CITATION DU JOUR

"La maladie se supporte mieux quand on est supportée"
Line

mardi 30 décembre 2008

Reprogrammons notre ADN

Je me suis levée ce matin, bourrée de bonnes intentions. C'est que j'ai plein de choses à faire : faire la réclamation auprès de l'assurance du rapatriement sanitaire (depuis août), résilier mon compte bancaire Groupama (avril), faire le dossier d'assurance pour le prêt de la maison (novembre), recoudre Nounours (avril 2007), m'épiler et me couper les ongles d'orteils, amener Junior à l'expo sur le nez, burner des CDs, faire des albums photo, redécorer la chambre de Léo, graisser la bride de Stone, éduquer Céleste, faire la cuisine, etc., etc.

En fait, c'est tous les matins que je me lève avec cette liste… et tous les soirs que je me couche avec, en me maudissant pour ma "tendance" à la procrastination, à la prorogation diront certains. Peut-être devrais-je reprendre mes médicaments? Mais, ça, c'est une autre histoire. Mon autre histoire, mon autre maladie, celle dont j'ai honte, celle qui me fait peur, celle qui peut-être me fera mourir. Celle dont je ne parle pas, celle qui me blesse, celle qui me touche, celle qui est pire que tout. Celle que je cache, celle dont je me dis qu'elle n'existe pas, celle que je peux faire semblant d'ignorer en ne prenant pas mon stabilisateur d'humeur de synthèse.

Parce que je ne vous ai pas tout dit. Après l'épisode gastro (je sais, je sais, je ne suis qu'un tube digestif) j'ai arrêter tous les médoc. Y'en avait marre. Je sais, pas du tout rationnel tout ça. Je croyais pouvoir me guérir toute seule. Même que j'avais plus besoin de me soigner, puisque je n'étais pas malade. Stop, d'un coup, tout. La modération et moi ça toujours fait deux, la patience aussi d'ailleurs. Mr.X. n'a rien dit, contrairement à ma mère qui a, malencontreusement, dit quelque chose. Mal lui en pris ! Moma ! Je m'excuse …

Bref, tout ça pour dire, que je ne m'en sors pas. Merde, ça marche pas. Je ne vais pas mieux, je ne sors pas faire ma promenade à tous les jours, je ne vais pas voir Stone à tous les jours, je ne cuisine pas à tous les jours. En fait, la seule chose que je fais à tous les jours, c'est rien. Et je ne peux me dire que je n'y peux rien parce ma fille quand on veut on peut. C'est bien là mon problème. Parce que des fois, même quand on veut, on peut pas. Pas toujours, mais quelques fois ça marche pas. En fait, le seul moyen pour que ça marche, c'est de mettre des objectifs atteignables, et ça aussi, j'ai un problème avec ça puisque je n'arrive pas toujours à les définir. Ouh la la, je tourne en rond, je renvoie, j'ajourne, je retarde, je diffère, je sursoie, je tergiverse, j'atermoie. C'est fou le nombre de synonymes en français pour le mot procrastination! C'est fou !

Voilà, j'ai décidé de faire quelque chose qui n'était pas sur ma liste, j'ai repris mon traitement, enfin, une partie. J'ai décidé de reprendre mon traitement après m'être replongée dans les bouquins, certes virtuels, mais, facilement accessibles. J'ai donc un tout petit peu potassé la physio-patho de la PMD, la psychose maniaco-dépressive, qu'on a renommée TBP, pour troubles bipolaires. C'est quand même mieux que "folie à double forme" ou "folie circulaire". J'ai comparé les taux de mortalité : 80% pour les TBP et 85% pour le cancer du sein. L'espérance de vie des personnes bipolaires non traitée est en moyenne inférieure de 20 ans de celle en population générale. Et je me suis dit, je traite le cancer, pourquoi pas l'autre ? Voilà. 2009 est commencée.

Je me mets à la paperasse tout de suite !

Et zou !

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PS: J'ai commencé ma journée en recherchant sur internet, pour les besoins de cet article bien sûr, des informations sur les coaches de vie. Je suis tombée sur une nouvelle pratique holistique qui consiste à … reprogrammer son ADN. C'est édifiant tout ce qu'on peut malheureusement faire croire aux gens, la preuve, ce témoignage …

"Mais depuis que j'utilise l'intention pour restructurer mon ADN, j'assiste à une vraie mutation à l'intérieur de moi-même ! Je reste humaine, mais je change tellement que même les lundis matin commencent à se métamorphoser !!! J'ai enfin le sentiment que la réalité change et je peux en témoigner par des améliorations évidentes dans ma vie quotidienne. Une chose est certaine : plus je m'implique dans mon code génétique, plus je change. Plus je change, plus je suis décidée à installer ces nouveaux paradigmes dans ma réalité, et plus ma vie de famille est harmonieuse et plus ma vie professionnelle est active !"

