, ça y est je l'ai dit. Mon deuxième coming-out ! Je n'ose en parler à mes proches, de peur d'alourdir encore plus leur fardeau, votre fardeau. Car, n'oubliez pas que grâce à mes antennes spéciales, je vous "zespionne" et je sais que beaucoup pensent à moi et s'inquiètent, mais surtout, ne vous inquiétez pas ! Tout ce que je vis est "normal" pour la maladie et le traitement. Je vais bien. Je suis simplement fatiguée et j'ai perdu du poids. Rien de ben grave quand on pense à toutes les filles qui rêvent de perdre 4 ou 5 kilos ! J'avoue que j'ai du travail à faire là-dessus. J'aimerais bien reprendre 5kg, de muscle bien sûr et dans les fesses bien entendu puisqu'il s'agit d'un des trois atouts des "vraies" femmes (OK, OK, je l'ai pas encore digérée celle-là !). Je garderais bien les fines chevilles, les cuisses, (oui, oui, je fais maintenant du 38 !), tout en raffermissant mon dos, question d'être dans bien dans mon assiette, à pied et à cheval.

Bon, sérieusement, j'ai encore eu droit au merveilleux système de santé français (les Américains devraient s'en inspirer pour quelques mesures). Scan, Avastin, IRM et consultation, le tout en moins de deux semaines. Et avec le sourire, sauf la fois où j'ai oublié mon portefeuille et que je n'avais pas d'argent pour payer le stationnement. C'était mercredi de la semaine passée. Je me gare, me fais perfuser et reviens prendre ma voiture, qui sans être le modèle de l'année, est tout de même respectable. En revenant au stationnement, un gentil couple de têtes blanches a l'air un peu perdu devant le système de paiement à la barrière de sortie. Naturellement, aucune des personnes présentes dans les voitures qui font la queue n'est sortie pour proposer de l'aide, y'en a même un qui a klaxonné. Vous me connaissez, toujours le cœur sur la main, même après ma perfusion ! Je leur ai donc offert de les aider et je leur ai montré ce qu'il fallait faire. L'affaire fût réglée en moins de 30 secondes. Mes p'tits vieux étaient contents et moi aussi. J'avais fait une bonne action, je me sentais bien avec moi, j'étais de bonne humeur, il faisait beau, j'étais toute belle habillée en madame, sandales aux pieds et kératine jaunissante oblige, vernis rouge sang sur les 20 ongles. Cependant, détail superflu mais essentiel, j'avais laissé mon sempiternel sac à dos pour une véritable sacoche*. Sauf que … j'avais oublié de transférer le portefeuille.

