J'ai déjà écrit qu'il y avait deux choses que je ne supportais pas : les bas filés et les gens qui coupent les files d'attente. Pour ce qui est du premier j'ai réglé la question en ne portant que des pantalons. Pour la deuxième, je surveille et interpelle les malfrats, quelques fois avant même qu'ils aient songé à passer devant moi.
Mais là, je viens de découvrir une troisième affaire, sûrement parce que je vieillis. Les bruits humains quel qu'ils soient: les ronflements, les pets, les rots, les bruits quand on vomit, et finalement, les pires, les gémissements, et SURTOUT les gémissements des vieux. Je ne suis plus capable d'entendre quelqu'un gémir à toutes les fois qu'il bouge et quand je me surprends à le faire, j'ai honte et j'arrête tout de suite. Comme si ça pouvait servir à quelque chose, comme si ça rendait la douleur moins pénible, comme si ça pouvait faire autre chose que d'agacer les gens en général et le personnel hospitalier en particulier. Croyez-moi, mieux vaut faire envie que pitié.
J'en ai marre d'être obligé d'avoir l'air malade pour qu'on me prenne au sérieux mais pas trop pour embêter les gens. Ma grande copine, la blonde de Robin des Bois, cardiologue à ses heures n'a été prise au sérieux par son employeur que parce qu'un médecin généraliste est venu à son domicile pour établir un diagnostic de grippe et l'a cantonnée chez elle. Une de plus qui se fera vacciner l'an prochain. Achetez des actions sanofi-pasteur !
J'en ai marre des gens qui font pitié. Des gens qui se mettent à boiter parce qu'on les regarde, à changer de voix au téléphone pour avoir l'air plus malade. C'est normal d'avoir peur, d'avoir mal mais est-on obligé de mettre la terre entière au courant ?
Attention, merci de bien relire la dernière phrase. Et alors, moi, grande prêtresse qui sait tout, j'ai pourtant quitté l'adolescence depuis un p'tit bout de temps, que suis-je en train de faire ? Et oui je partage mes misères, mes états d'âmes, peut-être pas avec la terre entière mais avec les 30 et quelques fidèles lecteurs. J'espère que mes gémissements sont plus rigolos que ceux des autres, l'enfer. Une amie me faisait remarquer comment quelques fois mes textes étaient difficiles. C'est probablement vrai pour les gens qui me connaissent et qui savent qui se cache sous Cancer Bitch. Mais j'avoue, gémir sur mon blog m'aide infiniment à partager le fardeau que je porte. Je suis une extravertie, non seulement j'ai besoin des autres mais j'ai aussi besoin que les autres aient besoin de moi. Et malheureusement, ces autres, ne sont pas toujours ceux qui me supportent le plus.
Je suis entrée hier après-midi à l'hôpital des chirurgies après avoir vomi une dernière fois à la maison. Je n'ai pas voulu en parler plus tôt vu que je déteste les bruits humains et surtout celui-là, surtout quand c'est ton chum tient le bol. Je vomis un jour sur deux depuis deux semaines, peut-être l'appréhension, peut-être ai-je trop mangé, peut-être ai-je trop fumé. Imaginez que j'ai même vomi un bout de truffe, le champignon à 1000€ le kilo, que j'ai failli remanger. En tous cas, tout ça pour dire que je suis revenue au 5ième sud de Foch où on m'a dit qu'on opérerait le lendemain à 14h30. On dirait un plan de bataille.
Et oh surprise, moi qui ai l'habitude des palaces, des chambres de 50m² à moi toute seule avec plancher chauffant et salle de bain en marbre, me voilà coincée entre la fenêtre qui donne sur un chantier de construction et ma voisine Portugaise, fort gentille au demeurant, mais bavarde comme une concierge. Elle avait deux visiteuses quand Mr.X. et moi sommes arrivés. Une voisine, bon OK, mais avec deux visiteuses, ça fait beaucoup, je sens que la mauvaise humeur que j'avais réussie à contrôler jusqu'à maintenant, commence à faire son chemin. Mais, think positive ma fille, derrière le chantier, il y a la tour Eiffel. Franchement, c'est la première fois, que j'ai une chambre avec vue sur LA tour, ne fût-ce qu'une chambre d'hôpital.
Mr.X est parti. Je l'ai mis dehors, des fois que je commencerais à me plaindre ou pire, à gémir. Le bon docteur, le médecin qui fait de la médecine, est venu me voir, on a papoté et j'ai enfin compris. Normalement la physiothérapie (la kiné), ça commence trois mois après la vertébrectomie et comme que ça fait que deux mois et demi, c'est pour ça que je n'avais plus entendu parler du Dr. L'Amoroso. Donc normalement il y aura bientôt la kiné et même le sevrage du corset. Je suis une droguée je vous l'ai dit !
