CITATION DU JOUR

"La maladie se supporte mieux quand on est supportée"
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jeudi 17 septembre 2009

Je suis bipolaire mais je me soigne …

Je pense que je commence à devenir de moins en moins counne. Dans le sens où, comme les souris dans leur labyrinthe, je me souviens de mes erreurs de parcours et j'essaie de ne pas les répéter. Pas toutes, sinon je serais parfaite, comme ma déesse chauve ! Non, juste certaines. Comme les premiers symptômes de la dépression, le frémissement des roues du "p'tit char" qui commence à descendre la pente de la montagne russe qu'est ma vie. Je sais pas ce qui s'est passé. Non docteur, y'a pas d'élément déclencheur, entouka, pas plus que d'habitude, pas plus que ce que ma vie est devenue depuis 18 mois. Au contraire, le pire est derrière moi que je me suis dit après la vertébrectomie, la même chose après la radio et le taxotère. C'est maintenant que ça commence à aller mieux dedans mon corps que ça commence à aller moins bien dedans ma tête ? Est-ce que c'est parce que je vais mieux que je vais pas bien ? Est-ce que c'est parce que j'aime les troubles et la chicane ? Je note, je note et j'en parlerai à Freud et Monica.

J'ai pris une semaine de vacance, lire Mr.X. travaille, Junior est à Poularde, Dada est rentré du pré et je n'avais que deux RDV à l'hôpital des cancers ! Une mammo et une visite avec le stomatologue (le docteur de la bouche et des dents), les deux le même jour. J'adore les Madames des RDV. Je rassure tout le monde tout de suite, mon sein droit est sain sauf pour un petit kyste. Et voilà que ça recommence. J'entends votre question : c'est quoi un kyste ? J'me dis ça parce que quand le radiologue (beau bonhomme dont je ne me souviens du nom !) m'a dit que je n'avais pas à m'en faire, ce n'était qu'un kyste. Et moi de le regarder, et, avec mon beau sourire broché et couleur café, de lui demander c'était quoi au juste un kyste ? En gros, un kyste est une poche qui contient du liquide. La différence avec une tumeur (bénigne ou maligne), qui est aussi une poche, c'est que cette dernière est remplie non pas de liquide mais de cellules. Pour des détails plus croustillants, voir le Dieu Wiki. Mais juste une petite dernière avant la fin du paragraphe, juste pour qu'on se couche moins niaiseux ce soir. Quand on fait l'échographie d'un kyste, on voit comme un trou noir sur l'écran, en d'autres termes et pour épater vos amis, c'est une représentation "anéchogène", c'est-à-dire que c'est une région qui ne renvoie pas d'écho. Voilà pour la leçon de médecine d'aujourd'hui, n'oubliez pas la leçon de savoir-vivre avec les p'tits vieux des parkings de la semaine dernière. Pour ce qui est du stomato, elle ne m'a rien fait et rien appris. Heureusement que je ne me suis pas déplacée que pour me faire dire ce que je savais déjà … j'aurais eu aucune pitié et pour personne ! Une semaine plus tard, j'apprends que ma douce abeille oncologique voulait un panoramique. Allez hop ! On le soulignera la prochaine fois.

Je suis finalement retournée chez Freud vendredi dernier. Pas longtemps mais juste assez pour comprendre deux choses : 1) on ne peut pas être les parents de ses parents et 2) prends tes antidépresseurs avant d'atteindre le fond parce que c'est là, direct, que tu t'en vas, tu le sais, même si tu veux pas le savoir, t'as pas le choix et arrête de faire ta tête de cochon. Finalement, ce fut bref mais bon. J'ai quand même gardé la prescription jusqu'à hier, une fille a son orgueil quoi. Et j'ai recommencé ce matin alors que je m'étais donné jusqu'à lundi prochain. Je vous le dis, je deviens de moins en moins counne, avec l'âge, avec la vie qui passe et peut-être aussi avec le cancer.