Bon, OK, je n'ai pas trop l'air d'une clocharde, je suis blanche et je parle un excellent français avec un accent charmant. À priori même à St-Cloud je devrais être capable de "quêter" les 3,10 € manquant. J'avais quand même le "motton", (lire j'étais triste et désemparée). Une première dame se présente à la sortie, j'en profite pour lui demander un euro. Elle regarde dans son porte-monnaie, et j'entends à la fois le "cling-cling" et la dame qui me dit qu'elle n'a rien. Je la remercie les larmes au bord des yeux**. Je suis retournée dans mon char en braillant comme un veau, me mettre à l'abri et surtout, à l'air climatisé. Après 3 ou 4 kleenex, j'ai pris mes clés pis mon courage et je me suis approchée d'un couple de p'tits vieux , bien sur eux (la madame avait une sacoche Longchamps), qui arrivaient pour payer au guichet. Je leur explique la situation, changement de sac, pas de portefeuille, pas de carte, bref pourraient-ils m'aider ? Merci de noter encore une fois que j'étais bien habillée malgré mon foulard "chimio" sur la tête, qui était impossible à confondre avec une burqa. J'ai même pas eu le temps de finir de m'expliquer que le NON a fusé. Pas un "non" compatissant, non, un "non" : t'es qui toué ? Dérange-moué pas. Un "non" : casse-toi pauvre folle. Un "non" comme le douanier Polonais, un non "méchant", que j'ai pris comme une claque en pleine face, d'une façon un peu trop personnelle. Les sexagénaires s'étant éloignés, en passant la tête haute devant mes larmes dissimulées par le virus H1N1, je me suis empressée d'appuyer sur le bouton "aide" de la machine à payer le parking. Un monsieur avec un "accent" a pris le temps de m'écouter, de me rassurer et de me dire de prendre ma voiture et qu'il m'ouvrirait la barrière. Ouf ! On m'aime et en plus je peux sortir sans déranger Mr.X (une fille a son orgueil !). Le temps de me présenter à la barrière de sortie, une voiture passe devant moi, et qui je reconnais, les vieillards qui n'ont ignoré cinq minutes avant. Je suis derrière eux, je pleure toujours (les sphincters sont des muscles !) et je vois bien qu'ils ont un problème. Mais, na, je vais pas les aider, dois-je attendre une heure. Je peux être très, très têtue. Au bout de quelque temps, la vieille descend et vient vers ma voiture. Ma fenêtre était ouverte, elle s'approche et me dit, avec son même air dédaigneux : Ah ! C'est vous. Je ne l'ai pas laissé terminer et entre deux sanglots, je lui dit qu'ils m'avaient ignorée plus tôt et que maintenant ils n'avaient qu'à se débrouiller. Finalement, la vieille crisse est allée mettre de l'argent dans la machine et est revenue avec son ticket et ils se sont cassés. A mon tour, j'ai appuyé sur le bouton "aide", le gentil monsieur m'a tout de suite reconnue et m'a ouvert. La voiture des épais était toujours là, me bloquant sous la barrière. J'aimerais vous dire qu'une furieuse envie de klaxonner s'est emparée de moi mais non, au lieu de ça, je me suis sentie coupable de ne pas les avoir aidé. En fait, j'ai été aussi conne qu'eux. J'aurais dû leur apprendre la politesse à ces vieux cons. Bon, OK, la prochaine fois !

Hier, c'était le jour M, le jour où nous avons, Mr.X et moi, ma reine des abeilles. L'IRM a démontré une diminution de la prise de contraste, donc une augmentation du tissu cicatriciel ainsi qu'une augmentation de la calcification. Le PET quant à lui démontre toujours une fixation au niveau des vertèbres (rappelez-vous, le buffet !). Pour le reste, on va essayer d'autres antidouleurs puisque ceux que je prends sont excrétés par les reins et que c'est pas nécessairement une bonne chose avec l'Avastin. La fatigue, le "morning stiffness", l'angoisse, voire la dépression, sont les états pathologiques usuels vus chez les filles qui suivent le même traitement que moi, y'a donc pas à s'inquiéter, on est sur la bonne voie. Par ailleurs, je suis repartie pour six mois d'arrêt maladie. Il va vraiment falloir que je me trouve quelque chose à faire … Fée du logis ?

Et zou !
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*À ce sujet, lire l'excellent entrefilet d'Helen sur les sacs à mains et les sacoches.

**Rappelons ici pour le bénéfice du lecteur dilettante que l'auteure est en thérapie depuis on ne sait combien d'années, pour un problème "d'abandon" qui se traduit par une réaction surdosée par rapport à un stimulus dit "normal", en d'autres mots, il peut s'agir d'une hypersensibilité à des évènements courants. Cette hypersensibilité est souvent reliée à un état de fatigue extrême, notée surtout après des batailles administratives contre la sécu, la mutuelle, la prévoyance, la banque et l'assurance-rapatriement, (qui fort heureusement, furent toutes victorieuses). Cette fatigue peut aussi être causée par l'épuisement dû aux douleurs osseuses et articulaires, ces dernières étant les effets secondaires bien connus, et normaux, du Femara et devraient bientôt disparaître. Une autre source de fatigue peut être les crampes œsophagiennes et abdominales, empêchant souvent une nutrition normale, et/ou les crampes dorsales, probablement issues angoisses anxiogènes.