Donc hier soir après une soupe aux légumes, non-intentionnellement froide, une cuisse séchée de poulet et des fausses patates pilées, j'ai pu savourer une compote de pommes et du fromage blanc. Délicieux. Le fromage blanc n'existe pas au Québec, pas plus que la crème fraîche d'ailleurs, c'est vraiment dommage. Par contre on ne trouve ni fromage Philadelphia, ni sauce hot-chicken en France. Alors, comment apprêter les restes de la dinde de nowel ? J'ai dû faire des "Bouchées de la Reine", des vol-au-vent.
C'est donc après ce merveilleux dessert que je suis allée fumer la dernière cigarette de l'opérée sur le parking. En revenant, ma charmante voisine avait encore de la visite, elle. Son neveu cette fois-ci. Beau bonhomme, ils ont parlé en portugais pendant deux heures et demi, j'ai rien compris mais ça riait comme des malades. Puis je suis allée prendre ma douche à la bétadine, de haut en bas, en insistant bien là où il faut insister selon la notice suspendue dans la douche commune au bout du couloir, on est loin du palace. C'est bien la première fois qu'on doit m'expliquer comment me laver. Je me souviens de ma grand-mère paternelle que je faisais tourner en bourrique quand elle me disait de ma laver le "bas du corps" et que je me lavais les pieds ! Enfin peut-être devrais-je ramener la pancarte à la maison pour Junior, quand c'est écrit, c'est que c'est vrai !
Son visiteur parti, Mme ma voisine s'est tournée sur le côté, c'est-à-dire sur MON côté et s'est endormie et c'est là que le party à commencé. Je n'ai jamais entendu ça, mon père et mon grand-père c'était de la gnognotte comparée au ronflement portugais. Je sentais la moutarde me monter au nez, vous connaissez ma patience. J'ai décidé de descendre sur le stationnement question de me calmer les nerfs. Je suis descendue en pyjamas et pantoufles et j'en ai fumé deux de suite. En remontant, on m'a donné des bouchons jaunes pour mettre dedans les oreilles et je me suis endormie comme un bébé.
Curieusement, je ne me suis réveillée que quatre fois la nuit dernière. C'est vrai, je connais les lieux maintenant. Je me suis donc fait réveiller par le brassard à tension (110/70) et autres appareils de monitorage (pouls 67, saturation oxygène 97%), ensuite ils ont apporté le café, le p'tit déjeuner, les confitures, le beurre à ma voisine. Je vois déjà les gros titres. Une concierge Portugaise hospitalisée est agressée dans sa chambre par sa voisine à jeun.
14h26. Toujours dans ma chambre, pas mangé, pas pris de café, pas fumé, je suis sûre que vous arrivez à voir, d'où que vous soyez, la steam qui commence à me sortir par le nez et les oreilles.
Il est bien passé 14h30 là. Ne devrais-je pas être toute nue, sur le ventre, avec plein de perfusions dans les bras de Morphée et un scalpel dans le dos ? Attendre, attendre, attendre. Et en plus, je ne me suis même pas épilée.
Et zou !
7 commentaires:
Pas de sauce hot-chicken St-Hubert en canne? Pas de Philadelphia ? Que mettez-vous sur vos bagels ? Non mais dans quelle contrée de sauvages vivez-vous donc ?
Quant à ta portugaise, y aurait fallu me consulter : "Oi mulher! Sempre parar de falar, ou ocupar um quarto privado."
Ça fait plaisir de te lire.
De Késé ?
"Oi mulher! Sempre parar de falar, ou ocupar um quarto privado."
Encore un talent (bien) caché !
... ouap mais les sauvages peuvent encore fumer au bout du couloir ...
J'avais bien hâte de te lire. Patience, patience...
Je t'embrasse fort !
Sarah
Coucou!
Tu m'as fait bien rire :)) Désolée si ce n'était pas ton but mais ta description de ta voisine et de ses bruits... c'est 'trop' comme dit ma chère fille #1....
Tes écrits me manquaient! ne me fait pas trop attendre pour le prochain!
Diane
je suis contente de te lire à nouveau ... Pour info on ne mange pas de bagels non plus en France donc pas besoin de fromage et sauce.
C'est dit, la portugaise est sonore, moi j'ai fait l'expérience de la chinoise, et c'était pareil avec en plus une méconnaissance totale de la salle de bains !
Je t'embrasse très fort, nat mmm
Un peu de portugais: "Hey bonne femme! Arrête de parler tout le temps, ou bedon prends toi une chambre privée."
Le secret, c'est que je suis un lusitanophile à mes heures.
Je tiens à rappeler qu'un des objectifs du blogue, le principal même, est de faire rire.
Pis les chambres privées ... c'est pas le plus important. La bouffe oui.
Enregistrer un commentaire