(http://www.erenouvelle.com/editkish.php)

dimanche 28 décembre 2008

Déchéance totale

Je le sais. J'aurais pas dû m'énerver après mon homme et son rhume. Je pensais que j'étais passée à travers lundi et mardi derniers et que Mr.X n'avait hérité que de mes miettes et qu'avec elles, il avait réussi à être plus malade que moi. Mais non, c'eût été trop beau. C'eût été sans compter la vilenie du microbe, sans compter sur sa hargne et sa détermination. C'eût été sans compter 2008 qui a décidé, au-delà des deux précédentes, de me pourrir l'année jusqu'au bout.

J'ai été punie. Punie de m'être moquée de Mr.X qui prenait sa température 14 fois par jour et qui a décidé en regardant vendredi le thermomètre enfin descendu à 37,2°, qu'il était guéri. Moi qui me moque des thermomètres, moi je peux contrôler ma température … et bien.

Déjà vendredi j'avais la toux plus grasse que celle d'une fumeuse normale. C'est rien que je me suis dit ! Je rappelle ici à ceux qui pourraient l'avoir oublié (je sais pas comment !), que je porte un magnifique corset qui me tient par le milieu et qui me donne l'impression de me liquéfier quand je m'en sépare. Ce n'est rien donc, sauf, quand je porte mon corset, soit 100% de mon temps éveillé, et que ce dernier non seulement fait caisse de résonnance mais m'empêche l'expansion totale de mes poumons. Il me reste toujours un petit quelque chose.

Je croyais qu'hier aurait fait office de pompon de l'année avec mal de tête au réveil, myalgies, fièvre, toux. Je croyais que 2008 finirait hier et me laisserait errer quelques moments hors du temps.

La nuit dernière fût couronnée par la diarrhée. J'ai réussi, deux fois, à siffler le poteau à mes sphincters et à me rendre là où il fallait (merci Mr.X d'avoir fait réparer la toilette), au moment où il le fallait. Mais la troisième fois, à l'aube de cette journée pourtant ensoleillée, mes poumons m'ont trahi, et ce sont tous mes muscles lisses qui m'ont lâché. Déchéance que je vous dis. Je régresse, je ne suis plus qu'un tube digestif.

Youhou! 2009! Tu pourrais pas arriver en avance cette année ?

samedi 27 décembre 2008

Les chevaux de l'île de Sable

Pour éviter de m'ankyloser les neurones, j'écris aussi de petits articles sur le site des copines (Yaaah). Voici le dernier !

Il existe une toute petite, minuscule île, à 300 km au sud-est d'Halifax, l'Île de Sable. Elle a la forme d'un croissant d'une longueur d'environ 40 km sur moins de 2 km de large et, comme son nom l'indique, n'est formée que de sable. De par sa situation géographique, l'Île de Sable est responsable de nombreux naufrages, plus de 350 depuis 1583. C'est un territoire canadien très protégé, qui vit sa vie, à l'écart de toute "civilisation". Surnommée la "Galapagos du Nord", elle possède une flore et une faune très varié malgré un environnement rigoureux, sinon hostile. Cette île est spéciale puisqu'elle abrite une population de chevaux totalement sauvages.

Les légendes ont longtemps rapporté que les chevaux étaient arrivés sur l'île après le naufrage des bateaux les transportant. La réalité est plus prosaïque; il s'agit probablement des descendants des chevaux issus des fermes des Colons Acadiens, et ils y auraient été amenés au milieu du "Grand Dérangement", entre 1755 et 1763. Jusqu'au début des années soixante, les chevaux y ont été élevés et servaient principalement aux travaux, au transport et aux halages. Dans un effort d'amélioration de la race, de nouveaux géniteurs ont été introduits. Depuis 1962, une loi protège les chevaux, et l'île, de toute intrusion humaine. Les chevaux sont désormais redevenus sauvages (chevaux féraux).

Les chevaux sont les seuls mammifères terrestres de l'île. Ils sont en général plutôt petits (14 mains, i.e. 140 cm). Leurs robes varient entre le bai sombre, voire noire, à l'alezan ou le gris. Ces sont des chevaux résistants, sobres et très forts. L'étalon pèse entre 270 et 360kg alors que la femelle est un peu plus petite et moins lourde que les mâles (- 40kg en moyenne). Les chevaux de l'Ile de Sable ressemblent beaucoup au barbe espagnol et au cheval acadien.