Au retour, je suis passée prendre Junior, Porte Dauphine, à 100m du Bois de Boulogne. Le vrai, celui des putes bien sûr, mais surtout celui d'une promenade à cheval, très tôt le matin, avec le soleil qui commençait sa journée en éparpillant les brumes pour ne laisser que quelques îlots flottant au-dessus du lac et un groupe de vieilles chinoises faisant du taïchi. C'est ça aussi Paris mais bon revenons à Junior qui revenait de Poularde avec sa tenue chic & débraillée. En passant, n'achetez pas les fringues d'école de vos enfants à la fin de juin. C'est que ça grandit et que ça grossit, ces affaires là. Je suis un peu désespérée là-dessus, tout est "juste". J'espère au moins que ça va tenir jusqu'à Nowel. Donc, il faisait beau, tout allait bien et je me suis dit que je ferais plaisir au p'tit si je l'amenais goûter sur une terrasse. On a décidé d'arrêter à Neuilly, sur la place du marché parce que le parking se trouve dessous. C'était cool et Junior a même insisté pour faire ses devoirs. Je lui ai donné les clés d'auto pour qu'il puisse récupérer son sac d'école resté dans l'auto. Ai-je bien fait ? Kidnapping, accident, qu'il se perde, éventuellement fugue. Tout ça m'est passé dans la tête à la seconde où il a tourné le coin. Aie confiance, aie confiance comme le chantait Kaa, le serpent du Livre de la Jungle. Il est revenu cinq minutes plus tard avec son sac et tout fier de lui ! Il a ensuite fait ses devoirs : un peu d'histoire Louis xv1 comme il dit et apprendre une poésie. On était bien, il y avait du soleil, un gros moment de bonheur avec Junior. Je me suis sentie privilégiée en voyant le montant de la facture (35€ pour 2 déserts, 1 café et un chocolat chaud !) parce que je pouvais me permettre cet instant de plaisir sans m'angoisser pour la fin de mois. En effet, ça y est, tout est désormais en ordre, tous les papiers et les remboursements sont à jour, de même que les indemnités que je reçois de l'état et de mon assurance privée. Et j'ai encore plus de chance quand j'ai entendu parler de la fille qui travaille à Poste Canada et qui n'avait droit qu'à 15 semaines d'arrêt maladie. Ici, c'est trois ans, 10 fois plus, et on peut demander une année supplémentaire.


En parlant de chance, j'ai changé de médecin traitant (de généraliste) et j'avais mon premier RDV avec elle hier. Elle est géniale. Je lui ai parlé de mes douleurs, de mes angoisses, de mon père, du pays qui me manque, de ma peur de l'avenir, de l'après, de la sortie de la voie de garage et du retour à la vie normale. Je lui ai dit que j'en avais marre qu'on s'occupe de mon cancer et que j'aimerais qu'on s'occupe plus de moi. Que j'aimerais me muscler un peu, faire du sport, me faire une espèce de cadre de vie. Après l'entretien de près d'une demie heure, elle m'a tâtée, elle m'a touchée ailleurs que sur la poitrine, m'a auscultée, m'a fait respirer, m'a dit que j'avais un très bon cœur. Et je sais pas pourquoi mais ça m'a fait plaisir enfin d'entendre des trucs positifs sur mon corps. Celui qui me trahit presqu'à tous les jours depuis un an. Et puis, elle a pris en main le problème des douleurs au niveau des épaules et m'a dit qu'il s'agissait probablement de malheureuses tendinites. Ouf, vous pouvez pas savoir comment ça m'a fait plaisir. Que des tendinites et non pas de nouvelles métastases osseuses ni d'effets secondaires du Fémara, que je dois prendre pour cinq ans. Que des tendinites … une maladie chiante, j'peux pas lever les bras sans douleur, mais oh combien rassurante et "normale". Résultats des courses je dois passer un rayon X et une échographie des épaules pour confirmer le diagnostic et entreprendre une rééducation. En plein l'affaire que j'avais besoin pour me remettre en contact avec le sport, ça me redonnera des muscles et je pourrai remonter Dada. Elle est pas top ma GP !!!