En cadeau pour ceux qui lisent jusqu'au bout : la première photo de mes cheveux ! Ils poussent et j'ai l'ai d'un poussin ...


mardi 18 août 2009

La vie de château

On a eu d'la visite la semaine dernière, Jude pis son chum, Mr.M. Nous avons passé quelques jours à la maison, moi lessivant et repassant (!!!), Mr.X. bricolant et eux visitant. Pis finalement, on a décidé de prendre nos vacances au sérieux et de profiter de la campagne Percheronne. La première fois où je suis allée dans le Perche, invitée par une copine du bureau, c'était en juin 2008. Il y a à peine plus d'un an. J'avais fait une super balade à cheval, avec galop et 2 sauts, et un cancer qui s'annonçait. J'ai l'impression que c'était hier, j'ai l'impression que c'était il y a une éternité.

Mais, cessons ces facéties. Jude, nos Mr. et moi sommes donc partis mercredi en fin de matinée. Sur la route, nous traversâmes Anet et pûmes apercevoir son pendule surmonté du cerf et ses chiens.



Puis, le gargouillement de nos estomacs et le GPS nasal de Mr.X. nous firent nous arrêter à "La Gourmandise", charmant petit restaurant de la non moins charmante commune de "La Loupe".


C'est la panse bien garnie que nous quittâmes ce joli village. Après avoir traversé maints bourgs et hameaux, nous arrivâmes en vue de verdoyants vaux et collines, d'où tout là-haut, nous attendaient Villeray, son moulin, sa piscine et sa baignoire à jet. La cerise sur le sundae … pour arriver au château, il fallait traverser les écuries !


Le lendemain, après au moins une heure de trempage dans la baignoire à jet, j'ai rejoint le reste de la gang pis on est allé faire un p'tit tour dans les environs. Le Perche n'est pas vraiment une région. C'était à l'origine une vieille province française avec ses propres lois et coutumes. La région aujourd'hui s'étend sur quatre départements. Il y a eu pas mal de guéguerres administratives dans le temps et maintenant, il y a un super beau parc naturel avec plein d'arbres et de chevaux. Les noms des villages sont assez drôles en France, et ne sont pas saturés par les saints. Ce qui est curieux aussi, c'est le nombre d'habitants ; quand j'entre dans un village, genre Nocé, 768 habitants, j'ai un peu l'impression d'être Lucky Luke. Par ailleurs, en parcourant la carte on s'est rendu compte que les noms de beaucoup de villages du coin correspondaient à des noms de rue de la ville de Boucherville au Québec, où Jude et son Mr.M. habitent depuis environ six mois. Ainsi les noms des rues De Mortagne, De Randonnai, De Nogent, De Tourouvre, De Bellême, De Réveillon correspondent à certains villages de la région. Coincidence ? I think not !!!

Je vous sens curieux. Et hop, unp'tit peu d'histoire, le reste pouvant être lu sur Wikipédia.

Contrairement aux autres régions de France où l'émigration était souvent la seule solution aux guerres et aux famines, il paraîtrait que les émigrants du Perche ne s'embarquaient pas pour ces raisons là, ben non voyons!, mais plutôt par "esprit d'aventure". Le "mouvement", aurait été lancé vers 1634 grâce au pouvoir de "persuasion" d'un certain Robert Giffard, pharmacien à Tourouvre et gourou de l'époque j'imagine. Encore un pharmacien. Par ailleurs, il paraîtrait qu'en plusse c'était un chum d'école de Louis Hébert, bien connu des écoliers québécois comme étant le premier vrai colon et le premier pharmacien en Nouvelle-France. Coincidence ? I think not !!!