Grâce à des relevés aériens et terrestres, on a démontré depuis les années 60, que la population équine varie entre 175 et 450 individus. Cette population est divisée en 40 à 50 hardes familiales. Une harde est un petit troupeau formé, en général d'un étalon dominant et d'une ou plusieurs juments suitées. Des mâles matures subordonnés peuvent quelques fois faire aussi partie de la bande, qui compte en moyenne 4 à 8 individus, mais parfois de 10 à 12. Les étalons qui ne font pas partie des hardes familiales forment des groupes de « célibataires » peu structurés ou bien, surtout s'ils sont âgés, vivent en solitaire. Les poulains naissent habituellement entre la fin d'avril et août.

C'est principalement à la fin de l'hiver et au début du printemps que la mortalité est la plus élevée. Elle est associée au climat rigoureux des hivers qui peuvent être particulièrement froids et humides. Aucun arbre ne vit sur l'île, les chevaux n'ont aucun abri. Des hivers plus doux peuvent diminuer le taux de mortalité à moins de 5%.



On retrouve dans cette région de l'Atlantique beaucoup de ressources naturelles, le gaz étant le principal. Des explorations ont débuté au début des années 70 et l'exploitation du gaz naturel débute réellement en 1999, avec la mise en service par Exxon Mobil, de 3 plateformes satellites. Deux autres s'ajouteront par la suite. Des modifications écologiques ont été observées lors de la construction des plateformes mais les dernières études démontreraient que la situation s'est améliorée.

On a testé pour vous…

Ma mère étant de retour dans sa cabane au Canada, il nous a bien fallu s'organiser. Après plus de trois semaines, les crottes commençaient à s'accumuler. Il fallait agir avant que les conditions sanitaires se dégradent. Je passe beaucoup de temps assise et majoritairement devant mon ordinateur. Je tente des escapades mais j'ai du mal à tenir debout plus d'une heure et quand j'épluche les légumes, c'est assise, comme François ! St-François d'Assise. Assise. Vous comprenez ? Bon, c'est pas grave…

Je disais donc que j'avais du temps, du temps pour apprendre des choses hyper intéressantes mais complètement inutiles. C'est ma richesse de l'instant, mon luxe à moi. Et j'ai découvert au gré de mes excursions sur la toile, une foule d'objets, qu'on se demande "comment qu'on a fait pour arriver à vivre sans avant?". Après le Willy Waller Tou-towe-zune-six, la Canis Pelle.

Il s'agit d'une espèce de mâchoire à distance qui avale les popos des cabots. Léger, maniable, disponible sous 48h par la poste pour la modique somme de 28€. Comment qu'on a fait pour arriver à vivre sans avant ? Allez hop, je sors la visa, je pitonne le numéro, et voilà ! Deux jours plus tard, la merveille est arrivée. Après avoir testé "Jaws" sur des boules de papier pendant 2 ou 3 jours je me suis dit que nous étions fin prêts à aller à la pêche aux cadeaux, que je pouvais quitter le monde de l'expérimentation artificielle pour affronter le réel. Mais, vous conviendrez avec moi, il y a situation réelle et situation extrêmement réelle : pluie, gris, verglas, brouillard, humidité, temps de chiotte quoi. Et pour l'instant, du mois jusqu'à cet instant, c'était la réelle situation. Nous avons donc décidé, d'un comme accord, de décaler les premiers tests "in vivo reello" à la première des deux échéances suivantes : contrôle sanitaire de la ville ou réapparition de l'astre suprême avec du bleu autour.

Heureusement pour les Médanais, le soleil est venu avant l'inspection. C'était hier. Ayant passé la matinée à bien étudier les conditions météorologiques, un accident est vite arrivé, le plastique peut geler et mettre en péril l'expérience et l'expérimentateur, nous avons décidé tel le comité de la NASA, que le jour J était venu, du moins après le déjeuner et la sieste. Et puis, on s'est dit que la lumière était meilleure en fin d'après-midi. Nous ne sommes pas que des scientifiques, l'art nous concerne aussi. On s'y est donc mis vers 16h. Un périmètre d'expérimentation à tout d'abord été dressé: nous allions expérimenter dans le petit jardin du devant, d'une part parce que c'est le plus près de la porte d'entrée, donc, le moins loin et d'autre part parce que c'est la partie visible de la rue. Nous avons dressé un inventaire du périmètre : 27 crottes de différentes grosseurs, textures (avec ou sans moisissure blanche) et taux d'humidité. Les résultats complets sont disponibles sur demande, vous êtes peut-être en train de manger. Nous avons partagé le travail et chaque membre de l'équipe s'est vu définir des tâches. Pour ma part, j'eu l'insigne honneur d'être la première à tester Jaws sur de la matière organique en conditions réelles. Junior s'y est aussi essayé, une première fois au sac, une deuxième fois directement à la pelle. Et Mr.X. a décidé de jouer à Mr. Ed.

