Nous sommes partis vendredi après-midi avec Céleste pour aller chercher le Junior directement à Poularde. L'enfer. Céleste est une chienne géniale, mais l'auto, elle ne supporte pas. Nous avions un peu de retard et tous les enfants étaient déjà partis de la pension quand nous sommes arrivés. Il y avait notre Junior qui nous attendait fébrilement, oui il savait pour la surprise, mais comme une surprise, c'est une surprise et si on le dit ce n'est plus une surprise et bla bla bla ! On a tenu le plus longtemps possible mais avec Céleste qui gémissait et Junior qui nous demandait aux deux minutes dans combien de temps on arrivait, on a cédé et Mr.X a fini par avouer qu'il nous avait préparé une surprise "De Luxe". Le silence s'est fait immédiatement, Céleste y serait-elle aussi sensible ?
Au programme une nuit à l'Hostellerie du Clos avec diner gastronomique six services. J'ai mangé des affaires que je ne savais même pas que cela existait, donc une soupe de topinambours garnie de "sot l'y laisse". Au Québec nous les appelons les « solilesses ». Mais je préfère l'orthographe française, un point. Ce fut le meilleur repas de ma vie.
Nous sommes arrivés et le Monsieur du Clos est venu nous chercher, avec son parapluie, sous la neige à gros flocons. C'était féérique. Naturellement, mon appareil photo est en rade. Tout le monde était un peu énervé et nous sommes arrivés, attendus, dans un havre de calme, après les 15 premières minutes. Le chocolat, bien en évidence sur la table, avec une bouteille de cidre normand, qui a rendu l'âme en moins de deux, le temps que je me fasse couler un bain. Elle est pas belle la vie ! En arrivant, nous avions deux étages à monter et Junior d'expliquer que je ne pouvais pas monter les valises, comme je le fais d'habitude, parce que j'avais un cancer dans la colonne vertébrale. J'aime mon fils ! La situation était claire ! J'ai rediscuté avec nos hôtes par la suite pour expliquer la situation et ils ont été adorables, très chaleureux, très "Québécois". Cécile m'a serrée dans ses bras comme une vraie Matante. Le lendemain, Éric en me raccompagnant à l'auto, toujours avec son parapluie sous la neige, m'a fait promettre d'arrêter de fumer avant de revenir les voir, même si cela prend du temps. They cared, je vous dis.
Direction, Damville, où nous allons visiter le Chocolatrium. Nous avons traversés des endroits avec des noms rigolos : La ferme de Nuisement, Arnières sur Iton, Mont-Morin, Le Hamel.
Le Chocolatrium c'est une usine de chocolat qui a été aménagée pour aussi recevoir des visiteurs, grands et petits, pour la culture et les affaires. Je trouve l'idée excellente. On mélange les genres et on garde que ce qu'il y a de bon de part et d'autre. Tout est parfait, expo, film, boutique sauf, pour la Québécoise en moi, le cadeau final. Je vous explique. On sort d'une exposition où les sens de la découverte et de l'initiative sont mis en valeur. Le dur labeur aussi. À la sortie, chaque visiteur reçoit un cadeau de son choix : un jeu de cartes des 7 familles, une boîte contenant neuf chocolats ou le DVD du film. Vous pensez bien que je n'ai pu résister au chocolat. En ouvrant la boîte je découvre une étiquette où il est écrit "Les chocolats contenus dans cette boite ont été réalisés par les apprentis qui travaillent dans l'atelier du Chocolatrium". J'ai trouvé l'idée carrément géniale, mais vraiment. J'ai été 'bluffée" comme on dit ici ! Cependant, un tout petit sentiment de malaise. Pourquoi ne pas mettre en avant cette initiative (étiquette collé à l'intérieur, caractères dorés sur fond cartonné, aucune mention de la part de l'employée de la boutique pas trop transportée en ce samedi matin) ? Je trouve dommage de ne pas faire de la pub, de communiquer là-dessus. D'expliquer les raisons qui ont menées à ce projet (valorisation des employés, no gaspillage attitude, etc.). En même temps j'essaie de comprendre la pudeur qui consiste à ne parler de cela que sous le couvert d'une boîte de chocolats, aussi délicieux fussent-ils.