Entouka, grâce à son activisme, Giffard à réussi à rameuter, sur environ 30 ans, 80 familles, comprenant environ 150 adultes, exerçants différents métiers liés à la construction. Ils sont partis pour un long voyage, la majorité choisissant de s'établir sur les rives du St-Laurent, près de Québec, pour y défricher et prospérer les nouvelles terres. Il semblerait que l'apport du Perche au peuplement du Canada serait d'environ 5%, leur descendance est aujourd'hui estimée à 1.500.000 personnes au Canada, beaucoup plus sans doute si on tient compte d'un important essaimage dans toute l'Amérique du Nord. Mais il faut que je vous dise (enfin, c'est pas moi, c'est Mme Françoise Montagne, historienne), "qu'il faut souligner que l'émigration percheronne se caractérise par une remarquable prolificité" … Les familles avec plus de 10 enfants étaient communes. L'esprit d'aventure hein ! À la mort de Robert Giffard, en 1668, la colonie atteint 3 000 habitants. Pour votre plaisir, voici les noms de quelques uns des émigrants partis du Perche au 17 e t 18ième siècle : Aubin, Bélanger, Bisson, Bouchard, , Cloutier, Côté, Drouin, Fortin, Fournier, Gagnon, Giroux, Gosselin, Jarry, Lambert, Landry, Langlois, Laporte, Leduc, Lefebvre, Lehoux, Morin, Paradis, Pelletier, Pouliot, Prévost, Rivard, Surprenant, Tremblay, Trottier, Trudelle, Turgeon, etc.

Quant à Pierre Boucher, "Mr. Boucherville", il n'a que 12 ans lors du boom "Québec, Yes We Can". Il vit à Mortagne (ville jumelée avec Boucherville aujourd'hui) et quitte la France en 1635 avec ses parents, Gaspard, charpentier-menuisier et Nicole Lemère, son frère et ses trois sœurs. À son arrivée en Nouvelle-France, il est "recueilli" chez les Jésuites qui l'envoient chez les Hurons apprendre l'amérindien. Il aurait sauvé des méchants Iroquois, la ville de Trois-Rivières (où Mr.M a passé une grande partie de sa vie). Coincidence ? I think not !!! Et en 1661, c'est à lui que l'on devrait, après un lobbying serré auprès de Louis XIV, l'envoi du fameux régiment de Carignan, qui consolida la colonie. Parce qu'il avait été gentil, il reçut une terre sur la rive sud du St-Laurent, face à Montréal. Vous connaissez la suite. Pierre Boucher est mort en 1717 à 95 ans.

Mais attendez, c'est pas fini ! Regardez ce que j'ai déniché sur le site du Musée de l'Émigration française au Canada. "Le 31 mai 1891, un train spécial s'immobilise en gare de Tourouvre. Les autorités civiles et religieuses attendent sur le quai. Un voyageur illustre pose le pied sur le sol du Perche. Il se nomme Honoré Mercier*, c'est le Premier ministre du Québec et ministre de l'agriculture du Canada. Il est le descendant de Julien Mercier, émigrant parti de Tourouvre en 1650. Fleurs, arcs de triomphe et discours accueillent cet hôte de marque mais ce sont les Mercier restés à Tourouvre qu'il veut rencontrer : « Il y a bien longtemps qu'on ne s'est vu, leur dit-il d'un ton joyeux. Il y a 250 ans ! »". C'est drôle hein !

Après ce bref intermède historique, revenons aux choses sérieuses. Bref, on a déjeuné dans un petit resto de Mortagne-au-Perche, La vie en Rouge. Le gars qui tenait ça était un fonctionnaire en année sabbatique et devait décider en octobre s'il retournait à son boulot ou continuait son commerce d'épicerie fine, de saucissons, de fromages et surtout de vin. Pour lui le choix semblait clair, il resterait commerçant, il en avait marre de "rien faire", texto. On est ensuite allé visiter le Manoir de Courboyer, avec son potager, ses ânes et bien sûrs ses percherons (sur 4 jambes**). Une super belle journée sauf que de retour "au château" vers 17h, je n'ai pu m'empêcher de sombrer … jusqu'au lendemain matin pendant que mes comparses se goinfraient de ris de veau, d'agneau et abats en tous genres, le tout supportés par au moins 10 fromages et 2 bouteilles de vin, sans parler des desserts. Ma vie est triste quelquefois !