Junior, en assistant soigneux et dévoué, a testé sa dextérité. D'ailleurs, je me permets un petit aparté ici sur les-joies-et-les-bonheurs du travail familial. En déguisant bien adroitement cette tâche domestique en expérience scientifique, vous pouvez aussi essayer la mission de déminage ou pour être dans l'air du temps, le nettoiement de la planète, j'ai réussi à faire faire une partie de mon boulot par ma progéniture. Les enfants, faut que ça serve à quelque chose.

Bref, que du bonheur devant cet appareil qui non seulement réussi à transformer en fête les corvées les plus répugnantes, mais, en bonus, resserre les mailles du tissu familial.

Et zou !

vendredi 26 décembre 2008

La course n'a pas commencé

La semaine dernière, jeudi soir, j'étais au lit et je ne pouvais m'empêcher de penser aux cellules cancéreuses qui se baladaient dedans moi et je me suis demandé s'il n'y avait pas quelque chose à faire. Après la chimio de 2006, j'ai commencé à prendre du tamoxifène, un médicament utilisé pour empêcher la sécrétion d'œstrogène, l'hormone des filles. Ben oui, mes méchantes cellules étant hormono-dépendantes, pour les affamer et éviter qu'elles ne crûssent, il ne fallait que leur couper les vivres. Elles bouffent de l'œstrogène, on met les ovaires "On Hold" et c'est réglé. Le tamoxifène est à la ménopause ce que sont les contractions provoquées sont aux naturelles.

J'ai pris le tamoxifène pendant plus d'un an en essayant d'oublier les sueurs et les chaleurs. Se sentir moite 10 minutes après être sortie de la douche, suer à grosses gouttes en réunion, devoir me mettre en chemise en plein hiver, dans le train… Puis, j'ai oublié un RDV avec ma tendre abeille. Puis un deuxième. Le boulot me rongeait encore et je m'oubliais. Résultat des courses, j'ai arrêté le tamoxifène pendant 2 ou 3 mois, en espérant pouvoir dormir sans jeu de jambes avec les draps. Au printemps, j'ai repris contact avec l'hôpital et la réalité, et j'ai sagement avalé la pilule.

Jusqu'au 21 août dernier où l'oncologue m'a dit de l'arrêter 1) pour diminuer les risques de phlébite dans le cas d'une éventuelle chirurgie, 2) parce que si j'étais de retour avec une métastase, c'est que le tamoxifène avait pas fait la job au complet pis que mes ovaires résistaient toujours et 3) que le ratio efficacité/innocuité jouait pas pour mon équipe.

Mais tout ça, je l'avais oublié ce jeudi soir là. Et je me disais que même si le tamoxifène ne marchait pas à 100%, peut-être que ça pouvait au moins ralentir la progression des méchantes cellules, le temps que je me fasse réopérer. Je me suis endormie sur cette idée. Vendredi, avant les festivités de l'après-midi, j'ai téléphoné à mon oncologue (ligne directe, merci la France !) qui, avec toute sa patience m'a répété ces bonnes paroles. Rassurée j'ai été.

Puisque je l'avais au bout du fil, je n'ai pas pu m'empêcher de lui faire part, non pas de mon découragement (moi! Ben voyons donc !), mais de mon questionnement. J'avais l'impression, lui ai-je dit avec un trémolo dans la voix, que j'étais en train de perdre la course. Que le cancer profitait de la période postopératoire pour se taper une nouvelle vertèbre et que c'était sans limite sauf celle du nombre des dites vertèbres. Je crois qu'elle a été un peu étonnée de ma question et moi encore plus de sa réponse. Parce que pour elle, la course n'avait même pas commencé. Et vlan ! Dans les gencives !

C'était comme si, depuis le 21 août je n'avais été qu'en période d'entraînement. Comme si, tout ce que j'avais déjà enduré, tout ce que ma famille, mes amis avaient déjà enduré, ne servait qu'à nous préparer au pire. Comme les cours prénataux, que j'ai bien sûr, boycottés. L'Autruche Attitude, ça ne date pas d'hier. Bref, j'étais sur le cul. Parce que ce qui me tient un peu, en plus du corset, c'est que je me dis que le pire est derrière et que bientôt ce sera le printemps. Mais, mais, en même temps, je comprends son point de vue, rappelez-vous le cheval et la grenouille ; en tant qu'oncologue, elle, son boulot, c'est la chimio.

Et c'est vrai, la chimio n'est toujours pas commencée. La radio non plus d'ailleurs …

Et zou !