Les apparences comptent encore beaucoup en France, beaucoup plus qu'au Québec, au Canada. Trop pour que l'on puisse toutes retirer nos perruques (postiches) en même temps !!! Je comprends donc, même si je ne m'y résigne pas, ce "plafond de verre". France zéro point. Québec un point.
L'enfer, ce fût le retour sous la pluie, en passant par Évreux, le labyrinthe Normand. Tous commerces ouverts, avec piétons, flics. Mais aussi un nom de pâtisserie "La Mie Câline", un rayon de soleil sur l'autoroute (salut P'pa !), des chevaux courant dans les prés, Junior qui sifflotait, juste, la Grande Vadrouille. Et aussi, les trois chevreuils croisés sur le chemin du matin. France ½ point.À notre retour, mes chums québécois me "tirent la pipe"* via Facebook en me demandant si j'avais voté Sarkozy aux élections ? Ils m'ont envoyé une vidéo YouTube où, il me semble, prendre plus le côté de Charest que celui de Sarkozy. Et bien oui, j'ai voté Sarkozy et je crois avoir fait le bon choix. Rome ne s'est pas fait en un jour, moi non plus. Ceux qui me connaissent savent que j'ai toujours été séparatiste, nationaliste, péquiste, et ce même avant d'avoir le droit de vote. Beaucoup plus par "cœur" que par "raison" tout simplement parce que je n'étais pas très informée et que je ne lisais que les grands titres des journaux, que j'étais étudiante, et qu'on était dans les années 80. Un des chocs que j'ai vécu en arrivant ici c'est de voir la proportion de gens, comparativement aux Québécois, Canadiens, Étatsuniens, qui sont déjà sortis de leur pays. Essayez ! Cela change la vie, pour peu que l'on ait envie d'apprendre et d'ouvrir les yeux. On apprend tellement des gens quand on leur fait confiance. Quand on retire ce panneau de verre.
Oui, vivant au Québec, voilà 12 ans je serais à vos côté amis, mais aujourd'hui, je suis ici, en France, en Europe. Après avoir visité 27 pays, merci à mon boulot, je crois sincèrement qu'il faut lever les yeux. S'ouvrir. Positiver. Chu rendue kétaine, hein ! Sauf qu'en promenant Céleste samedi matin je regardais par terre, avec mon chapeau et j'ai eu envie de lever les yeux. J'ai vu le clocher de l'église de la Madeleine et oui c'est beau. C'est peut-être la seule concession que je peux faire (pour l'instant ?) à la religion. Grâce à elle, l'architecture est magnifique.Pour ceux qui ont envie de s'ouvrir l'esprit, juste pour voir. Après tout, ça coûte rien, un peu de temps. Prenez-le ! **
Alors, suis-je Québécoise ou Française.
Les deux mon capitaine !
Et zou !
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*Expression québécoise signifiant taquiner. Peut être assimilé à becs à pincettes avec ceux qu'on aime bien.
** Lectures suggérées :
Running on Book Sense and Charm. Eric Konigsberg, journaliste, New York Time. Article sur le nouveau chef du parti libéral canadien. Dommage cependant la comparaison avec Bernard-Henry Lévy.
C'est ce que j'aurais dit si j'avais été journaliste ... Sarkozy: le fond et la forme, Alain Dubuc
3 commentaires:
Du grand Madame Bombardier!
http://www.ledevoir.com/2009/02/07/232171.html
oups.. j'allais oublié, en ce jour de l'amour des coeurs en chocolat, cette caricature:
http://www.ledevoir.com/2009/02/14/233650.html
encore moi... faudrait t'abonner au Devoir Line... Dubuc-La Presse-Power Corp-Desmarais-Légion d'Honneur-Sarko...follow the money! ;-)
http://www.ledevoir.com/2009/02/06/231879.html
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