Bref, la grosse vie pour 2 jours et le retour, via les Beaux, pour récupérer Junior, question de donner un break à tout le monde ! Nous sommes aussi allés récupérer Céleste que nous avions laissé en pension avec tout plein d'amis chiens. Jude et Mr.M sont partis samedi et depuis je dors !

Aujourd'hui on reprend les choses en mains et on part en vacances chez les Beaux. Lecture et farniente en perspective. Nous ne reviendrons que la semaine prochaine pour affronter, encore une fois, PET-scan, IRM et compagnie.

Et zou !

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*Pour ceux qui ne le savent pas, j'ai fait mes 4ième et 5ième secondaires à la polyvalente Honoré-Mercier.

** Pour les chevaux, on ne parle pas de "pattes" mais bien de "jambes".

mardi 11 août 2009

La victoire de la femme contre la machine

Eureka ! Je me coucherai ce soir moins niaiseuse que je ne me suis levée. Pour mon anniversaire, Junior et moi sommes allés "downtown Parisse" récupérer mon cadeau pour mes 35 ans. Un système de son, avec 2 haut-parleurs, (80W par canal), 4 CDs et le plus important … une plogue pour le iPhone ! Yes !!! Et naturellement, j'ai tout installé moi-même with a little help from my friends.

Bon, je sais, j'écris plus aussi souvent qu'avant. Manque d'inspiration, trop de choses à faire, trop chaud, trop d'humide, trop occupée. Mais jamais parce que j'étais trop malade dedans mon corps. C'est une sacrée bonne nouvelle non ?

A part ça, j'ai l'impression que je n'ai plus grand-chose d'intéressant à conter, que je suis platte … de plus en plus bourrée d'angoisses face à mon futur. Avant, me semble que c'était facile (!!!), je n'avais pas le choix que de m'occuper du présent, mais maintenant que les gros méchants traitements sont finis, que j'ai le poil qui repousse lentement mais sûrement et que je ne vomis plus, j'ai recommencé à vivre plus ou moins normalement, c'est-à-dire en angoissant. C'est Dr.Freud qui me l'a dit : je ne suis pas capable d'être heureuse ! Aussitôt que tout va relativement bien, il faut que je me trouve quelques motifs d'angoisses … Il a probablement raison, après tout c'est sa job, mais j'vous jure que je ne le fais pas exprès. Bon, je fais une exception pour cette fois-ci et j'assume pleinement et entièrement ma bienêtressitude. Je vous raconterai mes problèmes une autre fois. On traversera la rivière quand on arrivera au pont, comme le disait mon papa.

J'ai enfin décidé d'aller me faire masser. Fabulous Fab et Mr.X. n'arrêtaient de me tanner depuis au mois 6 mois. J'y suis donc allée, de reculons. Et une fois rendue je me suis demandée pourquoi je n'étais pas venue plus tôt. La madame masseuse fait office dans une petite cabane en bois au fond de son jardin. Tu rentres là-dedans c'est comme dans une église. C'est sombre, y'a des statues partout pis ça sent l'encens. La seule différence c'est que l'autel est remplacé par une table de massage et il y a un peignoir dans un coin. La madame a commencé son massage par les pieds que j'avais préalablement trempés dans un bac d'eau aromatisé aux huiles essentiels en buvant un thé à la cannelle. Les jambes ont suivi. Le massage du dos fût assez bizarre. Je m'explique. J'ai une "bulle" d'intimité. Je défini ainsi l'espace minimum qui doit y avoir entre moi et une autre personne. Cet espace varie en fonction du niveau d'intimité que je partage avec les dites personnes bien entendu. En général l'épaisseur de la bulle est à peu près la même tout autour de mon "body", (mais là, j'ai la bulle hyper large dans le dos. Elle n'avait même pas besoin de me toucher, qu'à mettre ses mains à 10 cm de ma peau suffisait à me faire trembler de partout. J'imagine que c'est la dernière ligne de défense de ma colonne. Elle a besoin qu'on lui fiche la paix, elle a besoin de vacances.

Je me repose donc entre deux cures et je remonte, lentement mais sûrement.

Et, haut les cœurs !