Et puis, pour finir, je crois que nous sommes enfin prêts à considérer l'éventualité d'entreprendre des travaux majeurs de rénovation, surtout après quelques commentaires de lecteurs sur le papier peint de ma salle de bain ! Je suis certaine que notre nouvelle épopée vous plaira …

Et zou !

mardi 23 septembre 2008

Being John Malkovich

Et hop, on monte. Et hop, on descend. Et hop, on monte. Et hop, on descend. Et hop, on monte… Bon, je pense que vous avez compris le principe. Je vis ma vie comme au Parc Belmont … forcément, j'ai mal au cœur.

Y'a une espèce de légende urbaine qui court et qui nous dit qu'avant de mourir on revoit sa vie défiler. C'est peut-être vrai … je sais pas. Mais ce dont je suis certaine, c'est qu'à ce moment il est trop tard pour y changer quelque chose. En bonne scientifique, je me pose donc la question à savoir, à quoi servirait ce "comportement" s'il ne sert pas à améliorer l'espèce? Par contre, si cette "vision" apparaît alors qu'il est encore temps d'y changer quelque chose, alors là, je crois que ce comportement pourrait éventuellement servir à l'évolution. Attention, je ne veux en aucun cas parler d'eugénisme mais bien d'éthologie et d'évolution dans le sens le plus biologique du terme.

J'ai un problème avec l'Abandon (avec un grand A), soit. Mais pourquoi? Pourquoi je n'arrive pas à gérer la détresse qui s'empare de moi quand je dois laisser quelqu'un ou quelque chose ou quelqu'animal? Quelque chose me dit que la culpabilité a à voir avec ça. Coupable d'abandonner parce moi je ne peux gérer l'abandon, hum, je sens que je tiens une piste là. Je me psychanalyse moi-même (ne pas oublier de m'envoyer une facture).

La dernière fois que je suis allée voir Stone, la semaine dernière, je ne me rappelle même plus quel jour, je l'ai chouchouté pendant près d'une heure. Ce (gros) estomac sur jambes n'étant en général pas très sensible à mes débordements émotifs et sanitaires, les accepte cependant de bonne grâce s'il peut s'adonner au même moment à son activité préférée; manger. Or, cette dernière fois, il n'a pas bougé d'un crin malgré une généreuse litière. Il s'est laissé faire, tout, sans brouter une brindille, il était … dans un autre état, et, j'aime à le croire, dans un état de plénitude telle que ma présence lui suffisait et qu'il n'avait plus besoin de paille… Et moi je fais quoi pour le remercier, je l'ignore, j'allais écrire je l'abandonne. Pas top ma fille.

Depuis que je vis ici je ne crois pas avoir développé le même genre de relations ni avec les gens, ni avec les animaux, ni même avec les choses. J'ai comme perdu mon échelle de valeur. J'ai d'la misère (du mal) à "valoriser", alors que c'est mon boulot (autre piste intéressante pour l'analyse, doubler mes honoraires). Il s'est passé tellement de choses depuis mon arrivée (ma fuite du Québec) que je n'arrive pas à démêler l'écheveau des causes de mon attitude actuelle.

Pour être claire, j'ai toujours été bipolaire, c'est juste que j'le savais pas ! Maintenant, je le sais, mais je ne l'accepte pas. J'ai honte. D'un côté, la communauté scientifique, celle à laquelle j'appartiens, définie la bipolarité comme était une maladie et préconise un traitement et de l'autre côté, la société, ma famille, les collègues, les potes, les copains, les amis, qui ne me semble pas accepter ces conclusions. Mais finalement, c'est aussi un peu le contraire; la majorité des gens reconnaissent la maladie, mais pas moi.

Je suis allée à un pot (5 à 7) de départ d'une collègue de travail la semaine dernière. Je n'y serais pas allée si je n'avais été que dépressive. Mais là, j'ai une VRAIE maladie, avec de VRAIES cicatrices, je suis donc véritablement malade! Et c'est ce que j'ai raconté à une autre collègue, en lui disant que maintenant que je n'avais plus de maladie honteuse, je pouvais enfin sortir. Elle m'a alors dit quelque chose; que le problème de honte était relié à moi et non aux autres … qu'il faut d'abord accepter sa maladie avant de prétendre à ce que les autres en fassent autant.

Une autre leçon de vie ! Un autre segment de vie que je verrai défiler devant moi. Est-il trop tard pour agir? Puis-je agir?